Conclusion

Pour ceux de nos lecteurs que les personnages épisodiques ou secondaires de cette histoire auraient pu intéresser, nous ne fermerons pas le livre sans les rassurer brièvement, mais complètement, sur leur sort.

Jean Taureau (honneur à la force

!) a

définitivement renoncé à mademoiselle Fifine et à ses œuvres ; il est propriétaire d’un jardin sans arbres, à Colombes.

Pour celle-ci, elle reçut, un soir de carnaval, en descendant de la Courtille, ce que l’on appelle un mauvais coup. Conduite immédiatement à l’hôpital Saint-Louis, elle y mourut quelques jours après.

Fafiou, le rival de Jean Taureau, a épousé la Colombine du théâtre de Galilée Copernic. Ils sont engagés tous trois dans un des théâtres des boulevards, où ils obtiennent d’immenses succès, l’un, nous dit-on, le sire Galilée Copernic, sous le nom de Boutin ; l’autre, l’éternellement jeune Fafiou, sous le nom de Colbrun.

Toussaint Louverture est entré dans une de nos usines à gaz, où il est devenu contremaître au bout de cinq ans.

Sac-à-Plâtre, de maçon infime qu’il était, est monté au rang de maître maçon ; et c’est lui qui construit, sous les ordres d’un architecte, ces maisons bêtes, qui ressemblent à des casernes, dont on émaille aujourd’hui les environs de Paris.

Croc-en-Jambes, le chiffonnier ravageur, est devenu définitivement l’ami de ce félicide, ou meurtrier de chats, qu’on appelle la Gibelotte. Ils se sont associés tous les deux pour l’exploitation des chats des douze arrondissements. Croc-enJambes possède, aux environs de Paris, un cabaret à l’enseigne du Lapin bleu.

La Gibelotte a ouvert, rue Saint-Denis, une boutique à l’enseigne attrayante de la Chatte blanche.

Enfin Brésil-Roland, qui n’est pas le personnage le moins intéressant de cette histoire, a passé les journées qui lui restaient à vivre moitié chez Salvator, moitié chez Rose-de-Noël, où on lui a rendu la vie aussi agréable que possible, en récompense de ses bons et loyaux services.

Moralité

Le 31 juillet 1830, le duc d’Orléans, nommé lieutenant général du royaume, fit appeler Salvator, un de ceux qui, avec Joubert, Godefroy Cavaignac, Bastide, Thomas, Guinard et vingt autres, avaient, après la bataille, le 29 juillet, arboré le drapeau tricolore sur les Tuileries.

– Si le vœu de la nation m’élève au trône, dit le duc d’Orléans, croyez-vous que les républicains se rallieront à moi ?

– Assurément non, répondit Salvator au nom de ses compagnons.

– Que feront-ils, alors ?

– Ce que Votre Altesse faisait avec nous : ils conspireront.

– C’est de l’entêtement ! dit le futur roi.

– C’est de la persévérance, dit Salvator en s’inclinant.