CCCVI

Où l’on retrouve le père en attendant que l’on retrouve la fille.

Quelques jours après les événements que nous venons de raconter, et qui sont à notre livre ce que certaines steppes arides sont aux pays les plus fertiles et aux plus beaux paysages, c’est-à-

dire de ces espèces de déserts qu’il faut absolument traverser pour arriver aux oasis, le général Lebastard de Prémont, toléré à Paris sur la parole donnée par Salvator à M. Jackal qu’il y était, M. Sarranti une fois sauvé, sans aucun mauvais dessin contre le gouvernement, M.

Lebastard de Prémont, disons-nous, venait prendre, avec M. Sarranti, congé de celui que nous appellerons désormais de moins en moins le commissionnaire, pour l’appeler de plus en plus Conrad de Valgeneuse.

Il était assis dans le salon de Salvator, ayant à sa gauche son jeune et à sa droite son vieil ami.

Au bout d’une demi-heure de bonne et intime causerie, le général Lebastard se leva en tendant la main à Salvator en signe d’adieu ; mais celui-ci, qui, depuis son arrivée, paraissait préoccupé d’une idée, l’arrêta, le priant avec son doux et calme sourire de lui accorder encore quelques minutes pour une communication retardée jusqu’alors, mais dont le moment, disait-il, lui semblait arrivé.

M. Sarranti fit un mouvement pour se retirer et laisser le général seul avec Salvator.

– Oh ! non pas, dit le jeune homme, vous avez partagé tous les chagrins et tous les dangers du général, il est juste que vous partagiez sa joie quand le jour de la joie est venu.

– Que voulez-vous dire, Salvator ? demanda vivement le général, et quelle joie peut m’arriver désormais, excepté celle de voir Napoléon II sur le trône de son père ?

Il est cependant d’autres bonheurs pour vous, général, répliqua Salvator.

– Hélas ! je n’en connais guère, répondit celui-ci en hochant tristement la tête.

Eh bien, général, comptez d’abord vos tristesses, et ensuite vous compterez vos joies.

– Je n’ai eu que trois grands chagrins en ce monde, dit M. Lebastard de Prémont : le premier et le plus grand a été la mort de mon maître ; le second, ajouta-t-il en se tournant vers M. Sarranti et en lui tendant la main, la condamnation de mon ami ; le troisième...

Le général fronça énergiquement le sourcil et s’arrêta.

– Le troisième ? demanda Salvator.

– Le troisième est la perte d’une enfant que j’eusse aimée comme j’aimais sa mère.

– Eh bien, général, dit Salvator, puisque vous connaissez le nombre de vos tristesses, vous allez connaître le nombre de vos joies. Ainsi c’est une première joie que d’espérer le retour du fils de votre maître, comme vous l’appelez ; c’est une seconde joie que le salut et la réhabilitation de votre ami ; enfin, ce serait une troisième joie que le retour de votre enfant bien-aimée.

– Que voulez-vous dire ? s’écria le général.

– Eh bien, qui sait ! dit Salvator, je puis peut-

être vous causer cette joie suprême.

– Vous ?

– Oui, moi.

– Oh ! parlez, parlez, mon ami ! dit le général.

– Parlez vite, dit M. Sarranti.

– Tout dépend, reprit Salvator, des réponses que vous allez faire aux questions que je vais vous adresser. Êtes-vous jamais allé à Rouen, général ?

– Oui, dit le général en tressaillant.

– Plusieurs fois ?

– Une seule.

– Y a-t-il longtemps ?

– Quinze ans.

– C’est bien cela, dit Salvator : en 1812 ?

– En 1812, oui.

– Était-ce le jour ? était-ce la nuit ?

– La nuit.

– Vous étiez en chaise de poste ?

– Oui.

– Vous ne vous êtes arrêté qu’un instant à Rouen.

– C’est vrai, répondit le général de plus en plus étonné, pour faire souffler les chevaux et demander la route d’un petit village auquel je me rendais.

– Ce petit village, dit Salvator, se nommait La Bouille.

– Eh quoi ! s’écria le général, vous savez ?...

– Oui, dit en riant Salvator, oui, je sais cela, général, et bien d’autres choses encore ; mais permettez-moi de continuer. Arrivé à La Bouille, cette chaise de poste s’est arrêtée devant une maison de chétive apparence ; un homme est descendu de la voiture, portant entre ses bras un fardeau informe et assez volumineux ; inutile de dire que cet homme, c’était vous, général.

– En effet, c’était moi.

Une fois devant la maison, vous avez examiné attentivement la muraille et la porte, vous avez tiré une clef de votre poche, ouvert la porte, et trouvé, en tâtonnant, un lit sur lequel vous avez déposé le fardeau que vous teniez entre vos bras.

– C’est vrai, dit le général.

– Le fardeau déposé, reprit Salvator, vous avez tiré de votre poche une bourse et une lettre que vous avez déposées sur le premier meuble qui vous est tombé sous la main. Puis, après avoir refermé doucement la porte, vous êtes remonté dans votre voiture, et les chevaux ont pris la route du Havre. Tous ces faits sont-ils bien exacts ?

– D’une exactitude telle, dit le général, qu’à moins de les avoir vus s’accomplir, je ne saurais comprendre comment vous les connaissez.

– Pourtant rien n’est plus simple, et vous le comprendrez tout à l’heure. Je poursuis donc : voilà les faits que vous connaissez et qui me prouvent que les renseignements sont bons et que mes espérances ne seront pas vaines. Voici maintenant les faits que vous ne connaissez pas.

Le général redoubla d’attention.

– Derrière vous – une heure environ après votre départ –, une bonne femme qui revenait du marché de Rouen s’arrêta devant la même maison où vous vous étiez arrêté, tira à son tour une clef de sa poche, à son tour ouvrit la porte, et jeta un cri d’étonnement en entendant, dès son entrée dans la chambre, les vagissements d’un enfant.

– Pauvre Mina ! murmura le général.

Sans paraître remarquer l’interruption, Salvator continua :

– La bonne femme se hâta d’allumer une lampe, et, guidée par les cris, elle vit quelque chose de blanc qui s’agitait et se débattait sur son lit ; elle souleva un long voile de mousseline et découvrit, fraîche, rose et le visage inondé de larmes, une ravissante petite fille âgée d’un an environ.

Le général passa la main sur ses yeux ; il essuya deux grosses larmes.

– Grande fut la surprise de la bonne femme en trouvant si étrangement habitée la chambre qu’elle avait laissée vide. Elle prit l’enfant dans ses bras, l’examina, la tourna et la retourna en tous sens. Elle cherchait dans ses vêtements un signe quelconque de son origine ; mais elle ne découvrit rien, sinon que les langes de la petite fille étaient de la plus pure batiste, et le voile qui la recouvrait du plus pur point d’Alençon ; le tout roulé, comme je l’ai dit, dans une pièce de mousseline des Indes. C’étaient là des renseignements assez vagues. Mais la brave femme en eut bientôt de plus positifs lorsqu’elle aperçut sur la table la lettre et la bourse que vous y aviez déposées. La bourse contenait douze cents francs. La lettre était conçue à peu près en ces termes :

« À partir du 28 octobre de l’année prochaine, jour anniversaire de celui-ci, vous recevrez, par l’intermédiaire du curé de La Bouille, la somme de cent francs par mois.

« Donnez à l’enfant la meilleure éducation que vous pourrez, et surtout celle d’une bonne ménagère. Dieu seul sait à quelles épreuves il la réserve !

« Son nom de baptême est Mina ; elle n’en doit point porter d’autre que je ne lui aie rendu celui qui lui appartient. »

C’était le nom de sa mère, murmura le général, en proie à la plus vive agitation.

– La date de cette lettre, reprit Salvator sans paraître remarquer l’agitation de celui auquel il s’adressait, était celle du 28 octobre 1812 ; vous la reconnaissez bien, ainsi que vos paroles ?

La date est exacte, les paroles sont textuelles.

– Si nous en doutions, d’ailleurs, continua Salvator, nous n’aurions qu’à vérifier si cette écriture est bien la vôtre.

Et Salvator tira de sa poche une lettre qu’il mit sous les yeux du général.

Le général l’ouvrit précipitamment, et, en la relisant, comme si toute sa force était vaincue, des larmes jaillirent de ses yeux.

M. Sarranti et Salvator laissèrent silencieusement couler ces larmes. Au bout de quelques instants, Salvator reprit :

– Maintenant que je suis bien assuré qu’il n’y a pas d’erreur, je puis vous dire toute la vérité : votre fille vit, général.

– Elle vit ! dit-il ; et vous en êtes sûr ?

– J’ai reçu de ses nouvelles, il y a trois jours, dit simplement Salvator.

– Elle vit ! s’écria le général. Où est-elle ?

– Attendez un instant, fit Salvator avec un sourire et posant sa main sur le bras de M.

Lebastard de Prémont ; avant que je vous dise où elle est, permettez-moi de vous raconter ou plutôt de vous rappeler une histoire.

– Oh ! parlez, dit le général ; seulement, ne me faites pas attendre inutilement.

Je ne dirai point un mot qui ne soit nécessaire, répliqua Salvator.

– Oui, oui ; mais parlez.

– Vous rappelez-vous la nuit du 21 mai ?

– Si je m’en souviens ! s’écria le général en tendant la main à Salvator, je le crois bien ! c’est cette nuit-là que j’ai eu le bonheur de vous connaître, mon ami.

– Vous souvenez-vous, général, que, tout en allant chercher les preuves de l’innocence de M.

Sarranti dans le parc de Viry, nous avons sauvé des mains d’un misérable une jeune fille qui avait été enlevée et que nous avons rendue à son fiancé ?

– Oh ! je crois bien que je me le rappelle ! Ce misérable s’appelait Lorédan de Valgeneuse, du nom de son père qu’il déshonorait. La jeune fille s’appelait Mina, comme mon enfant ; le jeune homme, enfin, s’appelait Justin. Vous voyez que je n’ai rien oublié.

– Eh bien, général, dit Salvator, rappelez-vous un dernier détail

; peut-être un des plus

importants de l’histoire de ces deux jeunes gens, et je n’aurai plus de questions à vous faire.

– Je me souviens, dit le général, qu’elle avait été trouvée, recueillie et élevée par un instituteur, enlevée d’un pensionnat par M. de Valgeneuse.

Ce pensionnait était situé à Versailles. Est-ce là ce dont vous souhaitez que je me souvienne ?

Non

; cela, général, c’est le fait, c’est l’histoire : ce dont je désire que vous vous souveniez, c’est un détail ; mais ce détail est tout simplement la moralité de l’aventure ; appelez donc, je vous en prie, votre mémoire à votre aide.

– J’ignore ce que vous voulez me dire, mon ami.

– Alors à moi de vous mettre sur la voie. Que sont devenus les deux jeunes gens ?

– Ils sont partis pour l’étranger.

– Très bien ; ils sont partis, en effet, et c’est vous, général, qui avez donné l’argent nécessaire pour le départ, le voyage et l’emménagement de ces deux jeunes gens.

– Ne parlons pas de cela, mon ami.

– N’en parlons plus, si vous voulez. Mais, par là, nous voilà arrivés à ce détail intéressant. « Un scrupule me tient, vous ai-je dit au moment de faire partir les deux jeunes gens ; un jour ou l’autre, on connaîtra les parents de la jeune fille ; si les parents sont nobles, riches, puissants, n’auront-ils pas à récriminer contre Justin ? »

Vous m’avez répondu...

– Je vous ai répondu, interrompit vivement le général, que les parents de la jeune fille ne pouvaient récriminer contre l’homme qui avait recueilli leur enfant qu’ils avaient abandonnée, qui l’avait élevée comme l’enfant de sa mère, qui l’avait sauvée d’abord de la misère et ensuite du déshonneur.

– Et j’ai ajouté, général, rappelez-vous mes paroles : « Et si vous étiez le père de la jeune fille ? »

Le général tressaillit

; en ce moment

seulement, il voyait en face la vérité que, jusque-là, il n’avait fait qu’entrevoir.

– Achevez, dit le général.

Donc, continua Salvator, si, en votre absence, votre enfant eût couru les dangers qu’a courus la fiancée de Justin, vous pardonneriez à l’homme qui, loin de vous, eût disposé du sort de votre fille ?

– Non seulement, mon ami, je lui ouvrirais les bras comme à l’époux de mon enfant, vous ai-je dit, mais encore je le bénirais comme son sauveur.

– En effet, vous m’avez textuellement dit cela, général ; mais ces paroles, les répéteriez-vous aujourd’hui si je vous disais : « Général, il s’agit de votre propre enfant ! »

– Mon ami, dit solennellement le général, j’ai juré fidélité à l’empereur, c’est-à-dire que j’ai fait serment de vivre et de mourir pour lui. Je n’ai pas pu mourir ; je vis pour son fils.

– Eh bien, général, dit Salvator, vivez aussi pour votre fille, car c’est elle que Justin a sauvée.

– Eh quoi ! cette belle enfant que j’avais entrevue dans la nuit du 21 mai, s’écria le général, c’était... c’est ?...

– C’est votre fille, général, dit Salvator.

– Ma fille ! ma fille ! s’écria le général ivre de joie.

– Oh ! mon ami ! dit Sarranti en prenant la main du général et en lui témoignant par cette étreinte la part qu’il prenait à son bonheur.

– Mais, dit le général doutant encore, rassurez-moi, mon ami ; que voulez-vous ! on ne s’habitue pas si vite à être heureux. Comment êtes-vous arrivé, je ne dirai pas à la connaissance, mais à la certitude de ces faits ?

Oui, dit Salvator avec un sourire, je comprends, vous avez besoin d’être convaincu.

– Mais alors, si vous étiez convaincu vous-même, pourquoi avoir attendu

jusqu’aujourd’hui ?

– Parce que j’ai voulu en arriver moi-même à n’avoir plus aucun doute. Ne valait-il pas mieux attendre que de vous déchirer le cœur par une fausse joie ? Dès que cela m’a été possible, je me suis rendu à Rouen. J’ai demandé à voir le curé de La Bouille. Il était mort. Une servante m’a dit alors que, quelques jours auparavant, un monsieur de Paris, qu’à sa tournure on pouvait reconnaître pour un militaire, quoiqu’il portât l’habit bourgeois, était venu demander le curé, et, à son défaut, une personne qui pût le renseigner sur le sort d’une petite fille qui avait été élevée dans le village, mais qui, depuis cinq ou six ans, avait disparu. J’ai deviné facilement que le monsieur, c’était vous, général, et que vos recherches avaient été infructueuses.

En effet, dit le général, vous ne vous trompez pas.

– Alors je me suis informé, auprès du maire de la paroisse, s’il ne restait pas dans le pays des gens du nom de Boivin ; on m’a indiqué quatre ou cinq Boivin qui demeuraient à Rouen. Je les ai vus les uns après les autres, et j’ai fini par découvrir une vieille fille du même nom, qui avait hérité des petites économies, meubles et papiers de sa grand-tante. Cette vieille fille avait donné des soins à Mina pendant cinq années : elle la connaissait donc parfaitement ; et, si j’eusse conservé un doute, la lettre qu’elle retrouva et que je viens de vous remettre l’eût bientôt dissipé.

– Et où est mon enfant ? où est ma fille ?

s’écria le général.

– Elle est, ou plutôt, car désormais vous devez parler au pluriel, général, ils sont en Hollande, où ils vivent chacun dans sa cage, en face l’un de l’autre, comme les canards que les Hollandais soumettent au régime cellulaire pour leur apprendre à chanter.

– Je pars pour la Haye, dit le général en se levant.

– Vous voulez dire nous partons, n’est-ce pas, mon cher général ? dit Sarranti.

– Je regrette de ne pouvoir partir avec vous, dit Salvator ; par malheur, la situation politique est trop compliquée en ce moment pour que je quitte Paris.

– Au revoir, mon cher Salvator, car vous comprenez que je ne vous dis pas adieu. Mais, ajouta le général en fronçant le sourcil, il est une visite que je veux faire avant mon départ, cette visite dût-elle me retarder de vingt-quatre heures.

À ce froncement de sourcil, Salvator avait tout deviné.

– Vous savez bien de qui je veux parler, n’est-ce pas ? dit le général.

Oui, général. Mais cette visite ne vous retardera pas longtemps ; M. de Valgeneuse est en ce moment absent de Paris.

– Je l’attendrai, dit résolument le général.

– Cela pourrait vous retarder indéfiniment, général. Mon cher cousin Lorédan est parti avant-hier de Paris, et n’y reviendra pas avant la personne qu’il poursuit. Cette personne, c’est madame de Marande, dont il s’est déclaré l’adorateur ; manifestation qui, un jour ou l’autre, pourra bien ne pas être du goût de Jean Robert ou même de M. de Marande, lequel autorise bien sa femme à avoir un amant, mais n’autorise personne à l’afficher. Or, c’est ce que fait en ce moment M. de Valgeneuse, qui, en apprenant que madame de Marande allait faire en Picardie une visite à une de ses tantes gravement malade, s’est mis à sa poursuite. Le retour de M. de Valgeneuse étant donc subordonné au retour de madame de Marande, je vous engage, mon cher général, à partir le plus tôt possible, c’est-à-dire aujourd’hui... Eh bien, à votre retour, M. de Valgeneuse sera, selon toute probabilité, à Paris ; vous vous en occuperez alors. Mais je ne sais quel instinct me dit que vous n’aurez pas à vous occuper de M. de Valgeneuse.

– Mon cher Salvator, dit le général, qui se méprenait aux paroles du jeune homme, je ne regarderais pas comme mon ami celui qui prendrait ma place en pareille circonstance.

Rassurez-vous, général, et regardez-moi toujours comme un ami ; car, aussi vrai que mon dévouement à la liberté égale votre dévouement à l’empereur, je ne toucherai pas à un cheveu de la tête de M. de Valgeneuse.

– Merci, dit le général en serrant étroitement la main de Salvator. Oh ! cette fois, adieu !

– Permettez-moi de vous conduire au moins jusqu’à la barrière, dit Salvator en se levant et en prenant son chapeau ; aussi bien, il vous faut une voiture, et je vais vous trouver celle qui a emmené Justin et Mina en Hollande, et peut-être aussi, qui sait ! l’homme qui les a conduits et qui pourra vous parler d’eux pendant toute la route.

Oh

! Salvator, dit mélancoliquement le général, pourquoi vous ai-je connu si tard !... À

nous trois, ajouta-t-il en tendant la main à M.

Sarranti, nous eussions remué le monde.

– C’est encore à faire, dit Salvator, et il n’y a qu’un peu de temps de perdu.

Et les trois amis se dirigèrent vers la rue d’Enfer.

À la hauteur de l’hospice des Enfants-Trouvés, était située la maison du charron où Salvator avait loué la chaise de poste dans laquelle Justin et Mina étaient partis pour la Hollande.

Voiture et postillon furent retrouvés.

Une heure après, le général Lebastard de Prémont et M. Sarranti embrassaient Salvator, et la voiture s’éloignait rapidement, gagnant la barrière Saint-Denis.

Laissons-les suivre la route de Belgique, et suivons, nous, la voiture qu’ils rencontrèrent à la hauteur de l’église Saint-Laurent.

Cette voiture, si le général l’eût reconnue, eût bien pu, au reste, mettre quelque retard dans son voyage ; car c’était celle de madame de Marande, qui, arrivée trop tard pour dire un dernier adieu à sa tante, rentrait en toute hâte à Paris, où Jean Robert l’attendait avec une fiévreuse impatience.

Or, on se rappelle ce qu’avait dit Salvator sur ce retour de madame de Marande, qui devait naturellement amener celui de M. de Valgeneuse.

Mais le général ne connaissait ni madame de Marande ni la voiture ; ce qui fit qu’il continua rapidement et joyeusement son chemin.