le fil du labyrinthe
Avec le big bang, que les dernières estimations situent avec une relative précision il y a treize milliards sept cents millions d’années, l’univers devient à la fois fini et infiniment grand. Il est aussi infiniment petit. Au vertige des étoiles répond le vertige des atomes. Un monde immense tourne au-dessus de nous, un monde immense tourne au-dessous de nous. Le travail de recherche et de découverte accompli par un Hubble ou un Einstein dans l’infiniment grand avec l’univers en expansion et la relativité générale, d’autres le font dans l’infiniment petit avec la théorie des quanta et le principe d’incertitude.
Dès les tout débuts du XXe siècle, précédé au loin par Lucrèce, puis par Montaigne qui écrit dans ses Essais : « On dit que la lumière du Soleil n’est pas d’une pièce continue, mais qu’il nous élance si dru sans cesse nouveaux rayons les uns sur les autres que nous n’en pouvons apercevoir l’entre deux », le physicien Max Planck fait à Berlin une découverte décisive, la plus importante sans doute depuis Newton : l’énergie de la lumière et des autres rayonnements n’est pas émise ou absorbée de façon continue, mais d’une façon discontinue, que les physiciens appellent discrète, et sous formes de petits paquets baptisés quanta par Max Planck. Coup sur coup, Niels Bohr, à Copenhague, l’Allemand Werner Heisenberg, son disciple, et l’Autrichien Erwin Schrödinger développent, souvent indépendamment l’un de l’autre, une théorie des quanta dans cet infiniment petit qui semble refléter étrangement l’infiniment grand. Réconciliant ainsi Newton et Huygens, Bohr découvre non seulement – c’est le principe dit « de complémentarité » – que les électrons sont à la fois une particule et une onde, mais encore qu’ils tournent autour d’un noyau atomique en suivant une trajectoire à la façon de la Lune qui tourne autour de la Terre et de la Terre qui tourne autour du Soleil. Un ballet cosmique minuscule se déroule très bas au fond des choses, dans un abîme qui semble n’avoir pas de limite, comme un ballet cosmique gigantesque se déroule là-haut, au-dessus de nos têtes, très loin dans un ciel qui défie toute mesure. Mais dans l’infiniment petit une surprise nous attend.