le fil du labyrinthe
Ce que découvre le XXe siècle, grâce aux techniques nouvelles et aux mathématiques qui s’épaulent les unes les autres, c’est que l’univers est fait de deux immensités opposées et symétriques – l’immensément grand et l’immensément petit – auxquelles il est impossible de penser sans éprouver un vertige et que tout bouge et se déplace, et dans l’une et dans l’autre, à des vitesses stupéfiantes.
Une galaxie est un ensemble d’une centaine, d’un millier, d’une dizaine de milliers de milliards d’étoiles. La Terre appartient à une galaxie plutôt modeste que nous appelons la Galaxie tout court ou, plus poétiquement, la Voie lactée et qui contient cent milliards de soleils. À des milliards de kilomètres se situe la galaxie la plus proche de la nôtre, une galaxie jumelle baptisée Andromède.
La Terre nous entraîne à trente kilomètres par seconde autour du Soleil qui se jette à son tour, et nous avec lui, autour du centre de la Voie lactée à deux cent trente kilomètres par seconde. La Voie lactée et sa lointaine compagne Andromède tombent l’une vers l’autre à quatre-vingt-dix kilomètres par seconde. Elles appartiennent toutes les deux à ce que les astronomes appellent le « groupe local ». Ce groupe local se déplace, à son tour, à six cents kilomètres par seconde vers l’amas ou le superamas de la Vierge, de l’Hydre et du Centaure. La danse bien réglée des étoiles ne s’arrête pas là : cet ensemble qui défie l’imagination tombe lui-même vers une autre grande agglomération de galaxies dont nous ne savons presque rien et que les astronomes, faute de mieux, ont surnommé le « Grand Attracteur ». Au-delà du Grand Attracteur se déploient une centaine ou un millier, on ne sait pas bien, de milliards de galaxies.
Ce ballet cosmique qui emporte chacun de nous ne constitue qu’un épisode très mineur de la mécanique céleste mise en marche par Copernic, par Galilée, par Newton et présentée à l’état de brouillon par le malheureux Laplace à l’Empereur des Français qui s’imaginait puissant parce qu’il régnait sur l’Europe. Trois autres constructions intellectuelles vont bouleverser à nouveau l’idée que nous nous faisons du monde autour de nous : l’observation de la fuite des galaxies, la constatation du rayonnement fossile de l’univers et enfin, et surtout, la théorie de la relativité générale.