le fil du labyrinthe
Le progrès technique joue un rôle décisif dans la construction du nouveau modèle de l’univers. Galilée est le premier à braquer vers le ciel un petit télescope inspiré d’un nouvel instrument hollandais et doté d’une lentille d’environ trois centimètres de diamètre, capable de grossir trente-deux fois et de faire passer le nombre des étoiles visibles dans la Voie lactée de quelques milliers à quelques millions. Il annonce, de loin, le grand télescope en forme de parabole perché, vers le milieu du XXe siècle, sur le mont Palomar et les télescopes géants de quinze mètres de diamètre qui, un peu partout, se profilent à l’horizon et qui permettent de distinguer des objets célestes des millions de fois moins lumineux que l’étoile la plus faible visible à l’œil nu.
Au cœur de ce progrès technique, la lumière de Dieu telle que la chante la Genèse. Après tant d’efforts déployés pour capturer la lumière se pose le problème de la retenir prisonnière. Il s’agit d’enregistrer l’image aperçue dans le ciel pour la conserver et l’étudier. La découverte de la photographie à la fin du premier quart du XIXe siècle par le Français Nicéphore Niépce ouvre des perspectives nouvelles et permet de fixer sur une plaque de verre ou sur du papier l’image de milliers d’étoiles.
L’essor de l’aviation et la conquête de l’espace font franchir une nouvelle étape dans la maîtrise de la lumière : placé en orbite il y a à peine une vingtaine d’années, le télescope spatial Hubble met à notre portée, avec dix fois plus de détails, des astres cinquante fois moins lumineux que ceux que nous présentaient les plus grands télescopes au sol.
La vitesse de la lumière est très grande – et même plus grande que tout : trois cent mille kilomètres à la seconde. Mais sa propagation n’est pas instantanée : la lumière met huit minutes pour nous parvenir du Soleil qui est à cent cinquante millions de kilomètres de la Terre, elle nous fait voir des étoiles mortes depuis longtemps, elle nous permet d’apercevoir des objets célestes qui remontent aux débuts de l’univers. Voir loin dans l’espace grâce aux télescopes d’aujourd’hui, c’est voir loin dans le temps.