le rêve du Vieux
Et l’évolution, d’où sort-elle ? De rien, de l’air du temps, du hasard, de la nécessité ? La nécessité, la loi, les nombres, l’ordre des choses, ce ne serait pas moi ? Le hasard, la surprise, l’inattendu, l’avenir, ce ne serait pas moi ? Et le temps, ce n’est pas moi, peut-être ? Et le rien, ne serait-ce pas moi ? Je suis le tout et le rien. Le tout, c’est moi. Et le rien aussi. Tout ce qui se passe dans leur monde qui est d’abord le mien ne provient que de moi. Et quand ils croient qu’il n’y a rien, c’est encore moi qui suis là.
Ils me refont le coup de la gravitation. Ils découvrent peu à peu et mes voies et mes lois parce que je leur permets de les découvrir et ils me les jettent à la figure en poussant les hauts cris : « Le Vieux n’est plus bon à rien ! Le Vieux est devenu inutile ! » Si j’étais un de ces hommes dénoncés comme orgueilleux et arrogants par le chasseur de bécasses converti à la taxinomie et qui se réclament des singes dont ils se savent différents, je leur lancerais : « Poussière d’étoiles ! mon cul. »