CHAPITRE XVI
Ce jour-là, un captain du Pulôn vint voir Tau Phraïm qui était descendu au pied d’un pilier pour se baigner dans l’eau glacée du Gijen.
« Mes deux enfants sont gravement malades, dit le captain. Je crois en la force de ta Parole et je souhaite que tu les guérisses.
— Crois-tu en moi au point de plonger dans l’océan ? demanda Tau Phraïm.
— Je ne sais pas nager, dit le captain.
— J’aurais demandé de courir à un homme qui ne sait pas marcher. »
Le captain pensa que Tau Phraïm voulait le mettre à l’épreuve et qu’il l’empêcherait à temps de se noyer. Il plongea donc dans l’océan et les vagues l’emportèrent loin du pylône.
« Au secours ! hurla-t-il alors qu’il était sur le point de sombrer.
— Si tu crois en moi, tu n’as pas de place pour croire en la peur », dit Tau Phraïm.
Alors le captain cessa de résister, abandonna le fardeau de ses peines, de ses doutes et de ses peurs, et il se sentit si léger qu’il flotta à la surface des flots comme une brindille de lichen céleste.
« Rentre chez toi, dit Tau Phraïm. Tes enfants ont besoin de leur père. »
Ainsi fit le captain. Lorsqu’il arriva devant sa maison, son épouse l’attendait sur le seuil de la porte. Et elle se jeta dans ses bras en pleurant de joie car leurs deux enfants étaient miraculeusement guéris.
Les Neuf Évangiles d’Ephren,
Faits et merveilles de Tau Phraïm