EXTRAIT DE L’ÉCHO DE SAINT-GEORGES-D’HARRICANA
(16 novembre 1973)
À la stupéfaction générale et à l’étonnement même des Indiens et Inuits qui n’en espéraient pas tant, la Cour supérieure de Montréal a rendu publiques les conclusions d’un jugement de 170 pages, enjoignant aux entreprises qui travaillent sur les chantiers des territoires de la baie James de s’abstenir immédiatement de poursuivre leurs travaux, opérations et projets concernant la construction de routes, digues, barrages, ponts et tous travaux connexes.
Il aura donc fallu onze mois au tribunal pour faire droit aux revendications des 7 000 Inuits et Indiens qui s’opposent à l’ouverture de ces chantiers.
Mais les chantiers sont ouverts et, durant ces onze mois, les travaux se sont poursuivis.
Les responsables interrogés estiment que plus de 300 millions de dollars ont déjà été dépensés. Ils évaluent à 600 000 dollars par jour l’entretien des chantiers paralysés. Encore se déclarent-ils dans l’impossibilité d’établir des prévisions pour le coût du matériel qui pourrait être endommagé du fait de son immobilisation prolongée par le froid intense qui s’annonce.
Le triomphe de la cause des autochtones ne va pas sans opposer, une fois de plus, la Province du Québec au pouvoir fédéral. Les observateurs ne manquent pas de souligner que c’est le ministre fédéral des Affaires indiennes qui a accordé une subvention de 500 000 dollars aux autochtones pour assurer leur défense.
Mais il semble que la bataille juridique ne soit pas terminée, la Société d’Électrification de la baie James a, en effet, immédiatement interjeté appel de ce jugement.