EXTRAITS DE LA PRESSE INTERNATIONALE
Les responsables des barrages nous ont déclaré :
« L’évacuateur de crues ne saurait être mis en cause. Dans la région où les bêtes ont péri, le débit de la Caniapiscau n’est constitué que pour un tiers par l’eau provenant de notre réservoir. Tout le reste provient de cours d’eau naturels. »
Le représentant de la Compagnie d’électricité précise : « L’entente que nous avons conclue avec les Amérindiens nous autorise à faire fonctionner l’évacuateur de crues comme nous l’entendons entre le 1er juin et le 30 novembre. Il n’a jamais été question de tenir aucun compte de la migration des caribous comme élément de gestion des barrages. » Et cet ingénieur d’ajouter avec lassitude : « Si nous devions tenir compte de tous les caprices de la nature, il deviendrait impossible de produire de l’électricité et de rentabiliser les travaux. »
Les services de protection de la nature se demandent comment ils pourront évacuer toutes ces carcasses et limiter les effets sur les eaux et les rives d’aval. Effets qui pourraient, selon les spécialistes, être dévastateurs même pour les eaux de la baie d’Ungawa. Certains parlent de les brûler sur place, mais elles sont dispersées sur près de cent kilomètres. On a renoncé à les évacuer par hélicoptères en raison du coût de l’opération. Plusieurs usines de fabrication de nourriture pour chiens et chats ont délégué des représentants sur place, mais, à leur arrivée, la viande était déjà beaucoup trop « avancée ». Il semble que la solution qui ait le plus de chance d’être retenue consisterait à embaucher les Indiens et les Inuits qui, avec leurs canots, procéderaient au flottage des carcasses jusqu’en un lieu plus accessible où des bulldozers pourraient les enfouir dans d’immenses fosses…
Combien va coûter aux Canadiens la noyade des caribous ? Un haut fonctionnaire de ce pays me disait : « Si les contribuables savaient ce que leur coûte chaque année un Indien, c’est sans doute des Visages-Pâles que viendrait la révolution. »