LVI

Le comte Artoff était une de ces natures septentrionales qui sont douées de cette puissance inouïe de concentration qui permet à certains hommes de refouler en eux-mêmes les émotions les plus violentes. Il demeura pendant quelques minutes debout, immobile, les yeux rivés à cette enveloppe de lettre, dont la suscription paraissait être de la main de Baccarat. C’était bien cette écriture allongée, un peu grasse, attestant l’usage de la plume d’oie, dépourvue de ponctuation, hardie en ses contours, et qui trahissait dans son ensemble la femme aux allures indépendantes. Et cette enveloppe avait renfermé une lettre adressée à M. Roland de Clayet, un homme qui, au dire de la comtesse, l’ayant poursuivie de ses hommages importuns et avait tenté de pénétrer chez elle, dans sa petite maison des bords du Neckar, à Heidelberg.

Chaque fois qu’un soupçon vient à germer tout à coup dans l’esprit humain, il se forme aussitôt comme un faisceau de petites circonstances, de faits sans gravité apparente, de puérilités enfin, auxquels on n’avait accordé d’abord aucune attention, et qui, groupés, acquièrent sur-le-champ une redoutable éloquence. Le comte se souvint, à l’instant même, de deux ou trois regards ironiques échangés à la table de jeu, et qu’il n’avait pas compris ; des airs vainqueurs de Roland en recevant cette lettre, de l’acharnement de mauvais goût qu’il semblait avoir mis à tenir son jeu ; de la roideur presque impolie avec laquelle il avait accepté ses remerciements ; enfin de la précipitation que le vicomte d’Asmolles avait mise à lui arracher le billet des mains, et à le brûler à la flamme d’une bougie. Ce dernier incident acquit aux yeux du comte toute l’importance d’une révélation. Il plia l’enveloppe en quatre, la mit dans sa poche avec le plus grand sang-froid, et sortit sans prendre garde au marquis de Chamery, lequel semblait absorbé par la lecture du Times.

Mais Rocambole le suivit du coin de l’œil, et quand il fut sorti, il se dit en tirant sa montre : « Il est minuit ; à moins d’accident imprévu, tout marche à ravir. Bien certainement Baccarat, si elle est revenue de chez sa sœur, attend son mari. Dans ce cas-là, mon Russe me paraît avoir un assez bel accès de colère blanche, il est capable de la tuer sans explication. »

Un sourire vint aux lèvres de Rocambole :

– Ce dénouement, murmura-t-il, serait bref et violent, mais les meilleurs mélodrames sont les plus courts.

Et il continua :

– Si, au contraire, ce qui peut arriver, la comtesse n’est point rentrée encore, le comte est capable d’aller chez Roland. Oh ! alors, ce sera drôle… Rebecca n’est pas femme à transgresser mes ordres ; elle a dû quitter la rue de Provence depuis dix minutes. Le comte trouvera Roland, et l’explication sera des plus amusantes.

Et le faux marquis continua la lecture du Times.

Pendant ce temps, le comte Artoff courait de toute la vitesse de ses chevaux rue de la Pépinière. Dans la cour de l’hôtel, le coupé de Baccarat était encore attelé, et la couverture d’attente jetée sur les chevaux fumants témoignait qu’ils venaient d’arriver.

– Depuis quand es-tu là ? demanda le comte en descendant de son phaéton.

– Madame la comtesse rentre à l’instant, répondit le cocher du coupé.

Le comte monta.

Baccarat venait, en effet, du boulevard Beaumarchais, où elle avait passé la soirée avec sa sœur et son beau-frère. Quand son mari entra, la comtesse était assise sur une chaise-longue, dans son boudoir. Elle avait à peine ôté son châle et son chapeau. Son visage était calme, souriant, et il s’illumina d’un reflet de joie si pur et si chaste, lorsque le jeune Russe parut sur le seuil, que celui-ci se sentit comme subjugué par cette tranquillité.

– Bonsoir, ami, lui dit-elle en lui tendant la main, vous êtes la perle des maris rangés, vous rentrez à minuit.

Le comte prit la main de la comtesse et s’assit auprès d’elle. Il était fort pâle, mais aucun éclair de courroux ne brillait dans ses yeux, et la comtesse, si clairvoyante qu’elle fût, ne devina point tout d’abord l’horrible angoisse qui l’étreignait.

– Mon ami, lui dit-elle, vous êtes bien sérieux ce soir. Auriez-vous perdu au jeu ?

Le comte haussa les épaules.

– Ne m’aimeriez-vous plus ? continua-t-elle avec une grâce féline.

Le comte eut un éblouissement et passa la main sur son front, comme s’il eût été poursuivi par une vision terrible. Cependant il retrouva sur-le-champ ce sang-froid qui faisait de lui un homme tout à fait hors ligne.

– Ma chère Louise, dit-il, voulez-vous me permettre de placer une de mes mains sur votre cœur ?

La comtesse ne comprit pas, mais elle saisit la main de son mari et la plaça elle-même. Son cœur était calme, régulier en ses battements ; son sourire n’avait point abandonné ses lèvres, son regard avait sa mélancolie habituelle.

– Mais qu’avez-vous donc, mon Stanislas bien-aimé ? lui dit-elle. Et pourquoi toutes ces folies ?

– Louise, répondit le comte, il faut maintenant que vous me permettiez de vous interroger.

– Mais très volontiers, monsieur le juge d’instruction. Voyons, ai-je commis un crime ?

– Je ne sais, dit-il froidement.

La comtesse regarda son mari.

– Mon Dieu ! murmura-t-elle, est-ce qu’il aurait un accès de folie ?

– Je le crains, répondit le comte avec un accent convaincu.

Et comme elle paraissait inquiète :

– Vous rentrez, n’est-ce pas ?

– À l’instant même.

– Vous venez de chez votre sœur ?

– Mais certainement.

– Ah ! fit le comte, qui demeura pensif un moment.

Baccarat comprit que son mari était en proie à un accès de jalousie. Peut-être qu’une femme plus jeune, plus altière, moins aimante, et surtout moins expérimentée des douleurs de la vie, se fût indignée à la seule prévision du soupçon. Mais la comtesse avait eu nom Baccarat ; elle savait que l’imagination accueille avec trop d’empressement tous les présages de malheur, pour que l’homme le plus confiant et le plus noble soit éternellement à l’abri du doute, et elle se contenta de regarder son mari, et de lui dire en souriant toujours :

– Je parie que vous êtes jaloux.

– C’est vrai, dit simplement le comte, dominé malgré lui par le calme de sa femme.

– Eh bien ! dit-elle, faites votre devoir, exercez votre droit de mari, interrogez, mon cher Stanislas.

– Ne m’avez-vous pas dit, murmura le comte avec un certain embarras, que M. Roland de Clayet vous avait fait la cour ?…

– À Bade, d’abord, à Heidelberg ensuite. Il m’a repêchée quand je ne me noyais pas, car je sais nager, dit Baccarat en riant, et il s’est cru en droit de s’intituler mon sauveur.

– Précisément, dit le comte.

– M. de Clayet, je le sais, poursuivit Baccarat, est un fat du dernier goût ; il est capable de se vanter des bonnes fortunes qu’il a, et même de celles qu’il n’a pas. C’est ce qui m’a empêchée de le recevoir. Cependant, comme je suis, en définitive, son obligée, je me réserve de vous demander une permission.

– Parlez, dit le comte, résolu à écouter sa femme jusqu’au bout.

– Vous avez demain soir quelques amis, M. d’Asmolles, entre autres ; ne l’avez-vous pas invité, ce soir, à venir prendre sans cérémonie une tasse de thé ?

– Oui, certes.

– Eh bien ! vous me permettrez d’inviter ce M. de Clayet. Nous le remercierons, il nous portera sa carte huit jours après, vous lui enverrez la vôtre, et tout sera fini. Du moins, je l’espère.

– Est-ce tout ?

– Mais tout absolument.

– Vous ne l’avez pas vu depuis votre retour ?

– Pas que je sache !

– C’est étrange !… murmura le comte à moitié convaincu par la tranquillité de Baccarat.

Mais celle-ci fronça le sourcil.

– Voyons, mon cher Stanislas, lui dit-elle en lui prenant la main, expliquons-nous, je vous en prie. Vous êtes trop bon, trop noble cœur, et vous savez trop bien que je vous aime, pour me mettre ainsi sur la sellette sans raisons.

– En effet… balbutia le comte.

– À mon tour, j’interroge, dit Baccarat avec un subit accent d’autorité. Répondez-moi.

Le comte gardait le silence.

– D’où venez-vous ? Qu’avez-vous entendu ? Que vous a-t-on dit ?

– Je viens du cercle de Château-Mailly, j’y ai rencontré ce M. de Clayet et je l’ai trouvé fanfaron et impertinent à mon égard.

– Ceci ne doit point vous étonner, puisqu’il a osé m’écrire une lettre d’amour.

Et Baccarat ajouta :

– Est-ce tout ?

– Non. Autour de M. de Clayet se trouvaient quelques bambins émancipés, ses amis, qui vantaient ses bonnes fortunes et m’ont regardé d’un air ironique.

– Ceci devient plus grave, dit la comtesse. M. de Clayet est homme à m’avoir compromise. En ce cas, je me chargerai bien de le corriger. Après ?

– Après, poursuivit le comte dont la voix tremblait d’émotion, pendant que M. de Clayet jouait, on lui a apporté une lettre. Cette lettre, il l’a dit tout haut, venait d’une femme mystérieuse et voilée. Cette femme, qu’il a prétendu être comtesse, l’attendait chez lui… Et comme, acheva le comte avec une émotion croissante, il jetait l’enveloppe sous la table et tendait la lettre au marquis de Chamery, qui paraît être son ami, le vicomte d’Asmolles la lui a arrachée et s’est empressé de la brûler.

– Mais, dit Baccarat, voici qui ressemble à un scandale. Après ?

Le comte reprit :

– Ces messieurs sont partis. Machinalement, et poussé par une de ces curiosités inexplicables, j’ai ramassé l’enveloppe. Cette enveloppe, la voilà.

– Donnez, dit la comtesse qui tendit la main, tandis que le comte demeurait stupéfait.

Mais, soudain, Baccarat pâlit, jeta un cri et se leva comme si elle eût été mordue par un reptile.

– Ah ! dit-elle éperdue, mais c’est impossible ! C’est de la folie, du vertige !… c’est mon écriture !… Oh ! mon écriture si bien imitée, que c’est à croire que j’ai perdu la tête… que je suis somnambule… que…

Et Baccarat se laissa tombée affolée sur sa chaise longue. Mais elle avait été si sublime d’élan, si vraie dans son accent, si naïvement effrayée en son innocence, que le comte tomba à genoux.

– Oh ! s’écria-t-il, pardonnez-moi, Louise, j’ai osé douter de vous !

La comtesse enlaça son mari de ses deux bras, elle mit un baiser sur les boucles brunes de sa chevelure.

– Et qui donc, murmura-t-elle, n’eût douté ?

Soudain, le comte Artoff se releva.

– Madame, lui dit-il avec une gravité qui eût fait frissonner les plus braves, M. Roland de Clayet est un misérable qui sera mort demain…

Et l’homme du Nord, l’homme à la colère blanche, le gentilhomme en les veines duquel coulait le sang des vieux Tartares, se redressa menaçant, féroce, et il jura la mort du fat assez osé pour avoir laissé planer un soupçon sur la femme à qui, lui, comte Artoff, avait eu la hardiesse de donner son nom… Il fit un pas vers la porte, et sans doute que s’il fût sorti ç’eût été pour aller chez Roland, qu’il eût frappé au visage et forcé à se battre sur-le-champ, sans même lui donner le temps de s’expliquer.

Mais la comtesse redevint alors Baccarat, c’est-à-dire cette femme qui avait jadis soumis le jeune Russe à sa volonté, et qui n’avait abdiqué sa domination que le jour où elle avait cru sa mission terminée.

– Restez, lui dit-elle, et écoutez-moi.

Il y avait tant d’autorité dans son regard et dans sa voix que le comte demeura.

– Écoutez-moi, reprit-elle, et vous verrez alors si j’ai raison.

– Parlez, dit le comte, que dois-je faire ?

– Mon ami, répondit la comtesse, qui examinait toujours l’enveloppe, cette écriture ressemble si parfaitement à la mienne, que vous avez dû avoir le vertige et que, tandis qu’un horrible soupçon vous pénétrait au cœur, vous avez pu commenter vos souvenirs et leur donner dans votre esprit une tournure qu’ils n’auraient peut-être pas aux yeux d’un homme de sang-froid.

– C’est possible, dit le comte. Mais… cette écriture ?

– De deux choses l’une, reprit Baccarat, ou M. de Clayet a pu se vanter d’avoir obtenu un rendez-vous de moi, imiter mon écriture et se conduire enfin comme un misérable, ou il n’y a dans tout cela qu’une de ces bizarreries inexplicables du hasard, qui veut parfois que deux hommes nés aux antipodes l’un de l’autre, et qui ne se sont jamais rencontrés, se ressemblent parfaitement, et qui, cette fois, aura permis que deux femmes aient absolument la même écriture.

– Mais c’est impossible !

– Rien n’est impossible, mon ami…

– Mais ces regards… ces sourires…

– Y avez-vous pris garde d’abord ?

– Non.

– Eh bien ! vous pouvez avoir mal vu. Mais, je me résume : ou M. de Clayet est un misérable… et alors c’est un homme qu’on châtie au grand jour, en plein soleil… après avoir accumulé les preuves de son infamie…

– Vous avez raison.

– Ou c’est une trahison du hasard, et alors regardez-moi, mon ami, et demandez-vous s’il est possible qu’une femme que vous avez élevée jusqu’à vous, qui a osé accepter votre nom, soit assez infâme pour forfaire à cet honneur que lui a rendu votre pardon…

Et la comtesse se courba humble et frémissante devant cet homme devenu son maître, et le jeune Russe la prit dans ses bras.

– Oh ! murmura-t-il avec enthousiasme, je voudrais que le monde entier, le monde qui a osé me blâmer, pût voir et savoir ce que vous valez, madame !…

Il y eut un moment de silence et d’émotion entre les deux époux. Enfin la comtesse parla.

– Mon ami, dit-elle, voulez-vous, comme autrefois, me laisser agir ?

– Oui, faites ce que vous voudrez.

– Je vais inviter M. de Clayet à venir prendre le thé demain soir. Vous le verrez, vous l’observerez à votre aise, et s’il osait sortir un moment des bornes du plus profond respect, je vous le livrerais.

– Soit, dit le comte.

Baccarat prit une plume et écrivit :

« Monsieur,

« Je n’ai point oublié ce que je vous dois, et je me souviens des bords du Neckar. Voulez-vous me permettre de vous le rappeler, en vous priant de venir chercher mes remerciements à domicile, demain soir dimanche, autour d’une table à thé, et en compagnie d’une réunion d’intimes ?…

« Votre servante,

« Comtesse ARTOFF.

« En hâte et passé minuit. »

La comtesse plia et cacheta le billet et le laissa sur la table du boudoir.

– Mon valet de chambre le portera demain matin, dit le comte.

Les deux époux quittèrent le boudoir.

 

Presque au même instant, une porte s’ouvrit dans le fond, la porte d’un petit cabinet qui se dirigeait lui-même sur un couloir. Le boudoir de la comtesse Artoff avait été jadis la chambre à coucher du comte, et c’était par ce même cabinet que Venture, déguisé en nègre, s’était montré jadis armé d’un couteau, dont il voulait frapper le jeune Russe. Seulement, cette fois, ce ne fut pas maître Venture, l’ex-intendant de madame Malassis, qui entra dans le boudoir par cette porte. Ce fut Zampa, Zampa, l’âme damnée de Rocambole, le nouveau valet de chambre de M. le duc de Château-Mailly, Zampa, qui, sur l’ordre formel de l’homme à la polonaise, s’était, on le voit, ménagé des intelligences dans l’hôtel Artoff.

Il vint à la table sur laquelle la comtesse Artoff avait laissé le billet cacheté. Puis, comme la cire était encore malléable, il rompit délicatement le scel, et prit connaissance du billet, qu’il copia ensuite. Après quoi, il le remit dans l’enveloppe, recacheta en se servant du cachet armorié laissé sur la table, et il se dit : « Ceci me semble assez pressé. Si je courais rue de Surène ? L’homme à la polonaise m’a dit qu’à tout hasard il y serait de minuit à deux heures. »

Et Zampa s’en alla sur la pointe du pied, et disparut sans rien avoir dérangé dans le boudoir.

Zampa courut rue de Surène.

Rocambole s’y trouvait, en effet, affublé de la fameuse polonaise à brandebourgs et de sa perruque à cheveux jaunes. Bien certainement Zampa, s’il eût connu M. le marquis de Chamery, l’élégant jeune homme, ne se fut jamais douté qu’il l’avait devant lui dans la personne de cet homme entre deux âges, dont l’œil seul avait l’éclat et le brillant de la jeunesse.

– Ah ! ah ! dit Rocambole en le voyant, je gage qu’il y a du nouveau.

– Je ne sais trop, répondit Zampa.

– Alors, pourquoi es-tu ici ?

– Pour vous remettre la copie d’un billet que la comtesse a écrit avant d’aller se coucher.

– Et… ce billet ?

– Je l’ai décacheté et recacheté… Oh ! le mieux du monde : le boulanger n’y verrait rien.

– Voyons la copie.

Rocambole lut attentivement l’invitation de la comtesse Artoff à M. Roland de Clayet.

– Diable ! fit-il, et tu prétends que cela n’est pas du nouveau ?

– J’ai dit que je ne savais pas.

– Et je dis, moi, fit Rocambole en haussant les épaules, que tu es un niais.

– Merci bien.

– Seulement, tu viens, sans t’en douter, de sauver la partie. Nous étions perdus peut-être si tu ne m’eusses apporté ce petit chiffon de papier.

– Alors, monsieur est content de moi ?

– Très content, et le personnage pour qui j’agis t’en tiendra compte.

Zampa salua.

– Monsieur ne m’ordonne rien ?

– Rien. Va te coucher, nous verrons demain.

Zampa s’en alla.

Quand il fut parti, le marquis se hâta de changer de costume et de se débarbouiller.

Puis il quitta l’appartement de la rue de Surène, trouva son phaéton à la porte, prit les rênes et prit au grand trot la route de Passy. Quand il arriva, la fausse comtesse Artoff venait de sonner sa femme de chambre pour se mettre au lit. En fille d’Ève, qui fait de sa beauté une profession, Rebecca ne se couchait jamais avant deux heures du matin, n’eût-elle absolument rien à faire qu’à se tirer la bonne aventure avec un jeu de piquet.

– Comment ! dit-elle en voyant Rocambole faire irruption chez elle à pareille heure, vous voilà !

– Ma petite, dit le faux marquis, prends une plume et ta plus belle écriture.

– Pourquoi faire ?

– Pour écrire sous ma dictée une lettre de dix lignes. Il est nécessaire que cette lettre, ajouta-t-il, soit de la même écriture que celles que Roland a déjà reçues de toi, et que Baccarat est censée dicter à sa femme de chambre.

– Très bien, dit Rebecca, qui s’installa devant un joli guéridon de laque.

Et Rocambole dicta.