DICTIONNAIRE DES AUTEURS
Aldiss (Brian W.). – L’« homme de lettres » de la science-fiction britannique. Né en 1925, Brian W. Aldiss participa à la seconde guerre mondiale en Indonésie. Revenu à la vie civile anglaise, il travailla pendant une dizaine d’années comme libraire, avant de se consacrer à une carrière littéraire. Fut un des auteurs révélés par la revue londonienne New Worlds. Observant que « la science-fiction n’est pas plus écrite pour les savants que les histoires de fantômes ne sont écrites pour les fantômes », Brian W. Aldiss s’efforce de concilier les exigences du style avec celles du contenu. Sa réputation est aussi étendue aux États-Unis que dans son propre pays, grâce à des ouvrages (fels que Non-Stop (Croisière sans escale, 1956), Space, Time and Nathaniel (L’Espace, le Temps et Nathanaël, 1957), Galaxies like Grains of Sand (1960) et The Long Aftemoon of Earth (Le Monde vert, 1961). A récemment signé quelques récits où l’expérimentation verbale tient la première place, ce qui l’a fait classer parmi les adeptes occasionnels de la « nouvelle vague » de la science-fiction. En 1964-1965, collabora avec Harry Harrison dans la publication d’un éphémère mais remarquable périodique consacré à la critique littéraire du domaine, SF horizons. A fait paraître, en 1973, une histoire de la science-fiction, Billion year spree.
Aldiss a de nouveau collaboré avec Harry Harrison, notamment pour la publication de neuf anthologies annuelles, Best sf : 1967 à… 1975. Il a fait paraître seul d’autres anthologies notables, dont Space Opera, Space Odysseys et Galactic Empires. Comme auteur, Aldiss a expérimenté avec les techniques habituellement associées à l’antiroman et au flux de conscience à la manière de James Joyce pour écrire Report on probability A (1968), « une histoire surréaliste de voyeurisme énigmatique ». Il a aussi écrit (1970) The shape of further things, une intéressante combinaison d’autobiographie et d’autocritique. Avec Harry Harrison encore, il a fait paraître Hell’s cartographers (1975), un recueil de textes autobiographiques par six auteurs de science-fiction, dont Harrison et lui-même.
Anderson (Poul). – L’orthographe de son prénom s’explique par ses ascendances Scandinaves. Est cependant né aux États-Unis, en 1926. Après des études de physique – financées par la vente de ses premiers récits, et achevées par un diplôme obtenu en 1948 –, s’est consacré à une carrière d’écrivain. Entre son premier récit, publié en 1944, et le numéro spécial que The Magazine of Fantasy and Science Fiction lui consacra en avril 1971, Poul Anderson a fait paraître 34 romans, 15 recueils de récits plus courts, 3 livres ne relevant pas de la science-fiction et 2 anthologies, en plus de ses récits dans les différents magazines spécialisés. Un sens de l’épopée, sans égal dans le domaine de la science-fiction, anime beaucoup de ses récits ; ceux-ci possèdent une vivacité dans l’action qui marque en particulier les scènes de bataille, dans le mouvement desquelles aucun de ses confrères n’égale Poul Anderson. Cette qualité de mouvement est mise au service de combinaisons thématiques variées. Guardians of Time (La Patrouille du temps, 1955-1959) met en scène des hommes voyageant dans le passé afin d’en éliminer les occasions de « déraillements historiques ». High Crusade (Les Croisés du cosmos, 1960) exploite adroitement le motif du handicap que peut constituer une technologie trop avancée en face de primitifs résolus, ces derniers étant les habitants d’un village médiéval anglais. Algis Budrys a salué en lui « l’homme qui serait le mieux qualifié pour parler des classiques » (de la science-fiction), ajoutant qu’Anderson n’entreprend cette étude que pour mieux créer ses propres univers.
Anderson continue à être un des plus régulièrement actifs parmi les auteurs américains de S.-F., gagnant de nouveaux Hugos et des prix Nebula. Il ajoute à son cycle de l’« histoire future », dans laquelle les récits construits autour de Nicholas van Rijn et surtout de Dominic Flandry constituent des éléments unificateurs.
Piers (Anthony). – De son nom complet Piers Anthony Dil-lingham Jacob, né en Angleterre en 1934, mais élevé aux États-Unis et citoyen américain depuis 1958. Rédacteur au service d’une compagnie de communication, professeur d’anglais avant de se lancer dans une carrière littéraire, Piers Anthony attira l’attention du monde de la S.-F. en 1967 avec son roman Chthon, une variation complexe sur le thème de la découverte de soi où le fantastique et la poésie sont utilisés dans un contexte symbolique. En 1969, il fit paraître Macroscope, roman où il passe de thèmes plus ou moins classiques (la porte intra-dimensionnelle, la modification d’une orbite astronomique) à une sorte de Bildungsroman cosmique mêlé de symbolisme astrologique. En outre, Piers Anthony a écrit des cycles d’aventures se développant sur un décor post-atomique ou extraterrestre (Battle Circle, Omnivore, Cluster). Il lui arrive de sacrifier à la facilité, mais il montre presque toujours la patte d’un écrivain original, qui échappe aux tentatives de classification comme aux efforts des détecteurs d’influences.
Bush (James). – 1921-1975. Après des études de biologie, James Blish renonça à la carrière de chercheur scientifique pour celle d’agent en relations publiques et de conseiller littéraire. Cette dernière activité, qui l’obligeait à distinguer puis à expliquer les faiblesses des textes qui lui étaient soumis, eut une influence certaine sur sa propre production de science-fiction : celle-ci fut d’abord marquée par une sorte d’intellectualisme distant, puis par le développement prudent des personnages sur les plans de la vraisemblance et de la psychologie. James Blish s’est signalé en particulier par son traitement du conflit entre la science et la religion dans A Case of Conscience (Un cas de conscience, 1958), conflit qu’il présente du point de vue de l’agnosticisme alors même que son personnage central est un ecclésiastique. Il est également l’auteur du cycle Cities in Flight (Aux hommes les étoiles, Villes nomades, La Terre est une idée, Un coup de cymbales), 1956-1970. Sous le pseudonyme de William Atheling Jr, James Blish fit paraître des essais critiques sur des auteurs et des œuvres de science-fiction ; ces essais ont été réunis en livres (The issue at hand, More issues at hand). Un numéro spécial lui a été consacré, en avril 1972, par The Magazine of Fantasy and Science Fiction, dans lequel il consacre irrégulièrement des chroniques aux livres nouveaux depuis plusieurs années.
La quête du savoir est-elle un péché ? Cette question préoccupait Blish, et il l’a approfondie dans une sorte de cycle qui se compose d’un roman historique (Doctor Mirabilis, une biographie de Roger Bacon) et de trois récits de science-fiction (Black Easter, The day after judgement et A case of conscience). Passionné par les écrits d’Ezra Pound, de James Joyce et de James Branch Cabell, et aussi par la musique de Richard Strauss, principalement connu comme auteur de S.-F. – rationnel et intellectuel, mais ouvert aux préoccupations métaphysiques – Blish estimait cependant que Doctor Mirabilis était son meilleur livre. Il a passé les dernières années de sa vie en Angleterre, et ses manuscrits se trouvent à la Bibliothèque Bodléienne à Oxford.
Disch (Thomas Michael). – Né en 1940, travailla dans une agence de publicité et dans une banque avant de se lancer, en 1964, dans une carrière littéraire. Ses récits de S.-F. se caractérisent souvent par leur caractère sombre, soit qu’ils décrivent la totale indifférence d’entités qui manipulent les humains, comme The Genocides (1965), soit qu’ils baignent dans le pessimisme comme Camp concentration (1968). Dans ce dernier roman, le narrateur est un des prisonniers traités au moyen d’un médicament « miracle » qui accroît spectaculairement les facultés intellectuelles, mais au prix d’une mort rapide et affreuse. Dans 334, Disch présente une série de nouvelles liées sur le fond d’un New-York écrasant du proche avenir, et exposant le problème général de la survie dans ce milieu. Pénétrant, ironique, cruel, alternant la froideur et l’austérité, Disch paraît avoir hérité quelque chose de la noirceur inspirée qui caractérisait C.M. Kombluth pour l’unir à un maniérisme qui lui est personnel.
Farmer (Philip José). – Né en 1918, Philip José Farmer travailla pour une compagnie d’électricité, puis pour une entreprise métallurgique, après avoir terminé son collège. Suivant des cours du soir, il obtint en 1950 une licence ès lettres et se lança alors dans une carrière littéraire. Dans le domaine de la science-fiction, il apparaît comme une sorte de Janus, regardant à la fois dans deux directions opposées. Il s’est courageusement attaqué, d’une part, à des sujets naguère tabous dans le récit d’anticipation : dans The Lovers (Les Amants étrangers), écrit en 1952 et profondément remanié en 1961, il évoque des rapports sexuels entre êtres d’espèces différentes ; dans Attitudes (1952) et dans d’autres récits rattachés au même cycle, il a considéré la place du missionnaire dans une civilisation dominant le voyage spatial. D’autre part, Philip José Farmer a donné une dimension nouvelle au récit d’aventures dans là science-fiction, en concevant des univers littéralement créés sur mesure par des héros-dieux qu’il a mis en scène dans le cycle s’ouvrant par The Maker of Universes (Créateur d’univers, 1965) ; animé par un même souci de pousser aussi loin que possible les limites de son décor et celles des rebondissements de ses péripéties, il a imaginé dans le cycle de Riverworld (1965) la résurrection de tous les hommes de toutes les époques sur une planète géante. Philip José Farmer a également écrit la biographie suivie de certains personnages romanesques, qu’il s’est diverti à reconstituer d’après les récits où ces héros avaient été mis en scène : Tarzan et Dee Savage furent les premiers sujets de ces biographies para-romanesques.
Farmer s’est aussi amusé à mettre en présence des personnages créés par des auteurs différents – Sherlock Holmes avec Tarzan, Hareton Iron Castle avec Doc Savage, Phileas Fogg avec le professeur Moriarty. Il a justifié ses libertés en inventant la chute d’une météorite dans le Yorkshire, en 1795, météorite qui aurait provoqué des mutations chez les cochers et les passagers de deux diligences qui se trouvaient alors dans le voisinage immédiat du point de chute : Fariner a fait de nombreux personnages littéraires célèbres les descendants de ces voyageurs. Ce goût de l’écrivain pour l’interpénétration du réel et du fabulé se distingue aussi par l’introduction de ses alter ego dans l’action, généralement reconnaissables par leurs initiales identiques à celles de l’auteur : Paul Janus Finnegan, alias Kickaha, dans le cycle de The maker of universes, Péter Jairus Frigate dans celui de Riverworld. De même, Farmer s’est amusé à utiliser pour son roman Venus on the half-shelf (1971) la signature de Kilgore Trout – lequel Trout est un écrivain imaginé par Kurt Vonnegut Jr.
Fontenay (Charles L.). – Homme aux talents multiples – journaliste de profession, peintre et horticulteur amateur, bon joueur d’échecs et spécialiste de la cuisine chinoise – Charles L. Fontenay fit des apparitions généralement intéressantes dans divers magazines de science-fiction entre 1954 et 1960 surtout.
Né en 1917. A apparemment cessé d’écrire de la S.-F. depuis plusieurs années.
Hoffman (Lee). – Née en 1932, a été une des figures féminines notables du fandom américain avant de publier son premier roman de S.-F., Telepower, en 1967. Comme auteur, elle a été plus active dans le domaine du western que dans celui de la science-fiction. Elle a été mariée à l’éditeur et anthologiste Larry T. Shaw.
Kornbluth (Cyril M.). – Après avoir travaillé pour une agence de presse, Cyril M. Kornbluth (1923-1958) publia son premier récit en 1940 et se consacra à la science-fiction. Doué dès ses débuts d’une grande facilité, il put compenser les effets de la mobilisation de ses confrères plus âgés : il lui arriva en effet d’écrire pratiquement à lui seul, sous divers pseudonymes, des numéros entiers de certains périodiques dont les forces rédactionnelles avaient été « décimées » par les appels sous les drapeaux. Il commença en 1949 une deuxième carrière, écrivant cette fois sous son propre nom. Il collabora fréquemment avec Frederik Pohl, en particulier pour écrire The space merchants (Planètes à gogo, 1953), roman devenu rapidement classique par son évocation de l’hypertrophie future de la publicité et de ses pouvoirs. Cyril M. Kornbluth avait une réputation de solitaire, au caractère renfermé, et ses nouvelles reflètent souvent une vision p’essimiste du monde – ce pessimisme allant de l’ironie désinvolte à l’amertume mordante et désespérée. Les romans qu’il rédigea avec des collaborateurs – Frederik Pohl principalement, parfois Judith Merrill – laissent souvent percer l’influence modératrice du co-auteur.
Un récit qu’il avait écrit en collaboration avec Frederik Pohl, The meeting, a reçu un Hugo comme meilleure histoire courte ex-aequo pour l’année 1973 – quinze ans après le décès de Kornbluth.
Keith Laumer (John). – Né en 1925. Architecte diplômé, ancien membre des forces aériennes et du corps diplomatique des États-Unis – ayant notamment occupé des postes en Allemagne, à Rangoon et à Londres. Commença à écrire en 1959 et fut un auteur prolifique pendant une quinzaine d’années (en dehors de la science-fiction, il est l’auteur d’un livre sur la construction de modèles réduits d’avions). Une attaque l’a ensuite obligé à beaucoup réduire son activité. Il est connu pour ses récits d’univers parallèles (Worlds of Imperium, The other side of time, Assignment in nowhere, 1962-1968), des aventures guerrières (A plague of démons, 1965, où il introduit une variation sur le thème du cyborg), et un cycle dont le protagoniste est un diplomate galactique de l’avenir, Retief (la prononciation anglaise de ce nom inverse celle du mot fighter, qui signifie combattant). Laumer, qui sous-entend souvent une note d’humour dans ses récits, appartient au groupe d’auteurs qui ne craignent pas de recourir aux plus familiers des clichés s’ils peuvent en tirer un élément narratif utile au rythme de l’action.
Niven (Larry). – De son nom complet, Laurence Van Cott
Niven. Né en 1938, licencié ès sciences mathématiques. Beaucoup plus que la majorité des auteurs de sa génération, Niven se préoccupe de la rigueur scientifique de ses récits. Deux nouvelles qui lui valurent des Hugos (Neutron star, en 1967, et The hole man, en 1975, sur le motif des trous noirs) se fondent sur des découvertes astronomiques récentes. Niven a ordonné bon nombre de ses nouvelles et romans en une « histoire future » personnelle qu’il a intitulée Taies of known space (Récits de l’espace connu), et dans laquelle, en plus de l’élément scientifique, il accorde une attention particulière aux néologismes d’origine technique et scientifique. Il s’est expliqué à ce sujet dans The words of science-fiction, un essai publié en 1976 par Reginald Bretnor dans The craft of science-fiction. Niven possède un sens de l’évolution et de la continuité qui fait de lui un émule d’Arthur Clarke, d’Isaac Asimov et de Poul Anderson. Il a collaboré avec Jerry Pournelle – dont la formation et les préoccupations se rapprochent des siennes – pour exploiter en de vastes romans de nouvelles variations sur des thèmes classiques, celui du premier contact avec des extraterrestres dans The mote in God’s eye (1974) et celui de la fin du monde imminente dans Lucifer’s hammer (1976).
Schmitz (James H.). – Né en 1911 à Hambourg, James H. Schmitz vécut surtout en Allemagne jusqu’en 1938. C’est en 1943 que son nom parut pour la première fois au sommaire d’une revue américaine. Ingénieur de profession, il est en littérature un auteur méticuleux qui a la réputation d’écrire lentement. Sa production, relativement peu abondante paraît surtout dans Astounding –, elle réserve une place notable aux facultés extra-sensorielles.
Dans plusieurs de ses récits, James H. Schmitz utilise comme fond de toile une galaxie où extra-terrestres et humains coexistent en bonne intelligence et agissent contre différentes sortes de malfaiteurs en utilisant notamment des pouvoirs extrasensoriels. Parmi ses héroïnes, habituellement décrites avec beaucoup d’affection, Telzey Amberdôn est ainsi une jeune télépathe qui anime les romans The universe against her, The Telzey toy et The lion game.