Parole de roi
Oui, c’est bien là, mais la tombe a été saccagée.
Ce trou dans la terre aux dimensions d’un homme d’exception est désormais couvert d’herbes sauvages, de petits branchages.
Le jeune roi s’approche. La buée sort de sa bouche.
Il pointe sa lanterne. D’Artagnan est désolé. Il ne reste que le crâne et quelques os brisés. Pourquoi ? Le mystère est entier. Des promeneurs ont dû se demander qui couchait là, dans ce champ sauvage, avant de creuser, poussé par le démon de la curiosité. Une fois la tombe ouverte, on a pu constater qu’elle ne contenait rien d’extraordinaire, mais se dire que les armes valaient sans doute un certain prix.
Le roi est profondément indigné. Il ne trouve pas les mots.
Il se baisse, prend le crâne et l’enveloppe dans sa cape en le gardant contre lui.
— Chevalier, dit Louis XIV avec majesté, ce que les hommes ont détruit, le roi le réparera. Je prends l’engagement, devant vous, de garder ce crâne avec moi, et d’offrir un jour à notre ami don Juan de Tolède un mausolée aux proportions de sa grandeur. Je compte sur vous, chevalier, pour me rappeler à ma parole. D’ailleurs, ce soir, en cet instant privilégié, je tiens à vous annoncer ma première vraie décision de roi. Vous resterez peut-être l’homme de confiance de Son Éminence, mais Son Éminence est mon serviteur. Oui, chevalier, vous êtes désormais mon agent privilégié. C’est à vous et à vous seul que je confierai les missions les plus délicates. Cet engagement, tout confidentiel soit-il, n’en demeure pas moins officiel. Rien ni personne, entendez-vous, ne pourra le rompre, si ce n’est la mort, la vôtre ou la mienne.