101.
J’étais à mon bureau lorsque Brenda me contacta
sur l’interphone : « Lindsay ? Il y a un paquet pour
toi à la réception. Kevin préfère que tu viennes l’inspecter en
personne. »
Je descendis dans le hall et trouvai notre agent
de sécurité près du portail à détecteur de métaux. Il tenait à la
main une sacoche en tissu sur laquelle une étiquette à mon nom
était fixée par plusieurs couches de ruban adhésif. Je n’attendais
aucun colis, et celui-ci en particulier ne m’inspirait guère
confiance.
— Je l’ai passée au détecteur, me dit
Kevin. Elle contient quelque chose de métallique, mais je n’arrive
pas à voir de quoi il s’agit.
— D’où vient-elle ?
— J’étais en train de contrôler les sacs
d’un groupe d’étudiants en droit, et en me retournant j’ai aperçu
cette mallette posée sur la table. Personne ne l’a réclamée.
— Bon, je préviens la brigade de
déminage.
— OK, fit Kevin. Je me charge de la
sécurité.
Je m’étais mise à trembler. Mes vêtements me
collaient au corps et des élancements de douleur me parcouraient
l’épaule. Je repensai à Joe m’expliquant à quel point il était
facile de fabriquer une bombe.
Dissimulée derrière une colonne en marbre à
l’autre bout du hall, je contactai Jacobi pour l’informer de la
situation.
— Je suis certaine que Gordon possède les
compétences techniques pour fabriquer une bombe capable de faire
exploser le palais de justice.
— Quitte tout de suite le bâtiment,
Boxer.
— Toi aussi. On est en train de procéder à
l’évacuation.
J’avais à peine prononcé cette phrase que le
signal d’alarme retentit. La voix du chef de la sécurité annonça
dans les haut-parleurs que tous les membres du personnel anti-incendie devaient regagner leurs
postes.
Le bâtiment fut entièrement évacué – juges,
jurés, avocats, policiers, ainsi qu’une ribambelle de détenus
alignés en file indienne le long de l’escalier de secours. Je
sortis par la porte principale au son des battements syncopés de
mon cœur cognant contre mes tympans. Huit minutes plus tard, le
camion de la brigade de déminage se garait devant le Palais.
J’assistai à la scène de loin derrière le cordon
de police : un robot équipé d’une machine à rayon X emprunta
la rampe réservée aux personnes en chaise roulante et entra dans le
palais de justice. Conklin et Chi s’approchèrent de moi et nous
observâmes le technicien en combinaison spéciale qui suivait le
robot avec sa télécommande.
Je guettais une probable détonation, mais
l’attente se prolongea un long moment. J’étais sur le point de
perdre patience lorsque Conklin lança :
— À ce rythme-là, ça peut durer toute
la nuit !
Nous prîmes la décision d’aller au pub.
À l’intérieur, l’ambiance était à la fête.
De nombreuses personnes habituellement en poste au palais de
justice avaient investi les lieux en attendant de pouvoir
réintégrer leurs bureaux. J’avais la main dans le bol de cacahuètes
lorsque mon portable se mit à sonner.
C’était le lieutenant Bill Berry, de la brigade
de déminage :
— Votre prétendue bombe a été
neutralisée.
Accompagnée de Conklin et de Chi, je me rendis
jusqu’au camion de la brigade de déminage, à présent garé dans le parking situé derrière le Palais. Je
toquai à la portière. Berry ouvrit et me tendit la mallette.
— Alors ? l’interrogeai-je. Que
contient-elle ?
— Disons que c’est un peu Noël avant
l’heure. Je pense que vous allez apprécier la surprise.