50.
Sarah ouvrit la porte du petit deux-pièces
qu’elle partageait avec son répugnant mari, et resta un instant
immobile dans l’entrée minuscule, l’oreille tendue. Elle ne tarda
pas à distinguer les ronflements de « Terreur ».
S’avançant dans le salon, elle le vit vautré
dans son fauteuil en cuir marron, en marcel et en short, la
braguette ouverte. Elle fronça le nez en apercevant le couple dont
l’écran diffusait silencieusement les ébats pornographiques, et
passa devant lui pour se rendre dans la chambre.
Ce n’est qu’après avoir refermé le loquet
derrière elle qu’elle se sentit suffisamment en sécurité pour ne
plus avoir à retenir sa respiration. Elle tira les rideaux, alluma
le plafonnier, puis vida son sac en toile sur le couvre-lit.
Les yeux brillants, elle ouvrit les enveloppes
matelassées, et eut le souffle coupé en découvrant les rivières de
diamants, les bracelets en or incrustés de pierres précieuses, les
broches, pendentifs et autres bagues. Elle les contempla longuement, les caressant
du bout des doigts, stupéfaite de son audace et hypnotisée par la
beauté de ces bijoux.
Dorian Morley avait vraiment beaucoup de goût.
Les colliers de diamants étaient récents, mais d’autres bijoux,
finement travaillées et de facture plus classique, semblaient faire
partie d’une collection personnelle. Sarah se demanda si ce trésor
lui venait d’un héritage, ou s’il avait été acquis pièce par pièce
par Dorian Morley en personne.
Et pour la première fois depuis qu’elle avait
commencé sa série de cambriolages, Sarah sut que cette femme
éprouverait un profond chagrin en découvrant la disparition de ses
bijoux.
Elle se força à chasser ces pensées, consciente
qu’il valait mieux ne pas s’égarer dans de telles considérations.
Et puis, les Morley étaient couverts par leur assurance, tandis
qu’Heidi et elle ne pouvaient compter que sur elles-mêmes. Chaque
jour passé au côté de leur mari, en plus de leur faire courir des
risques, ne faisait qu’ajouter à leur dégoût.
Sarah replaça les bijoux dans leurs sachets et
ouvrit le tiroir inférieur de sa commode. Elle repoussa les piles
de vêtements, souleva la planchette qui servait de double-fond et y
déposa son sac en toile.
Avant de refermer le tiroir, Sarah devait
absolument la revoir. Dans le fond de la cache secrète, sur la
droite, se trouvait une petite boîte ronde en cuir noir. Elle
ouvrit le couvercle et contempla fixement la somptueuse bague de
Casey Dowling, scintillant sous la lumière comme si elle était
vivante.
Cette pierre jaune, ouah, quelle
merveille !