77.
Mission accomplie pour Yuki.
Le lendemain midi, j’avais entre les mains un
mandat signé. À 15 heures, le dispositif était opérationnel.
Tous les appels de Dowling étaient enregistrés dans une petite
salle sans fenêtres au quatrième étage du Palais, meublée en tout
et pour tout de deux chaises et d’un bureau de récupération sur
lequel trônaient une rangée de classeurs et un vieil
annuaire.
Conklin et moi nous y installâmes avec un broc
rempli de café. J’étais surexcitée et pleine d’espoir. Restait à
savoir si Dowling se laisserait aller à des propos susceptibles de
l’incriminer…
Pendant plus de cinq heures, mon coéquipier et
moi écoutâmes les appels entrants et sortants. Marcus Dowling était
un homme très occupé. Il s’entretint avec son agent, son avocat,
son banquier, son manager, son attaché de presse, son courtier et,
pour finir, sa maîtresse.
Sa conversation avec Caroline Henley fut
ponctuée de « je t’aime », de « ma chérie » et
autres « trésor ». Ils planifièrent un rendez-vous au
restaurant – Graeme Henley devait s’absenter pour un voyage
d’affaires la semaine suivante – et je pensais que l’appel était
sur le point de se terminer lorsque la discussion prit une tournure
intéressante :
— Graeme se rend bien compte que quelque
chose ne va pas, Marc. Il veut qu’on suive une thérapie de
couple.
— Je comprends tout à fait, Caroline, mais
tiens bon. Ça fait deux ans qu’on attend, alors ce ne sont pas
quelques mois supplémentaires qui vont nous effrayer.
— Je t’entends dire ça depuis une
éternité.
— Trois ou quatre mois, pas plus. Sois
patiente. Je t’ai dit que tout fonctionnerait et tu dois me faire
confiance. Dès que le public se sera lassé de cette histoire, nous
aurons le champ libre.
Le visage de Conklin se fendit d’un large
sourire :
— Deux ans… Ils se fréquentent depuis deux
ans ! Ce n’est peut-être pas un flingue encore fumant, mais on
tient quelque chose.