6.
L’avantage des photos de scènes de crime, c’est qu’elles vous plongent dans les secrets des gens. À l’inverse de l’art de la photographie où la lumière et les sujets sont choisis et placés de façon à magnifier un moment, les images de scènes de crime ont pour seul but de restituer la réalité pure et dure, dans tous ses détails et sans aucun embellissement. Les visionner est une tâche pénible qui secoue et abat quiconque s’y attelle.
Fenêtre brisée ; cuisine éclaboussée de sang ; femme gisant sur un lit, les jambes écartées et le visage caché sous un slip déchiré ; cadavre boursouflé d’un enfant dans un coffre de voiture.
L’horreur de ce genre d’images revient vous visiter, des instants, des heures, des jours plus tard. Quand ce ne sont pas des mois.
À dix heures moins le quart, Xicay a livré les clichés pris au Paraíso. En l’absence d’os à étudier, ils représentaient mon seul espoir d’établir un profil de victime ; peut-être même le seul moyen de parvenir à trouver un rapport entre le squelette de la fosse septique et l’une de ces jeunes disparues.
J’ai ouvert la première enveloppe, à la fois effrayée et impatiente de revoir les parties anatomiques sauvées.
La ruelle.
Le Paraíso.
La charmante oasis à l’arrière de l’hôtel.
Plusieurs photos de la fosse avant et après l’ouverture, avant et après la vidange. Sur la dernière, où les compartiments étaient vides, les ombres portées faisaient comme de longs doigts osseux.
Ayant examiné la première série de photos, je l’ai remise dans son enveloppe et suis passée à la seconde.
Photo n° 1 : mon cul levé vers le ciel, tout au bord de la fosse. Photo n° 2 : un os de l’avant-bras posé sur le drap blanc. Même avec la binoculaire, impossible de discerner les détails. Autant continuer à l’œil nu.
Sept autres photos avant de tomber sur un gros plan. Le cubitus. Faisant descendre tout doucement le verre grossissant le long de son axe, j’ai entrepris d’en examiner les moindres creux et bosses. J’étais sur le point d’abandonner quand j’ai repéré une ligne pas plus grosse qu’un cheveu sur l’extrémité, côté poignet.
— Regardez ça.
Galiano s’est installé à la loupe. Du bout de mon stylo, je lui ai montré l’endroit.
— Cette petite ligne à la base de l’épiphyse.
— Ay, Dios. (Il avait parlé sans bouger les yeux.) Et ça signifie ?
— Que le cartilage de croissance n’a pas encore terminé sa fusion avec la partie axiale de l’os.
— Ce qui implique ?
— Que l’individu est jeune.
— C’est-à-dire ?
— Dernières années de l’adolescence, probablement.
Il s’est redressé.
— Muy bueno, Dr Brennan.
Les photos du crâne commençaient vers le milieu de la troisième série. En les examinant, j’ai senti mon ventre se crisper encore plus fort que ce jour-là, dans la fosse septique. Xicay avait pris les photos à plus de deux mètres de distance. Sous la boue, dans l’ombre et d’aussi loin, on ne distinguait aucun détail. Même à la loupe.
Découragée, j’ai terminé l’inspection de l’enveloppe et suis passée à la suivante. Des parties du corps sur le drap, de plus en plus nombreuses au fil des images. Sur d’autres os longs, l’état de fusion des capsules de croissance confirmait l’âge suggéré par le cubitus.
Il y avait aussi une demi-douzaine de photos du bassin. Des tissus mous maintenaient encore les trois parties ensemble, de sorte qu’on distinguait très bien l’entrée en forme de cœur. Les os du pubis étaient longs et se rejoignaient au-dessus d’un angle subpubien obtus.
Je suis passée aux clichés latéraux.
L’encoche sciatique était large et peu profonde.
— Une femme ! ai-je dit sans m’adresser à personne en particulier.
— Montrez-moi.
Galiano est revenu près de ma table. J’ai étalé les clichés et lui ai fait part de mes observations. Il m’a écoutée sans rien dire.
Je rassemblais les photos quand j’ai remarqué des taches irrégulières sur l’aile droite de l’os iliaque, côté ventre. J’ai rapproché le cliché et réglé la puissance de la lentille sous le regard attentif de Galiano.
Des fragments de dent ? Des algues ? Du gravier ?
Ces minuscules particules me rappelaient quelque chose, mais impossible de les identifier.
— Qu’est-ce que c’est ? a demandé Galiano.
— Je ne peux pas dire. Peut-être seulement des débris.
J’ai rangé les clichés dans leur enveloppe et j’ai commencé l’inspection d’une nouvelle série. Os de pied. Os de main. Côtes.
Appelé sur son bip, Galiano est parti dans son bureau. Les deux détectives avaient toujours le nez sur les tableaux d’affichage. Sternum. Vertèbres. Galiano est revenu.
— Où est passé Hernández ?
Pas de réponse. J’ai imaginé les deux gars derrière moi qui haussaient les épaules. Mon dos me faisait mal. J’ai levé les bras et je me suis étirée. D’abord en arrière, puis de chaque côté. Retour au visionnage. Et là, miracle !
Xicay avait profité de ce que je surveillais la vidange pour revenir au crâne. Cette dernière série de clichés, prise à environ trente centimètres de distance, comportait des vues de dessus, de dessous, des profils et des faces. Malgré la saleté, on voyait très bien.
— Enfin des photos qui veulent dire quelque chose ! Dans l’instant, Galiano s’est matérialisé à côté de mon coude. Je lui ai montré les détails sur le cliché de face.
— Des orbites rondes et des pommettes larges. Sur un autre, pris d’en dessous, j’ai montré les zygomatiques.
— Vous voyez comme les pommettes sont évasées ?
Galiano a incliné la tête.
— Et le crâne est étroit, vu de profil, alors qu’il est large, vu de face.
— Comme un globe.
— Exactement. (J’ai tapé avec mon stylo à l’endroit du palais.) La partie supérieure est en parabole. Dommage qu’il manque les dents de devant.
— Pourquoi ?
— Des incisives en pelle peuvent être des signes de race.
— En pelle ?
— À cause de la forme. L’émail est en creux près de la langue et se relève sur les côtés.
Remplacement de la vue de dessous par une vue latérale. L’os du nez descendait bas et le profil était droit.
— Et c’est quoi, la race, à votre avis ?
— Mongoloïde.
J’ai repensé à ce qui m’avait frappée sur le site. Ces photos corroboraient-elles mon impression d’alors ? Galiano, lui, avait l’air perdu. J’ai précisé :
— Asiatique.
— Chinoise, Japonaise, Vietnamienne ?
— Oui. Ou quelqu’un dont les ancêtres sont venus d’Asie. Comme les indigènes d’Amérique...
— Vous parlez de vieux ossements indiens ?
— Absolument pas. C’est récent, ce truc-là.
Il a réfléchi un moment, puis marmonné :
— Où est-ce que ces dents de devant ont bien pu aller ?
J’ai compris à quoi il pensait : au fait que les dents sont souvent détruites pour empêcher l’identification. J’ai secoué la tête, ce n’était pas le cas ici.
— Elles sont très probablement tombées toutes seules. Les incisives n’ont qu’une seule racine. Quand la gencive se décompose, elles ne sont plus tenues par rien.
— Et où sont-elles ?
— Dans le collecteur, vraisemblablement, ou coincées quelque part dans la cuve.
— Vous en auriez besoin ?
— Et comment ! Les détails qu’on a là ne font que suggérer des hypothèses.
— Alors, qui est l’inconnue de la fosse septique ?
— Une femme d’ascendance sans doute mongoloïde et âgée d’un peu moins de vingt ans.
Derrière le regard de bon chien de Galiano, je pouvais voir ses neurones se démener.
— La plupart des Guatémaltèques auraient donc des traits mongoloïdes ?
— Beaucoup, en tout cas, ai-je répondu.
— Et très peu de Canadiens.
— Sauf les indigènes et les immigrés originaires d’Asie, ainsi que leur descendance.
Galiano n’a plus rien dit pendant un long moment. Puis :
— Il y a donc des chances pour que ce ne soit pas Chantal Specter.
Je m’apprêtais à répondre quand Hernández est rentré dans la pièce avec son chariot. Les grands cartons avaient cédé la place à deux sacs à ordures et une caisse en moleskine noire.
— Où est-ce que tu étais passé, de Dieu ? s’est écrié Galiano.
— Ces abrutis refusaient de me prêter leur précieuse lumière. À croire que c’étaient les bijoux de la couronne. (La voix d’Hernández avait un bruit de vide-ordures bouché.) Où tu veux ça ?
Galiano a montré deux tables pliantes contre le mur à droite. Hernández y a déchargé sa cargaison, puis est allé remiser son chariot près du tas de cartons à déménager.
— La prochaine fois qu’on remue ces trucs, faudra pas me demander. (Il s’est épongé le visage avec un bout de tissu jaune.) Ça pèse des tonnes, c’te connerie.
Sur ce, il a fourré son mouchoir dans sa poche arrière et je n’ai plus vu qu’une tornade jaune fuyant dans le couloir, et un coin de mouchoir qui flottait derrière lui.
— Allons regarder les photos là-bas, m’a dit Galiano. La plupart proviennent des familles. Une seule de l’ambassade.
Je l’ai suivi à contrecœur jusqu’aux panneaux d’affichage. J’ai travaillé sur assez de meurtres en série pour pouvoir me passer de ce genre d’exposition. J’en ai vu des mille et des cents, de ces gens, hommes ou femmes, saisis dans un moment où ils ignoraient tout de la calamité qui allait les frapper – jeunes ou vieux, beaux ou moches, élégants ou mal fagotés, avec des visages fâchés, heureux, gênés ou endormis.
Au début, l’impression d’ensemble faisait penser à Ted Bundy. Mêmes goûts dans le choix des victimes : quatre jeunes filles avec des cheveux longs, raides, coiffés avec une raie au milieu. Mais là s’arrêtait la ressemblance.
Claudia de la Aida n’avait pas reçu la beauté en partage. Des traits anguleux, un nez épaté et des yeux pas plus gros que des olives. Sur les trois photos, elle portait une jupe noire et une blouse pastel boutonnée jusqu’au menton. Un crucifix en argent reposait sur son ample poitrine.
Lucy Gerardi avait des cheveux noirs brillants, des yeux bleus, un nez et un menton délicats. Sur sa photo de classe, elle portait un blazer bleu roi et un chemisier blanc empesé. Sur une autre, prise chez elle, une robe bain de soleil jaune. Un schnauzer sur les genoux et une croix en or au creux de la gorge.
Patricia Eduardo, pourtant la plus âgée des quatre, paraissait quinze ans à peine. Un clic-clac merci Kodak l’avait immortalisée, fièrement dressée sur sa monture – un cheval des Appalaches –, une main tenant les rênes, l’autre posée sur son genou, le regard brillant d’excitation sous sa bombe. Sur les autres clichés, elle fixait l’objectif d’un air solennel, debout à côté de l’animal. Des yeux noirs et une croix, elle aussi. Pas de maquillage non plus.
Si ces trois premières disparues semblaient vouées à Notre-Dame de la Chasteté, la fille de l’ambassadeur affichait, quant à elle, une préférence marquée pour le culte de l’Obscène : boléro découvrant son nombril et jean hypermoulant, cheveux blonds avec des mèches teintes et maquillage noir de vampire.
Rien à voir avec le portrait soumis par l’ambassade où une Chantal en escarpins, bas crème et robe blanche, posait entre Papa et Maman sur un canapé Queen Ann. Oubliés, ses mèches multicolores, ses paupières noircies façon Bela Lugosi et son numéro « Si vous voulez me parler, adressez-vous au guichet ».
Je passais d’une jeune fille à l’autre avec un sentiment de vide au cœur. Se pouvait-il qu’elles soient toutes les quatre mortes, aujourd’hui ? Que nous ayons extrait l’une d’elles de la fosse septique ? Un psychopathe errait-il dans les rues de Guatemala en projetant déjà sa prochaine mise à mort ?
— Elle n’a pas l’air d’une fille qui vend son cul pour de la drogue, a émis Galiano en s’arrêtant devant Chantal Specter.
— Les autres non plus.
— L’une d’entre elles correspond au profil, selon vous ?
— Elles y correspondent toutes. Pour la race, Chantal Specter est plus problématique, mais c’est un point toujours litigieux. Je saurais mieux répondre si je pouvais prendre des mesures et les comparer avec une banque de données. Mais même alors, ce n’est pas toujours facile de déterminer la race.
Derrière moi, le grand détective transférait des cartons sur le chariot.
— Pour les dates, ça donne quoi ? ai-je demandé.
— Claudia de la Aida a été vue pour la dernière fois en juillet, et la fosse a été vérifiée en août.
— Le jour de la disparition n’est pas forcément celui de la mort.
— Bien entendu, a reconnu Galiano.
— Si toutefois elle est morte.
— Patricia Eduardo a disparu en octobre, Lucy Gerardi et Chantal Specter en janvier.
— Aucune d’elles ne portait de jean et de chemisier à fleurs, le jour de leur disparition ?
— Pas d’après les témoins. Les dossiers sont là, a-t-il ajouté en désignant une pile de chemises.
— Je voudrais d’abord jeter un coup d’œil aux vêtements.
Galiano m’a suivie jusqu’à la table et m’a regardée déposer par terre les sacs contenant les pièces à conviction, puis étendre sur la table un drap plastifié que j’avais apporté.
— Je vais avoir besoin d’eau, ai-je dit en prenant le premier sac.
Galiano m’a lancé un regard interrogateur.
— Pour nettoyer les étiquettes.
Il a transmis ma requête à l’un des deux détectives.
Ayant enfilé des gants de caoutchouc, j’ai défait le cordon qui fermait le sac et entrepris d’en sortir les vêtements. Dégoûtants. Une puanteur s’est répandue dans la salle pendant que je démêlais chaque pièce pour l’étaler devant moi.
Le détective à cheveux brillantinés a apporté de l’eau.
— Putain, ça sent sacrément les égouts.
— Comme c’est étrange, n’est-ce pas ? ai-je rétorqué en allant refermer la porte derrière lui.
Jean. Chemise. Soutien-gorge vert amande. Slip vert amande avec de minuscules roses rouges. Chaussettes bleu marine. Chaussures à barrettes.
Une main de glace m’a étreint le cœur. Nous avions reçu les mêmes, ma sœur et moi, pour notre entrée en sixième.
Lentement, un épouvantail a pris forme sur la table, sans tête, sans bras, plat et humide. Les sacs vidés, j’ai commencé l’inspection des articles.
Un jean bleu marine sans logo, déchiré en plusieurs morceaux bien que le tissu soit en bon état.
J’ai fouillé les poches. Vides, comme je m’y attendais. J’ai fait tremper l’étiquette et l’ai frottée délicatement. Les lettres avaient déteint, impossible de lire la marque. Les jambes avaient été roulées, mais la taille du vêtement était plus ou moins la mienne. Du 6 ou 8 américain2. Galiano inscrivait tout dans son calepin à spirale.
Pas d’étiquette non plus sur le chemisier. Je l’ai laissé boutonné pour l’instant.
— Un coup de couteau ? a demandé Galiano en me voyant inspecter un défaut dans le tissu.
— Des déchirures, simplement. Les trous sont de forme irrégulière avec des bords effilochés.
Le soutien-gorge était un 34— B3, le slip, un small. Pas d’étiquette sur aucun des deux.
— Bizarre que le jean soit parti en morceaux alors que tout le reste est presque en parfait état, a fait remarquer Galiano.
— La fibre naturelle, ça va, ça vient.
Il a attendu que je poursuive.
— Le jean était probablement cousu avec un fil en coton. Mais la dame avait un penchant certain pour le synthétique.
— Princesse Polyester.
— Les polyesters et les acryliques ne sont peut-être pas sur la liste des tissus les plus élégants, mais c’est sûr qu’ils se décomposent moins vite.
— Ils sont traités exprès pour durer.
De la boue a dégouliné sur le plastique pendant que je désentortillais la jambe droite du jean. Rien de spécial, sinon des cafards morts. J’ai déroulé la gauche.
— Je peux avoir la Luma Lite ?
Cet objet, prêté à Hernández de si mauvais gré, est une lampe à courant alternatif qui fait apparaître en fluorescence les empreintes digitales, poils, fibres, sperme et autres taches, comme celles laissées par de la drogue.
Galiano est allé la prendre dans la caisse en moleskine, ainsi que deux paires de lunettes teintées. J’ai chaussé les miennes tandis qu’il cherchait une prise et coupait la lumière au plafond. J’ai allumé la Luma Lite et l’ai promenée au-dessus du pantalon. Au début, rien n’est apparu dans le faisceau lumineux. Sur le revers de la jambe gauche, en revanche, une quantité de filaments étincelants. Un vrai feu d’artifice du 4 Juillet.
— Qu’est-ce que c’est que ce truc !
Je pouvais sentir la respiration de Galiano sur mon bras.
Gardant le faisceau bien en place, je me suis reculée pour qu’il voie mieux.
— Puchica ! Ça alors !
Il est resté une bonne minute le nez sur le jean.
— Des poils ?
— Probablement.
— D’homme ou d’animal ?
— Ça, c’est à vos analystes de le dire. Personnellement, je pencherais pour un animal de compagnie.
— Putain !
J’ai sorti une poignée de petites fioles en plastique de mon sac. J’en ai étiqueté une et j’y ai enfermé des filaments prélevés à l’aide d’une pince à épiler. Ensuite, j’ai réexaminé le vêtement tout entier. Aucun autre feu d’artifice nulle part.
— Lumière.
Galiano a retiré ses lunettes et est allé allumer le plafonnier.
Ayant inscrit la date, l’heure et le lieu sur le reste des fioles, j’ai déposé un peu de boue dans chacune d’elles et les ai scellées avec du ruban adhésif avant d’apposer mes initiales sur le bouchon. Chaussette droite, extérieur. Chaussette droite, intérieur. Chaussette gauche.
Revers de pantalon, jambe droite. Revers de pantalon, jambe gauche. Chaussure droite, intérieur. Chaussure droite, semelle.
Dix minutes plus tard, j’étais prête à passer au chemisier.
— Obscurité, s’il vous plaît.
Galiano est allé éteindre.
Des boutons standard, en plastique. L’un après l’autre, je les ai regardés à la Luma Lite. Pas d’empreintes.
— OK.
La lumière s’est rallumée dans la pièce pendant que je défaisais les boutons du chemisier. J’ai écarté le tissu et découvert l’intérieur de la blouse.
La chose était si petite qu’elle m’a presque échappé, coincée comme elle l’était dans la couture de la manche droite, sous le bras. J’ai pris ma loupe.
Non !
M’étant assurée d’un bon appui pour mes avant-bras, j’ai retourné délicatement la manche à l’envers.
Même petite chose, douze centimètres plus loin dans la manche.
Une autre encore, deux centimètres et demi plus bas.
— Putain !
— Quoi donc ? a demandé Galiano, les yeux rivés sur moi.
Je suis allée chercher les photos de la récupération et j’ai fait défiler les enveloppes jusqu’à celle contenant le gros plan du bassin. Vite, les petits points qui m’avaient intriguée.
Seigneur Dieu !
Haletante, j’ai procédé à un examen minutieux du gros plan de l’os pelvien. Puis des autres clichés. J’ai dénombré sept de ces petites choses.
Je sentais la colère se propager dans toutes les fibres de mon corps. Le chagrin aussi. Et toutes les émotions qui m’avaient bouleversée à Chupan Ya.
— Je ne sais pas qui c’est, ai-je enfin déclaré. Mais je sais peut-être pourquoi on l’a tuée.