14.

À la troisième tentative, la serrure céda enfin.

Le détective Phillip Detroit rangea la bump key de crochetage et le petit marteau dans la poche intérieure de son manteau, puis pénétra rapidement dans l’appartement de Chris Coleman.

Le mystérieux Chris Coleman, mentionné dans le courrier du médecin adressé à Lola. Il avait tout pour être son frère, sinon un nom de famille différent. Et Detroit, qui avait horreur des énigmes irrésolues, avait bien l’intention de démêler celle-là. Depuis qu’ils étaient devenus des amants occasionnels, Phillip et Lola partageaient beaucoup de choses. Merde, ils partageaient même leur salive ! Un jour, elle avait mentionné l’existence d’un frère qui s’appelait Chris, et puis elle n’en avait plus jamais reparlé. Il y avait quelque chose de louche, là-dessous. Trop louche pour ne pas fouiller.

La curiosité est un vilain défaut, Phillip…

Le spécialiste haussa les épaules et referma délicatement la porte derrière lui de ses mains gantées.

Ouais. Je sais. Je suis un sale type.

C’était un appartement moderne, spacieux et luxueux. Mobilier design, bibelots, tableaux, beaux livres… Nulle part, dans les revues posées ici et là, dans les posters, les peintures, on ne pouvait échapper aux références à la culture gay new-yorkaise.

Detroit s’aventura vers le milieu du salon. Sur un petit cadre photo en aluminium, il trouva la confirmation de l’évidence : Chris Coleman, ce grand gaillard rouquin d’une quarantaine d’années, posait entre Lola Gallagher et son fils Adam. Leur ressemblance physique sautait aux yeux.

Il n’y avait que deux explications possibles : soit l’un des deux utilisait un nom d’emprunt, soit ils étaient demi-frère et sœur.

Le détective se dirigea alors vers le grand bureau qui trônait de l’autre côté de la pièce. Dessus, un ordinateur Apple à écran large, une table graphique, des croquis, des feutres, des papiers…

Il sortit une clef USB de sa poche et la glissa dans un port du Mac. Puis, afin de contourner la protection du mot de passe administrateur, il redémarra l’ordinateur en mode « utilisateur unique ». Après deux ou trois manipulations, il eut tout le loisir d’installer sur le disque dur l’un des différents logiciels espions qu’il avait amenés.

Comme une lettre à la poste.

Il sourit, éteignit le Mac et récupéra sa clef. De retour au commissariat, il aurait tout le loisir de fouiller à distance le contenu de la bête.

Ensuite, il ouvrit un à un les tiroirs du bureau, parcourut rapidement factures, courriers… Tous étaient adressés à Chris Coleman. Il aurait aimé tomber sur un passeport, une pièce d’identité, mais il ne fallait pas rêver. Quand il eut fini de fouiller le bureau, n’ayant rien trouvé d’intéressant, il continua sa prospection dans le reste de l’appartement.

Dans une bibliothèque, au milieu des livres et des CD, il trouva plusieurs albums photos. Là aussi, les clichés avec Lola et Adam étaient nombreux. Mais aucun ne remontait à plus d’une dizaine d’années.

En essayant de ne rien déranger, de ne laisser aucune trace, il continua sa fouille méthodique de l’appartement.

C’est dans le placard de la chambre qu’il trouva enfin quelque chose de suspect. Quelque chose de très suspect…

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