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C’est par Tharin qu’Arkoniel apprit la nouvelle de la fausse couche de la princesse. Quoiqu’ils eussent été associés d’infiniment plus près à l’événement, Tobin et Ki ne s’étaient pas senti le courage d’y consacrer une lettre.

 « Mieux valait, d’ailleurs », écrivait le capitaine, en insistant sur la monstruosité de l’enfant.

 « Telle est la volonté d’Illior », maugréa Nari. En cette âpre soirée du milieu de l’hiver, tous deux étaient blottis au coin du feu des cuisines, emmitouflés dans leurs manteaux et les pieds posés sur les briques de l’âtre. « Le roi n’a jamais engendré d’enfant sain depuis que ses petits sont morts. Maintenant, c’est sur son fils que retombe la malédiction. Avant qu’Iya ne m’amène dans la demeure de Rhius, je n’avais jamais songé que l’Illuminateur pouvait être cruel. »

Le regard d’Arkoniel s’abîma dans les flammes.

Malgré toutes les années écoulées depuis cette triste époque, ses souvenirs conservaient toute leur netteté. « Science et démence.

— Comment ça !

— Iya m’a dit un jour que les magiciens étaient seuls à voir le véritable visage d’Illior, que nous étions les seuls à être pleinement touchés par le pouvoir du dieu. Un dessein préside à tout ce qui est advenu comme à tout ce qui adviendra, mais il paraît parfois d’une effroyable cruauté. »

Avec un soupir, Nari resserra frileusement son manteau. « Pas pire, toujours, que celle du roi et de ses Busards assassinant toutes ces gamines, hein ? Mes rêves n’arrêtent pas de me représenter la tête que faisait le duc et l’expression de son regard pendant que les deux autres se penchaient sur la pauvre Ariani, et qu’il y avait tous ces soldats au rez-de-chaussée. La maudite sorcière a fait du bon boulot, cette nuit-là. Tu as une idée de ce qu’elle a pu devenir depuis ? »

Arkoniel branla légèrement du chef sans cesser de fixer les flammes.

 « Rien qu’entre toi et moi, je me suis toujours demandé si Iya ne s’était pas tout bonnement débarrassée d’elle. Nous sommes parentes, et je ne voudrais pour rien au monde lui manquer de respect, mais je crois bien qu’elle n’aurait eu aucun scrupule d’aucune sorte, cette nuit-là.

— Elle ne l’a pas tuée. En aurait-elle eu envie qu’elle n’aurait probablement pas pu le faire, selon moi.

— Sans blague ! Eh bien, je suis drôlement contente d’apprendre ça. Une mort de moins sur sa conscience, de toute façon.

— Et sur la mienne, ajouta-t-il tout bas.

— Tu n’es pas de la même espèce qu’elle.

— Ah bon !

— Sûr. J’ai vu ça au premier coup d’œil. Il ne t’est pas arrivé de t’aviser, des fois, que le démon ne t’a plus jamais touché, depuis le jour où il t’avait cassé le poignet !

— C’est mon cheval qui, pris de peur à sa vue, m’a flanqué par terre. Lui ne m’a pas touché une seule fois. - Quand je te disais ! Alors qu’il agresse Iya chaque fois qu’il la voit montrer le bout de son nez ...

— Il m’a parlé, un jour. Il a prétendu connaître le goût de mes larmes. » Devant le regard interrogateur de Nari, il haussa les épaules. « J’ai pleuré pendant que je l’enterrais. Mes larmes tombaient sur son corps. Il semblerait que ça signifie quelque chose pour lui. »

Nari demeura un moment muette. « Je crains bien qu’en dehors de sa malheureuse mère tu aies été le seul à le pleurer. Rhius n’a eu de larmes que pour sa femme. Tu es également le seul à être revenu pour veiller sur Tobin. Et maintenant, voilà que tous les autres, c’est encore toi qui te tapes de les protéger. Tu ne la vois pas faire ça, si !

Sans elle, ils ne se trouveraient pas là, lui rappel a-t-il. La vision qu’ils ont eue, elle et eux tous, tu sais ? moi, je n’en ai jamais bénéficié. Jamais jusqu’ici. »

 

De nouveaux magiciens se débrouillèrent pour gagner le fort, soit seuls, soit deux par deux. Il s’y trouvait six réfugiés supplémentaires avec une poignée de serviteurs quand arriva la nouvelle du mariage de Korin et de la fausse couche d’Aliya. Un maigre troupeau d’ânes et de chevaux pâturait en outre dans une clairière de la forêt, à l’abri des regards indiscrets des marchands ambulants.

La première à survenir, cet automne-là, fut une vieille amie d’Iya, Cerana. La suivirent de près Lyan et Vornus, un vieux couple gris dans son quatrième âge, en compagnie d’un seul domestique, un colosse nommé Cymeüs. Les deux magiciens se parlaient avec autant de tendresse que s’ils étaient mari et femme; Arkoniel soupçonna que dans leur jeunesse ils ne s’étaient pas beaucoup tracassés non plus de célibat.

Presque sur leurs talons surgit de la nuit, tel un oiseau malmené par l’orage, une sorcière méridionale, la taciturne Melissandra. La peur qui se lisait dans ses prunelles noires la faisait paraître plus jeune que ses quelque cent ans. Elle avait vécu dans l’opulence jusqu’à l’irruption des Busards; sa servante, Dara, ployait sous un coffre plein d’argent.

L’arrivée d’Haïn coïncida avec les premières chutes de neige. Jeune et trapu, d’aspect ordinaire avec sa barbe en touffes clairsemées, il n’était qu’apprenti lors de sa dernière rencontre avec Arkoniel. L’inexpérience et la pauvreté ne l’empêchaient cependant pas de dégager, comme ses grands aînés, une indiscutable aura de puissance.

Lord Malkanus et son petit groupe atteignirent Bierfût juste avant que la neige n’ait bloqué les routes. De quelques décennies seulement plus vieux que son hôte, il avait des talents médiocres, mais il avait joui du patronage et des faveurs d’une riche veuve d’Ylani, et il se présentait escorté de trois valets, d’un coffre plein d’or et d’une très haute opinion de lui-même. Arkoniel se serait volontiers passé de ce bouffi-là qui l’avait toujours traité avec dédain, les tenant, lui et probablement Iya elle-même, pour à peine plus que des vagabonds dépenaillés. Il constata que ni le temps ni les circonstances n’avaient profondément amendé ses manières. Encore désolé d’avoir vu Iya lui remettre l’un de ses gages, il ne parvenait toujours pas à concevoir pourquoi diable l’Illuminateur adressait la parole à un pareil individu.

Une fois qu’on eut nettoyé les pièces et déniché des lits, tout ce petit monde n’avait pas tardé à s’installer plus ou moins confortablement. Le Malkanus ayant fait tout un foin pour s’épargner la moindre cohabitation, Arkoniel avait fini par lui donner son ancienne chambre à coucher du second étage, non sans omettre de mentionner l’autre occupante de cette partie du manoir ... mais, à son violent désappointement, Ariani ne prêta aucune attention au nouveau pensionnaire.

 

Cuistote et Nari furent quant à elles d’autant plus enchantées de voir la maison se remplir encore davantage que les serviteurs des uns et des autres prenaient allègrement leur part des tâches ménagères. Bierfût recouvra l’ambiance d’un logis digne de ce nom, malgré la nature pour le moins singulière de ses habitants.

Arkoniel n’avait jamais vu jusque-là tant de magiciens réunis en un seul endroit, et il eut quelque peine à s’y habituer. li ne savait jamais à quel moment il emboutirait quelqu’un s’exerçant à se rendre invisible ou à léviter dans la grande salle, et pourtant leur compagnie le remplissait d’aise. Lyan et Vornus possédaient de sérieux pouvoirs, Haïn de potentiels. Quoique plus limitée, Melissandra se révéla un maître en matière de protection, et elle eut tôt fait de cerner les routes et la prairie de signaux d’alarme grâce auxquels Arkoniel put un peu respirer. Elle était gentille avec les gosses, en plus, et, conjointement avec Lyan et Vornus, le seconda pour leurs leçons. Le petit Wythnir s’amouracha d’elle immédiatement, si bien qu’Arkoniel se mit à redouter de perdre ainsi son premier apprenti.

Sur ses instances, chacun des magiciens finit par s’atteler à la pédagogie et à tester les capacités des gosses en les initiant à sa propre spécialité. Kaulin et Cerana étaient experts en charmes domestiques rudimentaires. Lyan savait pour sa part expédier des messages chiffrés en points lumineux de couleur, ce qui témoignait vraiment d’une rare habileté. Vornus et Melissandra s’intéressaient tous deux aux formules de métamorphose et ne manquaient pas de compétence en matière de verrouillage protecteur. La virtuosité d’Eyoli comme embrumeur mental pouvait rendre d’inestimables services, en dépit de sa nature un rien primaire, mais la pratique s’en révéla presque impossible à enseigner. Elle exigeait une aptitude aussi innée que celles d’enrouler sa langue en tube ou de faire des vocalises mélodieuses. Arkoniel et Wythnir réussirent des illusions de quelques secondes, mais aucun des autres n’eut cette chance.

Tous ces talents étaient utiles, mais ce fut ce fat glorieux de Malkanus qui époustoufla tout le monde avec son don périlleux à manipuler la foudre et le feu. Tout en excluant les benjamins de ce genre d’apprentissage, Arkoniel obtint de lui qu’il s’attache à faire travailler Ethni comme les adultes, non sans préciser : « S’il prenait un jour fantaisie aux Busards de nous rendre visite, je ne serais pas fâché de leur réserver un accueil à la hauteur de la situation. »

Au fur et à mesure que l’hiver s’écoulait, cependant, l’évidence creva les yeux que nombre de sortilèges, et a fortiori les plus sophistiqués, ne pouvaient pas être enseignés à tous ni appris par tous.

Comme prévu d’ailleurs, les orphelins de Virishan furent incapables de dépasser le stade des charmes les plus simplets. En revanche, les potentialités de Wythnir devinrent éclatantes. Sous l’égide d’autant de professeurs divers, le bourgeon se développait si vigoureusement que vers le milieu de l’hiver il fut en mesure de transformer une châtaigne en un dé d’argent, non sans avoir entre-temps réussi l’exploit d’incendier les écuries en s’efforçant de reproduire un des maléfices de Malkanus dérobé durant une inadvertance d’Arkoniel. Lequel le chapitra sévèrement, ravi d’ailleurs par-devers lui.

Les serviteurs se révélèrent aussi précieux que leurs maîtres. Noril et Semion, deux de ceux qu’avait amenés Malkanus, savaient s’y prendre avec les chevaux, et le troisième, Kiran, bricoler des jouets pour les enfants avec des bouts de bois et de vagues chiffons. Celui de Vornus, Cymeüs, était un charpentier de première bourre, et il se chargea de tenir la demeure en parfait état. Loin de se contenter de la réparer, il apportait des améliorations partout où faire se pouvait; il surmonta le puits d’un bras de bois lesté grâce auquel le petit Totmus lui-même pouvait facilement tirer de l’eau, rien qu’en appuyant sur l’extrémité de la perche. Il initia Cuistote à l’irrigation de son potager en constante extension par le biais d’une citerne logée sur les toits et de canalisations en terre cuite, et il lui installa un système similaire dans le lavoir en bois des cuisines, de sorte qu’au lieu de détremper la cour avec les eaux usées, elle n’eut plus qu’à retirer une bonde pour que celles-ci s’évacuent d’elles-mêmes jusqu’au jardin par la conduite qu’il avait posée.

 « C’est-y pas fichtrement malin ! » s’exclama-t-elle parmi les curieux amassés pour regarder l’eau s’enfuir en tourbillonnant dans la tuyauterie.

À quoi ce grand ours tout en barbe de Cymeüs répondit d’un ton bourru tout en rougissant comme une pucelle: « Juste un truc que j’ai repéré pendant nos voyages, et ren p’us.

T’es trop modeste, comme toujours, mon bon, fit Vornus en gloussant. Un magicien que c’est, ce lascar-là, même sans magie. »

 

Arkoniel ne révélait sa propre magie qu’avec la plus extrême circonspection, car elle était inextricablement associée à Lhel. Les sortilèges qu’il en était venu à considérer comme allant d’eux-mêmes n’auraient pas manqué de trahir son professeur occulte. Elle se montrait d’ailleurs plus intransigeante que lui sur la nécessité d’en faire mystère.

 « Comment t’y prendrais-tu pour expliquer ma présence ici, hein ? lui demanda-t-elle, une nuit de ce même hiver où il reposait auprès d’elle.

— Je n’en sais rien. Est-ce qu’il ne serait pas possible de dire tout bonnement que tu es descendue de tes monts t’installer dans le coin ? »

Elle lui caressa tendrement la joue. « Voilà où ça t’a mené, de me pratiquer depuis si longtemps ... , tu as fini par oublier les manières de ton propre peuple. À propos de ton peuple, au fait, la jolie charmeuse d’oiseaux, tu as couché avec elle !

— Une fois, confessa-t-il, devinant qu’elle le savait déjà.

— Rien qu’une ? Et ça t’a appris quoi !

— La raison pour laquelle les magiciens font vœu de chasteté. »

Lhel pouvait bien n’être ni une beauté ni une jeunesse, c’était grâce à sa puissance, une puissance absolument sans équivalent, qu’elle l’avait attiré à son foyer comme dans son lit. Copuler avec elle lui faisait l’effet d’être comme saturé d’éclairs. Avec Ethni, c’était en lui le noir total. Sa propre puissance, il la déversait en elle à foison, mais sans autre retour qu’une once d’affection. Le spasme physique n’était rien, comparé à l’invraisemblable jonction d’énergies. Malgré tous les efforts qu’il avait prodigués pour lui cacher ce qu’il éprouvait, Ethni s’en était rendu compte et n’était plus revenue partager sa couche.

 « Votre Illuminateur vous fait emprunter une voie étroite, déclara Lhel quand il eut essayé de s’en expliquer.

— En va-t-il autrement pour ton peuple ? Tu pourrais porter des enfants, même en pratiquant ta magie !

— Nous sommes très différents de vous. Tu l’as oublié, me connaissant comme tu me connais. Aux yeux de tes nouveaux amis, je ne passerais pour rien de mieux que pour une nécromancienne. Ton rogue freluquet lanceur de feu me réduirait en cendres aussitôt qu’il m’apercevrait.

— Il faudrait d’abord qu’il me passe au travers du corps, protesta-t-il, tout en sachant qu’elle avait raison. Les choses ne seront pas toujours ainsi, promit-il. Grâce à toi, Skala aura de nouveau sa reine. »

Le regard de Lhel se perdit dans les ténèbres qui les surplombaient. « Oui, elle l’aura bientôt. Il est temps que je tienne ma parole.

— Ta parole à quel sujet, Lhel ? demanda-t-il.

— li me faut te montrer comment procéder pour séparer Tobin de Frère. »

Arkoniel se mit sur son séant. Cela faisait une éternité qu’il attendait ce moment-là. « C’est difficile ? Je mettrai beaucoup de temps à l’apprendre ? »

Lhel se pencha pour lui chuchoter quelque chose à l’oreille.

Il la dévisagea, l’œil rond. « Ah bon ? C’est tout !

Mais alors ... , pourquoi toutes ces cachotteries ? Tu aurais pu nous le dire voilà des années et t’épargner, toi, cet interminable exil !

— Ce n’est pas uniquement pour cela que la Mère m’a ordonné de rester. Dénouer le lien peut n’avoir rien de bien sorcier, qui donc aurait tramé le nouveau quand l’urgence s’en est imposée ? Et puis peut-être que tu aurais encore ton doigt intact, faute d’avoir inventé le processus magique qui t’en a privé. La Mère l’a prévu, et j’ai été où je devais être.

— Pardonne-moi. J’ai parlé sans réfléchir.

— Quant à la simplicité du dénouement, raison de plus pour la tenir secrète. Tu te fierais en cette malheureuse enfant, si la solution lui était connue !

— Non.

— Et toi, ne t’abuse pas, dit-elle en se pelotonnant dans les couvertures. Tout simple que peut être l’acte, son exécution réclamera tout le courage qu’elle possède. »

 

Les propos de Lhel hantaient Arkoniel, mais le fort lui fournit des motifs d’inquiétude beaucoup plus directs.

 « y a pas deux jours que le garçon boucher m’a fait la remarque que je commandais beaucoup plus de viande, l’avertit Cuistote à la faveur du tapage, un soir où ils se trouvaient attablés pour dîner dans la grande salle. Et vu cette épaisseur de neige qu’y a dans la prairie, va falloir dans pas bien longtemps qu’on achète du fourrage pour les chevaux. J’ai pas l’impression que ton maître avait prévu ça ; et ça fera que devenir pire si elle nous envoie’core plus de monde. Et ça, même sans parler d’espions, des fois qu’y en aurait. »

Arkoniel soupira. « Qu’est-ce qu’on peut faire !

— De la veine pour vous que j’aie été soldat ’vant de faire la cuisinière, rétorqua-t-elle en branlant du chef. D’abord, faut qu’on arrête d’acheter tellement de choses à Bierfût. Les hommes peuvent toujours chasser, mais ça réglera pas la question des légumes. Mon potager y a pas suffi, cette année, ça fait qu’on devra s’approvisionner plus loin. y a qu’une journée de carriole d’ici à Gué-des-deux-Corbeaux, et y a aucun de nous qu’est connu là-bas. Esspédie deux hommes, ce coup-ci, qui se feront passer pour des colporteurs ou des commerçants, puis d’autres le coup d’après. Le grand-père à Tobin s’est servi de cette tactique, une année qu’on a dû aller hiverner dans un camp près de Plenimar.

— Voilà bien ce qui différencie les magiciens des soldats. Je n’aurais jamais pensé à m’y prendre de cette manière. Tiens-toi dorénavant pour notre quartier-maître. » Elle tournait déjà les talons pour regagner les cuisines quand, frappé par une idée soudaine, il la retint en posant la main sur son avant-bras rouge et gercé. « Depuis tant d’années que je te connais, jamais je n’ai songé à te demander ton véritable nom. »

Elle se mit à rire. « Tu veux dire que tu ne sais pas ce que sait le dernier de nos fournisseurs de Bierfût ? » Elle haussa un sourcil réprobateur, mais son visage était souriant. « C’est Catilan, mon nom. Le sergent Cat, j’étais, dans mon temps à moi, des Archers de la Reine. Ça remonte un rien loin pour le maniement de l’épée, mais je peux encore bander un arc. Je continue de m’entraîner quand ça m’est possible de trouver le temps.

— Comment se fait-il que tu aies jamais pu échouer aux cuisines ? » questionna-t-il étourdiment.

Elle renifla. « T’aurais pas ta petite idée de comment qu’ça s’est fait, des fois ? »