Tout entourées de mystère que demeurent ses origines, il n’est guère douteux que ce qu’il est convenu d’appeler la Troisième Orëska de Skala s’enracina dans le terreau d’une vague confédération formée jadis durant le règne d’Erius le Cléricide, fils d’Agnalain la Folle.
Déjà courantes chez les Skaliens, les pratiques magiques étaient le fruit imprévu et, aux yeux de bien des gens, déplorable du métissage de nos deux races. Mais les pouvoirs des magiciens skaliens étaient dans la plupart des domaines inférieurs aux nôtres, et l’hécatombe des mieux doués d’entre eux durant la Guerre des Nécromanciens avait achevé de dégrader leur art.
Certains érudits posent en postulat qu’Aura mit la main à la pâte chez les Skaliens. Comment expliquer, sinon, l’ascension d’une génération de magiciens et de conjurateurs de pacotille non seulement jusqu’à l’unité mais jusqu’à des pouvoirs on ne peut plus réels ? Mais alors, j’aimerais bien qu’on me dise pourquoi ces pouvoirs tout neufs auraient adopté une forme aussi radicalement différente au cours des siècles ultérieurs. La Troisième Orëska dénonce avec véhémence toute espèce de nécromancie, et les préceptes officiels de sa prestigieuse école en proscrivent l’étude, et pourtant je l’ai vue de mes propres yeux recourir à la sang-magie, les cas de communion avec les morts n’y étant pas inconnus non plus. Ainsi que l’a fait observer dans ses Chroniques Adin i Solun de Lhapnos, « les liens que le commerce et l’histoire ont tissés entre nos deux pays ne doivent jamais le faire oublier, ce n’est pas à Aurënen mais à Plenimar que la Skala moderne s’est vue constamment confrontée ».
Depuis le séjour que j’ai fait dans cette capitale, je puis m’en porter garant, l’hospitalité de la maison d’Orëska mérite sa réputation, mais le voile du secret persiste,. on n’y enseigne toujours pas les noms des Fondateurs, on n’y parle toujours pas d’eux, et les rares récits que nous ont légués quelques érudits plus anciens se contredisent tous au point de rendre impossible toute tentative d’y discerner le vrai du faux.
... extrait du
Traité sur la magie dans les autres pays,
d’Oriena ä Danus de Khatmé