Pierre Jean Jouve
(1887-1976)
UN SOIR AVEC L’ARBRE
Seul au milieu des seuls et sur un golfe d’or
Imprévu géant noir c’est à toi que j’adresse,
Voyageur de mélancolie et charme que je dis
Les paroles imprévues et noires du soir
Dans le tumulte des nuées
Les découpages de brumes et les trous bleus,
Ô voyageur de méditation et de fatigue :
Écoute mon cœur de mélèze orné de branchages déchus
De légères touffes d’étoiles, de vent contenu, solitude,
Entends mon souffle droit d’éternelles paroles
Puisque justement pour moi s’est ouverte la trouée d’or sur les hauts pays de ce soir.
Mélodrame
© Mercure de France