MISSION À ZILA

Charlene Newcomb

9 ap. BY

Chronologie

Charlene Newcomb nous doit une ennéalogie de nouvelles, toutes parues dans le Star Wars Adventure Journal. Ces neuf nouvelles nous racontent l’histoire d’Alex Winger au fil des années.

Mission à Zila est la cinquième partie de cette série. Elle se déroule 9 ans après la bataille de Yavin. Elle est parue dans le Star Wars Adventure Journal 3 en Août 1994.

Alors qu’elle est victime d’étranges visions, Alex Winger apprend par son père que les Impériaux présents sur Garos IV envisagent la construction d’une nouvelle arme pour prévenir toute invasion rebelle. Mais ceux-ci sont déjà là…

Titre original : Mission to Zila

 

La pièce était sombre, faiblement éclairée par le doux scintillement d’un équipement médical en veille. Son ronronnement était le seul son qui brisait le silence.

Alex se sentait épuisée. Ses mouvements semblaient particulièrement lents. Sa tête lui faisait mal. Comment suis-je arrivée ici, se demanda-t-elle. Où suis-je ?

Il y eut un mouvement derrière la porte. Elle ressentait une présence familière, mais cette présence semblait hésiter à entrer dans la pièce, comme si elle avait peur de le faire. Puis des bruits de pas résonnèrent à travers le corridor. La porte s’ouvrit. Un faisceau de lumière l’obligea à plisser les yeux en regardant la silhouette qui approchait de la couchette. Elle ne pouvait distinguer que l’insigne d’un capitaine de la Marine Impériale.

— Alexandra ? appela-t-il, d’une voix qui semblait distante.

— Où-suis-je ? demanda-t-elle, tout juste capable de former des mots.

— Vous êtes sur le Judicator.

— Quoi ? Alex leva les yeux vers le visage se tenant au-dessus de sa couchette.

Elle reconnut le Capitaine Brandei.

— Vous ne vous souvenez pas de ce qui s’est passé ? demanda-t-il.

Elle secoua la tête lentement.

— Votre chasseur a été abattu, puis nous vous avons prise dans notre rayon tracteur.

Mon chasseur ? pensa-t-elle.

— Votre père ne sait pas qu’il a élevé une traîtresse envers l’Empire.

Père ?!

— Non !

Alex se réveilla brusquement. Elle était allongée dans son lit. Son cœur battait la chamade, et elle tentait de respirer correctement. Son regard parcourut la pièce. Il n’y avait aucun équipement médical, aucun Capitaine Brandei. Elle était tout simplement dans sa chambre universitaire.

Elle retomba sur son coussin et fixa le plafond. Était-ce juste un rêve ? Moi ? Volant dans un chasseur stellaire ? Capturée par un Destroyer Stellaire Impérial !

Était-il possible que ce soit une vision du futur ? La Nouvelle République viendrait-elle sur Garos IV ? Et travaillerait-elle avec eux à libérer ce monde qui était le sien ? C’est ce pour quoi elle s’était toujours battue…

C’est ce pour quoi elle pourrait bien mourir…

Une alarme retentit. Alors que la lumière du soleil filtrait à travers la fenêtre, Alex jeta un œil à son chrono. 0715. Elle était censée rencontrer son père au quartier général Impérial dans quarante-cinq minutes.

— Bonjour, messieurs, salua-t-elle les deux officiers dans la salle de réception du Général Zakar.

— Bonjour, Mademoiselle Winger, dit le lieutenant Nilo, hochant la tête.

Dair Haslip se leva et rejoint Alex. Il lui serra la main délicatement.

— Bonjour, Alex. Je ne pensais pas vous voir aujourd’hui.

— Père avait un rendez-vous avec le général, et il avait besoin que je récupère quelques rapports avant que nous partions pour Zila. Je n’ai qu’une minute. Pouvez-vous m’accompagner à son bureau ? lui demanda-t-elle.

Dair lança un regard à Nico.

— Oui, je pense pouvoir lui faire confiance pour ce qui est de garder un œil sur les choses.

— Merci pour votre confiance, ô sage lieutenant, lui dit Nico sur un ton amusé.

Alex mena Dair dans le corridor où ils séparèrent leurs mains. Protocole militaire oblige. Il était réellement attiré par Alex. Cette « relation » qu’ils avaient établie comme partie de leur couverture avec la résistance de Garos IV était bien plus difficile pour lui qu’il ne l’aurait admis. Mais il savait ce qu’Alex ressentait. Elle avait toujours été honnête avec lui. Amis, avait-elle dit… simplement amis.

— Quand revenez-vous ?

— Ce soir. Il y une réunion de groupe d’étude à 1200 à laquelle je compte assister, lui dit-elle.

Il hocha la tête… il prévoyait de se rendre à ce meeting de la résistance, lui aussi.

— Très bien, je suppose que je ne vous verrai pas avant demain, dit-il, jouant avec la conversation afin de leurrer ceux qui les croisaient dans le corridor.

— Peut-être pourrions-nous déjeuner, suggéra-t-elle, hochant la tête à un groupe d’officiers qui la saluaient.

— Puis-je compter sur toi ?

— Bien sûr, lui dit-elle en souriant, réprimant un bâillement.

— Est-ce que ça va ? lui demanda-t-il.

— Juste un peu fatiguée. J’ai fait un rêve des plus étranges.

— Peut-être pourrais-tu m’en parler au déjeuner. (Il s’arrêta juste devant le bureau de son père.) Écoute, sois prudente là-bas aujourd’hui… pas de cascades inutiles.

— Hé ! Je suis toujours prudente, Lieutenant Haslip ! dit-elle sur un ton rieur.

Il sourit, secouant la tête. La porte s’ouvrit sur la salle de réception du Gouverneur Impérial. Le gentleman à l’air distingué se tenant près du bureau se retourna et sourit au jeune couple.

— Eh bien, je ne suis pas surpris ! s’exclama-t-il. Je savais exactement où envoyer l’équipe de recherche.

— Oh, Père !

— Comment allez-vous, Gouverneur ? demanda Dair, tendant la main.

Pour un homme de soixante-dix ans, Tork Winger avait une poigne aussi forte que celle d’un homme de trente ans.

— Je vais très bien, Gouverneur. C’est bon de vous revoir. Pourquoi Alexandra ne vous a-t-elle pas invité à dîner au manoir ces derniers temps ? dit-il.

Dair haussa les épaules.

— C’est à votre fille qu’il faut demander ça, Gouverneur.

— Très bien. Si vous vous liguez contre moi, je m’en vais, grogna Alex.

Winger plaça un bras autour de la taille de sa fille, et adressa un regard à Dair.

— Je ne manquerai pas de parler de vous à vos supérieurs, Lieutenant, dit-il.

— Merci, monsieur.

— Si nous y allions, ma chérie ?

— Oui, Père.

Alex sourit, saisissant le bras de son père, et l’emmena jusqu’à la porte.

— Bon vol, monsieur.

— Merci, Haslip.

— À demain, lui dit Alex alors que la porte se refermait derrière eux.

Le spatioport d’Ariana était bondé de nouveaux arrivages, et les habitués étaient difficiles à repérer. Les têtes passaient, les visages disparaissaient, et les mains s’agitaient, alors qu’Alexandra Winger marchait en toute confiance à travers le corridor. La fille de vingt ans du Gouverneur Impérial Tork Winger était connue de tous ici. Elle pilotait depuis l’âge de onze ans… probablement l’un des meilleurs pilotes sur Garos IV. Et lorsqu’elle n’était pas en classe à l’université, elle était forcément en pleine conversation avec les techniciens du spatioport. Alex en savait autant sur les airspeeders que la plupart d’entre eux.

— Bonjour, mademoiselle Winger, dit le coordinateur des systèmes de vol alors qu’elle s’enregistrait au bureau du contrôleur.

— Bonjour, Lieutenant Vilsics.

— Votre airspeeder est prêt à partir. Le Technicien Haras a travaillé sur le problème que vous avez signalé. Il a dit que vous aviez raison à propos du stabilisateur. Il est comme neuf.

— Bien. Je n’aimerais pas que le Gouverneur ait un mauvais vol, lui lança Alex sur un ton amusé.

— Il ne pourrait pas être en de meilleures mains, répliqua Vilsics avec un sourire.

— Merci d’en avoir pris soin, dit-elle, passant par la porte dans le corridor.

Alex cacha ses émotions derrière un sourire alors qu’elle comptait au moins une douzaine de vaisseaux en plein chargement de ravitaillement… ravitaillement signifiait effectif du personnel Impérial accru sur Garos IV. Leur présence sur ce monde s’était renforcée ces dernières années.

La résistance, avec laquelle Alex avait travaillé pendant presque quatre ans, parvenait à faire capoter des opérations Impériales lorsque c’était possible, perturbant les lignes de ravitaillement, dérobant de l’équipement… n’importe quoi qui rendrait la vie des Impériaux difficile. Mais chaque jour apportait des dangers nouveaux alors que l’Empire cherchait à protéger ses intérêts dans les mines au sud de la cité d’Ariana.

— Tout est prêt ? demanda le Gouverneur Winger alors qu’elle entrait dans la baie du hangar.

— Oui, monsieur. Le Lieutenant Vilsics a dit que le problème des systèmes du stabilisateur a été réglé. On ne devrait pas avoir de problèmes aujourd’hui, lui dit Alex.

— Excellent, répondit son père alors qu’ils s’installaient tous les deux dans le airspeeder.

Alex guida le véhicule en dehors du spatioport. Elle prit la direction de l’ouest, volant au-delà des Collines Tahika, au-dessus de l’Océan Locura. La vue était à couper le souffle. L’une des plus belles vues de la planète. Les Collines s’étendaient le long des côtes, présentant un obstacle considérable pour ces aventuriers dans l’âme qui osaient les escalader.

L’airspeeder survola ensuite les Collines en direction du sud sur un kilomètre avant qu’Alex n’accélère au-dessus de l’océan, loin de la zone de vol imposée par l’Empire, autour du complexe du centre minier. Elle pouvait faire le chemin jusqu’à Zila les yeux fermés si elle le voulait. C’était un parcours qu’elle avait souvent fait pour visiter une vieille amie, Shana, qui travaillait elle aussi pour la résistance.

— C’est génial que nous ayons pu coordonner nos agendas, Père. Votre meeting, ma visite chez Shana.

— Oui, Alexandra. Cela nous laisse le temps de discuter. Je te vois à peine depuis que tu as emménagé sur le campus, dit-il.

C’est lui qui lui avait suggéré d’emménager à l’extérieur du manoir. Il s’inquiétait pour sa sécurité depuis que la résistance avait pris pour cible les convois de ravitaillement qui passaient près de leur maison.

— Je sais, Père, dit-elle. Nos discussions autour du déjeuner me manquent aussi.

C’était un rituel chez la famille Winger auquel Alex avait participé depuis son adoption à l’âge de six ans. Un nombre incalculable de repas pris en silence, suivis de conversations. Elle avait prit une place importante auprès de son père adoptif, mais aussi au sein de la politique et des activités Impériales sur Garos IV. Plutôt utile pour une opération de la résistance.

— Alors, dites-moi Père, qu’y a-t-il de si important à Zila en ce moment ?

Tork Winger étudiait sa fille. Cela l’étonnait toujours de savoir qu’il avait élevé cet enfant qui pouvait parler de n’importe quel sujet en toute connaissance de cause, de la politique à l’astrophysique, et qui pouvait prendre les commandes d’un airspeeder comme elle avait été formée à le faire.

— Le Conseiller Baro souhaite des assurances concernant les intentions de l’Empire envers sa cité enchanteresse, lui dit Winger.

Alex prit son regard le plus incrédule.

— Depuis quand l’Empire a besoin de justifier ses actions ?

Je n’arrive pas à croire que j’ai dit ça, pensa-t-elle. La gentille fille Impériale… Ah !

— Père, il y a des rumeurs à l’Université selon lesquelles le Général Zakar souhaiterait demander des renforts de chasseurs TIE afin d’aider à sécuriser le centre minier.

— Nous avons discuté de cette possibilité. Mais un bon nombre des vaisseaux dans notre Marine Impériale ne dispose pas des équipements du TIE. (Il fit une pause, se demandant ce qu’elle savait.) Je suis sûr que tu as entendu parler de Coruscant.

— Ce n’est pas difficile de remarquer le personnel militaire supplémentaire ici, dit-elle.

— Oui, beaucoup d’entre eux ont été évacués de Coruscant et d’autres mondes suite au passage de la vermine Rebelle, lui dit Winger.

Elle grimaça intérieurement. Alors, les rumeurs sont vraies.

— Les Rebelles sont à portée de tir de la Capitale ?

— Cela ne pouvait être qu’une question de jours avant que Coruscant ne tombe aux mains des Rebelles.

Il secoua la tête en un signe de dégoût évident. Il avait visité la Cité Impériale des années auparavant et ne pouvait supporter l’idée de sa destruction.

Alex tendit la main et la posa sur celle de son père. Elle savait ce qu’il pensait. Mais au fond de son cœur, elle chérissait la nouvelle selon laquelle la Nouvelle République était sur le point de prendre Coruscant… même si cela signifiait plus d’Impériaux sur Garos. Fort heureusement, cette situation serait temporaire.

La Nouvelle République viendrait sûrement. D’abord Coruscant, ensuite Garos IV. Un autre système s’extirpant des griffes d’un Empire Galactique affaibli.

— Alors, vous ne pensez pas que nous obtiendrons ces TIE ? demanda-t-elle.

— Pas pour le moment. Ils ne peuvent être réquisitionnés. (Il remarqua sa déception.) Pourquoi poses-tu la question ?

Alex eut un sourire machiavélique.

— Eh bien, dit-elle, j’étais en train de penser que je pourrais essayer d’en piloter un !

— Je le savais ! Alexandra, que vais-je faire de toi ?! s’esclaffa-t-il.

— Regarde ça ! dit-elle allégrement.

Alex fit tournoyer l’airspeeder, pointant son nez vers l’est. À chaque seconde, sa vitesse augmentait. Les Falaises Tahika étaient à portée de vue, et le vaisseau plongea en piqué vers l’océan. À quelques mètres de la surface, Alex tira sur les manettes de contrôle et l’airspeeder releva son nez en laissant un sillon à la surface de l’eau.

Le comlink sonna.

— Vaisseau non identifié, vous pénétrez une zone de vol restreinte. Partez immédiatement ou nous ouvrirons le feu, déclara la voix ponctuée de parasites alors qu’un vaisseau de patrouille Impérial sortait de nulle part et se positionnait parallèlement à leur propre airspeeder.

— Alexandra ! s’exclama Winger.

— Oups ! Pardon Père. Je suppose que je me suis trop approché des mines, dit-elle alors qu’elle tournait le vaisseau vers le sud-ouest afin de se diriger vers la partie la plus au sud du continent.

— Ouvre un canal, Alexandra.

Elle fut surprise lorsqu’il s’adressa à la patrouille Impériale.

— Ici le Gouverneur Impérial Winger, résonna sa voix, sur un ton qui devait attirer l’attention. À qui suis-je en train de m’adresser ?

La voix de l’autre côté du comlink sembla hésiter un moment.

— Ici le Lieutenant Norban, Gouverneur. (Il fit une pause et s’éclaircit la gorge.) Nous venons à l’instant de recevoir la confirmation ID de votre airspeeder, monsieur.

— Ce n’est pas trop tôt, vous ne trouvez pas Lieutenant ?

Une autre pause.

— Oui, monsieur.

— Travaillez sur vos temps de réponse, Lieutenant, dit Winger, adressant à Alex un regard sournois.

Elle secoua la tête.

— Oui, monsieur.

— Vous pouvez y aller.

— Merci, Gouverneur, répondit la voix alors que l’airspeeder Impérial s’éloignait du leur.

Le visage de Tork Winger s’illumina du plus grand sourire qu’Alex avait jamais pu voir alors qu’il coupait la transmission du comlink. Elle rit si fort qu’elle en eut les larmes aux yeux.

— Père, je ne savais pas que vous pouviez être si sournois !

— Moi ? Sournois ? Alexandra, non mais vraiment ! (Il soupira, puis fouilla dans une boîte remplie de datacartes, pour en tirer finalement une.) Ah, là voilà. Je dois revoir ce rapport avant que nous arrivions à Zila, ma chérie.

— Très bien, Père. Je vous laisse travailler.

Alex observait l’horizon de l’autre côté de l’habitacle de pilotage. Les Falaises Tahika avaient laissé la place à des collines arrondies alors que l’airspeeder parcourait l’extrémité sud du continent et se dirigeait vers l’ouest. De belles plages couvertes de sable étaient caressées par une mer bleue peu agitée.

Mais ce qu’Alex avait à l’esprit, c’était cette rencontre qu’ils avaient fait dans la zone de vol restreinte. Le temps de réponse des Impériaux n’avait pas été si mauvais… cela n’avait pas pris plus de trente secondes, se dit-elle, plus les quelques secondes qu’il leur avait fallu pour identifier l’airspeeder. Bien sûr, trente secondes étaient bien suffisantes à un chasseur pour se rendre jusqu’au centre minier. Peut-être la Nouvelle République serait-elle bientôt là pour les mettre à l’épreuve. Oui, se disait-elle. Ils viendront.

Une vision d’un croiseur Mon Calamari lui vint à l’esprit. Elle avait fait ce rêve de nombreuses fois… des Ailes-X dans des hangars de lancement se préparant à la bataille. Et elle était là, assise dans l’habitacle de pilotage de l’un de ces chasseurs, observant les étoiles qui formaient un éblouissant fond de diamants sur la toile de velours noire que constituait l’espace. Mais soudain, Alex se retrouva en plein milieu d’une bataille rangée…

— Blue 4, deux cibles à 0-3-0.

— Je les vois, Blue Leader. Je m’occupe de celui qui est sur la gauche.

— Regarde ça, Blue 4, tu l’as eu du premier coup.

Un tir fusa près de la verrière de l’Aile-X alors qu’Alex faisait tourner le chasseur de côté dans une manœuvre d’évitement. Tournoyant sur elle-même une demi-douzaine de fois, elle manœuvra le vaisseau jusqu’à ce que le TIE se retrouve dans la ligne de mire de son Aile-X. Alex verrouilla sa cible et fit exploser le TIE en milliers de particules de poussière.

Sa victoire fut de courte durée. Deux tirs provenant de derrière vinrent percuter violemment son Aile-X. Puis plus rien…

Ce rêve qu’elle avait fait la nuit dernière… son Aile-X abattue, et capturée ! Était-ce vraiment une vision de son futur ?

Nilo roula les yeux alors qu’il coupait la transmission de son comlink avec le Général Major Carner, situé au centre minier. Il avait davantage écouté que parlé pendant que Carner se plaignait du désordre bureaucratique habituel qui semblait infecter chaque commande qu’il passait. Nilo se demandait s’il ne s’habituerait jamais aux délicats égos de ses officiers supérieurs.

Dair remarqua l’air exaspéré sur le visage de Nilo lorsqu’il revint à leur bureau.

— Qu’est-ce qui ne va pas ? demanda-t-il.

— Carner veut savoir quand arriveront les ravitaillements du Tempête.

C’était certainement utile d’avoir un camarade aussi bavard.

— Le Tempête ? C’est un Star Destroyer de classe-Victoire, n’est-ce pas ?

— Exact. De Dulathia, lui dit Nilo. Nos hommes sont partis juste avant que les Rebelles n’envahissent la zone. Il a livré de l’équipement qu’ils sont parvenus à sauver pour nous.

Dair haussa les épaules, lançant un regard vide vers l’espace.

Nilo secoua la tête.

— Où étais-tu, Haslip ?

Puis il remarqua ce regard amoureux dans les yeux de Dair. À chaque fois qu’Alexandra s’arrêtait en chemin, le cerveau d’Haslip semblait prendre congés le reste de la journée.

— Oublie ça !

— Quoi ? Allez, qu’est-ce que tu disais ?

— Le Tempête a dû stocker la majorité des ravitaillements de Carner à Zila.

— Pourquoi ? demanda Dair.

— Je suppose qu’ils ne veulent pas que la résistance mette la main dessus, dit Nilo.

— Et qu’est-ce qu’ils ont stockés à Zila ? demanda-t-il.

— Des systèmes d’armement.

— Comment ça ? Comme les SP.9 ?

— Pense plus grand, Haslip. On n’est pas seulement en train de parler d’armement anti-infanterie là.

Nilo hocha la tête en signe d’assurance, son ego flatté par le fait qu’il était le seul à connaître les détails de ce chargement prioritaire. Juste un problème mineur. Il sourit doucement.

— Qu’est-ce qui est si drôle ? demanda Dair.

— Il semble que lorsque nos hommes ont quittés Dulathia, ils ont oublié une pièce indispensable de l’équipement. (Il eut un sourire sarcastique à nouveau.) C’est terriblement dur de creuser un trou de quarante mètres de profondeur dans la montagne sans foreuse à plasma !

Les yeux de Dair s’écarquillèrent lorsqu’il réalisa ce que Nilo voulait dire. Un trou de quarante mètres. Un puits pour un réacteur ?! Bon sang ! L’Empire est en train d’installer un canon à ions anti-orbital dans les mines ! Rien que cette idée le rendait malade.

— Hé, Haslip ! Ça va ?

Dair secoua la tête.

— Tu sais ce que ça signifie, non ? demanda-t-il calmement.

— Je sais, dit-il, l’impudence disparue alors que son front se plissait.

La seule chose que cela pouvait signifier était davantage de défenses aux mines afin d’anticiper tout assaut de l’Alliance Rebelle.

— Tu penses vraiment qu’ils viendront ici, Haslip ?

Dair déglutit, le visage inquiet.

— Ouais, dit-il. Je compte là-dessus, des milliers de pensées lui traversant l’esprit alors qu’il regardait par la fenêtre. Je me demande s’ils nous évacueront.

Nilo le regarda.

— On aura peut-être pas à s’inquiéter pour ça, dit-il d’une voix pleine d’espoir. Ce grand Amiral enterrera peut-être les Rebelles une bonne fois pour toutes !

— Quel Grand Amiral ? demanda Dair, sentant un sentiment d’horreur le saisir.

— Tu es vraiment dans les nuages, hein ? lui dit Nilo en plaisantant.

— Quel Grand Amiral ? insista-t-il sur un ton qui surprit Nilo.

— Calme-toi, Haslip ! Un certain Grand Amiral a pris le commandement de la flotte. Le Capitaine Emba du Tempête a dit au général que son vaisseau avait rejoint un point de rendez-vous dans les systèmes en bordure, avec nos vieux amis du Judicator.

— Qu’est-ce que tu as entendu d’autre sur ce Grand Amiral ? demanda Dair.

— Pas grand chose, dit-il en secouant la tête. Apparemment, il est en activité dans les Régions Inconnues depuis que l’Empereur est mort.

— Et il réorganise la flotte ?

— Oui. Emba dit que ce mec est un vrai génie de la stratégie.

— Un génie, hein ?

— Ce sont ses mots. Je suppose qu’il prévoit un gros coup… voilà pourquoi le Judicator est là depuis peu.

Pendant un moment Dair fut perdu dans ses pensées. Des rumeurs circulaient si souvent à propos d’un gros coup, tout comme Nilo en parlait. Mais un Grand Amiral… ça c’était nouveau. Ce Grand Amiral pouvait-il faire revenir l’Empire sur une position offensive ? Qu’est-ce que cela signifierait pour Garos IV ?

— Haslip ?

— Quoi ? demanda Dair, tout juste conscient de la sonnerie retentissant dans la pièce.

— Tu comptes répondre ou le laisser sonner toute la journée ? demanda Nilo, un sourire amusé se dessinant sur son visage.

— Oh, oui, c’est vrai.

Il s’éclaircit la gorge et prit l’appel entrant.

— Bureau du Général Zakar, répondit-il, attendant la réponse de son interlocuteur.

Il ne put s’empêcher de sourire. Un certain Capitaine voulait prévenir le général que les Systèmes de Défenses Aériens avaient presque abattu l’airspeeder du Gouverneur. Alex et ses cascades folles !

— Oui, Capitaine. Je suis sûr que le général présentera vos excuses au Gouverneur Winger. (Il fit une pause, secouant la tête. Oui, monsieur, je lui dirai.) Merci pour votre appel, monsieur.

Dair coupa la transmission et vit que Nilo avait écouté toute la conversation. Ils rirent tous les deux alors que Dair remerciait silencieusement la Force de veiller sur Alex. Il était impatient d’entendre sa version de l’histoire.

— Alex ! appela Shana Turi, se précipitant vers son amie. Ponctuelle… comme d’habitude ! s’exclama-t-elle.

— Tu peux toujours compter sur moi ! Bonjour, Shana, lui dit Alex alors qu’elle la prenait dans ses bras. Tu as eu des problèmes à libérer ton après-midi ? demanda-t-elle.

— Non. Je leur ai simplement dit que je prenais mon déjeuner avec ma bonne amie Alex et son père, notre Gouverneur Impérial.

— Toi alors ! dit Alex sur un ton amusé. Allez, on y va ! dit-elle alors qu’ils grimpaient dans le landspeeder de Shana.

— Je ne t’attendais pas avant une dizaine de jours. Dis-moi, est-ce une coïncidence que tu sois venu avec ton père ?

— Pas tout à fait.

— Je n’en pensais pas moins. Alors pour être honnête, Alex, j’étais surprise lorsque j’ai entendu qu’il venait à Zila.

— Affaires Impériales. C’est pour quoi j’ai pensé que je passerais te voir, expliqua Alex. Père espère pacifier les locaux. Il n’a pas donné de détails, mais qu’est-ce qui a changé ici depuis ma dernière visite ?

— Tu ne remarques rien ? demanda Shana alors que le speeder traversait le centre-ville de Zila.

— On dirait qu’il y a davantage d’Impériaux en ville. Ils sont en visite, où tu penses qu’ils vont rester un moment ?

— Contente-toi de rester assise et je pense pouvoir répondre à ta question. Fouille la boîte dans ma valise.

Alex étudia les holos que les membres de la cellule de résistance de Shana s’étaient procurés.

— Ces holos ont été pris au spatioport ? demanda-t-elle.

Shana hocha la tête.

— Hier après-midi, répondit-elle.

— Une idée de ce que ces unités modulaires peuvent être ? demanda-t-elle, bien que grâce à ses propres connaissances des équipements Impériaux elle pouvait facilement le deviner.

Elle préférait faire durer le suspense.

— Non. Mais ils ont été déplacés dans les montagnes.

Qu’est-ce qui, à Zila, pousse l’Empire à se munir d’un défenseur de planète, se demandait Alex.

Vingt minutes plus tard, Shana arrêta le landspeeder au sommet du Mont Berin sur les orées de Zila. De la crête, la jeune femme pouvait voir l’ancienne cité s’étendre au loin sous ses yeux. Au-delà des colonnes de pierre qui sillonnaient les bords de mer, l’Océan Cabalia ressemblait à un tapis bleu s’étendant infiniment à l’horizon.

Shana tendit à Alex les lunettes macro binoculaires.

— Regarde à 0-1-0, dit-elle.

— Whah !

Tout en haut d’une montagne à l’est, des droïdes de construction étaient occupés à installer une garnison Impériale. Les grues montées au sommet des droïdes hissaient des sections d’unités préfabriquées très répandues dans les bases Impériales. Des techniciens et du personnel de support déambulaient à travers la zone, vérifiant le travail en cours.

— Quartier général Impérial, Secteur Sud, dit Shana.

Alex secoua la tête.

— Pas étonnant que le Conseiller Baro veuille des rapports concernant les objectifs de l’Empire ici, commenta Alex.

— Regarde le versant le plus à l’ouest…

— Qu’est-ce que c’est ?

— Une usine de stockage. C’est là qu’ils ont déplacé ces unités.

Alex fronça les sourcils. Des KDY v-150 en stockage ? Étrange, pensait-elle, alors qu’elle étudiait le reste des composés.

— Et je vois qu’ils sont aussi en train de construire une plateforme d’atterrissage pour navette. Plutôt occupés, hein ? dit-elle sur un ton sarcastique.

— Des équipes travaillent dessus depuis la nuit dernière, lui dit Shana.

— Et en ce qui concerne la sécurité ?

— Deux escouades d’éclaireurs Impériaux, plus une compagnie entière de soldats.

Alex grimaçait intérieurement et se demandait ce que les Impériaux préparaient.

— OK. Continue de documenter tout trafic entrant et sortant de la montagne, tous les programmes, changements de garde… tu connais la routine, dit-elle. J’aurais besoin d’holos de la base, également. Nos gars voudront avoir un aperçu.

— Tu les auras avant de partir, lui dit Shana alors qu’elle faisait demi-tour.

Alex jeta un dernier coup d’œil aux structures en construction avant que Shana ne les emmène au loin. Un sentiment d’horreur la submergea, et l’air sembla soudain si froid d’un coup…

La vision d’un versant de montagne enneigé lui vint à l’esprit. C’était une vision qu’elle avait eu de nombreuses fois, mais jamais aussi claire… deux silhouettes, vêtues de blanc, étaient tout juste visibles sur l’arrière-plan neigeux. Le vent soufflait. La neige recouvrait tout. Ils descendirent le flanc de la montagne en rappel, s’arrêtant sur une corniche qui dépassait d’environ un mètre de la paroi montagneuse.

Soudain, une forte bourrasque souffla. Alex perdit l’équilibre. Elle tomba en arrière, glissant sur la corniche de la montagne. Elle se rattrapa à une surface de glace. Mais elle ne trouva rien à quoi s’accrocher.

Ensuite, des mots résonnèrent dans son esprit… calme-toi, calme-toi.

Les secondes passèrent. La corde se tendit. Elle avait peur de lever les yeux, peur que le moindre mouvement puisse rompre la corde, déjà très fragile.

Quelque part, par-dessus le hurlement du vent, elle pouvait entendre une voix appelant son nom.

— Alex, dit la voix, prends ma main.

— Je ne… peux pas ! dit-elle.

Elle leva les yeux sur la silhouette qui l’avait appelée. Perchée à presque cinquante centimètres au-dessus de sa tête, il y avait un homme qu’elle avait souvent vu en rêve… un homme aux cheveux bruns sablonneux et aux yeux bleus. Il était penché, lui tendant la main.

— Prends ma main, dit-il à nouveau, d’une voix presque envoûtante.

Alex leva lentement un bras au-dessus de sa tête. De toute sa force, elle étendit son bras par-dessus le flanc glacé jusqu’à ce que les extrémités de leurs doigts se rencontrent.

Elle ressentit une énergie l’entourer… elle semblait la porter vers lui. Il saisit sa main fermement et la hissa jusqu’au bord.

Ils se tenaient tous les deux appuyés contre la montagne, essayant de reprendre leur souffle. Chaque muscle de son corps était endolori, mais elle tirait sa force de l’énergie qui découlait de sa présence. C’était complètement différent de tout ce qu’elle avait ressenti auparavant.

— Est-ce que ça va ? lui demanda-t-il.

Elle hocha la tête. Je vais bien…

Le boom d’un éclair distant ramena Alex à la réalité. Shana était en train de la fixer, le visage teinté d’inquiétude.

— Alex, tu trembles ! Est-ce que ça va ?

Elle parvint à hocher la tête alors qu’elle essuyait la sueur sur son front. Elle avait si froid, comme si elle revenait tout juste de ce flanc de montagne neigeux. Elle prit de profondes inspirations et ferma les yeux.

Où était cette montagne ? Pourquoi dominait-elle ses rêves ? Et qui était cet homme ? Pourquoi lui semblait-il si familier ? Qui es-tu ?

— Alex, dit Paca Magir, il semble que tu nous aies rapporté quelques objets intéressants de Zila. Il observait les visages des leaders de la résistance qui s’étaient rassemblés dans le centre des opérations. Si personne n’a d’objection, commençons par votre rapport.

— Oui, Alex. Une idée sur la nature de ces unités modulaires que l’Empire à apporté à Zila ? demanda le Dr Carl Barzon, pointant du doigt les holos qu’ils faisaient défiler tout autour de la table.

— Oui, répondit Desto Mayda. Pourquoi cet essor des activités autour de Zila ?

— Juste au nord de la cité, l’Empire construit actuellement une nouvelle base. Ils ont stockés les unités dans une usine de stockage… ici, dit-elle, montrant le second groupe d’holos qui défilaient autour de la table.

— Et cette idée me répugne, messieurs, leur dit Alex, mais ces unités modulaires ressemblent aux morceaux d’un défenseur de planète v-150.

— Quoi ? grogna Mayda, ses joues rougissant sous l’effet de la colère.

Barzon ferma les yeux et prit sa tête dans les mains, refusant de croire ce qu’il venait d’entendre.

— Dair, pouvez-vous confirmer ceci ? demanda Paca.

— Alex a raison à propos des holos. Les unités stockées par les Impériaux à Zila sont des morceaux de KDY v-150… des canons ioniques lourds. Mais ces armes ne sont pas là pour défendre Zila. (Il fit une pause, regardant chaque visage à tour de rôle.) Ils seront installés au centre minier, dit-il finalement.

Il y eut un soupir audible dans la pièce.

— Canons ioniques lourds ? Ici même, à Ariana ? s’exclama finalement Mayda.

Dair hocha la tête alors que ses camarades tentaient de digérer l’information.

— J’ai cependant une bonne nouvelle, leur dit-elle.

— Très bien, toute bonne nouvelle est la bienvenue ! dit Paca, espérant remonter le moral de ces hommes et femmes qui travaillaient si dur pour mettre un terme à la domination Impériale de leur monde.

Des yeux pleins d’espoir se posèrent sur Dair.

— Ils rencontrent quelques difficultés, expliqua-t-il. Ils sont contraints d’attendre jusqu’à ce qu’une foreuse à plasma leur soit livrée.

Eh bien, ça c’était une bonne nouvelle, en quelque sorte.

— Pourquoi stockent-ils les unités à Zila ? demanda le Dr Barzon.

— Ils trouvent que Zila est plus isolée. Hors de portée des activités résistantes qui ont infectées Ariana, dit Alex au groupe.

Mayda hocha la tête lentement, alors qu’un sourire se dessinait sur son visage moins usé par l’âge que pas le stress.

— Et Zila n’a pas vu de telle activité ces temps-ci, dit-il calmement.

Pas encore, pensait Alex. Elle pouvait ressentir les esprits en pleine réflexion. La résistance ferait bientôt savoir qu’elle est à Zila. Nouvelle base à Zila, défense renforcée aux mines… on dirait que l’Empire est en train forer ici sur Garos, observa Barzon.

— Non, je ne pense pas, docteur. Avec la chute imminente de Coruscant, on entend beaucoup de bavardages au quartier général, dit Dair. Mais le Général pense que l’Empire renforce la sécurité ici pour gagner le temps nécessaire au transfert du minerai, des mines à leur complexe de recherches secret.

— Alors, vous pensez qu’ils vont évacuer Garos ? demanda Paca.

— S’il y le moindre signe qui prouve que la Nouvelle République se dirige par ici, je pense que vous verrez un départ massif du personnel.

— Rien n’est sûr, mais le contact semble indiquer qu’on n’a pas à attendre quoi que ce soit avant au moins deux semaines. Ils mijotent quelque chose… un point de rendez-vous dans les régions en bordure, expliqua Dair.

— Un point de rendez-vous ? répéta Paca.

Dair hocha la tête gravement. Comme s’ils n’avaient pas eu leur lot de mauvaises nouvelles.

— Il y a une rumeur selon laquelle un Grand Amiral est revenu des Régions Inconnues. Il est en train de réorganiser la flotte, dit-il.

— Un Grand Amiral ? Que la Force soit avec nous ! s’exclama Mayda.

Alex ressentit presque l’onde de choc que cette nouvelle avait provoqué chez tout le monde. Comme les autres, elle était abasourdie. Les rumeurs de l’avancée de la Nouvelle République vers Coruscant avaient donnée aux combattants de la liberté de Garos IV l’espoir d’une aide à venir. Combien de temps encore leur monde resterait-il entre les mains des Impériaux ?

Paca prit enfin la parole. Très bien, mes amis. J’ai bien peur que nous ne soyons contraints de laisser le problème de ce Grand Amiral à la Nouvelle République.

— Nous devons concentrer nos efforts sur les Impériaux déjà sur place, conclut le Dr Barzon.

— Supposons que nous avons ces deux semaines avant que la foreuse à plasma ne soit livrée, dit Paca. Ils ne soupçonneront jamais une attaque sur la base de Zila.

— Nos hommes là-bas peuvent-ils détruire les unités dans l’usine de stockage ? demanda Mayda.

— Ils ne sont pas équipés pour une telle mission, dit Paca.

— Qu’est-ce qu’on peut faire pour aider ? demanda Dair.

— Desto, arrangez-vous avec nos hommes pour commencer le déplacement à Zila immédiatement.

Mayda hocha la tête, prenant note sur son datapad.

— Alex, quand retournez-vous voir notre ami ? demanda Paca.

— Dans huit jours.

— Vous pouvez livrer quelques armes pour nos hommes à Zila. Je contacterai notre homme au spatioport et ferai affréter votre airspeeder avec quelques extras.

— Très bien.

Paca ramassa les holos de la table, les fixant d’un air pensif.

— Je ne pense pas que l’Empire se soucie de cette livraison de foreuse à plasma. (Il secoua la tête lentement.) Ils n’auront aucun canon ionique à installer au centre minier de toute façon, dit-il.

Alex était dans le centre d’opérations de la résistance à Ariana. Elle avait demandé à participer à la mission de Zila, mais Paca était convaincu que sa présence là-bas pour la troisième fois en deux semaines aurait éveillé les soupçons. Ainsi, elle était là, attendant comme tous les autres, des nouvelles de Zila.

L’après-midi avait été long. Elle jeta un coup d’œil à son chrono, se tenant au-dessus des stations d’interception de communications… encore une heure avant que l’équipe ne pénètre la base comme prévu.

Elle ferma les yeux pour se reposer quelques minutes. Et soudain, dans son esprit, elle put voir un esquif de ravitaillement se dirigeant vers le complexe Impérial de Zila…

— Écoutez Lieutenant, mes ordres stipulent clairement que je dois livrer ces équipements à l’usine de stockage. Puis-je simplement les déposer ? dit Chance à l’officier à la porte.

— Je n’ai aucun enregistrement pour ce chargement.

— Avec tout ce qui entre et qui sort de la montagne, cela ne me surprend pas, dit Chance, sachant que l’officier avait probablement expérimenté les désordres bureaucratiques auparavant.

— Oui, c’est vrai. Il hésita un moment. Très bien, allez-y.

— Merci, Lieutenant, dit Chance alors qu’il passait la porte à bord de son esquif.

Il prit une profonde inspiration et jeta un œil à son chronomètre. Encore quelques minutes.

Il étudia l’aménagement du complexe. L’unité résistante à Zila avait fourni un plan détaillé… ils n’avaient omis aucun détail. Les tours d’observation étaient toujours en construction, mais la garnison elle-même semblait prête à accueillir les milliers de personnes constituant le personnel Impérial que la résistance s’attendait à voir arriver dans quelques jours. Une plateforme d’atterrissage surplombait la zone. Bien, pensait-il, le hangar des walkers est désert. Il n’y avait eut aucun signalement d’AT-AT dans la zone.

Alors que l’esquif se déplaçait derrière la garnison vers l’usine de stockage à l’extrémité ouest du complexe, Chance tapa sur l’une des caisses. Deux hommes émergèrent calmement de leur cache et bondirent inaperçus de l’esquif, sans jeter un œil derrière eux.

Chance se dirigea vers la baie de chargement à l’usine de stockage. Il approcha l’officier en service.

— Bonjour, officier, dit-il, tendant une datacarte à l’homme.

Cette datacarte contenait des ordres falsifiés mais bien documentés.

— Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda le Lieutenant, pointant l’esquif du doigt.

— Aucune idée, monsieur. Quelques hommes du bureau du Major Rena à Zila ont chargé les caisses. Je me contente de faire le transport.

L’officier étudiait l’information sur son datapad. Rien d’inhabituel. Surtout des équipements que le Major voulait ici lorsque son nouveau bureau serait complet.

— OK, déchargez ça, qu’on soit enfin débarrassé.

— Bonne idée, officier, dit Chance en signe d’approbation, alors que l’officier appelait deux techniciens afin d’aider au déchargement de l’esquif.

Soudain, une violente explosion retentit dans la garnison.

— Qu’est-ce que… s’exclama l’officier.

Quelques secondes plus tard, la résistance ouvrait le feu à l’aide de fusils blaster et d’artillerie lourde depuis les versants de collines entourant le complexe.

Chance sortit son blaster, et avec seulement une seconde d’hésitation il abattit les deux techniciens et l’officier confus avant qu’ils n’aient le temps de réaliser qui il était réellement.

Des soldats Impériaux en patrouille dans le secteur réagirent rapidement. Leurs fusils blaster lourds se dressèrent des collines. D’autres sondèrent le complexe, essayant d’identifier un ennemi qui leur semblait invisible. Des éclaireurs Impériaux émergèrent du complexe… certains étaient pris dans de vicieux tirs croisés.

Deux autres explosions secouèrent la garnison. Puis le whoosh caractéristique d’un missile Plex sonna au-dessus de leurs têtes. La plateforme d’atterrissage vacilla après avoir été frappée. Un deuxième missile, puis un troisième, explosèrent contre un autre de ses supports, amputant proprement un pilier de la plate-forme. La plateforme d’atterrissage s’effondra au sol dans un bruit assourdissant.

Chance n’aimait pas tout ce qui se passait autour de lui, mais il se contentait de faire son boulot. Il lança une grenade dans l’usine de stockage. Des tirs fusèrent de l’intérieur du bâtiment. Il lança une seconde grenade à travers la porte ouverte. À l’autre bout du complexe, un officier Impérial le cibla et ouvrit le feu. Un tir passa près de sa tête alors qu’il plongeait à l’intérieur du bâtiment. Il roula derrière un tas de conteneurs qui ne vacilla pas sous la décharge d’un tir. Son blaster était prêt, mais les grenades avaient éliminé toute résistance.

Se déplaçant rapidement à travers la salle, Chance fixa des charges à la demi-douzaine d’unités modulaires. Deux soldats Impériaux chargèrent à travers l’entrée de l’immeuble alors qu’il complétait sa tâche. Le timing était crucial… ces charges étaient sur le point d’exploser et il ne prévoyait pas d’être dans les parages au moment ça arriverait.

Alors que les soldats tentaient de l’encercler, Chance lança une grenade vers le premier, et chargea le second en lui tirant dessus. Sa fougue et sa détermination les prirent par surprise. Tous les deux furent victimes de sa gâchette fatale.

Chance sauta par-dessus le corps prostré d’un soldat Impérial mort et jeta un œil prudent de l’autre côté de la porte. Deux motospeeders fonçaient droit sur lui. Il regarda plus attentivement pour être sûr, puis sourit. Ce n’étaient pas des éclaireurs Impériaux, c’étaient ses camarades !

L’un de speeder bikes ralentit. Chance bondit par-dessus le dock de chargement et atterrit sur l’esquif de ravitaillement. Il sauta sur le speeder bike derrière son camarade. Une explosion retentit derrière lui. La première charge avait explosé dans l’usine de stockage.

— On lève le camp ! hurla-t-il.

Les motospeeders rugirent à travers l’installation. Un flot continu de tirs éclata autour d’eux. Les canons laser montés sur chaque speeder ouvrirent le feu sur les gardes à l’entrée. L’un des soldats Impériaux réussit un tir chanceux. Chance vit le speeder bike de son camarade exploser en une boule de feu. Il cibla la silhouette en armure blanche qui avait prit la vie de son camarade. Cet homme ne tuerait plus personne désormais.

La motospeeder coupa à travers les sentiers de la montagne loin de la base Impériale. Plusieurs explosions illuminèrent le ciel obscur derrière eux.

Une sonnerie ramena Alex au centre d’opérations. Elle parcourut la pièce du regard, et remarqua que Dair Haslip était arrivé. Il se tenait derrière l’un des dispositifs d’interception, esquissant un sourire alors qu’il étudiait les événements. Alex s’empara de son casque et écouta les communications Impériales qu’ils interceptaient.

À travers les parasites elle pouvait entendre le rapport.

— … une attaque ! Une explosion fit crépiter le canal de communication… explosions dans le complexe. On est… (Davantage de parasites)… dans les collines entourant le camp… La transmission fut coupée.

Les combattants de la liberté dans le centre d’opérations célébrèrent paisiblement cette victoire. Alex laissa un sourire se dessiner sur son visage. Paca hocha la tête vers elle de l’autre côté de la pièce où ils étaient assis, surveillant toujours les communications.

Alex redirigea son regard vers l’un des panneaux d’affichage. Pendant quelques secondes elle ressentit une présence autour d’elle, quelque chose qui lui était familier, et pourtant qu’elle ne parvenait à saisir. C’était une énergie si puissante qu’elle emplissait la salle entière. Puis une voix retentit, cette même voix qu’elle avait entendue dans ses rêves.

La Force sera avec toi… Pour toujours.