L’INCROYABLE RÉCIT DE STARTER

Peter Schweighofer & John Paul Lona

7 ap. BY

Chronologie

Tour à tour nouvelliste, anthologiste, éditeur, rédacteur d’articles, de Sourcebook ou de guides, Peter Schweighofer est un nom qui compte dans l’Univers Étendu Star Wars. Ses collaborations avec West End Games ou Wizards of the Coast en ont fait un expert des jeux de rôles made in Star Wars et l’un des fondateurs et éditeurs du célèbre Star Wars Adventure Journal.

John Paul Lona a commencé sa carrière en tant qu’illustrateur freelance pour West End Games. Il a notamment travaillé sur plusieurs guides et Sourcebook avec Peter Schweighofer et illustré les premières nouvelles publiées par ce dernier dans le Star Wars Adventure Journal. Une des particularités de la forme desdites nouvelles est de raconter une même histoire en alternant habilement les textes de Schweighofer et les dessins de Lona.

L’Incroyable Récit de Starter se déroule en l’an 7 après la Bataille de Yavin et nous raconte, en flashback, l’histoire du pilote Starter qui, plusieurs années auparavant, a eu affaire avec la clique des chasseurs de primes de Vador menée par Bossk et Boba Fett, avant de faire face au Seigneur Noir lui-même.

Titre original : Starter’s Tale

 

Le groupe d’amis sillonna les rues du spatioport de Wroona jusqu’au quai de chargement où le cargo de Platt, le Dernière Chance, était amarré à côté de l’Étoile Luudrienne de Tru’eb. Tout le monde monta à bord du Dernière Chance et s’installa confortablement dans le salon de l’équipage.

Dirk Harkness et Jai Raventhorn s’affalèrent dans un vieux divan Wroonien qui sentait le renfermé, tandis que Tru’eb prit le temps de rabattre ses robes avant de s’installer sur un trône en peau de nashath que Platt avait gagné lors d’une partie de sabbacc inhabituelle. Starter se dirigea immédiatement vers la caisse de boissons de Platt et se mit à fouiller à l’intérieur. Il sortit quelques verres puis versa des quantités généreuses de Tovash Gruvien dans chacun.

Platt saisit un verre et s’assit sur le siège de commande près de la station d’ingénierie auxiliaire située au bout de la cabine. Starter fit passer les autres verres, sirota une gorgée dans son propre verre et s’appuya contre la paroi interne de la coque près du sas de pont. Le groupe resta silencieux tandis que chacun d’entre eux buvait une gorgée de sa boisson et fixait le fond de son verre.

— Au fait, est-ce que je vous ai déjà raconté la fois où j’ai fait la Route de Kessel en moins de sept parsecs ? demanda Starter en rompant le silence contemplatif.

Platt leva les yeux vers lui en fronçant un sourcil.

— Tiens donc ! Solo prétend l’avoir fait en moins de douze parsecs. Au moins, sa version reste quelque peu crédible…

— Non, pour de vrai, rétorqua Starter en entendant le gloussement de ses compagnons. J’ai fait la Route de Kessel en moins de sept parsecs. Bien sûr, j’ai fait fondre mon hyperdrive, mais ça valait le coup. En fait, je venais d’acheter des plans secrets qui avaient été volés à Jabba le Hutt…

— Laisse-moi deviner… C’était les plans de la seconde Etoile de la Mort, c’est ça ? dit Jai sur un ton moqueur. On va encore avoir droit à une histoire à dormir debout. Comme celle où tu as détruit un Destroyer Stellaire sans l’aide de personne !

— Avec un peu de chance, elle sera plus éloquente que la première histoire, dit Tru’eb. Quoique, je serais le premier à admettre que l’éloquence ne fait pas partie des qualités premières de Starter.

— Allez, c’est une histoire géniale, reprit Starter. Bien meilleure que celle du Destroyer Stellaire…

Le chasseur Aile-X isolé émergea d’hyperespace et mit le cap en direction de la géante gazeuse du système Anoat. Starter tenta de stabiliser sa trajectoire, mais son hyperdrive était probablement sur le point de lâcher. Voyager trop près des masses sombres gravitationnelles présentes dans l’hyperespace avait pratiquement vidé l’hyperdrive de toute sa puissance. Il était maintenant complètement hors d’usage.

Starter extirpa un datapad de derrière le panneau de commande et sonda son contenu. Les informations qu’il tira des relais d’ordinateurs illégaux de Jabba auraient une valeur inestimable pour l’Alliance Rebelle. Mais personne ne le croirait s’il ne pouvait pas prouver ce que l’Empire planifiait. Si seulement il pouvait apporter le datapad à la base rebelle de Renforra avant que l’Empire ne découvre qu’il était en sa possession et qu’il ne lance des chasseurs de primes à ses trousses – ou avant que Jabba ne se rende compte que les quatre caisses de ryll qu’il avait payé en échange d’informations étaient en fait remplies de sable bleu séché récupéré sur les plages de Wroona…

L’Aile-X de Starter fonça à travers l’atmosphère supérieure de la géante gazeuse et se retrouva bientôt au beau milieu des nuages. Son droïde d’astro-navigation l’appelait Bespin, mais après son dernier saut en hyperespace, il n’était pas prêt de se fier à nouveau à cette boîte de conserve sur pattes. Il y avait, prétendument, une colonie minière quelque part sur cette planète…

Une voix jaillit de son système com.

— Vaisseau non-identifié, maintenez votre trajectoire et veuillez transmettre vos codes d’identification.

Starter regarda à tribord et repéra une voiture des nuages biplace le suivant à la même hauteur.

— Ici le capitaine Stitar du Petit Chercheur. Vaisseau de patrouille sérieusement endommagé, besoin de réparations. (Starter regarda en direction du cockpit de la voiture des nuages afin de voir si l’équipage avait avalé son histoire.) J’ai interrompu mon dernier saut hyperspatial un peu trop tôt et grillé mon hyperdrive. J’aurais besoin d’une autorisation d’atterrir afin de procéder à des réparations.

Il vit le pilote de la voiture des nuages étudier la carlingue de son Aile-X. Fort heureusement, il était incapable de distinguer une Aile-X modifiée et déglinguée d’un vaisseau de patrouille rafistolé. Starter commençait à avoir la bougeotte. Si cette rencontre tournait au vinaigre, il serait coincé dans ce système et n’aurait nulle part où faire réparer son vaisseau.

— Petit Chercheur, dit la voix de l’autre côté de la fréquence com. Vous avez autorisation d’atterrir sur le quai d’amarrage cent quarante-deux. Une équipe de réparation arrivera peu après votre atterrissage.

La voiture des nuages vira de bord et reprit sa patrouille.

Une immense cité flottait droit devant au-dessus des nuages. Starter mit le cap vers l’énorme structure et lança la recherche de la balise marquante du quai d’amarrage cent quarante-deux. Lorsqu’il verrouilla la balise, il modifia sa trajectoire en conséquence et posa délicatement son vaisseau sur la plateforme d’amarrage.

Il n’y avait personne ici, pas même les techniciens que Starter s’était attendu à voir débarquer pour travailler sur l’hyperdrive de son Aile-X. Il bondit hors du cockpit, son datapad à la main, et tendit la main vers le panneau d’accès aux capteurs du vaisseau. Il se sentirait mieux en sachant que le datapad qui contenait les informations secrètes était caché quelque part dans le vaisseau plutôt que sur lui-même. S’il lui arrivait quelque chose sur la Cité des Nuages, au moins les informations qu’il détenait serait relativement en sécurité dans son vaisseau. Ouvrant le panneau d’un coup de poing bien placé, il commença à fouiller à travers les entrailles des capteurs, essayant de trouver l’endroit idéal pour dissimuler le datapad.

Derrière lui, il entendit une porte blindée s’ouvrir.

Ça doit être les techniciens, se dit-il.

Mais lorsqu’il se retourna, il se retrouva face aux chasseurs de primes les plus dangereux de la galaxie : Zuckuss, Boddu Bocck, Dengar, Beylyssa, 4-Lom, Zardra, et Bossk. L’Empire les avait sûrement envoyés pour capturer Starter et récupérer les données volées…

— Tu te fiches de moi ! s’écria Platt en se levant de son siège. Tu n’aurais jamais pu échapper à ces chasseurs.

— Il me semble peu probable que ta grande bouche ait pu te sauver la vie, ajouta Tru’eb. Bien qu’il soit possible que tes ennemis soient littéralement morts d’ennui en écoutant l’une de tes histoires incroyables.

— Hé, c’est mon histoire. Contentez-vous d’écouter, reprit Starter en se servant un autre verre.

— Cette histoire semble être de plus en plus longue et de plus en plus incroyable à mesure que tu avales ce Tovash Gruvien, dit Jai sur un ton sec. Gardes-en un peu pour nous.

Affalé, Dirk ronflait à côté d’elle.

— Hé, quelqu’un pourrait réveiller Harkness ? On arrive à une partie qui pourrait l’intéresser, dit Starter.

— De quelle partie tu parles ? demanda Platt. Celle où les chasseurs de primes te passent à tabac ?

— Vous me prenez pour un menteur ? rétorqua Starter. Je vous rappelle que j’étais acculé sur une plateforme d’amarrage suspendue au-dessus de la Cité des Nuages. Ces machins ne sont pas équipés de rambardes de sécurité, vous savez…

Starter recula jusqu’à se retrouvé adossé au fuselage de son Aile-X, approchant doucement la main de son pistolet blaster lourd.

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— Si vous croyez me faire peur, cracha-t-il. Je pourrais vous battre, ici et maintenant, avec une main dans le dos.

Les chasseurs de primes continuaient d’avancer vers lui en longeant le bord de la plateforme.

Starter en avait assez. Il dégaina son blaster et le leva vers Dengar, l’homme de tête. Mais avant même qu’il ait pu presser la détente, une tige en métal trancha son blaster un peu au-dessus de la gâchette, faisant sauter l’arme de sa main. Il leva les yeux pour voir Boddu Bocck esquisser un sourire tandis qu’il abaissait son arbalète laser modifiée.

— Qu’est-ce que vous croyez ? Que je vais me rendre ? dit Starter d’un air méprisant.

— Non, grogna Dengar. On est là pour te tuer.

Des gouttelettes de sueur se mirent à couler le long du front de Starter. Les chasseurs de primes s’approchaient de plus en plus. Dans sa tête, il se repassa toutes les escroqueries, toutes les arnaques qu’il avait réalisées au cours de sa vie, essayant d’en identifier une qui pourrait le sortir de cette situation. C’est là qu’il eut une idée. Il saisit sa ceinture multifonction à l’endroit où il rangeait sa poche de ration – une boîte carrée de la taille de son poing où il stockait les aliments et les liquides qui lui permettaient de survivre aux longs voyages en hyperespace à bord de son Aile-X.

— Tu ne t’en tireras pas cette fois, dit Beylyssa d’un ton railleur.

Bossk se contenta de grogner.

— On va te découper en morceaux, membre après membre, dit Zardra. Et je vais y prendre beaucoup de plaisir.

— Cible acquise, dit IG-88, paré à éliminer.

Boddu Bocck chargea de nouveau son arbalète laser.

— Il est temps de mourir.

Dans un geste rapide, Starter détacha la boîte de rations de sa ceinture et la tendit vers les chasseurs de primes d’un air menaçant.

— Pas tant que je tiendrais ce détonateur à photons dans la main.

Les chasseurs de primes s’arrêtèrent à seulement quelques mètres de l’endroit où Starter se tenait.

Beylyssa se tourna vers 4-LOM.

— Il bluffe, dit-elle. Les détonateurs à photon n’existent pas.

— Vous voulez peut-être attendre sagement ? Histoire de voir ce qui se passe ? dit Starter à haute voix.

Sur ce, il jeta sa boîte à rations directement au milieu du groupe de chasseurs de primes. La plupart d’entre eux se dispersèrent pour se mettre à couvert, le terme “détonateur à photon” résonnant encore dans leur tête, tandis que Starter bondissait en avant et se jetait sur 4-LOM.

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Starter fit trébucher le droïde et lui asséna un coup de pied à la tête. La tête de 4-LOM s’envola, et son corps suivit, basculant par-dessus le rebord de la plateforme d’atterrissage pour entamer une longue chute vers la Cité des Nuages.