Ils arrivèrent à la cabine de Big Quince. Tru’eb y entra avec la femme du maître surveillés par deux gardes esclavagistes. Les quartiers étaient ornés de trésors volés à de nombreux mondes. Une tapisserie Andalienne recouvrait un mur, plusieurs têtes faisant office de trophées en paraient un autre, et deux lampes somptueuses encadraient une grande fenêtre. Plusieurs caisses en métal étaient empilées devant le bar, près d’un autre divan conçu pour accommoder un Sludir.
Tru’eb fit signe à la femme de s’avancer vers l’immense bain qui accueillait habituellement le corps imposant de Big Quince.
Elle tendit ses poignets liés en direction de Tru’eb. Il s’avança et retira délicatement la bande de tissu onéreuse.
— As-tu un nom ?
— Qu’est-ce que ça peut vous faire ? répondit-elle.
— Existe-t-il un terme par lequel je pourrais t’appeler ? demanda Tru’eb. Quelque chose d’autre que “femme esclave”…
Elle fronça un sourcil.
— Vous pouvez m’appeler Oakie.
— Très bien, Oakie. Je t’ai préparé un bain. Lave-toi et enfile les vêtements que l’on t’a fournis.
Alors qu’Oakie prenait son bain, Tru’eb examina les quatre caisses métalliques posées près du bar de Quince. Il ouvrit l’une d’elles et passa ses doigts dans la poudre bleue et blanche contenue à l’intérieur. Du ryll. Probablement une partie du pot-de-vin glissé par Quince au Moff Jellrek pour qu’il le laisse vaquer à son trafic d’esclaves. Tru’eb ferma la caisse. Il parcourut du regard les richesses qui recouvraient la pièce jusqu’à ce qu’Oakie sorte de son bain.
— Alors… Pourquoi est-ce que vous travaillez pour le Sludir ? demanda Oakie, s’essuyant et s’habillant derrière un panneau richement décoré.
— Je suis un esclave, répondit Tru’eb. Il m’a offert de travailler pour lui, comme serviteur, et je savais que je ne survivrais pas longtemps dans les enclos à esclaves. J’ai accepté son offre, jusqu’à ce que l’occasion se présente et que je puisse reprendre ma liberté.
— Eh bien, d’un esclave à un autre, qu’est-ce que vous diriez si l’on s’en allait d’ici ?
Oakie réapparut, vêtue d’une robe chic. Tru’eb la trouva étonnamment séduisante pour une humaine.
— On n’irait pas bien loin, dit Tru’eb. La porte est gardée par deux gardes, et…
— Je ne voulais pas dire maintenant, dit Oakie en passant près de Tru’eb en direction des caisses de ryll. Qu’est-ce que Quince me réserve ?
— Il va t’offrir au Moff Jellrek, ainsi que ces caisses de ryll, afin de persuader le Moff de fermer les yeux sur ses opérations d’esclavage.
— Où compte-t-il m’échanger ? Sur la place du marché locale ?
— Une fois lavée et habillée, je dois t’escorter au hangar d’appontage où le Moff Jellrek nous attendra, expliqua Tru’eb. Les gardes emporteront sans doute ces caisses de ryll.
— Hmmm…
Oakie fixa les caisses de ryll d’un air pensif, puis son regard se mit à errer parmi les diverses richesses qui ornaient la pièce. Ses yeux se posèrent finalement sur le placard à liqueur situé à côté du divan Sludir.
Elle commença à fouiller le placard, et en retira finalement une bouteille de Tovash Gruvien d’une forme étrange. Oakie posa la bouteille pleine sur l’une des caisses de ryll, puis disparut en direction du bain. Après avoir remué l’eau pendant un moment, elle revint avec une grosse motte grise et visqueuse.
— C’est du savon Sludir, expliqua-t-elle. Quince s’en sert sûrement pour maintenir une peau ferme. Si on le mouille, il devient malléable et collant.
Vous voulez bien ouvrir cette caisse de ryll ?
Tru’eb ouvrit la caisse puis regarda Oakie enduire le couvercle à charnière de savon pâteux. Oakie prit la bouteille de Tovash Gruvien, en but une bonne gorgée, puis remit le bouchon en place avant de coller la bouteille au tas de savon Sludir. Après un moment, le savon sécha, maintenant la bouteille en place.
— Maintenant, abaissez lentement le couvercle, mais laissez suffisamment d’espace pour que je puisse retirer le bouchon avant que la caisse soit refermée, dit Oakie.
Tru’eb s’exécuta, lui laissant juste assez d’espace pour que ses doigts habiles puissent extraire le bouchon. La bouteille était positionnée de manière à ce qu’aucune goutte d’alcool ne se déverse jusqu’à ce que quelqu’un rouvre la caisse.
— Merci, dit Oakie. Est-ce que ça veut dire que vous allez m’aider à m’échapper ?
— Je ne comprends toujours pas ton plan, dit Tru’eb. Mais s’il inclut ma libération, je t’aiderai.
— Faites-moi confiance.
La porte des quartiers de Big Quince s’ouvrit et l’un des gardes entra à l’intérieur.
— Dépêchez-vous, grogna-t-il. On va sortir d’hyperespace.
Tru’eb regarda Oakie, qui retourna au bain pour enlever les restes de savon Sludir de ses mains. D’autres esclavagistes entrèrent pour emporter les caisses de ryll. Tru’eb vit les marques sur celui qui transportait la caisse qu’ils venaient de piéger. Il ne se doutait pas le moins du monde de ce que Oakie prévoyait de faire.
La femme revint.
— N’ayez crainte, dit-elle à voix basse. La caisse fera diversion. Quand vous verrez de la fumée, courez jusqu’à la navette du Moff.
Big Quince et plusieurs esclavagistes se tenaient alignés dans le hangar lorsque Tru’eb, Oakie, et les gardes qui portaient les caisses de ryll arrivèrent. La rampe d’embarquement de la navette impériale récemment arrivée était en train de s’abaisser, et Tru’eb pu voir les bottes des soldats impériaux attendant de descendre. Lorsque la rampe percuta le sol, une escouade de soldats impériaux émergea de la navette, suivie du Moff Jellrek, un homme décharné paré d’une barbe taillée de manière à inspirer la peur.
Big Quince s’avança en prenant appui sur son pique de force.
— Bienvenue, mon bon Moff, beugla-t-il. Nous vous avons apporté quelques présents tirés de mon butin. (Il fit signe aux esclavagistes de déposer les caisses aux pieds du Moff Jellrek.) Le ryll bleu le plus fameux de tout Ryloth, expliqua Quince. Et une esclave.
Tru’eb reconnut le signal. Il tira Oakie par les bandes qui liaient ses mains.
Le Moff Jellrek l’étudia du regard, esquissa un sourire sournois, puis se tourna vers les caisses de ryll.
— Ouvrez-la, ordonna-t-il à un soldat impérial.
Tru’eb reconnut la caisse qui contenait le Tovash Gruvien. Il leva les yeux vers Oakie, qui jeta un regard inquiet en direction de la rampe d’embarquement de la navette.