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UNE DEMI-HEURE plus tard, Kasdan manœuvrait dans un quartier exigu du dix-huitième arrondissement, suant à grosses gouttes à l’idée d’accrocher sa bagnole. Rue Riquet. Rue Pajol. Puis, enfin, à gauche, rue de la Guadeloupe. Sous la pluie torrentielle, le boyau ressemblait à un tambour de machine à laver battant les voitures stationnées.
Peter Hansen vivait au 14. Un immeuble sans âge, serré comme un carton poussiéreux parmi d’autres édifices. Clé universelle. Quelques mots au concierge et les voilà partis pour le cinquième étage. Sans ascenseur. L’escalier embaumait l’encaustique mais la minuterie ne marchait plus. Ils grimpèrent les étages, guidés par la lumière des réverbères qui filtrait par la fenêtre de chaque palier.
Parvenus au cinquième, ils repérèrent le seuil de Hansen – son nom était écrit au feutre sur une carte. Kasdan remonta sa ceinture, rajusta son treillis puis se composa une tête sympathique. Le bon gros nounours de la maison Poulaga. Il sonna. Pas de réponse. Il sonna encore. Rien. Bref coup d’œil à Volokine : de la lumière filtrait sous la porte. Il frappa violemment et avertit :
— Police. Ouvrez !
Le Russe tenait déjà son Glock. L’Arménien dégaina à son tour, marmonnant un juron. De l’épaule, il poussa la porte pour simplement éprouver les verrous. Rien n’était fermé. Il prit son recul en vue d’enfoncer la paroi d’un coup de talon.
A ce moment, la porte s’ouvrit. Un homme, grand échalas, cheveux longs et barbe grise, apparut sur le seuil.
— Qui êtes-vous ? demanda-t-il très calmement.
Kasdan plaqua son arme contre sa cuisse, derrière son treillis.
— Nous sommes de la police, fit-il d’une voix douce. Je suis le commandant Kasdan. Voici le capitaine Volokine. Vous êtes bien Peter Hansen ?
L’homme acquiesça. Il tenait une cuillère en bois et portait un tablier de toile beige. Il ne semblait pas étonné par les deux gaillards qui se révélaient dans la clarté électrique du vestibule. Posé, décontracté, le Suédois ressemblait à ce qu’il était sans doute : un vieux célibataire en train de préparer sa popote un peu tard, selon l’horaire latin.
— On peut entrer ? Nous avons quelques questions à vous poser.
— Aucun problème.
Hansen pivota et les invita à le suivre. Les deux partenaires rengainèrent discrètement et marchèrent dans un couloir étroit jusqu’à un salon minuscule. Un canapé affaissé, deux fauteuils usés encadraient une malle de marin noire qui tenait lieu de table basse. Des ponchos multicolores étaient suspendus contre les murs. Des masques de cuir, des objets en lapis-lazuli, des poteries de terre rouge, des étriers en bois sculpté, des instruments anciens de navigation en cuivre complétaient la décoration. Kasdan se dit que les brocantes de Santiago ou de Valparaiso devaient proposer le même genre de bric-à-brac.
— Je n’ai passé que quelques années au Chili, commenta Hansen. Les pires de ma vie. Pourtant, j’ai adhéré totalement à cette culture...
Kasdan considéra le vieil homme, chandail informe, jean délavé sous son tablier. Il semblait sortir d’une manifestation contestataire des Seventies. L’Arménien demanda d’une voix plus calme encore, essayant de casser son ton naturel de flic :
— Nous avons frappé plusieurs fois. Pourquoi vous n’avez pas ouvert ?
— Je n’ai rien entendu, excusez-moi. J’étais dans la cuisine. L’Arménien lança un coup d’œil à Volokine, qui semblait ne pas comprendre lui non plus : l’appartement ne devait pas excéder soixante mètres carrés. Ils n’insistèrent pas. Hansen désigna le mobilier du salon :
— Asseyez-vous, je vous en prie. Vous voulez du vin ? Du maté ?
— Du vin. Très bien.
— J’ai un délicieux vin rouge du Chili. Du « vino tinto ».
Il parlait avec un curieux accent, mi-scandinave, mi-espagnol, et hachait les syllabes comme de fines rondelles d’oignons. Il repartit dans la cuisine. Kasdan écrasa sa masse dans l’un des fauteuils, imitant Volokine, déjà recroquevillé dans le canapé. Des effluves émanaient de la cuisine. Haricots. Potiron. Piments. Maïs...
L’Arménien pouvait observer leur hôte par la porte de la cuisine. Il ressemblait à Velasco. Le même genre de grande saucisse à barbe grise, aux gestes élégants et au sourire facile. Mais il y avait quelque chose de dépareillé, de négligé chez le Suédois qui évoquait plutôt une version beatnik de l’aristocrate. Dans les années 70, quand Velasco s’inquiétait de l’avenir du Chili, dans les clubs huppés de Santiago, Peter Hansen devait refaire le monde avec ses amis socialistes.
L’homme réapparut avec une bouteille noire, un tire-bouchon, trois verres ballons. Il s’installa dans le deuxième fauteuil et entreprit d’ouvrir le « grand cru ». Ses mains étaient longues et fines comme des mandibules.
— Vous savez qu’il y a une grande tradition viticole au Chili ? On dit qu’elle vient des conquistadores, qui ont semé des grains de raisin d’Espagne pour produire du vin de messe... (Il déboucha la bouteille.) On dit beaucoup de choses au Chili... Un chanteur a écrit : « Un pays plein d’espoir où personne ne croit en l’avenir, Un pays plein de souvenirs où personne ne croit au passé »...
Il remplit lentement les verres.
— Goûtez-moi ça.
Les enquêteurs s’exécutèrent. Cela faisait une éternité que Kasdan n’avait pas bu de vin. Son premier réflexe, au contact du breuvage, fut de penser à son cerveau – et à son traitement. Il espérait que le mélange comprimés/alcool n’allait pas le rendre malade.
— Alors ?
— Excellent.
Kasdan avait répondu au hasard – il ignorait tout des vins. Et il ne fallait pas compter sur le fumeur de joints qui reniflait son verre comme un chien indécis.
— Que puis-je faire pour vous ? demanda le Scandinave. Kasdan attaqua posément, exposant de la manière le plus vague possible l’objet de leur investigation. Ce qui ressortait de son discours, c’était qu’ils enquêtaient sur un meurtre, « peut-être » lié à des tortionnaires de la junte chilienne, « peut-être » installés en France...
Hansen répondit, sans paraître le moins du monde étonné :
— Vous avez des noms ?
— Nous pouvons commencer par Wilhelm Goetz. Fixé à Paris depuis 20 ans.
Hansen sursauta. Il demanda, d’une voix tremblante :
— Vous avez une photo ?
Kasdan sortit le portrait qu’il avait piqué à l’Éphorie. L’homme observa attentivement le tirage et, en quelques secondes, se transforma. Son visage se creusa. Ses yeux, ses rides, ses lèvres : tout devint plus profond, plus sombre. Puis sa peau changea d’aspect. Grise, terne, elle parut se fondre dans la barbe. Hansen se muait en statue du Commandeur.
— Le Chef d’orchestre, murmura-t-il en rendant la photo.
— Le chef d’orchestre ?
Hansen ne répondit pas. Au bout d’une bonne minute de silence, les yeux fixes, il grommela, de sa voix grave :
— Excusez-moi. L’émotion. Je pensais avoir dépassé tout ça mais... (Il se reprit.) Je pensais surtout que cet homme était mort. (Un fantôme de sourire se dessina parmi les poils de sa barbe.) Disons plutôt que je l’espérais...
Le Suédois paraissait bloqué. La violence des retrouvailles. Ou l’aspect de Kasdan, trop massif, trop militaire. Volokine intervint. Il était l’ange de l’équipe.
— Nous comprenons votre émotion, monsieur Hansen. Prenez tout votre temps. Que pouvez-vous nous dire sur cet homme ? Pourquoi l’appelez-vous le « chef d’orchestre » ?
Hansen prit son souffle :
— J’ai été arrêté en octobre 1974. Je déjeunais dans ma maison. Sans doute une dénonciation des voisins. A l’époque, il suffisait d’être étranger pour être arrêté. Certains étaient même fusillés dans la rue, en bas de chez eux, sans autre forme de procès. Souvent, les dénonciateurs étaient tués eux aussi, avec les autres. C’était le chaos total. Bref, les membres de la police paramilitaire ont débarqué chez moi. Ils m’ont tapé dessus et m’ont amené à la station de police la plus proche où j’ai encore été battu. Je ne me plaignais pas. Là-bas, c’était un vrai carnage. Un étudiant avait été blessé par balle dans le dos. Les soldats sautaient à pieds joints, à tour de rôle, sur sa blessure...
Hansen se tut. Le flux des souvenirs, trop fort, lui coupait le souffle. Volokine usa de sa voix la plus douce :
— Que s’est-il passé ensuite ?
Après un temps, le Suédois reprit, avec son accent monocorde :
— On m’a placé dans une des camionnettes bleues de la DINA. On les appelait les « mouches bleues ». On m’a mis de la ouate humide dans les oreilles et un masque de cuir sur le visage qui m’empêchait de voir quoi que ce soit. On a roulé. Les pensées que j’avais à ce moment étaient curieuses. Je ne vous ai pas dit le principal : je n’appartenais pas à l’Unité Populaire. J’étais à peine socialiste... A cette époque, j’étais simplement allé au bout de mon destin nomade. Beaucoup de drogues, beaucoup de sexe, un peu de méditation... En 1970, j’ai échoué à Katmandou. C’est là-bas que j’ai rencontré des Chiliens qui m’ont parlé du régime d’Allende comme d’un pays de cocagne. Une sorte de réalisation du rêve communautaire beatnik. Je suis allé à Santiago, par pure curiosité. Je fumais du cannabis. J’allais aux réunions politiques du MIR (Mouvement de la Gauche Révolutionnaire)... Surtout pour draguer les militantes. Donc, je ne savais pas grand-chose. Pourtant, ce jour-là, dans le bus, je me suis fait une promesse. Ne rien dire. La torture et la peur sont des choses étranges. Des forces qui vous secouent, au sens propre et au sens figuré. Vous vous révélez : un lâche ou un brave. Moi, quand j’ai vu ces salopards se mettre en quatre pour me faire souffrir, j’ai décidé de ne plus rien dire. De devenir un héros. Même inutile. Après tout, je n’avais rien fait d’exceptionnel jusqu’ici. Autant finir en beauté !
Kasdan prit la parole :
— Où vous a-t-on conduit ?
— Je ne sais pas. À la Villa Grimaldi, sans doute. Le haut lieu de la torture à Santiago. Mais je n’avais pas de notion de temps ni de distance. Quand vous n’entendez rien, que vous ne voyez rien, et que vous recevez des taloches de temps en temps, comme ça, sans raison, toute mesure devient relative...
— C’est à ce moment que vous avez vu Goetz ?
— Non. Cette nuit-là... Enfin, il me semblait que c’était la nuit... J’ai eu affaire à des militaires. Des coups. Des injures. Puis la baignoire. Ils m’ont noyé plusieurs fois. Parfois dans de l’eau. D’autres fois dans de la paraffine brûlante ou des excréments. Je ne parlais toujours pas. Ensuite, ils ont voulu utiliser l’électricité. C’était presque drôle parce qu’à l’évidence, ils ne savaient pas se servir de leur machine. Alors, les Français sont apparus.
— Des Français ?
— Je crois qu’ils étaient français, oui. A l’époque, je ne parlais pas votre langue.
— Que faisaient-ils là ?
Hansen eut un sourire. Il but une gorgée de vin et reprit des couleurs.
— C’était assez simple à deviner. Ils formaient les Chiliens. Ils leur montraient comment ces instruments marchaient, comment il fallait appliquer la pointe électrifiée. D’ailleurs, j’ai entendu aussi des voix qui parlaient en portugais. Sans doute des « élèves » venus du Brésil. Oui, j’étais au centre d’une espèce de stage...
Les deux flics échangèrent un regard. Des Français, sans doute des militaires, en délégation au Chili afin de livrer une formation concernant la torture. Des instructeurs aidant la junte de Pinochet à mieux briser le front subversif. Si la France était mouillée dans la répression du coup d’Etat, alors le gouvernement avait de sérieuses raisons de surveiller Wilhelm Goetz, qui avait soudain la langue trop pendue...
Volokine reprit le fil de l’histoire :
— Combien de temps êtes-vous resté dans ces... bureaux ?
— Je ne sais pas. Je m’évanouissais, je revenais à moi... Bientôt, on m’a emmené. De nouveau la camionnette. De nouveau, les bouchons de ouate et le masque de cuir. Cette fois, on a roulé vraiment longtemps. Au moins une journée. Puis je me suis retrouvé dans un endroit totalement différent. Un hôpital. Je sentais les odeurs de médicaments. Mais c’était un hôpital bizarre, qui semblait surveillé par des chiens. Les aboiements nous suivaient partout.
— Ce transfert, c’était pour vous soigner ?
— C’est ce que j’ai cru. J’étais naïf. En réalité, l’interrogatoire continuait... Ou plutôt, pour être précis, l’expérience...
— L’expérience ?
— J’étais une sorte de cobaye, vous comprenez ? Mes bourreaux avaient compris que je n’avais rien à dire. En revanche, mon corps pouvait encore les renseigner. Je veux dire : il était devenu un matériau pour tester les limites de la souffrance, vous voyez ?
Kasdan écoutait, renfrogné dans son fauteuil. Toute cette merde lui était familière. Il savait, il l’avait toujours su, que cette enquête liée au Chili les emmènerait au cœur de la saloperie humaine.
— A l’hôpital, demanda-t-il, que vous a-t-on fait ?
— Je ne portais plus de bandeau. Les murs de faïence blanche, les odeurs aseptiques, les cliquetis des instruments. J’étais abruti de fatigue et de souffrance mais la peur se frayait tout de même un chemin jusqu’à mon cerveau. Je savais que j’étais déjà mort. Je veux dire : j’étais un « desaparecido ». Un disparu. Un homme qui n’existait plus dans aucun registre. Vous savez que la DINA ne possédait pas d’archives écrites ? Aucune trace, aucune vérité. Une machine d’anéantissement total qui...
Volokine le recadra, en douceur :
— Monsieur Hansen, que s’est-il passé à l’hôpital ?
— Les médecins sont arrivés. Ils portaient des masques chirurgicaux.
— Et Goetz, l’homme de la photo ? Il était là ?
— Il est apparu à cet instant, oui. Il ne portait ni blouse ni masque. Il était habillé en noir. Il ressemblait à un prêtre. Un des chirurgiens s’est adressé à lui. Par son nom. Les mots qu’il a prononcés alors étaient tellement extraordinaires que je ne les ai jamais oubliés...
— Quels mots ?
— « Le concert peut commencer. »
— Le concert ?
— Je vous assure. C’est ce qu’il a dit. Et c’est en effet ce qui s’est passé. Au bout de quelques minutes, alors que les médecins choisissaient leurs instruments, j’ai entendu des voix... Des voix d’enfants. C’était sourd, ouaté, comme dans un cauchemar...
— Ces enfants, que chantaient-ils ?
— A l’époque, j’écoutais beaucoup de musique classique. J’ai tout de suite reconnu l’œuvre. C’était le Miserere de Gregorio Allegri. Un ouvrage a cappella, très connu...
Un coin de la mosaïque se dévoilait. Par une perversité unique, les Chiliens opéraient leurs cobayes au son d’une chorale. Donnant voix à ses pensées, Hansen continua :
— Des bourreaux mélomanes... Ça ne vous rappelle rien ? Les nazis, bien sûr ! La musique était au cœur de leur système maléfique ! Au fond, tout cela n’était pas étonnant.
— Pourquoi ?
— Parce que mes médecins étaient allemands. Ils parlaient allemand entre eux.
De très anciens cauchemars se levaient, reproduisant les mêmes schémas de terreur. Nazisme. Dictatures sud-américaines. Une filiation presque naturelle.
Après une hésitation, l’Arménien se décida à poser la question cruciale :
— Ces médecins, que vous ont-ils fait ?
— Je préfère ne pas en parler. Ils m’ont blessé, tailladé, opéré... À vif, bien sûr. J’ai vécu un enfer sans nom, entendant toujours, au fond, ces voix d’enfants, mêlées aux bruits des instruments, à mes hurlements, alors que la douleur éclatait partout dans mon corps.
Hansen se tut. Les deux visiteurs respectèrent son silence. Ses yeux sombres étaient exorbités. Kasdan se résolut à lui arracher un mot de conclusion.
— Comment en êtes-vous sorti ?
Hansen sursauta. Puis, très lentement, un sourire revint jouer sur ses lèvres :
— C’est ici que mon histoire devient intéressante... Je veux dire : vraiment originale. Les médecins m’ont prévenu qu’ils allaient m’anesthésier complètement.
— Pour stopper vos souffrances ?
Le Suédois éclata de rire et vida son verre :
— Ce n’était pas le genre de la maison. Pas du tout. Ils voulaient simplement se livrer à un petit jeu avec moi.
— Un jeu ?
— Les chirurgiens se sont penchés sur moi et m’ont expliqué que j’avais une chance de sauver ma peau. Il suffisait que je leur donne une bonne réponse... Ils allaient m’opérer. Procéder à l’ablation d’un organe. Puis ils attendraient que les effets de l’anesthésie se dissipent et que je me réveille. Alors, il faudrait que je reconnaisse ma douleur. Il faudrait que je devine quel organe ils m’avaient arraché. A cette seule condition, j’aurais la vie sauve. Si j’échouais, ils effectueraient d’autres prélèvements, cette fois à vif, jusqu’à ce que ma mort les arrête.
Le silence s’imposa dans le petit salon. Un silence glacé comme un permafrost. Ni Kasdan ni Volokine n’osait relancer l’interrogatoire.
Enfin, Hansen enchaîna :
— Je me souviens de cela comme d’un rêve... Je me suis doucement endormi au son de la voix des enfants... J’étais dans une sorte de transe. Des images flottaient au fond de mon esprit : un rein brunâtre, un foie noir, des testicules sanglants... Qu’allaient-ils me voler ? Allais-je pouvoir identifier ma souffrance ?
Le Suédois s’arrêta. Les deux partenaires ne respiraient plus. Ils attendaient la conclusion du récit.
— Au fond, chuchota Hansen, j’ai eu de la chance. Les organes que les médecins m’ont prélevés – parce qu’il y en avait deux – étaient très faciles à deviner.
D’un geste, il releva les mèches grises qui entouraient son visage.
A la place des oreilles, il avait deux plaies couturées dont les cicatrices évoquaient des barbelés. Kasdan se força à regarder. Volokine détourna les yeux.
Le supplicié conclut d’une voix sourde :
— Il ne faut pas vous étonner que je ne réponde pas quand on frappe à ma porte. J’ai seulement vu qu’elle bougeait tout à l’heure, quand vous l’avez poussée. Et depuis que vous êtes ici, je lis sur vos lèvres. Finalement, le Miserere des enfants est la dernière chose que j’ai entendue dans mon existence.