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APRÈS TROUSSEAU, Kasdan visita les trois paroisses où Goetz était également organiste et chef de chœur. A Notre-Dame-du-Rosaire, dans le quatorzième arrondissement, il ne trouva personne pour le renseigner. L’aumônier était souffrant et le prêtre officiant absent. A Notre-Dame-de-Lorette, rue Fléchier, il interrogea le père Michel, qui lui fit un portrait standard de Goetz. Discret, paisible, sans histoire. Kasdan fila à Saint-Thomas-d’Aquin, près du boulevard Saint-Germain, où il fit encore chou blanc. Le personnel religieux était en voyage pour deux jours.

A 15 h 30, Kasdan rentra chez lui. Il alla dans la cuisine et se prépara un sandwich. Pain de mie. Jambon. Gouda. Cornichons. Buvant en même temps un café tiède, il se dit qu’il n’avait pas envie de téléphoner aux familles chez qui Goetz donnait des cours de piano. Pas plus qu’il ne souhaitait se plonger dans l’histoire récente du Chili. En revanche, l’idée du jeune flic bizarre excitait sa curiosité. Il devait évaluer la concurrence.

Avalant son sandwich en quelques bouchées, il se servit un nouveau café et s’installa à son bureau. Il composa directement le numéro de Jean-Louis Greschi, vieux collègue de la Crim qui avait pris la direction de la Brigade de Protection des Mineurs.

— Comment ça va ? s’exclama le commissaire. Tu casses toujours les dents ?

— Les miennes, surtout. Sur la mie de pain.

— Quel mauvais vent t’amène ?

— Cédric Volokine : tu connais ?

— Un de mes meilleurs éléments. Pourquoi ?

— Ce type a l’air d’enquêter sur un meurtre qui concerne ma paroisse. La cathédrale arménienne.

— Impossible. Il est en disponibilité. Pour une durée illimitée.

— En quel honneur ?

Greschi hésita. Il reprit un ton plus bas :

— Volokine a un problème.

— Quel problème ?

— La défonce. Accro à l’héroïne. Il s’est fait choper avec une shooteuse dans les chiottes de nos bureaux. Ça fait désordre. On l’a envoyé en cure de détox.

— Il a été révoqué ?

— Non. J’ai étouffé le coup. Je deviens sentimental avec l’âge.

— Le centre, où est-il exactement ?

— Dans l’Oise. « Jeunesse & Ressource ». Mais tout le monde l’appelle « Cold Turkey ».

— Ça veut dire quoi ?

— C’est l’expression anglo-saxonne pour désigner le sevrage à sec, sans médicaments ni substance chimique. Ils soignent là-bas par la parole, paraît-il. Et aussi le sport. Des vieux babas. Des héritiers de l’antipsychiatrie.

Kasdan rumina l’expression. Il imagina des pipes d’opium, des minarets, des narguilés sous une pluie glacée, à Istanbul. Puis il comprit qu’il faisait fausse route. « Turkey » ne désignait pas le pays mais la volaille. « Cold Turkey » signifiait simplement « dinde froide ». Allusion transparente aux symptômes du manque : suées glacées et chair de poule...

— Selon toi, insista-t-il, c’est impossible qu’il se soit rancardé sur mon affaire ?

— Il a été interné il y a trois jours. A mon avis, il est plutôt en train de claquer des dents dans son duvet.

— Quel âge a-t-il ?

— Je dirais : dans les 27-28 ans.

— Quelle formation ?

— Maîtrise de droit, maîtrise de philo, Cannes-Écluse. Une grosse tête, mais pas seulement. Premier au tir. Il a été aussi champion national d’un art martial, je ne sais plus lequel.

— Et côté boîte ?

— Deux ans aux Stups, d’abord. C’est là qu’il a plongé dans la dope, à mon avis.

— Et tu l’as pris ensuite dans ta brigade ?

— Il n’y avait pas marqué « junkie » sur son front. Et il tenait à venir. On ne refuse pas un mec qui a un cursus pareil. Aux Stups, il affichait un taux d’élucidation de 98 %. Ce gars-là est bon pour le Livre des records.

— Quoi d’autre ?

— Musicien. Pianiste, je crois.

Kasdan assemblait chaque morceau et était de plus en plus intéressé par le résultat. Un flic vraiment original.

— Marié ?

— Non. Mais un vrai tombeur. Toutes les filles en sont folles. Les nanas adorent ce genre de mecs. Mignon. Tourmenté. Insaisissable. Il attire les gonzesses comme un aimant la limaille.

Kasdan avait donc vu juste. A tous les coups, Volokine avait tourné le cœur d’une des filles de l’Etat-Major, ce qui lui permettait de guetter les affaires qui le branchaient.

— Il s’est porté candidat à la BPM. Tu sais pourquoi ?

— C’est le nerf de la guerre. Il a un mobile personnel, j’en suis sûr. Volokine est orphelin. Il a traîné ses basques dans pas mal d’orphelinats, de foyers, d’instituts religieux. De là à imaginer qu’il est lui-même passé à la casserole, y a qu’un pas. Et de là à penser qu’il a un compte à régler avec les pédos, y a plus qu’un orteil.

— Un peu simpliste, non ?

— Plus c’est simpliste, plus ça a des chances d’être vrai, Kasdan, tu le sais comme moi.

L’Arménien ne releva pas. Ses quarante piges à la maison Poulaga lui avaient appris en effet que l’espèce humaine n’a pas d’imagination. Chaque matin, dans la vie d’un flic, la loi des clichés se vérifie.

— En tout cas, continua Greschi, il est souvent bord-cadre. Il a démoli un pédo récemment. A la brigade, on a glissé sur l’affaire et on a promis au pointu une cellule pleine d’assassins s’il portait plainte. Mais j’ai pris le môme entre quat’z’yeux. On n’est pas là pour dérouiller les suspects. Même si, chez nous, on vit avec cette tentation permanente.

Kasdan cadrait le chien fou. Doué. Intelligent. Dangereux. Pourquoi s’intéressait-il au meurtre de Saint-Jean-Baptiste ? Parce que des gamins étaient concernés ?

Greschi poursuivait :

— Mais sa grande qualité rattrape tout. Son feeling avec les mômes. Notre problème, à la brigade, ce sont les gosses. La plupart du temps, ils sont nos seuls témoins à charge. Des enfants terrifiés. En état de choc. Impossible de leur tirer un mot. Sauf Volokine.

Kasdan songea à son échec auprès des petits choristes :

— Comment fait-il ?

— Mystère. Il sait les prendre. Les mettre en confiance. Il comprend leurs silences. Leurs phrases avortées. Il sait aussi déchiffrer leurs dessins, leurs gestes. Un vrai psy, j’te jure. Et acharné. Il travaille jour et nuit. Une blague circule sur lui à la boîte, comme quoi il connaît mieux les femmes de ménage qui bossent la nuit que ses propres collègues.

L’Arménien se demanda tout à coup s’il n’avait pas trouvé un allié potentiel. Un mec à la marge, comme lui, mais avec 35 ans de moins et un savoir-faire qu’il ne possédait pas.

— Tu as les coordonnées exactes du centre ?

Greschi donna l’adresse du foyer, situé à cinquante kilomètres de Paris, tout en répétant son scepticisme. A cette heure, Cédric Volokine devait être couché, malade comme un chien. Kasdan salua le commissaire.

Il avait envie d’en savoir plus. Il se donna une heure pour creuser le portrait du flic et commença par Cannes-Écluse. Il demanda à parler à l’officier orientateur. Avec de l’assurance, un numéro de matricule et une certaine manière de s’exprimer, on obtenait n’importe quel renseignement auprès de n’importe quel collègue.

— Je me souviens, fit l’officier. Il était chez nous de septembre 1999 à juin 2001. Quittez pas, je vais chercher son dossier. (Une minute passa puis l’homme reprit l’appareil :) On en a peu de ce calibre. Il est sorti major de sa promotion. Des notes exceptionnelles. Dans tous les domaines. Et, si vous me passez l’expression, des couilles comme ça. Ses rapports de stages insistent sur ce point. Courageux. Tenace. Instinctif.

— En juin 2001, quand il est sorti de l’école, il avait quel âge ? Le flic tiqua :

— Vous avez pas sa date de naissance ?

— Pas sous les yeux.

— Il allait avoir 23 ans. Il est né en septembre 1978.

— Où ?

— Paris, neuvième arrondissement.

— Selon mes notes, après l’école il a intégré la brigade des Stups.

— C’est ce qu’il a demandé. Vu ses résultats, il aurait pu choisir beaucoup mieux.

— Justement. Pourquoi pas un poste plus ambitieux ? Le ministère de l’Intérieur ?

— Les bureaux, c’était pas son truc. Pas du tout. Il voulait être dans la rue. Bouffer du dealer.

Kasdan remercia l’officier et coupa. Greschi avait précisé que Volokine était orphelin. Kasdan composa le numéro de la Ddass. Volokine n’était pas né sous X. Il n’était pas non plus orphelin de naissance. Les enfants abandonnés portent toujours des noms composés de prénoms – Jean-Pierre Alain, Sylvie André. D’autre part, leur naissance est toujours déclarée dans le quatorzième arrondissement, là où siège la Ddass. Une convention qui signifie surtout que ces mômes sont nés sous une mauvaise étoile.

Comme il s’y attendait, Kasdan tomba sur un fonctionnaire verrouillé à double tour. L’homme ne lâcha que quelques monosyllabes, entre ses dents serrées. Pourtant, Kasdan obtint une adresse. Le premier centre d’accueil de Cédric Volokine, en 1983, à Epinay-sur-Seine. Il avait 5 ans.

Après avoir parlé à plusieurs personnes, il s’entretint avec une vieille femme qui se souvenait du gamin. L’Arménien inventa une histoire d’article à rédiger dans le journal interne de la PJ et ajouta une circonstance : Cédric Volokine avait gagné une citation pour un fait de bravoure.

— J’en étais sûre ! se rengorgea la mamie. J’étais sûre que Cédric réussirait...

— Comment était-il ?

— Il avait tous les dons ! Vous savez qu’il a appris le piano tout seul, sans professeur ? Il chantait à la messe, aussi. Une voix d’ange. Il aurait pu entrer chez les Chanteurs à la Croix de bois, s’il y avait pas eu son grand-père paternel. Un sale bonhomme.

— Dites-m’en plus.

— Vous avez vraiment besoin de tous ces renseignements ?

— Racontez-moi ce qui vous revient. Je ferai le tri.

— Nous avons recueilli Cédric à 5 ans. Son père était mort peu de temps après la naissance. Un alcoolique. Un bon à rien, qui vivait d’expédients.

— Et la mère ?

— Elle buvait aussi. Avec un problème mental, en plus. A la naissance de Cédric, elle a commencé une espèce de régression. Quand on lui a retiré l’enfant, elle ne savait plus ni lire ni écrire.

— Pourquoi le grand-père n’a pas gardé l’enfant ?

— Parce qu’il valait pas mieux que son fils. Un Russe. Un sale type.

— Il venait le voir chez vous ?

— De temps en temps. Un homme mauvais. Aigri. Haineux. Je me suis toujours félicitée que Cédric n’ait pas vécu avec lui. Pourtant, quelques années plus tard, il l’a placé dans un autre centre. Des religieux, je crois. Il avait récupéré la tutelle. (La vieille baissa la voix pour demander :) Je peux vous donner mon avis ?

— Bien sûr.

— Je pense qu’il avait fait ça pour l’argent. Il espérait toucher des subsides sociaux. Mais le cancer l’a rattrapé. Il est mort et Cédric a été transféré encore ailleurs. Je ne sais pas où.

— Vous avez eu de ses nouvelles, ensuite ?

— Durant une dizaine d’années, non. Puis il est revenu me voir. Il venait d’avoir son baccalauréat. A 17 ans ! Il était beau comme un dieu. A partir de là, il est passé plusieurs fois chaque année. Ou il me téléphonait. J’ai encore de ses nouvelles, vous savez...

Kasdan prenait des notes. Volokine avait dû rebondir de foyer en foyer jusqu’à sa majorité. Comment avait-il payé ses études ?

Avait-il été aidé par le SAV, le Service d’Accueil en Ville, qui alloue une petite pension aux orphelins ?

L’Arménien remercia la vieille dame et fit ses comptes. Si Volokine avait eu son bac avant d’avoir 18 ans, cela signifiait qu’il l’avait décroché en juin 96. Ensuite, il avait dû s’inscrire à la Sorbonne, à la faculté d’Assas ou de Nanterre pour faire son droit. Contacter ses professeurs ? Non. Kasdan préférait s’orienter vers ses prouesses sportives. Il en restait peut-être des traces sur le Net.

Il n’eut pas à chercher loin. En tapant les mots-clés « kick-boxing » (une discipline qu’il avait choisie au hasard), « champion » et « France », il tomba sur un site très complet : « LA BOXE PIEDS-POINGS ». Le site traitait à la fois du kick-boxing, du full-contact, de la boxe française et du muay thaï – la « boxe thaïe ». Une des entrées proposait les listes des champions par décennies, toutes disciplines confondues : « années 80 », « années 90 », « les champions de demain »...

Dans la catégorie « 90 », Kasdan trouva sans difficulté le palmarès de Volokine, assorti d’une photo de mauvaise qualité :

CÉDRIC VOLOKINE

Deux fois champion de France Junior de muay thaï en 1995 et 1996. Né le 17 septembre 1978, à Paris. Taille : 1, 78 m. Poids : 70-72 kg. Palmarès : 34 combats, 30 victoires (23 victoires par K-O), 2 nuls, 2 défaites.

L’article signalait que l’athlète était toujours resté fidèle à son club, le « Muay Thaï Loisirs », à Levallois-Perret. Kasdan appela.

— Allô ?

Ton essoufflé. Kasdan tombait en plein cours. Il se présenta et demanda à parler au directeur.

— C’est moi. Je suis l’entraîneur du club.

— Je vous téléphone au sujet de Cédric Volokine.

— Il a des ennuis ?

— Pas du tout. Nous mettons simplement à jour nos dossiers.

— Vous êtes de la police des polices ?

L’homme s’annonçait coriace. Kasdan prit son ton le plus chaleureux :

— Non. Ma requête est purement administrative. Il nous faut le cursus exact de nos meilleurs éléments. Pour prendre des décisions d’avenir en ce qui les concerne, vous comprenez ?

Silence. L’entraîneur n’avait pas l’air convaincu – et ce n’était en effet pas très convaincant.

— Qu’est-ce que vous voulez savoir ?

— D’après nos informations, Cédric a arrêté la compétition en 1996, après avoir été deux fois champion de France Junior.

— C’est exact.

— Pourquoi n’a-t-il pas continué ? Il n’a jamais combattu dans la catégorie Senior ?

Nouveau silence. Plus long. Plus renfrogné.

— Désolé. Secret professionnel.

— Allons. Vous n’êtes ni médecin, ni avocat. Je vous écoute.

— Non. Secret professionnel.

Kasdan se racla la gorge. Il était temps d’abandonner le velours pour la matraque.

— Écoutez. Tout cela concerne une affaire peut-être plus importante que ce que j’ai bien voulu vous dire. Alors, soit on parle ensemble, maintenant, au téléphone, et tout est fini en trois minutes, soit je vous promets du papier bleu pour demain matin. Convocation au 36 et tout le bazar.

— Le 36, c’est pas la Brigade criminelle ?

— Pas seulement.

— Vous êtes de quelle brigade ?

— Les questions, c’est moi. Et j’attends toujours votre réponse.

— Je sais plus où j’en étais, marmonna l’entraîneur.

— Toujours au même endroit. Pourquoi Volokine n’a-t-il pas participé à d’autres championnats ?

— Il y a eu un problème, admit-il. En 1997. Un contrôle antidopage.

— Volokine était dopé ?

— Non. Mais ses urines n’étaient pas claires.

— Qu’y a-t-on trouvé ? Nouvelle hésitation, puis :

— Traces d’opiacés. Héroïne.

Kasdan remercia le coach et raccrocha. L’information était primordiale. Et redéfinissait complètement le jeu. On lui avait présente un jeune gars modèle, tombé dans la dope à 25 ans, au contact des dealers et des drogués.

Mais ce n’était pas l’histoire.

Pas du tout.

Bien avant la brigade des Stups, Volokine était déjà défoncé. Kasdan voyait plutôt se dessiner un môme fermé sur ses traumatismes. Un gamin qui avait tâté très tôt de la horse. Tentative pour oublier ce qu’il avait vécu dans les foyers ou auprès de son salopard de grand-père.

La même question revint le tarauder. Comment le jeune Volokine s’était-il démerdé financièrement durant ses études ? Ce n’était pas avec les mille francs mensuels du SAV qu’il avait pu s’acheter sa dose quotidienne. Il n’y avait qu’une seule solution, facile à imaginer. Volokine avait dealé. Ou s’était livré à d’autres activités criminelles.

Kasdan appela un de ses anciens collègues de la PJ et lui demanda d’effectuer un passage fichier. Après s’être fait tirer l’oreille, l’homme accepta de fouiller du côté du permis de conduire de Cédric Volokine et des appartements qu’il avait occupés durant ses études.

En 1999, alors que Volokine passait sa maîtrise de droit, l’étudiant habitait au 28, rue Tronchet, un trois-pièces de cent mètres carrés près de la Madeleine. Au bas mot, un loyer de vingt mille francs...

Dealer.

Kasdan demanda quel véhicule il conduisait. L’ordinateur mit quelques secondes à répondre. En 1998, il avait acquis une Mercedes 300 CE 24. La bagnole la plus chère et la plus branchée de l’époque. Le modèle du pur frimeur. Volokine avait 20 ans.

DEALER.

Il demanda enfin une vérification au STIC (Système de Traitement des Infractions Constatées). Le fichier qui mémorise tout – du moindre PV à la condamnation ferme. Aucun résultat. Cela ne signifiait rien. Volokine avait pu avoir des ennuis mineurs et bénéficier de l’amnistie des élections présidentielles de l’époque. Dans ces cas-là, on effaçait tout et on recommençait...

Kasdan raccrocha et se posa la question à mille euros. Qu’est-ce qui pouvait pousser un dealer défoncé, dans la force de l’âge, à s’inscrire à l’école des flics et à endosser l’uniforme pour deux années ? La réponse était à la fois limpide et tordue. Volokine avait oublié d’être con. Il savait qu’un jour ou l’autre, il finirait par tomber – et qu’il crèverait à petit feu, en taule, en état de manque. Or, où peut-on se procurer de la drogue, tout en bénéficiant d’un maximum de sécurité ? Chez les flics. Volokine était passé de l’autre côté, simplement pour s’approvisionner en toute impunité. Et à l’œil.

Tout cela n’était ni très moral, ni très sympathique.

Mais Kasdan se sentait attiré par ce chien fou qui avait bricolé avec la vie, au point de bousculer tous les repères. L’Arménien pressentait une autre vérité. La drogue et le passage aux Stups ne constituaient qu’une étape pour le Russe. Kasdan le sentait : profondément, Cédric Volokine avait choisi d’être flic pour une autre raison.

Au bout de 2 ans, il était passé à la BPM. Y mettant une fureur particulière. Le vrai combat, la vraie motivation de Volokine, c’était les pédos. Protéger les enfants. Pour cela, il lui fallait sa dose et il avait dû bosser aux Stups pour établir ses réseaux. Alors seulement, il était passé aux choses sérieuses. Sa croisade contre les prédateurs pédophiles.

En parcourant ses notes, Kasdan avait l’impression de lire la biographie d’un super-héros, comme il en lisait autrefois dans les bandes dessinées Marvel ou Strange. Un super-flic doté de nombreux pouvoirs – intelligence, courage, expertise du muay thaï, habileté au tir – mais possédant aussi une faille, un talon d’Achille, comme Iron Man et son cœur fragile, Superman et sa sensibilité à la kryptonite...

Pour Cédric Volokine, cette fêlure avait un nom : la came. Un problème qu’il n’avait jamais réussi à régler. Comme en témoignait son séjour actuel en désintox.

Kasdan sourit.

Dans toute sa carrière, il n’avait connu qu’un seul flic aux motivations aussi tordues. Lui-même.

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