X

Cependant, M. Fernand Rocher avait, à son tour, quitté la table de jeu et avait suivi le comte de Cambolh.

Celui-ci était allé s’asseoir dans un petit salon à peu près désert.

Fernand s’approcha et le salua gravement. Le vicomte lui rendit son salut du bout des doigts.

– Pardon, monsieur, lui dit Fernand, me feriez-vous l’honneur de me donner une explication ?

– Volontiers, monsieur.

Et le vicomte braqua son lorgnon sur son œil gauche et cligna son œil droit.

– Monsieur, reprit Fernand irrité de cette impertinence nouvelle, pourriez-vous m’apprendre en quel lieu vous jouez ordinairement le lansquenet ?

– Dans le monde, monsieur, dit sèchement Rocambole.

– Dans lequel ? demanda Fernand, prenant à son tour un air dédaigneux.

Le vicomte passa son lorgnon de l’œil gauche à l’œil droit et répondit :

– C’est probablement, monsieur, dans celui où j’ai l’honneur de vous rencontrer.

– Monsieur, murmura Fernand exaspéré, je suis étonné en ce cas de m’y trouver moi-même car le monde où l’on vous rencontre ne doit pas être le vrai monde.

– C’est précisément, répondit Rocambole toujours froid et railleur, ce que je me suis dit tout à l’heure en vous entendant me faire banco. Je me connais en physionomies, monsieur, et comme le jeu est pour moi une sorte de bataille, quelque chose comme un duel, j’ai l’habitude, avant de… me battre, d’examiner mes adversaires.

– Ah ! fit Fernand en pâlissant, et…

– Je vous ai regardé, monsieur…

– Eh bien ?

– Eh bien, mais, dit lentement Rocambole, paraît que je n’ai point été satisfait de l’examen, puisque j’ai refusé… le combat.

Et Rocambole se prit à rire au nez de son interlocuteur.

Alors Fernand, hors de lui, saisit le bras du vicomte.

– Votre carte, monsieur ? lui dit-il. Demain à sept heures, au bois de Boulogne.

– Monsieur, répliqua tranquillement Rocambole, je vous ferai observer qu’avant de demander leur carte aux gens, on commence par leur donner la sienne.

– C’est juste, dit Fernand qui lui jeta sa carte au nez.

Rocambole la prit, braqua dessus son lorgnon et lut :

M. Fernand ROCHER,

5, rue d’Isly.

Un sourire plein d’ironie passa alors la bouche de l’élève du baronet sir Williams.

– Mon cher monsieur, dit-il, je suis Suédois, je me nomme le vicomte de Cambolh, et, dans mon pays, les gentilshommes ne se battent jamais avec les bourgeois. Cependant, comme nous sommes en France…

– Assez, monsieur, dit Fernand Rocher. Demain, à sept heures…

– Pardon, monsieur, interrompit froidement le vicomte de Cambolh, je compte trouver, en sortant d’ici à cinq heures du matin, ma chaise de poste, y monter, et prendre la route d’Italie. Si vous avez quelque envie de vous battre, sortons sur-le-champ. Nous trouverons des épées et un terrain à deux cents pas d’ici.

– Soit, répondit Fernand.

– Par exemple, reprit Rocambole, si vous avez une femme ici, vous feriez bien de la prévenir que vous sortez pour quelques heures.

– Pourquoi ?

– Parce que vous ne rentrerez pas… Je compte bien vous tuer.

Fernand haussa les épaules.

– Venez, monsieur, dit-il.

– Monsieur, dit Rocambole en quittant avec lui le petit salon, il est deux heures du matin, et, à moins d’aller à mon cercle ou au vôtre, je crois que nous ferons fort bien de chercher ici des témoins.

– Comme vous voudrez, répondit Fernand.

Or, Fernand, qui venait pour la première fois chez le marquis de Van-Hop, n’y rencontrait précisément aucun de ces amis à peu près intimes à qui on peut demander le service dont il avait besoin en ce moment ; il était donc assez embarrassé, lorsqu’il se trouva face à face avec le major Carden.

La physionomie ouverte et la tournure militaire du major séduisirent Fernand.

Il s’approcha de lui et lui dit :

– Vous avez été militaire, monsieur ?

– Toute ma vie, monsieur.

– Alors, peut-être ne me refuserez-vous pas un léger service ?

– Parlez, monsieur, dit courtoisement le major.

– Monsieur, reprit Fernand, je viens d’être grossièrement insulté. Mon adversaire part demain matin, au point du jour, et il ne consent à me donner satisfaction qu’à la condition que le combat ait lieu tout de suite.

– Vous désirez sans doute que je vous serve de témoin ? demanda le major avec un air de naïveté qui excluait le soupçon qu’il se trouvait là tout exprès, et s’attendait par avance à jouer ce rôle.

– Précisément, monsieur, bien que je n’aie point l’honneur d’être connu de vous.

– Monsieur, répondit le major, je suis un ami du maître de cette maison, et sais ce que valent les gens qu’on y rencontre. Je suis à vos ordres.

Et le major s’inclina.

Tandis que Fernand trouvait un témoin, M. le vicomte de Cambolh cherchait le sien dans la salle de jeu.

Le vicomte, on le devine, n’avait songé à personne autre qu’à sir Arthur Collins. Il s’approcha donc de la table du lansquenet.

Mais l’Anglais n’y était plus, et Rocambole ne le rejoignit que dans la salle du bal, où il causait dans une embrasure de croisée, avec un petit vieillard ventru, que nous allons reconnaître sans doute pour une ancienne connaissance.

Ce petit vieillard, qui portait une jolie perruque blonde, avait les yeux abrités par des conserves bleues, un gilet de nankin, un pantalon noir, un habit bleu boutonné à la Berryer, et une immense cravate blanche dans laquelle sa tête ronde et son visage très coloré disparaissaient à demi.

Propret et silencieux d’ordinaire, on le voyait à peu près partout où il y avait des bals et des fêtes. Il s’asseyait dans un coin, regardait danser toute une nuit sans mot dire, et s’en allait, sur un signe des personnes qui l’avaient accompagné, avec la soumission d’un enfant.

Dans le monde où il allait, ce petit vieillard avait la réputation d’être fou.

Mais sa folie était si douce, si inoffensive, que partout on le recevait avec plaisir. Cette folie, disait-on, provenait d’un chagrin d’amour, et voici quelle était la version qui courait les salons de Paris où on le rencontrait.

Père de famille, occupant une haute position administrative, le petit vieillard avait aperçu il y avait quelques années, une jeune fille dont la remarquable beauté l’avait frappé à ce point, qu’il en était devenu éperdument amoureux.

Cet amour, d’autant plus insensé que la jeune fille, honnête et vertueuse, avait épousé, peu de temps après, un brave ouvrier, l’avait conduit à la folie, et il était persuadé qu’il avait inspiré une si violente passion à la jeune fille, qu’elle en était morte.

Il en était resté pour lui une mélancolie profonde et qui se manifestait de temps à autre par un soupir, mais jamais par une plainte.

Or, ce fou, ce petit vieillard à l’habit bleu, nous l’avons tous connu, c’était M. de Beaupréau.

M. de Beaupréau, que sa femme et sa fille adoptive avaient retrouvé, il y avait un an environ, dans une maison de fous de la province, non loin de son pays natal, à Saint-Rémy.

Qu’on nous permette à ce sujet une digression de quelques lignes et un coup d’œil rétrospectif vers la première partie de cette histoire.

M. de Beaupréau, on s’en souvient, avait été surpris par Léon Rolland dans la maisonnette du parc de Bougival, et l’ouvrier était arrivé juste assez à temps pour sauver sa fiancée et arracher Cerise aux violences du chef de bureau.

Que s’était-il passé alors entre lui et M. de Beaupréau, tandis que M. de Kergaz, sur les indications de Cerise défaillante, volait au secours de Jeanne, qui se débattait aux mains de sir Williams.

Cerise, vaincue par le narcotique, n’avait point tardé à tomber à la renverse, si bien que Léon, effrayé, la crut morte et perdit la tête à ce point, qu’il oublia M. de Beaupréau. Celui-ci retrouva un peu de présence d’esprit et s’esquiva.

À partir de ce moment, on ne l’avait plus revu, et il était probable qu’il avait rejoint sir Williams, qui, lui aussi, disparut pendant cette nuit-là.

Du reste, l’indignation de madame de Beaupréau et d’Hermine était telle, elles avaient un si grand mépris du misérable, qu’elles ne firent aucune démarche pour s’enquérir de ce qu’il était devenu.

Cependant, au bout de trois années, Hermine, à présent madame Fernand Rocher, reçut une lettre de province qui l’étonna profondément.

Cette lettre, datée de Saint-Rémy, en Provence, était signée du directeur de l’hospice des aliénés de cette ville ; elle apprenait à madame Rocher que son père, dont on était parvenu, non sans peine, à constater l’identité, se trouvait au nombre des pensionnaires de l’hospice, et que sa folie, douce et calme, n’était aucunement dangereuse.

Madame de Beaupréau et sa fille, en apprenant l’infortune du misérable, lui pardonnèrent, et montèrent en chaise de poste pour l’aller chercher.

M. de Beaupréau était parfaitement fou, et dans l’impossibilité de dire ce qui lui était arrivé et ce qu’il avait fait depuis trois années.

Alors, la mère et la fille, voyant dans ce châtiment la main de Dieu, rouvrirent leurs bras au vieillard et le ramenèrent à Paris. Dès lors, M. de Beaupréau reprit sa place au foyer de la famille, et se trouva, pour ainsi dire, métamorphosé.

L’homme acariâtre, bilieux, avare, qui tourmenta sa femme pendant quarante années, avait, comme par enchantement, fait place à un vieillard doux, affectueux, au sourire mélancolique.

On n’aurait jamais reconnu en lui le Beaupréau des anciens jours, si parfois le nom de Cerise ne fût venu errer sur ses lèvres.

Ce nom était le seul lien qui semblât l’attacher au passé.

Hermine s’était prise à l’aimer ; Fernand et elle l’emmenaient toujours avec eux dans le monde.

Quelquefois même, si une affaire importante empêchait le jeune mari d’accompagner sa femme, il la confiait sans répugnance à M. de Beaupréau, lequel n’était fou que lorsqu’il parlait de Cerise, et se montrait fort raisonnable en toute autre chose.

Il n’avait qu’une manie, celle de s’habiller parfois comme les infirmiers de la maison de fous.

C’était donc avec M. de Beaupréau que causait l’Anglais sir Arthur Collins, ou, si vous l’aimez mieux, le baronet sir Williams.

– Beau-père, disait le baronet, avouez que vous ne m’auriez jamais reconnu sous ce costume, et avec ma face de Peau-Rouge.

– J’en conviens, répondit de Beaupréau ; mais convenez aussi, mon digne gendre in partibus, que je me suis conduit assez bien depuis que je suis rentré dans ma chère famille.

– D’accord, papa, vous êtes un fou modèle ; vous jouez votre rôle à merveille.

– N’est-ce pas ? fit le Beaupréau avec un mouvement de légitime orgueil. Oh ! comme nous leur avons bien donné le change, hein ?

– L’histoire de Saint-Rémy est parfaite… Ah ! mon cher monsieur de Beaupréau, murmura sir Williams en riant, on voit bien que vous n’avez pas renoncé à Cerise.

– Certes, non, mon gendre.

– Vous avez raison, papa. Il n’y a que les imbéciles qui renoncent à quelque chose, et les mauvais joueurs qui s’arrêtent à la première partie.

– Ah ! fit le vieillard, dont le regard devint brillant derrière ses lunettes bleues, nous avons perdu une belle manche ! Dix minutes de plus, j’enlevais la petite.

– Bah ! fit sir Williams, patience ; aux derniers les bons ! Nous aurons notre revanche, papa.

– Ainsi, murmura de Beaupréau, vous croyez…

– Je crois que si vous êtes gentil, et que vous fassiez tout ce que je vous demande, je parviendrai à vous ménager quelque jour un moment d’entretien avec Cerise, dans quelque solide maison dont son mari ne pourra pas enfoncer les portes.

– Ah ! fit le Beaupréau avec un accent de joie profonde et cruelle.

– My dear, continua le baronet, qui veut la fin veut les moyens. Grâce à mon imagination, vous êtes rentré dans vos pénates, on vous y a reçu à bras ouverts, on vous y traite comme un coq en pâte, et comme tous vous croient fou, personne n’a la moindre défiance de vos actions.

– Eh bien ?

– Eh bien ! voilà une situation dont il faut tirer parti, vertudieu ! et, dès ce soir, je vous nomme mon lieutenant pour une petite opération que j’ai conçue.

– Voyons ? fit de Beaupréau.

– Aimez-vous beaucoup votre gendre ?

– Fernand ? Ah ! le monstre ! murmura l’ex-chef de bureau, si je pouvais l’étrangler !

– Seriez-vous bien aisé qu’il eût… des malheurs ?

– J’en serais ravi.

– Très bien ! Alors, regardez.

Et sir Williams montra à M. de Beaupréau le jeune comte de Château-Mailly assis auprès d’Hermine.

– Un beau garçon, ma foi ! murmura le prétendu fou.

– Il va venir causer avec vous tout à l’heure. Il se nomme le comte de Château-Mailly, et prétendra vous avoir connu beaucoup. Comme vous êtes fou, cela n’a rien d’extraordinaire pour lui. Vous feindrez de le reconnaître, et le présenterez officiellement à votre fille. Demain, je vous donnerai de plus amples instructions.

Et, comme le faux sir Arthur vit venir à lui Rocambole, il laissa M. de Beaupréau dans l’embrasure de la croisée.

– C’est fait, lui dit Rocambole. Notre homme me suit.

– Oh ! yes ! fit le baronet.

Et il suivit à son tour M. le vicomte de Cambolh, qui s’esquivait hors du salon.

En route, sir Williams rencontra le comte de Château-Mailly.

– Vous voyez, lui dit-il tout bas, ce petit monsieur qui a un habit bleu et un gilet de nankin ?

– Oui, dit le comte.

– Eh bien ! c’est le père.

– Allez-vous me présenter ?

– Non, vous vous présenterez fort bien vous-même. Ce bonhomme est fou. Une de ses manies consiste à croire reconnaître tout le monde. Allez à lui, appelez-le par son nom ; il s’appelle M. de Beaupréau et a été chef de division aux affaires étrangères. Dites-lui que vous l’avez beaucoup connu dans le monde, il y a trois ou quatre ans. Il sera ravi, vous appellera son cher ami et vous introduira chez la belle.

– C’est bien, dit le comte ; j’y vais sur-le-champ.

Pendant ce temps, Fernand s’approchait de sa femme et lui disait :

– Ma chère amie, ne m’en veuillez pas, je vais quitter le bal, où vous vous amusez, et vous laisser sous la tutelle de M. de Beaupréau.

– Comment ! dit Hermine d’un ton boudeur, vous partez ?

– Oh ! je serai rentré à l’hôtel dans une heure au plus tard… du moins je l’espère.

– Vous… l’espérez ? fit la jeune femme inquiète. Mon Dieu ! que vous arrive-t-il ?

Fernand se prit à sourire :

– Rassurez-vous, dit-il, j’ai une bonne œuvre à faire… Vous savez que je ne m’appartiens pas toujours.

Ce mensonge coûtait à Fernand Rocher, mais il le dispensait de toute autre explication et lui permettait de quitter le bal sans alarmer sa jeune femme.

Il s’approcha de M. de Beaupréau et lui dit :

– Papa, vous reconduirez Hermine, n’est-ce pas ?

– Oui, fit le petit vieillard d’un signe.

Le vicomte de Cambolh et son témoin étaient déjà sur la première marche du perron, et Fernand se hâta de les rejoindre en compagnie de M. le major Carden.

Ce fut après que Fernand Rocher eut quitté le bal, que le jeune comte de Château-Mailly s’approcha de l’ancien chef de bureau aux affaires étrangères.

– Bonjour, monsieur de Beaupréau, lui dit-il en souriant et d’un ton dégagé.

M. de Beaupréau le regarda, parut un moment étonné, puis se frappa le front :

– Pardonnez-moi, mon cher ami, dit-il, mais j’ai une mémoire déplorable ; j’oublie toujours les noms de mes plus intimes.

– J’en étais jadis, fit le comte en lui prenant familièrement la main et la serrant. Ne reconnaissez-vous pas votre jeune ami d’il y a deux ou trois ans ?

– Oh ! si fait… si fait… Mais… le nom ?

– Le comte de Château-Mailly.

– Parbleu ! s’écria M. de Beaupréau, qui décidément était devenu très bon comédien à l’école de sir Williams, je ne connaissais que vous, mon très cher…

Et il lui serra les deux mains.

Alors M. de Château-Mailly s’efforça de persuader au prétendu fou qu’ils s’étaient rencontrés cent fois et dans tous les mondes, et M. de Beaupréau continua à se montrer empressé, affectueux.

Cette comédie, l’œuvre du génie de sir Williams, se trouva ainsi jouée de la meilleure foi du monde.

– Mais, dit tout à coup M. de Beaupréau, vous avez fait danser ma fille tout à l’heure ?

– Votre fille ? fit ingénûment le comte.

– Sans doute, ma fille, cette dame avec qui vous causiez tantôt, là-bas.

– En vérité ! une femme belle et charmante. C’est votre fille ?

– Oui, madame Fernand Rocher.

– Alors, dit le comte, faites-moi un plaisir, présentez-moi.

– Volontiers, venez.

Et le petit vieillard à lunettes bleues reprit le comte par la main.

Ils se croisèrent avec madame Malassis.

La veuve, après avoir échangé maintes œillades avec le vieux duc de Château-Mailly, s’apprêtait à quitter le bal.

Le duc, qui, sans doute, attendait ce moment avec impatience et se trouvait à l’extrémité opposée du salon, se précipita et voulut fendre la foule pour offrir sa main à la belle veuve ; mais déjà madame Malassis et le jeune comte de Château-Mailly se trouvaient face à face.

La veuve était trop habile pour ne point sourire à celui qu’elle allait bientôt dépouiller de son héritage.

Le comte était trop homme du monde pour ne point saluer et sourire à son tour.

Mais dans son salut et son sourire, il perça comme un dédain ironique et nuancé d’impertinence.

– En vérité, mon cher comte, lui dit la veuve à l’oreille, il me semble que vous vous plaisez fort en la compagnie de ce petit vieux.

– Peut-être, madame.

– A-t-il de l’esprit ?

– Presque autant que vous.

– Ah ! vraiment ! minauda la veuve.

– Parole d’honneur ! il conte à ravir.

– En vérité.

– Et il me narrait tout à l’heure, là-bas, poursuivit le comte d’un ton moqueur, une histoire des plus amusantes.

– Vous me la redirez ?

– Oh ! c’est un peu long…

– Mais encore ?

– Eh bien, c’est l’histoire d’un vieillard plus que sexagénaire qui a la folie de se remarier… d’épouser une intrigante… et de déshériter sa famille à son profit.

Et le comte salua la veuve avec une rare impertinence et passa.

Pendant un moment, madame Malassis demeura pâle et comme suffoquée de tant d’audace.

Mais le vieux duc accourait, empressé, plus amoureux que jamais.

Alors un sourire vint aux lèvres de la veuve.

– À nous deux, mon cher comte ! dit-elle.