CHAPITRE XXI

Dans les entrailles glacées du cadavre qui l’abritaient, l’Oundni sentit l’ordre traverser sa somnolence tel un éclair brûlant et douloureux. Il se débattit en tous sens, cherchant une fois encore à s’échapper de sa détestable prison. Mais les Sept Clous tenaient bon. L’enchantement était encore trop vivace pour qu’il puisse enfin déchirer l’outre de chair putride et retrouver les jungles tropicales qui constituaient son domaine naturel. Bientôt viendrait l’heure de la délivrance, le retour aux nuits chaudes et aux temps oubliés.

Mais avant, l’Œuvre devrait s’accomplir.

La volonté du Maître était toujours la plus forte.

À contrecœur, il fit de nouveau mouvoir sa misérable enveloppe humaine. Il se dressa lentement sur son séant, laissant émerger son corps roidi du sable tassé par le ressac. Il tourna la tête en direction de la maison qui se dressait au-dessus de la plage, balisée par des lanternes chahutées par le vent. Son retour aux eaux calmes de l’obscurité millénaire passait par le sang de ces misérables proies. Il s’extirpa de sa fosse et marcha vers les lumières.