CHAPITRE XII
La créature nue et ruisselante de pluie attendit que toute agitation ait cessé au-dessus de sa tête. Derrière ses paupières clouées dansait l’image du grand homme maigre dont la présence avait empêché le déroulement de sa mission. Cet homme avait sauvé l’enfant. Il émanait de lui un grand danger. Des forces insolites s’agitaient dans son ombre…
L’Oundni savait reconnaître un ennemi lorsqu’il en rencontre un, fût-il seulement humain.
Quand il fut certain que toute menace était écartée, il se dressa sur son séant, surgissant de la tombe qu’il avait creusée avec ses seuls ongles dans la boue du jardinet des Farmer, un instant avant l’arrivée de la police. Il avait attendu là jusqu’au dernier moment une opportunité pour mener sa tâche à bien. En vain. Maintenant, sa proie lui avait échappé.
Mais la volonté de l’Oundni était inébranlable. Et grand le pouvoir qui le retenait enchaîné à l’intérieur de son corps.
Il jaillit hors des buissons et, à la faveur des espaces d’ombre qui morcelaient la rue, suivit la piste. Sur son corps d’ébène maculé de terre, sept points dorés luisaient dans la clarté blafarde des réverbères, pareils aux repères d’une constellation abandonnée dans un ciel maudit…