15
En compagnie d’Arkoniel, Iya passa l’été dans les provinces les plus méridionales. Et elle finit par y découvrir, dans un infime hameau de pêcheurs au nord d’Erind, la résidence d’une très vieille magicienne appelée Ranaï qui toute jeunette s’était battue durant la Grande Guerre aux côtés de son maître et y avait reçu une blessure abominable. Quoique prévenu du spectacle qui l’attendait, le jeune homme ne put se défendre d’un mouvement de recul intérieur quand, répondant aux coups frappés à sa porte, celle-ci lui apparut pour la première fois.
Ce n’était guère qu’un brin de femme minuscule et plié en deux. Tout en la rendant infirme de la jambe gauche, le démon d’un nécromancien lui avait labouré le côté gauche du visage avec des griffes de feu, et la chair faisait sur les os des risées de cire blafardes qui demeuraient inertes lorsqu’elle souriait ou qu’elle parlait.
Peut-être était-ce à cause de cela, supposa-t-il, qu’elle était venue s’enterrer dans ce trou perdu. Il n’en avait pas moins le poil des bras tout hérissé par la puissance qui émanait d’elle.
« Salut à vous, maîtresse Ranaï, dit Iya en s’inclinant avec déférence. Vous souvenez-vous de moi ? » La vieille la lorgna un moment avant de se décider à sourire.
« Hé, mais tu es la petiote d’Agazhar, si je ne m’abuse ? À part que tu n’es plus du tout petiote...
Entre donc, ma chère. Et tu as un disciple à toi, maintenant, à ce que je vois. Entre et sois le bienvenu au coin de mon feu, jeune homme. »
Tandis qu’allant et venant cahin-caha de la table à l’âtre elle leur servait de la soupe et du pain, la pluie se mit à crépiter gaiement sur le toit de chaume. Du fromage et une gourde de bon vin achetés au village constituèrent leur contribution personnelle au souper. Par l’unique fenêtre de la masure pénétraient avec la brise nocturne un parfum d’églantines et l’odeur de la mer.
Il ne fut question durant le repas que de bagatelles mais, une fois la table desservie, Ranaï darda son œil valide sur sa visiteuse et lança :
« Ce n’est pas pour rien que tu es venue par ici, m’est avis. »
Arkoniel se cala, verre en main. La conversation qui s’annonçait là, c’est par cœur qu’il la connaissait.
« Vous arrive-t-il jamais, Ranaï, de vous demander ce que nous autres, magiciens, serions en mesure d’accomplir si nous groupions nos intelligences ? » s’enquit Iya.
Et voici la deux cent treizième fois qu’elle le fait, songea Arkoniel. Il en tenait un compte scrupuleux.
« Ce dont sont susceptibles des magiciens, pour le bien comme pour le mal, ton maître et moi l’avons vu de nos propres yeux, répondit Ranaï. N’as-tu parcouru tout ce long chemin que dans ce but ? Que pour me poser cette question-là ? »
Iya se mit à sourire.
« Rares sont ceux avec qui je puis m’épargner les ambages dans ce domaine, mais je ne vais pas en prendre avec vous. Quelle est votre position vis-à-vis du roi ? »
La partie intacte du visage de Ranaï prit un air bien connu de surprise et d’espoir. Sur un simple geste de sa main, la fenêtre se referma d’elle-même.
« Tu as rêvé d’elle !
— De qui ? » rétorqua Iya d’un ton placide qui n’empêcha pas Arkoniel de la sentir violemment émue.
Leurs pas les avaient menés auprès d’une recrue de plus...
« La reine Navrée, je l’appelle, souffla Ranaï. Les rêves ont débuté voilà quelque vingt ans, mais voici qu’Illior les dispense à présent plus souvent, surtout par les nuits d’entre-cycle lunaire. Des fois elle est jeune et des fois elle est vieille. Des fois victorieuse et des fois un cadavre. Jamais je ne vois nettement sa figure, mais toujours émane de sa personne une impression de chagrin profond. Elle existe réellement ? »
Iya ne répliqua pas. Elle se gardait aussi invariablement de répondre à ce genre de questions que d’exhiber le bol qu’elle trimbalait dans sa vieille sacoche de cuir.
« J’ai bénéficié d’une vision, à Afra. Arkoniel m’en sera témoin. Elle m’a permis de voir la destruction d’Ero, puis une cité nouvelle et une nouvelle ère de magiciens. Mais c’est une reine qui doit régir cette cité nouvelle. Jamais Erius n’admettra que cela se produise, vous le savez. Des Quatre, c’est de Sakor qu’il est le sectateur, alors que c’est Illior qui protégea Skala durant la Grande Guerre, et Illior qui l’a protégée depuis. Et que c’est également la main d’Illior qui s’étend sur les magiciens. Avons-nous si bien servi l’Illuminateur en restant, nous, les bras croisés, comme des fainéants, durant toutes ces années où se foulait aux pieds et se bafouait la grande prophétie révélée à Thelâtimos ? »
Ranaï entreprit de tracer des sortes de figures dans un rond de vin qui maculait la table.
« Voilà une question que je me suis posée moi-même. Comparé à sa mère, Erius n’a toutefois pas été un souverain si calamiteux, il ne vivra pas éternellement. Même moi, je pourrais lui survivre. Quant à ces horreurs concernant les héritières présomptives..., elles ne sont hélas pas sans précédent. Pelis, le propre fils de Ghërilain, n’usurpa-t-il pas le trône à sa sœur ? et...
— Et la contrée se trouva frappée d’un fléau dont il fut victime avec des milliers d’autres dans l’année », estima devoir lui remémorer Arkoniel.
Elle n’eut qu’à hausser un sourcil pour qu’il ait un bref aperçu de la grande bonne femme qu’elle avait été.
« Ne me la fais pas sur l’histoire, jeune homme. J’étais là. Les dieux eurent tôt fait d’abattre Pelis. Mais voilà aujourd’hui plus de deux décennies que gouverne Erius. Peut-être est-il fondé à invoquer une mauvaise interprétation de l’Oracle. Et tu sais aussi bien que moi que sa mère avait beau descendre de Thelâtimos, elle était mal bâtie pour régner.
— Peut-être avait-elle été envoyée pour nous éprouver », riposta-t-il, non sans s’efforcer de conserver le ton déférent qu’exigeait la différence d’âge. Mais cela faisait dix ans et des milliers de lieues qu’il ruminait ce sujet-là. « Le roi Pelis n’eut à subir que l’épouvante d’un seul fléau. Depuis qu’il s’est arrogé le trône, Erius en a essuyé, lui, des douzaines, encore, j’en conviens, que de moindre ampleur. Mais s’il s’agissait là d’avertissements ? S’ils indiquaient que la patience de l’Illuminateur finit par être à bout ? Ce qu’Iya a vu à Afra...
— As-tu entendu parler des Busards, jeune homme ? jappa Ranaï. Le sais-tu, que le magicien du roi s’est prescrit pour office la traque de sa propre espèce ?
— Oui, Ranaï, intervint Iya. Nous les avons vus à l’œuvre.
— Les avez-vous vus mettre à mort quelqu’un que vous connaissiez ? Non ? Eh bien, moi si. J’ai dû assister, impuissante, au supplice d’un ami très cher, un magicien qui, après avoir successivement servi quatre reines, fut brûlé sur un cadre d’if, rien que pour avoir parlé tout haut d’un rêve fort semblable au mien - tout comme au tien, je gage. Brûlé vif pour s’être permis d’évoquer un rêve ! Figurez-vous, si vous pouvez, de quels pouvoirs doivent disposer les Busards pour se montrer capables d’assassinats aussi cruels. Surtout qu’ils ne persécutent pas que nous, mais quiconque ose se prononcer contre la succession des mâles. Les Illiorains tout spécialement. Quant à sa propre sœur, s’il est vrai, par les Quatre, qu’Erius l’ait tuée lui-même... »
Arkoniel en lâcha sa coupe, et la table fut tout éclaboussée de vin.
« Ariani est morte ? »
Les courriers de Nari n’avaient cessé de leur parvenir aux adresses convenues et à intervalles réguliers.
Comment pouvait-elle avoir négligé de les informer d’une telle nouvelle ?
« L’an passé, si ma mémoire est bonne, disait Ranaï. Vous la connaissiez ?
— Oui, répondit Iya avec un calme si invraisemblable qu’Arkoniel en demeura pantois.
— Dans ce cas, je suis désolée de vous avoir appris si brutalement sa disparition, s’excusa la vieille.
— Et c’est le roi qui l’a tuée ? » s’arracha de la gorge Arkoniel, tant le suffoquait l’émotion.
Elle haussa les épaules.
« Ça, je n’en suis pas certaine, mais les relations sont unanimes, il se trouvait là lorsqu’elle a péri. Ainsi, vous voyez, elle était la dernière, et le prince Korin héritera du trône. Peut-être est-ce lui qui nous engendrera notre reine Navrée.
— Peut-être bien », murmura Iya, et Arkoniel sut qu’elle ne dirait plus à leur hôtesse un traître mot de sa vision.
Un silence embarrassé s’abattit sur la pièce. Non sans refouler tant bien que mal ses larmes, Arkoniel évitait le regard vigilant d’Iya.
« J’ai loyalement servi Illior et Skala », reprit finalement Ranaï d’un ton accablé qui trahissait l’âge. Ses doigts effleurèrent son visage en ruine. « Un rien de paix, voilà le seul vœu que j’aie jamais fait... »
Iya hocha la tête. « Pardon de vous importuner. Si les Busards se présentent ici, que leur direz-vous ? » La vieille magicienne eut la bonne grâce de paraître honteuse.
« Je n’ai rien à leur dire. Je vous en donne ma parole.
— Merci. » La main d’Iya vint se poser sur la main ravagée de Ranaï. « La vie est longue, mon amie, et faite non pas de pierre mais d’eau et de fumée. Prions que des jours meilleurs président à nos prochaines retrouvailles. »
Un horrible soupçon s’enracina dans le cœur d’Arkoniel lorsque, au sortir de chez la magicienne, il emprunta sur les talons d’Iya le chemin bourbeux qui s’enfuyait loin du hameau. Il ne se sentait pas encore capable d’en parler ; il ne savait trop s’il aurait la force d’en supporter la confirmation.
Ils établirent leur camp sous un sapin colossal, non loin de la mer. Après qu’Iya eut chantonné un charme destiné à éloigner l’humidité, lui-même en fit agir un qu’il avait récemment peaufiné pour qu’à leurs pieds vienne flotter de façon stable une sphère de feu noir.
« Ah, que c’est agréable l » Iya retira ses bottes crottées pour se réchauffer les orteils. « De la belle ouvrage. »
Ils demeurèrent assez longtemps à écouter sans bouger la rumeur de la pluie mêlée au battement régulier des vagues sur les récifs. Arkoniel brûlait d’aborder le sujet d’Ariani, il brûlait d’entendre de la propre bouche d’Iya qu’il était ridicule avec ses noirs soupçons, mais les mots nécessaires avaient l’air de se dérober, le chagrin lui obstruait la gorge comme un caillou.
« J’étais au courant, convint-elle enfin, lui réduisant le cœur en cendres.
— Depuis combien de temps ?
— Depuis que c’est arrivé. Nari me l’avait fait savoir.
— Et vous ne me l’avez pas dit ? »
Incapable de la regarder, il scrutait le ciel à travers les branches du sapin. Il n’avait cessé durant toutes ces années d’être hanté par le souvenir de la nuit terrible qui les avait vus conjurés pour fabriquer cet enfant bizarre et pour trahir cette femme adorable. Ils n’étaient pas revenus à EIO depuis - Iya l’interdisait encore -, mais lui s’était toujours imaginé qu’un jour ils y retourneraient, n’importe comment, mettre les choses à nouveau d’aplomb...
Il sentit une main lui presser l’épaule.
« Pourquoi ne me l’avoir pas dit ?
— Parce qu’il n’y avait rien à faire. Que l’enfant n’a pas encore atteint l’âge requis. Erius n’a pas tué sa sœur, du moins pas directement. Ariani s’est précipitée par la fenêtre d’une tour. Il semblerait qu’elle ait aussi voulu entraîner le petit dans la mort. Nous n’avons absolument rien à faire là-bas.
— C’est ce que vous n’arrêtez pas de répéter ! » Il essuya rageusement les larmes qui gonflaient ses yeux. « Je ne doute pas que nous agissions conformément à la volonté d’Illior. Jamais je n’en ai douté. Mais êtes-vous tout à fait sûre que nous sommes censés l’accomplir comme ça ? Près de dix ans se sont écoulés, Iya, et pas une seule fois nous ne sommes retournés nous assurer qu’elle allait bien, qu’elle s’en tirait, malgré le guêpier où l’avait laissée Lhel, ou la seconder, le cas échéant. Et maintenant que l’enfant ne l’a plus, vous persistez à prétendre que nous attendent des tâches plus importantes ? »
Trop bouleversé pour rester là comme une souche, il délaissa l’abri du sapin pour gagner la grève à grandes enjambées. C’était marée haute, et le miroir lisse des flots, qu’altérait seulement le crépitement capricieux de la pluie, reflétait comme un fil lumineux la lueur d’un fanal, au large. Arkoniel se vit en pensée nager jusqu’au navire et prier qu’on l’engage comme marin. À force de charger, décharger, manœuvrer les écoutes, il finirait bien par avoir les mains en sang et la cervelle à jamais délivrée de ces histoires de magie, d’esprits ou de femmes tombant dans le vide...
Ô illior ! pria-t-il en silence, la face levée vers la gravitation de la lune au-delà des nuages, tout en arpentant le bord de la mer, comment se peut-il que telle soit votre volonté, si j’en ai le cœur qui se brise ? Comment se peut-il que j’aime et suive pour maître un être capable de regarder sans sourciller des horreurs pareilles et d’établir un tel silence entre nous ?
Au fond de son cœur, il n’ignorait nullement qu’il chérissait toujours Iya, qu’il lui faisait encore confiance, et pourtant il y avait un défaut d’équilibre fondamental entre les moyens et la fin qu’il semblait être seul à ressentir. Mais comment cela se pouvait-il, alors qu’il n’était rien d’autre que son disciple, un magicien de rien du tout ?
Il s’immobilisa puis, se laissant choir à genoux, se prit la figure à deux mains. Il y a quelque chose qui cloche. Il y a quelque chose qui nous manque, sinon à elle, en tout cas à moi.
Depuis Afra.
Il avait parfois l’impression que son existence avait connu un tout nouveau départ, en ce fatal jour d’été. Le front calé sur ses genoux, il s’imagina l’éclat du soleil, l’âcreté de la poussière, le contact lisse et brûlant de la stèle exposée à la canicule. Il revécut les fraîches ténèbres de l’antre où se tenait l’Oracle et où il s’était agenouillé pour recevoir l’étrange réponse qui n’avait rien eu d’une réponse et revit sa vision de lui-même tenant dans ses bras un garçonnet à cheveux sombres...
À ce souvenir, une paix bizarre s’empara de lui.
L’enfant. Lequel des deux ?
Du coup, ce qui l’empoigna, ce fut la fureur glacée de l’esprit du nouveau-né assassiné, et il en eut les mains toutes roidies, la carcasse tout endolorie. Pendant un instant, il crut se trouver à nouveau planté sous le châtaignier, l’œil attaché sur le pauvre petit corps qu’engloutissait peu à peu la terre.
La magie de la sorcière n’avait pas suffi pour retenir au fond du trou l’esprit furibond.
La vision cérébrale se fit de plus en plus vive en changeant de forme et de contours. Un enfant tâchait de s’arracher de la fosse, à ses pieds, malgré l’effroyable emprise des racines et de la terre battue. Arkoniel lui saisit les mains et, tout en tirant dessus, plongea ses regards dans des prunelles qui n’étaient pas noires mais d’un bleu très sombre. Cependant les racines refusèrent de lâcher leur proie, dont elles emprisonnaient toujours les bras et les jambes. L’une d’entre elles, qui lui avait perforé le dos, sortait de sa poitrine à l’endroit où le ruban de peau cousu par Lhel avec des points plus fins que des cils camouflait la plaie. L’arbre s’abreuvait du sang du petit. Et celui-ci se flétrissait visiblement sous les yeux d’Arkoniel.
Le froid monstrueux persistait à le tenailler si fort qu’il tremblait de tous ses membres et titubait comme un vieillard quand il finit par se résoudre à retourner, pas après pas, vers le sapin.
Les magiciens ont beau bénéficier d’une vue assez bonne dans le noir, ce que perçut Iya lorsqu’il s’approcha en trébuchant l’incita à battre le briquet.
Il avait le teint terreux sous sa maigre barbe, l’œil hagard et bordé de rouge.
« À Afra ! hoqueta-t-il en s’affaissant à genoux près d’elle. Ma vision. Celle que je n’ai pas su... Tobin est ma voie. C’est pour ça que ... Oh, Iya, il faut que je parte ! Il nous faut partir !
— Que bafouilles-tu là ? Qu’y a-t-il, Arkoniel ? » Elle lui prit la figure entre ses deux mains, colla son front contre le sien. Il tremblait comme un homme atteint des pestes de printemps, mais sans la moindre apparence de fièvre. Il avait la peau glacée. Elle tâtonna prudemment du côté de son esprit et, sur-le-champ, se vit accorder une vision : campé sur une haute falaise qui dominait des flots outremer, Arkoniel scrutait l’occident. Juste en avant de lui se tenaient, beaucoup trop près du bord, les jumeaux d’Ariani, désormais grands et sveltes. Des rayons d’or les enveloppaient avec le jeune magicien dans un même nimbe lumineux.
« Vous voyez ? » Il se recula, lui prit les mains, puis l’entretint de la vision macabre qui l’avait auparavant visité sur la grève. « il me faut aller rejoindre l’enfant. Je dois coûte que coûte voir Tobin.
— Très bien. Pardonne-moi de ne pas te l’avoir dit. Ma propre vision... » Elle tendit ses mains vides, paumes en l’air. « Ce que j’ai devant moi est tellement limpide et néanmoins tellement obscur... Du moment que le petit vit, j’ai d’autres tâches qu’il me faut remplir. l’ai omis, sans doute, de me rappeler quel laps de temps s’était écoulé depuis la mort d’Ariani, omis de me rappeler que le temps passe infiniment plus vite pour toi que pour moi. Mais tu dois me croire quand je t’affirme que je n’ai nullement oublié l’enfant. C’est pour sa sécurité que nous avons gardé nos distances toutes ces années, et veiller à ne pas attirer l’attention d’Erius sur la demeure de Tobin me semble encore plus vital aujourd’hui, où il se défie de tous les magiciens qui ne sont ses sbires. »
Elle s’interrompit, subitement frappée par une réflexion nouvelle. À deux reprises elle avait entrevu posée sur Arkoniel la main de l’Illuminateur, mais alors que celui-ci apparaissait dans ses visions à elle, jamais elle n’apparaissait dans ses visions à lui. Elle fut attristée du constat, non sans une pointe d’effroi.
« Enfin bref..., apparemment il te faut y aller », conclut-elle.
Il lui baisa les mains.
« Soyez remerciée, Iya. Je ne resterai pas longtemps absent, je vous le promets. Je veux simplement m’assurer que l’enfant se porte bien et m’efforcer de déchiffrer le message qu’Illior s’évertue à me délivrer. S’il m’est possible de trouver un bateau demain, je serai de retour dans une semaine. Où devrai-je vous rejoindre ?
— Rien ne nécessite une telle hâte. Conformément à nos projets, je vais poursuivre vers Ylani. C’est là que tu m’enverras des nouvelles après avoir rencontré l’enfant... » Et voilà que ça la reprenait, ce serrement de cœur. « Puis nous verrons bien. »