Chapitre 15

Navré de vous déranger, mais je voulais vous prévenir que j’étais rentré.

La voix grave d’Ezra venait de résonner dans la pièce, et mon cœur faillit s’arrêter. Je jetai un coup d’œil par-dessus mon épaule et le vis sur le seuil du salon.

— Et merde ! grogna Jack.

Nous avions cessé de nous embrasser, et il me laissa descendre de ses genoux. Il nous enveloppa tous les deux sous les couvertures en gardant son bras autour de moi. Bien serrée contre lui, je m’enfouis la tête dans son épaule et tentai de me cacher sous la couette.

— Est-ce que tu cherches absolument à la faire tuer ? demanda Ezra d’un ton las.

En guise de réponse, Jack baissa les yeux au sol. Ezra éclaira la pièce, puis s’approcha et prit place dans le fauteuil en face de nous. Il se cala contre le dossier et croisa les jambes.

— Alors ? lança-t-il, le regard braqué sur nous.

— Quoi ? répliqua Jack.

Je me blottis encore plus serrée contre lui.

— J’attends que tu m’expliques ce qui te prend. (Ezra posa la main sur le menton, et scruta Jack avec gravité.) Où crois-tu que tout cela va vous mener ?

— Je… je n’en sais rien, bredouilla Jack en se frottant la nuque. Je n’y ai pas vraiment pensé. On s’amusait, rien de plus.

— C’est donc ton argument pour ça et pour l’avoir amenée au club ?

Jack hocha la tête.

— Je vois, reprit Ezra.

— Ce n’était… (Jack me désigna d’un geste, puis se mit à bafouiller.) Ce n’était rien. Je veux dire, je maîtrisais la situation.

— Jack, je suis désolé de te l’apprendre mais, dès qu’Alice est impliquée, tu ne contrôles plus rien, lui annonça sèchement son frère. Franchement, que penses-tu qu’il se serait produit si je n’étais pas arrivé ? Tu crois que tu aurais pu t’arrêter ?

Jack tressaillit et s’éloigna de moi.

— J’ai déconné, soupira-t-il. Je comprends. Je fais toujours tout foirer. Inutile de remuer le couteau dans la plaie.

— C’est ce que tu crois que je fais ? s’étonna Ezra, manifestement blessé. J’essaie de vous garder tous les deux en vie.

— Je la protège, se défendit Jack.

Ezra fronça les sourcils et secoua la tête.

— Dans une boîte de vampires ? Jack, sérieusement ? As-tu oublié ce que tu as vécu en tant qu’humain ? Tu as failli mourir. Les vampires ont beau tenter de vivre de manière civilisée, tu sais ce dont ils sont capables.

— Milo avait envie de voir à quoi ça ressemblait, et Alice voulait sortir s’amuser.

Jack changea de position. Désormais, il ne me touchait plus. Une désagréable distance de plusieurs centimètres nous séparait.

— J’y étais déjà allé, poursuivit-il, et les gens s’y rendent tout le temps et en ressortent indemnes.

— Il suffit de peu pour que tout bascule, affirma Ezra calmement. Elle est si fragile.

— Dans ce cas, pourquoi est-ce qu’on ne peut pas la transformer ? protesta Jack. Comme ça, plus personne ne s’inquiéterait que je la tue par mégarde.

— Tu sais très bien que, pour l’instant, c’est impossible.

Ezra se frotta les yeux, l’air fatigué.

— Pourquoi ? demanda Jack.

— Milo est trop jeune. Et les nouveaux vampires sont bien trop dangereux, soupira Ezra. Ils ont besoin d’une assistance convenable pour éviter de devenir des êtres effroyables. La morale et la retenue sont indispensables à notre survie. Nous avons la puissance et la force de tout détruire si nous ne menons pas une existence discrète et modérée.

— Mais nous sommes tous là ! insista Jack, de plus en plus énervé. On est trois, et ils seraient deux. Ça irait !

— Tu dis ça parce que c’est le contexte que tu as connu dès le début, annonça Ezra d’un ton à la fois affectueux et épuisé. Nous avons toujours été stables et calmes, à t’apporter un soutien. Tu ignores ce qui se passe quand les vampires sont trop nombreux face à trop peu de meneurs. Tu as toujours eu une vie privilégiée, mais tu la considères comme normale.

— Mais ça ne ferait que deux vampires de plus ! s’indigna Jack.

— Il suffit d’un seul, Jack !

Ezra avait haussé la voix, ce qui me fit grimacer.

— J’en ai été témoin, et ce n’est pas ce que je désire pour nous, continua-t-il.

— Mais…, intervins-je timidement en le regardant par-dessus les couvertures, ce n’est pas parce que c’est déjà arrivé que ça se produirait forcément ici.

— Je suis certain que Mae t’a expliqué la position unique que tu occupes, affirma Ezra en posant ses yeux bruns sur moi. Tu es l’une des rares personnes qui peuvent choisir cette vie. Nous autres y avons été forcés.

— En effet, elle me l’a dit.

— Elle t’a également parlé de la famille qu’elle a abandonnée, et t’a révélé à quel point ce fut difficile.

Il posa le coude sur l’accoudoir du fauteuil et soutint sa tête.

— Mais elle ne t’a rien dit de mes origines et de ma famille. Je me trompe ?

— Juste que tu étais né en Angleterre, je crois.

Je me tournai vers Jack pour obtenir de l’aide, mais il observait attentivement Ezra. Lorsque ce dernier prenait la parole, il fascinait même ses semblables.

— Je suis né près de Londres, en 1674, commença Ezra. À quinze ans, j’avais déjà perdu mes parents et deux de mes frères. J’étais alors responsable de ma sœur de dix-sept ans et de l’exploitation familiale. On s’en est bien sortis, et j’ai pu entretenir une famille. Deux ans plus tard, je me suis marié et, ensuite, je suis devenu père quatre fois.

— Tu as eu des enfants ?

Cette idée ne m’avait jamais effleuré l’esprit.

— Deux garçons et deux filles, évoqua-t-il avec un sourire fugace. Nous menions une vie heureuse et tranquille mais, malheureusement, mes compétences, qui avaient permis à ma famille de prospérer, intéressaient d’autres personnes. J’étais fort, travailleur et appliqué.

» Un soir, un homme a frappé chez nous, proposant de nous donner de l’argent en échange du gîte et du couvert pour la nuit. À la campagne, ce n’était pas inhabituel que des voyageurs fatigués fassent étape à la ferme. Cela plaisait particulièrement à ma sœur. Elle était en âge de se marier et n’avait pas encore de prétendant.

» L’homme disait s’appeler Willem, et il semblait riche et séduisant, alors j’ai demandé à ma sœur de s’occuper de lui, dans l’espoir qu’il la remarquerait.

Il baissa les yeux, se remémorant longuement ce moment, puis secoua la tête.

— Nous l’avons hébergé dans la chambre à l’arrière de la maison. Il m’a dit qu’il avait faim. Ma sœur s’y est rendue avec un bol de soupe et, ne la voyant pas revenir, j’y suis allé pour vérifier ce qu’elle faisait. (Il marqua une pause.) Willem était face à la fenêtre, contemplant la nuit noire, tandis que ma sœur gisait inanimée sur le sol. Il l’avait tuée en la vidant.

» J’ai voulu l’attaquer, mais il était beaucoup plus musclé que moi et m’a dominé. Il a loué mon courage et ma force, avant de m’obliger à boire son sang, grimaça Ezra.

» Avant même que je puisse comprendre ce qui m’arrivait, son sang a tout dévasté dans mon organisme, et il m’a traîné avec lui dans l’obscurité. Une fois transformé en vampire et ma force revenue, j’ai lutté contre lui pour tenter de le tuer ou d’exiger qu’il me libère. Il a refusé en disant qu’il avait besoin d’un compagnon doublé d’un ouvrier, et que je correspondais parfaitement à ce qu’il cherchait.

» J’ai continué à résister, mais ça l’a agacé. Il m’a enchaîné dans la cave de son château, sans nourriture, pendant trois semaines. Comme je venais de me transformer, la faim me rongeait. (Le visage d’Ezra était à présent un masque impassible.) Ensuite, il m’a amené chez moi et m’a relâché.

» Assoiffé comme jamais, j’ai mordu ma propre femme. Mes enfants ont réussi à s’échapper avant que je m’en prenne à eux, mais ils m’ont vu assassiner leur mère.

» Quand j’ai pris conscience de cet acte, je suis revenu vers Willem.

Son expression changea tandis qu’il bougeait dans son fauteuil, essayant de chasser ce souvenir.

— Je l’ai laissé m’asservir, à condition qu’il ne me libère jamais. Je ne faisais aucune confiance au monstre que j’étais devenu, et j’ignorais comment me détruire.

» Au fil du temps, Willem faisait venir d’autres vampires, engendrés de la même manière que moi, pour les mêmes motifs, à savoir m’aider dans mon travail. Il agrandissait sans cesse son château, et il voyageait beaucoup. Il aimait mener une vie d’oisiveté totale. Je faisais absolument tout pour lui, y compris des choses qu’on ne penserait pas qu’un homme ose demander.

Il réprima un frisson.

— Les autres vampires qu’il amenait étaient tous dans un état terrible, poursuivit Ezra. C’étaient des monstres enragés, et il fallait les éliminer tôt ou tard. Sans aucun conseil, ils reprenaient leur nature primitive, animés exclusivement par leur faim et leur instinct. Ils devaient demeurer entravés en permanence pour leur éviter de se blesser et de se faire mal entre eux.

» Visiblement, j’étais le seul doté d’humanité. Je suis resté avec Willem presque cent ans, à parcourir l’Europe et l’Asie. La plupart des vampires que nous avons rencontrés faisaient preuve de décence et d’une certaine retenue. Beaucoup avaient tendance à être froids et cruels comme Willem, mais ils ne ressemblaient pas aux animaux qu’il engendrait. Avec le temps, les autres vampires faisaient remarquer que c’était merveilleux et surprenant que Willem soit parvenu à créer un esclave aussi courtois que moi.

» C’est alors que je me suis enfin aperçu que j’étais différent d’eux. Ce que j’avais infligé à ma femme résultait directement de la manipulation de Willem. Je pouvais me contrôler, et j’avais ouvertement pleuré la perte de mon épouse et de mes enfants. Je n’étais pas un monstre, même si j’étais capable d’en devenir un si je m’y autorisais.

Il poussa un long soupir et garda les yeux rivés sur moi pendant un moment.

— Que s’est-il passé ? demandai-je lorsqu’il ne poursuivit pas son récit.

— Une nuit, j’ai simplement tué Willem, et je suis parti vivre ma vie. Grâce à lui, j’avais connu quelques individus que j’estimais compatissants. En leur compagnie, j’ai réussi à apprendre des choses sur moi-même et sur les autres vampires. Ils étaient impressionnés que j’aie pu faire ce que j’avais fait sans enseignement. Au début, on peut facilement laisser les émotions et l’instinct diriger son existence. C’est une bataille permanente, qui dure des années, et presque impossible à gagner sans un autre vampire pour vous guider.

— Je sais combien tout cela a été dur pour toi, dit Jack avec prudence, avant de secouer la tête. OK, non, je ne m’en rends pas compte. Je ne peux qu’imaginer tout ce que tu as traversé. Mais ce qui t’est arrivé n’est pas comparable à notre situation actuelle. Personne ne va jeter Milo ou Alice dans une cave et leur dire de se débrouiller par eux-mêmes.

— Je ne suis pas prêt à courir ce risque, répondit Ezra. J’ai vu des vampires ronger leurs propres bras après être restés des jours sans manger. Je les ai vus massacrer des enfants. Alice et Milo n’en viendront peut-être jamais à cette extrémité, mais ils pourraient finir comme Willem. Il se maîtrisait totalement, mais il était cruel et sans pitié.

— Tu ne penses pas qu’il l’était déjà avant de devenir un vampire ? lui demanda Jack. Je veux dire, Mae était très aimante et avait un instinct maternel très développé, et elle est restée ainsi. Et j’étais un idiot maladroit, et c’est toujours le cas. Milo et Alice ne sont ni tyranniques ni méchants.

— Si nous n’y avions pas veillé, la jalousie de Milo aurait pu déraper. Il aurait pu tuer sa sœur. Mais comme tu as pu lui consacrer tout ton temps, regarde ! (Il nous désigna d’un signe de tête.) Tu as toute la liberté de t’en charger tout seul !

— Ha, ha, dit Jack d’un ton sec.

— Vous aurez tout le temps, lui assura Ezra. Que représentent quelques années à patienter par rapport à l’éternité ? Je souhaite privilégier la prudence. Ne préférerais-tu pas attendre plutôt que les choses tournent très mal ?

— Mais je ne vois pas ce qui nécessite ces précautions ! s’écria Jack, de plus en plus irrité.

— Excusez-moi, mais le vol et cette conversation m’ont épuisé. (Il se leva et s’étira.) Je vais me coucher, et vous devriez en faire autant.

Après son départ, nous restâmes assis sans rien dire. Réfléchissant à son récit, je conclus qu’Ezra avait raison. Mais Jack aussi. Il paraissait très peu probable que Milo et moi devenions des démons enragés, mais patienter ne nuirait pas non plus réellement.

Jack finit par remettre son tee-shirt et je me retirai dans sa chambre pour passer le reste de la nuit toute seule.

Bien entendu, j’eus du mal à m’endormir après tous ces événements. Mon sommeil fut peuplé de rêves ininterrompus d’Ezra, de sa jolie femme et de petits enfants blondinets qui étaient le portrait craché de leur père. Je voyais ensuite leurs traits se déformer sous la peur tandis que le sang de leur mère les éclaboussait.

Ezra, qui me stupéfiait par sa maîtrise, avait perdu le contrôle au point de presque tuer ses propres enfants. Quel espoir cela nous laissait-il ?

Un peu après minuit, Jack me reconduisit chez moi, prétextant que j’avais besoin d’aller au lit à une heure raisonnable en prévision de la rentrée. Comme il me restait à peine moins d’une semaine pour récupérer un rythme normal, cela semblait impossible, mais ce n’était pas le véritable motif qui le poussa à me ramener.

Après notre baiser et le récit des malheurs d’Ezra, Jack m’avait paru étrangement distant. Il me parlait encore mais, par exemple, quand il mettait un film, il prenait soin de s’installer à l’autre bout de la pièce.

Auparavant, c’était Milo qui rangeait en permanence, et je passais désormais plus de temps à la maison. Résultat : l’appartement était plutôt en désordre. Pas au point que ma mère me le reproche en hurlant, mais assez pour que je m’en aperçoive et décide d’y remédier.

J’insérai un CD de Fall Out Boy dans la chaîne stéréo et ramassai les objets qui traînaient. Puis je pris une longue douche et me glissai dans mon lit. Il était encore beaucoup trop tôt pour dormir, alors je pris l’autobiographie prétendument écrite par Peter.

Après le passage où il racontait sa transformation ainsi que celles dont il avait été témoin, détaillées de manière vivante, le chapitre suivant avait pour titre « Les vampires et la Terre ». J’étais contente d’en avoir fini avec ses descriptions du processus. J’avais jugé l’une d’entre elles particulièrement troublante : il se rappelait un jeune homme dont le ventre bouillonnait et remuait tandis qu’il criait.

Le chapitre s’ouvrait sur la belle description d’un lever de soleil accompagnée d’un poème de Henry Wadsworth Longfellow sur le même thème qui, manifestement, avait obsédé Peter dans sa jeunesse.

Le soleil semblait l’unique point faible des vampires, et Peter s’efforçait de comprendre pourquoi. Il passait des heures dehors sous sa lumière, essayant de découvrir les effets qu’il provoquait sur lui.

« Je me prélassais au soleil, comme un chat, laissant ma peau la plus découverte possible, dans la limite de la pudeur. Les rayons me brûlaient la peau et mes muscles commençaient à s’épuiser. Mon énergie s’amenuisait, mes pensées s’embrouillaient, mais mon cœur battait plus fort et plus vite.

Quand je regagnais l’obscurité, je m’endormais et, à mon réveil, tous les effets avaient disparu. Mon teint restait toujours le même.

Alors que me faisait le soleil, au juste ? Lorsque j’interrogeais mes congénères, ils se posaient peu de questions sur le sujet. La réponse la plus fondée m’est venue de mon mentor, qui m’a affirmé : “La lumière réussit aux hommes, tandis que les vampires font mieux de s’en cacher.” L’anatomie d’un vampire demeure si mystérieuse que la meilleure explication que nous pouvons apporter est que la lumière du soleil nous fatigue.

Et si nous devions rester en permanence au soleil ? Si je menais la même existence qu’un homme normal, dormant la nuit et vivant le jour, que m’arriverait-il ? Le soleil semble seulement émousser nos sens, et nous réduire presque au rang d’humains.

Cela signifie-t-il qu’une vie diurne pourrait nous redonner notre mortalité ? Commencerions-nous alors à vieillir pour ensuite périr ?

Ce qui me fait penser à une tout autre hypothèse. Est-ce qu’alors notre immortalité, notre étrange pouvoir, vient de la lune ? Les légendes concernant les lycanthropes sont-elles des récits enjolivés de vampires ? »

Ce livre soulevait plus de questions qu’il n’indiquait de réponses. Peter avait eu du mal à trouver des raisons scientifiques justifiant l’effet du soleil sur les vampires. Toutefois, il avait mené une expérience sur lui-même, destinée à savoir si le soleil pouvait le faire redevenir mortel ou au moins à le faire vieillir un peu.

Il avait passé un mois à vivre le jour et à dormir la nuit, mais avait seulement conclu qu’il était épuisé, faible et affamé. Par conséquent, il avait été obligé de s’alimenter quotidiennement et avait failli tuer trois personnes.

Au bout d’un mois, il avait décidé que ça suffisait et avait cessé cette étude, sans aucun véritable changement constaté sur lui-même.

Allongée sur mon lit, je me retournai et jetai un coup d’œil par les rideaux au ciel bleu. Le soleil n’était pas encore levé, mais ça n’allait pas tarder. Je n’étais donc pas parvenue à respecter l’heure de coucher que Jack m’avait conseillée. Je posai l’autobiographie, bien déterminée à essayer de dormir.

Je réussis à dormir toute la journée. Même la chaleur suffocante de l’après-midi ne me dérangea pas. Quand enfin je me levai, j’allumai la télévision. Le présentateur de la météo annonça que la température avait dépassé les trente-deux degrés. J’étais tentée de rester en sous-vêtements, mais ma mère était encore dans l’appartement. Elle se plaignait de la canicule et de la vie en général.

Après son départ, je contemplai mon portable dans l’espoir que quelqu’un m’appelle vite pour me sauver de cette chaleur démentielle, en vain.

Alors que le jour laissait place à la nuit, je me résignai à passer la soirée affalée sur le canapé devant un ventilateur, à regarder Arsenic et Vieilles Dentelles à la télé, jusqu’à mourir de chaud.