DICTIONNAIRE DES AUTEURS

 

BOND (NELSON SLADE). – Né en 1908. Employé au gouvernement en Nouvelle-Écosse, auteur indépendant et expert philatélique pendant plusieurs années, avant de se consacrer au commerce de livres. Bien qu’ayant écrit quelques romans, Nelson S. Bond est surtout connu en science-fiction par ses nouvelles. Certaines de celles-ci sont construites autour de personnages qui réapparaissent de l’une à l’autre. Nelson Bond a souvent su exploiter des thèmes familiers en leur donnant un cachet original, comme dans sa version du péché originel (The cunning of the beast) ou du voyage du prophète Jonas (Uncommon castaway). Il a déclaré se considérer comme un auteur de fantastique écrivant pour des magazines de science-fiction.

BUDRYS (ALGIS). – Né en 1931 à Konigsberg en Allemagne (actuellement Kaliningrad en U.R.S.S.), vivant depuis 1936 aux États-Unis, fils du consul général du gouvernement lituanien en exil. Son état-civil complet est Algirdas Jonas Budrys. Ses premiers récits de science-fiction furent publiés en 1952 et Budrys s’affirma petit à petit comme un des talents véritablement originaux de sa génération. Sa narration progresse fréquemment par des modifications de point de vue, par des successions d’effets kaléidoscopiques dont l’intégration ne s’opère que lentement. Le thème de la liberté, apparent ou sous-entendu dans plusieurs de ses récits, se double souvent de celui de l’individu à la recherche de lui-même. Ce motif de la quête est admirablement utilisé dans Rogue moon (1960, Lune fourbe) où le sujet apparent du roman est l’investigation d’une énigmatique construction laissée sur la Lune par d’antiques extra-terrestres. Dans Michaelinas (1977), Budrys présente une vision précise d’une Terre dans le proche avenir, autour de la mission d’un journaliste qui s’efforce de démasquer l’adversaire contre lequel il sait qu’il doit lutter. Depuis 1965, Budrys a été critique de livres, dans Galaxy puis dans The Magazine of Fantasy and Science Fiction, apportant à ses études une remarquable combinaison de points de vue : le métier de l’écrivain s’y allie à l’enthousiasme de l’amateur et à la clairvoyance de l’historien.

EKLUND (GORDON). – Né en 1945, vivant de sa plume depuis 1968, Gordon Eklund est un auteur qui cultive la diversité – de thèmes et de tons. Son premier roman, The eclipse of dawn (1971) exprime ses préoccupations sur la décomposition et l’ennui qui lui paraissent menacer la société dans un avenir rapproché. All times possible (1974) présente une suggestion ambiguë de renaissance à travers la vision d’un personnage qui va devenir la cible d’une balle. En collaboration avec Gregory Benford, il a écrit If the stars are gods (1977), où un astronaute vieillissant est à la recherche d’une libération cosmique. Parfois diffus, occasionnellement contradictoires, les récits de Gordon Eklund possèdent une sorte de pessimisme visionnaire qui stimule l’imagination à travers les questions qu’il suggère.

FAST (HOWARD). – Né en 1914. A exercé diverses activités (dont celles de correspondant de guerre et d’enseignant) avant de devenir un porte-parole de la gauche américaine. Fondateur du Mouvement mondial pour la Paix, membre du Conseil mondial pour la Paix (1950-1955), lauréat notamment du Prix Staline de la Paix en 1954. La science-fiction ne couvre qu’une petite fraction de ses écrits, dont le reste concerne aussi bien l’histoire américaine (The unvanquished, 1942 ; Citizen Tom Paine, 1943) que l’Antiquité (Spartacus, 1952) ou les associations de travailleurs de la mine (Power, 1962). Ses meilleurs récits de science-fiction se distinguent par la simplicité de leur écriture et la franchise avec laquelle ils expriment la vision d’un non-spécialiste confronté aux problèmes de la science et de ses applications.

GRINNELL (DAVID). – Pseudonyme de Donald A. Wollheim. Né en 1914, Wollheim fut probablement, après Forrest J. Ackerman, l’animateur le plus actif du « fandom » américain pendant les années 1930. The immortal storm de Sam Moskowitz, The futurians de Damon Knight, donnent des aperçus de cette activité. Donald A. Wollheim a écrit un certain nombre de nouvelles et de romans de science-fiction, ainsi que The universe makers (1971, Les Faiseurs d’univers), un survol de l’histoire de la science-fiction. Après avoir été rédacteur en chef d’une succession de revues (dont Stirring Science Stories, Cosmic Stories, Avon Fantasy Reader, Out of this world adventures, Avon Science Fiction Reader), il fut appelé à diriger en 1952 les Ace Books, où il fit paraître des ouvrages de jeunes auteurs prometteurs, dont Robert Silverberg, Philip K. Dick, John Brunner, ainsi que des rééditions de romans classiques de A.E. van Vogt, Clifford Simak, Poul Anderson. Son activité d’éditeur lui valut un Hugo en 1964. Depuis 1971, il dirige une maison d’édition qu’il a nommée par ses initiales (DAW Books) et qui lui a permis de faire paraître des romans d’aventures, souvent à composantes fantastiques, en alternance avec des récits plus ambitieux, conformément à sa politique antérieure. World’s best science fiction : 1965 fut la première d’une série d’anthologies annuelles de qualité qu’il a publiées, les premières en collaboration avec Terry Carr.

KEYES (DANIEL). – Né en 1927. Ancien matelot venu à l’enseignement de l’anglais, Daniel Keyes est un auteur dont la production de science-fiction est quantitativement très modeste. Qualitativement, en revanche, ses récits sont remarquables. Flowers for Algernon (1959, Des fleurs pour Algernon) s’est rapidement imposé comme une des nouvelles classiques sur thème de l’Homo Superior. Daniel Keyes en fit un roman en 1966.

MILLER JR. (WALTER MICHAEL). – Né en 1923, Walter M. Miller Jr. fit des études d’ingénieur électricien. Il passa quatre ans dans l’aviation militaire américaine pendant la seconde guerre mondiale, combattant au-dessus de l’Italie et des Balkans. Il se mit à écrire en 1949, ayant été immobilisé à la suite d’un accident de voiture. Sa foi catholique imprègne plusieurs de ses récits, et en particulier A Canticle for Leibowitz (1959, Un Cantique pour Leibowitz) qui est un des meilleurs romans confrontant la religion et la science dans le cadre de l’anticipation.

OLIVER (CHAD). – De son vrai nom Symmes Chadwick Oliver. Est né en 1928 et a fait des études d’ethnologie et d’anthropologie. Il enseigne cette dernière science à l’Université au Texas. Sa formation lui a permis de jeter un éclairage original sur le thème familier des extra-terrestres vivant incognito sur notre planète (Shadows in the sun, 1954) ou sur celui du premier contact entre représentants de civilisations différentes (The winds of time, 1957). Sa carrière universitaire a encore diminué sa production au cours des dernières années. Chad Oliver, qui n’a jamais été un écrivain prolifique, reste un auteur de science-fiction qui mériterait d’être mieux connu.

SHIRAS (WILMAR HOUSE). – Née en 1908, mariée en 1927, Wilmar Shiras a très peu écrit. Elle a cependant su s’assurer une place parmi les auteurs de science-fiction par ses nouvelles, publiées à partir de 1948, mettant en scène des enfants dont le quotient intellectuel surpasse largement celui des adultes qui les entourent.

ZELAZNY (ROGER). – Né en 1937, avec des ascendances polonaise, irlandaise, hollandaise et américaine, Roger Zelazny a étudié à la Western Reserve University avant de travailler à l’administration de la sécurité sociale des États-Unis. Depuis 1969, il se consacre à une carrière d’écrivain. Il s’était imposé comme un auteur de premier plan avec A rose for Ecclesiastes (1963, Une rose pour l’Ecclésiaste), The doors of his face, the lamps of his mouth (1965, Les portes de son visage, les lampes de sa bouche) et… And call me Conrad (1965, Toi l’immortel), variations sensibles et brillantes sur des thèmes connus – relations entre humains et extra-terrestres, immortalité, monde post-atomique. Par la suite Zelazny se montra souvent moins exigeant envers lui-même sur le plan de l’écriture, mais non sur celui de l’imagination. Celle-ci s’inspire chez lui aussi bien d’antiques mythologies (Lord of light, 1967) et d’explorations psychanalytiques (The dream master, 1966) que de rationalisations de pouvoirs magiques (le cycle d’Ambre, commencé en 1970). Bien que classé parfois avec les représentants de la « Nouvelle Vague », Roger Zelazny possède un talent trop varié et une créativité trop originale pour qu’une telle étiquette suffise à le décrire. En 1979, un volume lui a été consacré par Cari B. Yoke dans la série Starmont Reader’s Guide.