Depuis qu’il était arrivé au pouvoir en janvier 1933, Hitler avait multiplié les faits accomplis. Mais jamais autant qu’en cette année 1938, où l’Allemagne nazie fut constamment sous les projecteurs de l’actualité. En mars, l’Autriche est annexée en un tour de main. En septembre, la conférence de Munich vaut au Reich, sans coup férir une fois encore, l’annexion d’une large partie de la Tchécoslovaquie, la région des Sudètes. En novembre, la violence qui se déchaîne contre les Juifs du Reich pendant la sinistre Nuit de cristal suscite l’émotion dans le monde entier.
À la différence des coups précédents, dont le plus notable avait été la remilitarisation de la Rhénanie en mars 1936, ceux de 1938 interviennent après une pause de près de deux ans et ils marquent le passage à l’offensive en dehors des frontières allemandes, une offensive où l’intimidation et la menace sont utilisées sans retenue. C’en est fini des pions avancés sans crier gare, mais que suivent immédiatement de bruyantes protestations de paix. En cette année 1938, Hitler parle haut et fort, montre le poing, tape sur la table, en particulier lors du congrès du parti nazi à Nuremberg en septembre, où il réclame le dépècement de la Tchécoslovaquie, en parlant de faire la guerre. Le régime nazi se radicalise, ou plutôt il se réalise : à peine doté d’une puissance militaire, il affiche, à travers son goût du risque et son culte de la force, le fond destructeur de sa nature.
L’annonce que l’heure de l’expansion allait sonner, Hitler l’avait faite en petit cercle à la fin de l’année précédente. Le 5 novembre 1937, il avait réuni à la chancellerie le ministre des Affaires étrangères, von Neurath, et les plus hauts responsables militaires du Reich, le ministre de la Guerre, von Blomberg, ainsi que les chefs des trois armes, von Fritsch pour l’armée de terre, Göring pour l’aviation, Raeder pour la marine. Ses propos, consignés dans le fameux protocole Hossbach, du nom de son aide de camp, avaient été de la plus grande clarté32. Hitler avait ouvert la conférence en demandant que son point de vue fût considéré, dans le cas d’une disparition soudaine, comme son « testament ». Il avait ensuite longuement justifié la nécessité d’une expansion territoriale en rejetant toute autre solution, que ce fût l’autarcie à l’intérieur des frontières existantes ou le renforcement du pays par une large participation au commerce international.
« Il n’y a que la violence qui puisse apporter une solution au problème allemand, avait-il souligné, et la violence ne va pas sans risque. » L’expansion ne pouvait pas attendre indéfiniment, elle devait être réalisée au plus tard en 1943-1945, sauf à perdre la marge de supériorité que l’Allemagne était en train d’acquérir sur ses adversaires du fait de la précocité de son réarmement. Hitler envisageait cependant de passer à l’action dans un avenir plus rapproché, et il évoqua les deux hypothèses qui en donneraient la possibilité. La première était une crise intérieure en France qui entraverait sa capacité d’action à l’extérieur. La seconde, l’éclatement d’un conflit en Méditerranée entre la France et l’Italie, en raison de l’intervention de cette dernière dans la guerre civile espagnole. Dans les deux cas, la paralysie de l’armée française, que Hitler tenait à l’évidence pour le seul obstacle militaire à ses projets, devait être mise à profit pour s’emparer de l’Autriche et de la Tchécoslovaquie.
Cela ne pouvait pas aller sans risque, Hitler l’avait souligné, mais ce risque lui paraissait limité. Une opération contre les deux pays voisins, si elle était lancée par surprise et surtout si elle était menée rondement, ne devrait pas provoquer d’intervention armée de la part de la France, de l’URSS ou de la Pologne. La première, de surcroît, serait dissuadée de riposter par l’absence de soutien probable de la part de l’Angleterre. Hitler estimait, en effet, que « l’Angleterre, selon toute vraisemblance, et probablement aussi la France, ont déjà secrètement rayé de leurs livres la Tchécoslovaquie, et qu’elles se sont faites à l’idée que cette question serait réglée un jour ou l’autre par l’Allemagne ».
Le procès-verbal de la réunion ne transmet que d’une manière succincte les réactions des autres participants. Les réticences de la majorité d’entre eux, Göring faisant exception, n’en ressortent pas moins nettement. La probabilité que se réalise sous peu l’un des scénarios évoqués par Hitler leur paraissait faible. Et surtout, ils s’effrayaient des risques qu’il était disposé à prendre, en premier lieu celui d’un conflit avec la France et l’Angleterre, alors que l’armée allemande était pauvrement équipée, faiblement encadrée, mal entraînée. La différence de démarche entre Hitler et ses conseillers était ici patente. Le Führer escomptait-il sérieusement un conflit proche entre la France et l’Italie ? En tout cas, il était convaincu que les Français et les Anglais ne lui feraient pas la guerre pour l’Autriche et la Tchécoslovaquie, et, fort de cette idée, qui devait se révéler juste, il était prêt à saisir la première occasion qui se présenterait. Mais avant cela, et c’est la conclusion qu’il n’a pu manquer de tirer de cette réunion, il lui fallait écarter les réticents, éliminer ces conservateurs qu’il traînait comme un boulet depuis les débuts de son régime.
Hitler était arrivé à la chancellerie en 1933 à la tête d’un gouvernement de coalition où les nazis étaient en minorité face à des conservateurs bien décidés à les utiliser pour liquider la république de Weimar au profit d’un régime autoritaire traditionnel. Les choses se passèrent autrement grâce à l’habileté de Hitler et à la puissance de son mouvement, devenu la seule force politique du pays une fois les partis de gauche anéantis et après que les partis de droite s’étaient sabordés. Ce fut alors un jeu pour lui d’écarter du gouvernement les principaux chefs de file conservateurs, à commencer par von Papen et Hugenberg33.
L’alliance avec les élites traditionnelles du pays n’en demeurait pas moins indispensable et, pendant les années suivantes, Hitler prit soin de les ménager, notamment en leur laissant une place importante au sein du gouvernement et de la haute administration. En 1934, lors de la sanglante Nuit des longs couteaux, il leur sacrifia Röhm et les dirigeants de la SA qui réclamaient d’avoir la haute main sur l’armée renaissante. Mais il leur adressa en même temps un signal sans équivoque en faisant assassiner, lors de la même nuit, quelques-unes de leurs figures de proue, en particulier le général Kurt von Schleicher, son prédécesseur à la chancellerie. Préfiguration d’une autre épuration, infiniment plus sanglante, celle qui allait frapper les conservateurs mêlés de près ou de loin à la tentative d’assassinat de juillet 1944.
En comparaison, l’épuration à laquelle Hitler procéda à la fin de 1937 et au début de 1938 fut à la fois limitée et paisible. Elle n’en marqua pas moins une étape importante dans l’instauration de son pouvoir absolu. La série de succès intérieurs et extérieurs qui avait déplacé le rapport de forces en sa faveur avait également fait apparaître de plus en plus clairement la séparation des chemins. Si l’accord demeurait solide sur la reconstitution de la puissance allemande et sur le rétablissement d’une prépondérance en Europe, les conservateurs laissaient deviner leurs inquiétudes sur le tempo de cette politique et surtout sur les risques qu’elle comportait. Que serait-ce alors quand il s’agirait de conquérir l’« espace vital » du peuple allemand en Europe orientale, avec la chaîne de guerres qu’il y faudrait…
La première éviction fut celle de Hjalmar Schacht, privé en novembre 1937 de son poste de ministre de l’Économie, puis en janvier 1939 de son autre poste, celui de président de la Reichsbank. Schacht, le magicien de l’économie, avait joué un rôle précieux en tirant l’Allemagne de la crise économique. Mais les divergences n’avaient pas tardé à apparaître et à s’élargir au fur et à mesure que le réarmement prenait une place centrale dans la vie économique du pays. Dès 1936, Schacht demandait de le freiner au nom de la stabilité de la monnaie et du maintien des capacités exportatrices de l’Allemagne sur le marché mondial. Hitler entendait, au contraire, le pousser le plus possible, fût-ce en produisant à des coûts prohibitifs les matières premières nécessaires. Une stratégie qui, comme Schacht l’avait bien compris, devait rapidement conduire à une politique extérieure agressive.
En janvier et en février 1938, plusieurs des participants à la réunion de novembre précédent furent à leur tour évincés. Le ministre des Affaires étrangères, Konstantin von Neurath, fut envoyé dans une retraite dorée et remplacé par un fidèle de Hitler, Joachim von Ribbentrop, l’homme des missions officieuses à l’étranger et ambassadeur à Londres depuis 1936. Puis, exploitant des affaires de mœurs, Hitler se débarrassa du ministre de la Guerre, le général von Blomberg, dont il reprit les fonctions, et de von Fritsch, le commandant en chef de l’armée de terre, auquel il substitua von Brauchitsch, tandis qu’il plaçait un homme qui lui était tout dévoué, Keitel, à la tête d’une nouvelle structure, le haut commandement des forces armées, qui devait chapeauter les trois armes. Les remous que ces changements pouvaient faire craindre chez les militaires furent apaisés par le succès de l’Anschluss. Davantage, les militaires eurent à cœur d’accentuer leur alignement sur le régime en introduisant le salut hitlérien dans l’armée.
Signe que ces évictions marquaient un tournant, la collégialité gouvernementale cessa d’être respectée vers la même époque. Les réunions du Conseil des ministres s’espaçaient depuis quelque temps, il est vrai, mais durant toute l’année 1938, il n’y eut qu’une réunion, et ce fut la dernière. Les ministres et les dirigeants du parti travaillaient de plus en plus de leur côté, chacun dans le fief qu’il s’était taillé. Du coup, Hitler s’imposait plus que jamais en arbitre et en instance de dernier recours quand les disputes entre ses subordonnés ne trouvaient pas d’issue à leur niveau. Si l’on ajoute qu’il gardait sous son contrôle direct les affaires extérieures, les questions militaires et la persécution antisémite, sa liberté d’action et son pouvoir n’en prennent que plus de relief, une liberté et un pouvoir que les conservateurs ne pouvaient guère limiter désormais, sinon en recourant aux méthodes extrêmes du complot et du putsch. Certains militaires, autour du général Beck, le chef d’état-major de l’armée, hostile à une opération contre la Tchécoslovaquie et qui démissionna pour cette raison de son poste en été 1938, commençaient d’ailleurs à y penser. Mais tant que le succès couronnerait les initiatives de Hitler, il était peu probable que les élites allemandes, et même ce noyau d’opposants, passent à l’action.
Il est vrai que la position de Hitler paraissait désormais inébranlable, campé qu’il était sur le pavois de sa popularité. La réduction progressive du chômage et le retour du plein emploi, le redressement de la puissance allemande sur la scène internationale, la dérivation sur les dirigeants du parti nazi et sur les membres du gouvernement des mécontentements de la population, l’apparence de stabilisation légale qu’avaient donnée à la persécution antisémite les lois de Nuremberg, tout cela concourait à lui conférer un prestige incommensurable. Les oppositions n’avaient certes pas disparu mais, comme il en allait pour les dissidents et les non-conformistes, la Gestapo les avait suffisamment atomisées et intimidées pour qu’elles ne représentent plus un danger. Le régime, qui gardait ses ambitions de contrôle total de la population et menait désormais un combat souterrain contre les Églises, se sentait mieux en selle, comme le montre la courbe des détenus dans les camps de concentration : le point le plus bas de leur histoire – environ sept mille cinq cents détenus – fut touché en 1936-1937.
Une fois pourvu en hommes de main, Hitler n’avait qu’à attendre le moment propice. Le contexte lui était favorable, il le savait : ce n’était pas sans de bonnes raisons qu’il pensait pouvoir lancer ses dés avec quelques chances de succès. La remilitarisation de la Rhénanie, en 1936, lui avait permis d’entreprendre la construction d’une ligne de fortifications, la ligne Siegfried, qui rendrait difficile aux Français de venir au secours de leurs alliés de l’Est, à commencer par les Tchécoslovaques. Elle les plaçait, en effet, devant l’alternative peu enviable de rester au balcon ou de plonger dans une guerre longue, pour laquelle il leur faudrait l’appui anglais. Or l’Angleterre, soucieuse d’ajuster des moyens limités et des engagements répartis à la surface du globe, montrait peu d’inclination à s’opposer par la force à une révision des frontières en Europe centrale. Hitler pouvait compter, de surcroît, sur la compréhension de l’Italie fasciste qu’avaient rapprochée de lui la guerre d’Éthiopie et surtout la guerre d’Espagne. Restaient la Pologne, neutralisée par le pacte de non-agression qu’il avait conclu avec elle en 1934 ; l’URSS, certes liée par un traité de défense avec la Tchécoslovaquie, mais affaiblie par les purges de Staline et qui n’allait pas se risquer à faire barrage toute seule à l’expansion allemande ; enfin, les États-Unis, lointaine puissance qu’éloignait encore un robuste isolationnisme que Roosevelt peinait à rompre.
Le choix de s’en prendre à l’Autriche et à la Tchécoslovaquie était fait pour assurer un succès au moindre risque. Il était bien peu question, ici, de révision du traité de Versailles puisque ces jeunes pays avaient fait partie de l’Empire austro-hongrois avant 1914, et non de l’Empire allemand. Cette révision qui avait la faveur de tant d’Allemands et que Hitler n’avait jamais invoquée qu’afin de camoufler des objectifs autrement plus vastes, eût supposé de diriger les coups vers la Belgique (pour récupérer Eupen-Malmédy), la France (l’Alsace-Lorraine) ou la Pologne (le fameux corridor). Mais c’eût été provoquer la formation d’une large coalition, alors que l’absorption de l’Autriche et de la Tchécoslovaquie ne léserait que des intérêts plus dispersés et moins importants, sans compter que l’idée de la réunion des Allemands dans un seul État offrait une très utile arme pour neutraliser les opinions publiques. Pur paravent, naturellement, que cette référence à l’autodétermination des peuples, Hitler visant dès le départ l’écrasement de la Tchécoslovaquie tout entière.
Ses motifs étaient avant tout stratégiques et économiques : éliminer le facteur militaire tchèque, qui était loin d’être négligeable, et s’emparer de ressources dont l’Allemagne avait grand besoin. À cet égard, Hitler avait donné un aperçu, lors de la réunion du 5 novembre 1937, des méthodes qui avaient sa préférence et qu’il emploierait en Europe orientale un peu plus tard. Ces deux pays, avait-il déclaré, pourraient nourrir 5 ou 6 millions d’hommes, et il avait ajouté : « À condition qu’on ait recours à une émigration forcée de 2 millions d’habitants en Tchécoslovaquie et de 1 million en Autriche. »
L’occasion de régler le cas de l’Autriche se présenta bientôt. En 1934, le parti nazi autrichien avait tenté de s’emparer du pouvoir par un putsch au cours duquel le chancelier Dollfuss avait été assassiné. Mussolini avait alors fait monter ses troupes au Brenner pour signifier qu’il s’opposerait à une annexion. Après avoir rongé son frein, Hitler constatait que l’Italie virait dans sa direction et que la puissance montante de l’Allemagne, sans compter la pression de ses fidèles en Autriche même, lui redonnait l’initiative. Le 12 février 1938, il soumit le chancelier Schuschnigg, qui s’était résigné à se rendre auprès de lui, à un torrent de menaces et d’ultimatums – de hauts responsables militaires allemands faisaient tapisserie pour souligner le sérieux de la situation, et l’entrevue fut aussitôt suivie de manœuvres militaires le long de la frontière autrichienne.
Hitler ayant exigé notamment la nomination d’un de ses fidèles, Seyss-Inquart, à la tête des organes de sécurité autrichiens, Schuschnigg s’exécuta. Mais, craignant l’engrenage, il pensa trouver un cran d’arrêt en organisant par surprise un plébiscite sur l’indépendance de l’Autriche. Hitler ne lui laissa pas le temps de le battre avec ses propres armes et exigea sa démission, qui fut obtenue le 11 mars au soir. Le lendemain, il envoyait ses troupes en Autriche où elles furent accueillies joyeusement. Le 10 avril, consultés par plébiscite, Allemands et Autrichiens confondus approuvaient à 99 % des voix la réunion de leurs deux pays.
En Tchécoslovaquie, ou plus exactement dans la région des Sudètes, Hitler disposait également de fidèles, groupés dans le parti nazi de Konrad Henlein. Encouragé par le succès de l’Anschluss, il leur donna pour instruction de durcir les demandes d’autonomie adressées à Prague. Parallèlement, il les soutenait publiquement, doublant ses paroles, une fois de plus, de manœuvres militaires voyantes. L’Angleterre, soucieuse de prévenir une agression allemande contre la Tchécoslovaquie qui pourrait jeter la France à la défense de son allié et l’entraînerait elle-même dans une guerre qui n’engageait pas ses intérêts vitaux, intervint alors pour arranger une cession à l’amiable de la région des Sudètes. Une solution qu’allait entériner, après les rebondissements que l’on connaît, et Mussolini aidant, la fameuse conférence de Munich.
Hitler avait gagné son pari. À la fin d’une année de tensions extrêmes, il avait agrégé à l’Allemagne, sans tirer un coup de feu, l’Autriche, avec ses 7 millions d’habitants, et la région des Sudètes, peuplée de 2,8 millions d’Allemands et de 800 000 Tchèques. Il disposait à présent, pour le réarmement, d’un supplément notable, et à certains égards considérable, de main-d’œuvre qualifiée, de capacités productives, de réserves de matières premières, d’or et de devises. Enfin, il avait détruit le potentiel militaire de la Tchécoslovaquie, infligé un coup sévère à la crédibilité de l’alliance française, élargi la méfiance de Staline envers les deux puissances occidentales.
Mais il n’était pas satisfait pour autant. Il avait voulu détruire la Tchécoslovaquie, et il devait se contenter de lui arracher une partie de son territoire. Il avait voulu imposer sa loi à un petit pays, et il lui avait fallu en passer par une conférence internationale où il n’avait d’autre choix que d’accepter que les nouvelles frontières de l’État tchécoslovaque soient garanties par les puissances signataires de l’accord de Munich. Une promesse qu’il jeta à la poubelle quelques mois plus tard, en mars 1939, lorsqu’il dépeça, sans rencontrer la moindre opposition, ce qui restait de la Tchécoslovaquie, avant de lancer contre la Pologne, en septembre, l’opération qui allait déclencher la Seconde Guerre mondiale.
Le culte de la force qui transparaît chez Hitler dans ses réactions à la conférence de Munich et, plus généralement, dans toute sa politique au cours de cette année 1938, se marquait plus nettement encore dans la brutalité croissante de son régime. En Autriche comme dans la région des Sudètes, la Gestapo se déchaîna, aussitôt l’annexion réalisée, contre ses opposants, la gauche marxiste en premier lieu, dont les militants, par milliers, allèrent peupler les nouveaux camps de concentration, tel le sinistre camp de Mauthausen. Les Juifs, surtout, subirent de plein fouet la violence redoublée des nazis. Les humiliations dont ils furent les victimes dans les rues de Vienne, les pressions qui s’exercèrent sur eux pour qu’ils émigrent, et bientôt la spoliation de leurs biens dans tout le Reich forment un crescendo qui trouva ses points culminants dans l’expulsion sommaire des Juifs de la région des Sudètes, puis de 15 000 à 20 000 Juifs de nationalité polonaise résidant dans le Reich, et dans l’explosion de haine de la Nuit de cristal.