PETER HANDKE
La Grande Chute
« Soudain le ciel était
devenu bleu. Il n’était pas seulement bleu, mais bleuissait, et
bleuissait. C’était un bleuissement si délicat qu’il vous berçait
de la certitude que cette délicatesse ne cesserait jamais. Ce
bleu-là faisait resplendir la forêt tout entière. Et en même temps
le comédien, poursuivant sa route, voyait dans cette illumination
des choses qui l’entouraient la lumière d’un dernier jour, “de mon
dernier jour”. »
C’est un coup de tonnerre qui
réveilla le comédien, en cette journée qui se terminerait par la
Grande Chute. Il s’était endormi chez une femme qu’il retrouverait
le soir même, là-bas, dans la mégalopole. Complices ou bien amants,
le duo qu’ils forment est encore bien flou aux yeux du narrateur
qui suit pas à pas la préparation de « son comédien ». Le
tournage doit débuter le lendemain, mais il faut déjà quitter la
maison, traverser la forêt, puis rejoindre la capitale. Les
rencontres les plus étranges se succèdent sans que l’on sache
réellement quels personnages existent ou lesquels sont
fantasmés.
Peter Handke nous saisit par
sa plume unique et nous emporte dans une pérégrination poétique. La
société, la politique ou encore la nature conversent à travers
cette figure de comédien qui se dirige inexorablement vers la
Grande Chute. Annoncé tout au long du récit, cet événement
mystérieux et angoissant nous hypnotise jusqu’à la dernière ligne
de ce très beau livre.
Peter
Handke est né en 1942 à Griffen, en Carinthie. Depuis ses débuts
littéraires en 1963, il a publié une soixantaine de livres dans
tous les genres littéraires. Son oeuvre est largement traduite dans
le monde entier, et il est sans conteste l’auteur le plus connu de
la littérature contemporaine de langue allemande.
Un second
texte, Essai sur le Lieu Tranquille,
paraît simultanément dans la collection Arcades.