BOBA FETT : UN HOMME PRAGMATIQUE
Karen Traviss
24-25 ap. BY
Boba Fett : A Practical Man est du très bon Traviss, tant au niveau du style que de l’histoire. Il est agréable de retrouver la culture Mando dans la période Nouvel Ordre Jedi. En plus, pour les puristes de la continuité, la situation de la planète Mandalore peut coller à la version de The Clones War si on considère la nouvelle chronologie, dans laquelle DeathWatch reprend sa planète d’origine et y réimplante ses guerriers Mandaloriens.
Voir Boba Fett, en Mand’alor et avec des responsabilités change beaucoup la donne. Le personnage a évolué tout en gardant ses traits particuliers. Pour la première fois, on peut entendre les pensées de Boba et le voir plier…pour mieux rebondir. Le point de vue subjectif de Nom Anor par le biais de son journal apporte, également, un gros plus au récit.
On y trouve un mélange entre les plus grands guerriers de la galaxie (Mando, Jedi, Vong) dans une ambiance pesante et apocalyptique. Voir les Mandos avoir peur appuie encore plus la dangerosité et la crainte des Vong.
Nom Anor et ses impitoyables sbires Yuuzhan Vong font leur premier pas dans la galaxie. Soucieux de mettre tous les avantages à ses côtés, l'Exécuteur ne tarde pas à contacter Boba Fett et ses Mandaloriens...
Titre original : Boba Fett : A Practical Man
DRAMATIS PERSONAE
Boba
Fett
Mand’alor Mandalorien et chasseur de prime
(mâle humain)
Briika
Jeban
Chasseur de prime Mandalorien et mercenaire
(femelle humaine)
Cham
Detta
Chasseur de prime Mandalorien et mercenaire
(mâle humain)
Dinua
Jeban
Chasseur de prime Mandalorien et mercenaire
(femelle humaine)
Goran
Beviin
Chasseur de prime Mandalorien et mercenaire
(mâle humain)
Kubariet
Chevalier Jedi
(mâle humanoïde)
Nom
Anor
Exécuteur et espion
(mâle Yuuzhan Vong)
Suvar
Detta
Chasseur de prime Mandalorien et mercenaire
(mâle humain)
Tiroc
Vhon
Chasseur de prime Mandalorien et mercenaire
(mâle humain)
Maître de Guerre, nous réfléchissons trop souvent en termes de dualisme : Jedi ou Sith, lumineux ou sombre, juste ou faux. Mais cette lame possède trois tranchants, et pas seulement deux, opposés et similaires à la fois. Le troisième côté est le Mandalorien. Les trois côtés ne se soucient guère des races et des castes, seulement de l’adhésion à un code qui les unit. Le Mandalorien reste le plus formidable ennemi des Jedi, mais les Sith ne sont pas toujours leurs alliés. Les Mandaloriens vénèrent la guerre elle-même, si bien qu’ils ont tout simplement tourné le dos à leur dieu. Un jour, vous devrez commencer à les comprendre.
Vergere, expliquant la politique galactique aux Yuuzhan Vong, peu de temps avant leur invasion de la galaxie, 25 ans ap. BY.
PROLOGUE
Coruscant, 24 ans ap. BY. Au plus bas niveau, dans un quartier où n’importe quel sain d’esprit ne s’aventurerait pas en pleine nuit.
Boba Fett leva son blaster et visa sa cible.
— Tu peux tenter de fuir, dit-il. Mais tu mourras juste fatigué.
Sa voix grinçait à travers un amplificateur. Il ne lui était jamais nécessaire de crier : il pouvait toujours être entendu. Sa cible – un faussaire Rodien appelé Wac Bur, qui était inhabituellement gras pour un membre de son espèce – l’avait obligé à courir comme dans un labyrinthe, en cercles toujours plus désespérés, dans les bas-fonds du quartier et il se retrouvait maintenant dans une allée en cul de sac.
Wac signifiait chanceux en Rodien. Wac Bur n’était pas vraiment un exemple chanceux parmi ses pairs, voire pas du tout.
Mort ou vif se remémora Fett. Le synthétiseur thermique des fonctions optiques de son blaster localisa Wac, sa chaleur rayonnant impuissamment depuis une pile de caisses d’emballages abandonnées.
— La mort est le plus simple. Sors d’ici. Je suis un homme occupé.
La voix qui sortit de derrière les caisses était étouffée et pathétique.
— Pourquoi me faites-vous ça, à moi ? Je ne vous ai jamais causé d’ennuis, Fett.
— Je sais, dit Fett, mais tu as fait du recèle d’œuvres d’art falsifiées à Gebbu. Les Hutt sont assez susceptibles sur ce propos.
C’était comme au bon vieux temps. Sa jambe clonée, offerte par son ancien gardien Kaminoan Taun We, était encore aussi acérée pour la poursuite. Fett ne pensait jamais se sentir de quelque humeur qu’il soit, bonne ou mauvaise, mais la situation était assez proche d’un plaisir notable qu’il n’avait pas ressenti depuis longtemps. C’était presque comme s’il sentait que le futur pouvait lui apporter quelque chose de positif. Il n’avait pas eu cette impression d’optimisme général depuis son enfance.
L’allée faisait quinze mètres de large et se rétrécissait vingt mètres plus loin, sans aucune issue : c’était juste une boîte avec un Rodien terrifié maudissant sa malchance à l’intérieur. Un scan rapide de ses armes – il n’y avait aucune raison d’être négligeant à ce sujet – montra que Wac avait juste un blaster d’appoint qui ne lui poserait pas de problème. Il s’avança doucement vers les caisses agitées et tremblantes.
— Allez, sors de là, dit Fett, vérifiant le chrono de son HUD.
— Vous n’avez pas la moindre moralité en vous.
L’insulte de Wac était osée venant d’un faussaire criminel.
— Ce n’est pas comme si Gebbu était une victime. Pourquoi ne courrez vous donc pas après les vrais criminels ?
— Parce que Gebbu pense que tu es quelqu’un de très spécial. Tu viens avec moi ou non ?
La caisse d’emballage s’agita. Wac ne sortait pas. C’était une réponse en quelque sorte.
— Ok, n’y vois rien de personnel, dit Fett. Il leva son blaster pour viser l’image renvoyée par ses détecteurs thermiques, retint sa respiration comme il l’avait fait si souvent auparavant, et appuya sur la détente…
CHAPITRE PREMIER
Espace Hutt, Nar Shaddaa, 24 ans ap. BY : Bar Jaraniz
Les infidèles appellent ça « préparer le terrain ». Il s’agit d’un travail patient et appliqué précédant une attaque et visant à faciliter l’avancée de la sainte armée qui me suit. Je le prépare minutieusement : je ne laisse rien au hasard. Je suis Nom Anor, Exécuteur, et ma tâche est d’infiltrer et de déstabiliser.
Et je recherche des alliés dans cet endroit sordide.
Les Yuuzhan Vong ont-ils besoin d’alliés dans cette abomination de galaxie ? Non. Tôt ou tard, nous rendrons gloire aux Tout-puissants en purifiant ces mondes de leurs machines et des créatures qui sont volontairement devenues leurs esclaves. Mais je suis un pragmatique et les pragmatiques ne perdent jamais un avantage, ni ne laissent à leurs ennemis une armée à recruter.
Vergere dit qu’un groupe de guerriers appelés Mandaloriens est l’ennemi le plus résistant que les Jedi aient pu rencontrer, hormis les Sith. Ainsi, étant pragmatique, je préférerais les avoir avec moi plutôt que contre moi. Et, de la même manière que toutes les autres abominations, ces Mandaloriens vendent leurs actes de foi, leur guerre sacrée, pour des crédits. Ils ne se battent pas pour des dieux – ils ne semblent pas plus dévoués que je ne le suis – mais pour le pouvoir.
Cependant, que trouvent-ils à acheter qui serait plus important que l’honneur ? Pourquoi est-ce que je me souille même en les contactant ?
Cela doit être fait, et c’est plus de douleur que je ne peux supporter avec délectation.
Comme les compétences des Mandaloriens sont devenues bon marché, comme ils n’ont aucun honneur, je peux les acheter et les manipuler.
C’est un tripot. C’est là où je prétends être un infidèle et que je parle raisonnablement avec des abominations. Je peux leur ressembler, je peux parler comme eux, mais je ne dois jamais devenir comme eux, et je me cache parmi eux depuis tant d’années maintenant que je crains que cela n’arrive. Par précaution, j’ai invoqué Yun-Harla, juste au cas où elle existerait vraiment, afin qu’elle me guide pour que ma vie de trahison ne me trahisse finalement. Sous la table, là où aucun infidèle ne peut me voir, je passe mon couteau sur la paume de ma main, et j’utilise la douleur à la fois comme objet de culte et comme moyen de concentration. Il ne me reste qu’une année à endurer avant que la flotte n’arrive.
Je n’ai pas foi en nos Dieux, mais il se peut que je me trompe : et je suis un pragmatique, alors je reste ouvert à toute possibilité.
Ainsi devrais-je commander… une bière. Et je devrais m’asseoir, et attendre.
Espace Hutt, Nar Shaddaa, 24 ans ap. BY : Bar Jaraniz, nuit du “Un acheté un gratuit”, cinquième mois.
La pancarte au dessus de l’armature de la porte carbonisée au blaster disait que le Jara ne fermait jamais, et en dépit des nombreuses guerres entre bande, des effusions de violence, et de désagréments armés mineurs entre partenaires en affaire, il ne l’avait jamais été.
Goran Beviin entra par la porte ouverte du Jara – grande ouverte, pour une raison connue du propriétaire seul – et fit une pause pour scanner l’inhabituelle foule du bar.
— Là bas.
Le barman, occupé à préparer un cocktail élaboré, fit un signe de tête en direction des compartiments mal éclairés du coin le plus éloigné. Ses mains étaient pleines de quartiers de fruits, de brochettes, et d’une bouteille bleue ciel en forme de spirale d’alcool vosh à deux cent degrés avec ces petits morceaux répugnants de geref nageant à l’intérieur.
— Le beau gosse habillé en noir. Il cherche l’aide d’un Mando.
Beviin tourna la tête discrètement pour une évaluation visuelle rapide. Shab, l’homme était repoussant. Vraiment repoussant : un visage ressemblant à un speeder défoncé et à moitié remis en état. Beviin envisagea de lui offrir un masque pour le bien des autres clients. Mais ils étaient tous aussi absorbés que le barman, étudiant la mousse blanche de leur bière ou les solides glaçons de leurs verres de vosh se sublimer en vapeur. C’était le genre de bar où les patrons évitaient le plus souvent de se fixer l’un l’autre. Cela vous valait d’être découpé par une vibrolame. La direction était fière que le bar respecte strictement l’étiquette à ce propos. Beviin tendit sa main gantée vers une bouteille de bière, prévoyant de la boire plus tard. Il n’enlèverait pas son casque ici.
— Nous ne faisons pas de chirurgie esthétique.
Le barman lui en donna deux, et il fit glisser les deux dans le petit sac pendant à sa ceinture.
— Déjà vu auparavant ?
— Non.
— Ce n’est pas un visage que l’on oublie.
Il y avait de forts échos de voix et de rires féminins dans le coin le plus reculé du bar, et Beviin reconnue une femme humaine et une jeune fille dans un style véritable beskar’gam – l’armure Mandalorienne – penchées au dessus de la table comme si elles partageaient une plaisanterie. Il y avait beaucoup de verres vides sur la table, à côté de leurs blasters.
— Encore une nuit pour les femmes, je vois.
— Écoute, je ne veux aucun problème.
— Je n’en prépare aucun.
— Je veux dire elles.
Le barman apportait les touches finales au cocktail.
— Vos femmes peuvent vite devenir incontrôlables.
Beviin ne les reconnut pas. Elles semblaient passer un bon moment, et elles ne semblaient certainement pas inquiètes d’être les seules femmes dans le bar qui n’étaient pas effectivement en train de travailler. Il y avait de petites communautés Mandaloriennes dans le secteur, mais le Jara était le genre d’endroit ou les mercenaires et les chasseurs de primes cherchaient du travail, c’est pourquoi ces femmes auraient pu venir de n’importe où.
Leur armure rouge foncé frappée d’un même signe noir représentant un sabre au niveau de la poitrine les identifiait à un même clan, et elles semblaient être mère et fille. Leurs casques étaient entassés sur le sol.
— La seule qu’un homme Mando craint, dit Beviin, c’est une femme Mando. Assures toi que tu n’as pas oublié leurs mouchoirs.
Elles riaient toujours aux éclats alors qu’il se frayait un chemin dans le bar pour atteindre les compartiments. Il entendit le mot Verd’goten. La fille avait donc fini son entraînement de guerrière : elle venait d’avoir treize ans, ainsi, elle était une femme élevée à la manière Mando, entraînée à se battre tout comme un homme. Elles étaient en train de célébrer sa majorité. Il aurait au moins pu poser sa bière sur la table ou se joindre à l’oya manda, mais avant cela, il avait une affaire à conclure. Peut-être plus tard. La fille – elle semblait vraiment n’être qu’une enfant, même avec ce scalp desséché pendant de l’une de ses plaques d’épaule – lui fit penser qu’il était grand temps qu’il ait un fils.
Peut-être plus tard.
L’homme en noir regarda Beviin approcher sans sourciller : la foule s’écarta pour le laisser passer sans un mot ou un regard. Même la population de gangsters de l’endroit ne se risquerait pas à offenser un Mandalorien. Beviin se glissa jusqu’au compartiment de la table de son futur client, utilisant son holster pour nettoyer le siège. Il décela un léger parfum métallique de sang dans son senseur environnement. Un bagarre avait du se produire un peu plus tôt.
— J’ai entendu que votre peuple est doué pour résoudre les problèmes, dit l’homme. Il avait des yeux bleus humides, et un visage qui ressemblait au premier effort qu’un sculpteur aurait pu faire pour essayer de tirer quelque forme d’un bloc de granite. Pas défiguré par des cicatrices : juste grossier, brutal, et dépourvu de chaleur humaine. Il posa ses deux mains gantées à plat sur la table, de part et d’autre d’un verre rempli d’un liquide insipide. J’ai un problème qui doit être résolu.
— Je suis Goran Beviin. Et vous êtes… ?
— Je croyais que les chasseurs de primes étaient discrets.
— Discrets, mais pas stupides. Protéger la confidentialité d’un client était une chose, et ne pas savoir avec qui vous êtes en train de faire affaire en est une autre. Une fois que vous prenez le risque de me dire ce que vous voulez, soit vous me payer entièrement sur le champ, soit vous me donnez assez d’informations pour que je vérifie que vous êtes en mesure de payer.
— Quelle ironie, venant d’un homme qui se cache derrière un casque.
— Je suis Mandalorien.
Beviin était conscient que quelque chose bougeait derrière lui, et son casque à vue large lui indiqua que la femme à l’armure rouge passait devant le compartiment en direction des distributeurs de boissons.
— En général, c’est une référence suffisante pour la plupart des clients.
Beviin n’arrivait pas à cerner son accent. Il devait avoir quarante, peut quarante-cinq ans, et il semblait clairement irrité de ne pas pouvoir voir les yeux de Beviin. Les gens recherchent toujours les regards éloquents et furtifs sortant de la visière, de haut en bas, de gauche à droite, attendant instinctivement une expression du visage qui n’était pas là. Parfois il était plus dur de faire affaire avec des humanoïdes plutôt qu’avec d’autres espèces, car il leur suffisait de lire l’expression du visage. D’où venait cet homme ? Pas d’un endroit connu des Mandos, c’était sûr.
Shab, il ressemblait à une pièce de viande noircie.
Et puis l’homme commit l’erreur de mettre sa main sous le niveau de la table.
Beviin sentit une pointe d’adrénaline assécher sa bouche et instantanément, son blaster de poing fut devant le visage de l’homme, son indicateur rouge chargé au maximum. C’était un réflexe pur, du genre de ceux acquis par des années de guerre, de meurtre, et de lutte pour rester en vie. Il n’y avait pas même pensé. Sa main l’avait fait.
L’homme cligna des yeux et regarda d’un côté, mais ne semblait pas trop inquiet que le blaster de Beviin ne soit pas le seul pointé sur lui. La femme à l’armure rouge avait dégainé le sien également, et attendait stoïquement comme si elle attendait l’ordre d’ouvrir le feu. Le bar – comme d’habitude en de telles circonstances – prudemment silencieux et totalement, studieusement, désintéressé pour se préserver.
— Copaani gaan, burc’ya ? demanda-t-elle.
Besoin d’un coup de main, frère ?
Malgré les festivités à sa table, elle était rigoureusement sobre : ses cheveux bruns dans un chignon serré, des yeux noisette qui auraient dû étinceler mais qui étaient froids comme ceux d’un prédateur. Les articulations des doigts de sa main droite laissaient apparaître sa peau blanche sous l’entrelacement complexe de tatouages bleus. Sa cible les fixa d’un air étrangement absorbé, comme s’ils avaient une quelconque signification pour lui.
Beviin secoua la tête.
— Naysh a’vor’e, vod.
Merci, sœur, mais non.
— Je suis juste un peu tendu ces jours ci.
Elle attendit deux secondes avant d’abaisser son blaster et de passer son chemin. Elle avait soutenu un frère, même s’il lui était complètement étranger. C’était la manière d’agir des Mando. Beviin baissa son arme et se pencha en arrière vers le mur de l’isoloir, attendant une réponse.
— Mon nom est Udelen, dit l’homme.
Vu le niveau de sa voix, il semblait plus curieux à propos de la femme, la regardant jusqu’à ce qu’elle soit hors de vue : non, il n’était pas facile à effrayer. Son regard retomba sur Beviin une nouvelle fois.
— J’ai besoin d’attirer l’attention de quelqu’un.
— Combien de temps ?
— De manière permanente.
— Des dettes ? Une rivalité ?
— Vous n’avez pas besoin de savoir ça.
— Je ne peux pas évaluer le coût d’un job sans un minimum de détails.
— Très bien, une rivalité.
— Vous avez l’intention de préciser ?
— Non.
— Je prendrais un extra.
— Êtes-vous familiarisé avec la politique de Ter Abbes ?
Beviin activa l’écran de son casque, situé au dessus de sa tête, grâce à quelques battements de paupière, et des icônes descendirent en cascade sur l’un des côtés de son champ de vision.
— Ter Abbes, répéta-t-il. Le chargeur audio releva les mots et les restitua, crachant un flot d’images GalaxSar et de données politiques auxquelles il n’aurait pas dû avoir accès. Une planète sinistre de la principale route commerciale de Perlemia : quelques sales types y transitant, mais pas vraiment un dix sur dix sur l’échelle Hutt de la criminalité.
Quel jeu jouait ce type alors ? De la politique. Tout à coup, cela ne semblait plus si attractif. Des gangsters, des tire-au-flancs endettés, ou d’autres hut’uun du genre étaient des affaires honnêtes, mais les politiciens étaient une autre paire de manche.
Mais jusqu’à présent, l’année avait été infructueuse. Il fallait bien qu’il mange. Le job de chasseur de primes n’était pas le genre de business qui se planifiait sur cinq ans. C’était le festin ou la famine, il fallait grappiller ce qu’on peut.
— Qu’est-ce que vous avez en tête ? demanda Beviin.
— J’ai besoin de destituer un politicien, dit Udelen.
— Au pouvoir ou non ?
— Quelle importance ? Je le veux mort.
Bien, voilà une complication dont il n’avait pas vraiment envie. Beviin aimait arrêter les gens, et si arrêter signifiait tuer, alors cela ne lui posait pas de problème non plus. Il n’aimait pas renverser des gouvernements élus, bien entendu, aussi longtemps qu’ils ne lui faisaient rien, à lui ou aux Mandaloriens en général. C’était un travail d’espion. Il avait ses limites.
Mais sa ferme sur Mandalore connaissait une année rude. Une année à profit zéro, une subsistance au jour le jour.
— Qu’a-t-il fait ?
— Il accepte les pots de vins.
— Non, je veux savoir ce qu’il a fait que tous les autres n’ont pas fait ?
— Il n’a pas tenu ses promesses.
Udelen déplaça sa main jusqu’à la partie ouverte de sa veste doucement et posément, ayant manifestement bien appris sa leçon, et en extrait une datapuce. Il la fit glisser le long de la table en direction de Beviin, étalant quelques gouttes d’un liquide qui devait être dû à la condensation d’un verre gelé précédent.
— Voilà ce que j’aimerais négocier. J’aimerais qu’il cesse d’être un politicien avant les élections du mois prochain.
Beviin glissa la puce dans un des ports de la plaque de son avant bras, et les données s’affichèrent instantanément à travers son HUD. L’écran se déroula. Des données chiffrées, des lettres, de simples icônes d’une ou deux couleurs apparurent facilement dans son champ de vision, mais une holo-image très colorée le déconcentrait énormément. Il y avait beaucoup de détails exigeant de la concentration, et – c’était là le point le plus difficile – il n’était pas aisé de sembler net à travers un visage et de maintenir son attention sur un examen minutieux lorsque son cerveau d’humain tendait à se concentrer sur la physionomie. Il se retrouva à fixer les yeux d’un homme qui le regardait droit dans les yeux mais ne le verrait jamais.
— Osik…
Non, il ne s’attendait pas à découvrir ce visage. Ce n’était pas une cible ordinaire, ce n’était pas l’un de ces politiciens fainéants qui passait des marchés douteux dans des tripots enfumés.
— C’est le leader de l’opposition. Tholote B’Leph ? Ok, il est réputé pour sa générosité forcée à accorder des contrats gouvernementaux lorsqu’il était au pouvoir, mais le tuer provoquerait des émeutes sur toute la planète. Ne préféreriez vous pas que je lui casse les doigts ou autre chose ? Généralement, ça marche…
Le visage sinistre d’Udelen se creusa légèrement.
— Les conséquences sont le problème de Ter Abbes.
Il tendit la paume de la main pour récupérer la datapuce.
— Cent mille crédits. Le marché habituel : la moitié tout de suite si vous acceptez, l’autre une fois le boulot accompli, lequel devra être fait quelques jours avant l’élection.
Un tel minutage suggérait qu’il ne s’agissait pas de pots de vins perdus. Cent mille crédits, ce n’était pas négligeable. Mais c’était suffisant pour éliminer ses inquiétudes vis à vis de ses cultures et du nombre d’offre qu’il aurait ces prochaines. C’était aussi beaucoup de problèmes potentiels, peut-être plus qu’il ne pouvait supporter seul. Son sens aigu de préservation de soi luttait contre son besoin d’argent.
— J’ai besoin de recruter quelques renforts. Combien de temps ai-je ?
— Jusqu’à ce que nos hôtes débauchent, dit Udelen. Je serais là jusqu’à l’aube.
— Je reviendrais avant alors.
Les festivités du Verd’goten battait encore leur plein lorsque Beviin partit, et il garda un œil sur la femme tatouée en armure rouge grâce aux senseurs trois cent soixante degrés de sa visière. Elle aussi sembla garder un œil sur lui.
Il aurait du s’arrêter en passant et souhaiter bonne chance à sa gosse. Si elles étaient toujours en train de crier de joie après qu’il ait fini de parler au Mand’alor, il le ferait.
Oui, seul Boba Fett pouvait mener à bien ce job.
Nom Anor : rapport quotidien
Presque dix-huit ans. J’ai été séparé de mon peuple trop longtemps. Mais quelque soit l’endroit où nous sommes nous en faisons notre foyer, car nous n’avons plus de monde natal maintenant. J’ai entendu dire que les Mandaloriens ont été des vagabonds, eux aussi, et qu’ils étaient conquérants comme nous, et que leur dieu était la guerre elle-même. Et maintenant ils ne le sont plus, et leur culte de la guerre a disparu car l’un de leur chef souhaitait rendre les choses plus civilisées. Lorsqu’ils se battent, ils se battent dans les guerres des autres et pour de l’argent.
Lorsque j’ai vu les tatouages de cette bande de femelles, j’ai pensé un moment qu’il s’agissait peut-être d’un vestige des vrais guerriers qu’ont été les Mandaloriens, et qu’ils étaient comme nous dans leur mise en valeur de leur propre douleur et de leur propre mort. Mais non, c’est seulement de la vanité, de l’apparat, et rien de plus. Ils n’ont pas de castes, pas d’ordre, aucune volonté d’améliorer ou de sauver l’univers. Ils se préoccupent uniquement de survivre au jour le jour. Leur culture est maussade, et il y a bien longtemps qu’ils ne l’imposent plus aux autres. En conséquence, ils ne peuvent avoir aucune foi en celle-ci.
Ce que l’on respecte, nos valeurs, nous devons également les faire respecter par les autres. Mais peu importe. Ils me seront quand même utiles.
Espace Hutt, Nar Shaddaa, 24 ans ap. BY : Navire d’assaut Gladiateur Beroya, hangar pour airspeeder.
— Tu perds patience ? demanda Fett.
Le Mand’alor, le chef du clan, était une holo-image bleue miroitante flottant au dessus du tableau de commande du chasseur de Beviin, nettoyant son blaster.
— Ce n’est pas dans mes habitudes de tuer un opposant politique, dit Beviin.
— Qu’est-ce qui t’inquiète ?
— Les troubles civils que cela causerait.
— Il y a toujours des troubles civils, dit Fett. Le jour où tu commences à te demander quelles sont les retombées morales d’un marché avant de le conclure, il vaut mieux pour toi que tu rejoignes l’Armée de la Nouvelle République. Et ils ne te laisseront pas choisir tes batailles de toute façon.
Beviin cacha son mécontentement. Fett avait marqué un point : certes, il pouvait être parcimonieux sur ses contrats et il classait probablement trop souvent les assassinats et exécutions qui lui paraissait justes, et ceux qui ne le paraissaient pas.
— Mais graisser la patte du payeur ressemble toujours à quelque chose qui va plus loin que la sanction d’un échec.
— Continue.
— C’est trop stratégique. C’est le minutage.
— Cela représente surtout cent mille crédits. À quand remonte la dernière fois que tu as vu ce genre de somme ?
— D’accord, allons au delà de ça.
Depuis le cockpit du Gladiateur Beviin releva des regards nerveux alors que les passants jetaient de rapides coups d’œil en direction de la verrière faiblement éclairée du chasseur et réalisaient qu’en plus d’être un Gladiateur, le vaisseau était occupé. Lorsqu’il tourna la tête, ils déguerpirent rapidement. Même dans un endroit criminel aussi chaud que pouvait l’être Nar Shaddaa, un vaisseau d’assaut armé de canons avec un Mando aux commandes n’était pas monnaie courante dans un parking.
— Il ne veut pas seulement que je casse deux ou trois jambes ou que je distribue des fessées. Il veut que je le débarrasse d’un politicien juste avant des élections. Ce n’est pas un rappel que la facture est en retard pour le paiement.
— Comme toute affaire de politique. Comme toute affaire conclue avec les Hutts.
— Non, tout ça est très… impersonnel.
Beviin, gardant un œil sur le tissu de vermine ébahi par le Gladiateur, dévia légèrement les phares de navigation et fit fuir les curieux.
— Je préfère être prudent.
Fett faisait toujours rouler distraitement le viseur de l’EE-3 dans l’une de ses mains.
— Tu as besoin de cet argent.
Beviin réalisa qu’il avait sûrement paru lui demander de l’aide.
— Ce n’est pas la meilleure année que j’ai connu effectivement.
— J’accepte plus d’offres que je ne peux supporter à mon âge.
Le Fett holographique commença à serrer le viseur sur le canon du blaster.
— Cela me prend plus d’une paire de main parfois.
— Mand’alor…
— Fett, terminé.
Alors que Beviin retournait au Jara en marchant afin de conclure le marché avec Udelen, il médita l’attitude de Fett et son étrange mélange d’indifférence scrupuleuse ponctuée de rares actions de ce qu’on pouvait appelé de la pure sentimentalité. Plus d’offres qu’il ne pouvait supporter ? Il était encore au sommet de sa forme. Non, placer ce travail sur la route de Beviin n’avait rien à voir avec le fait que Boba Fett était fortuné et que Beviin trimait depuis des années. Fett avait fait une poignée d’actions désintéressées et – même s’il ne l’admettrait jamais, c’était la rumeur qui courait – parce qu’il pensait qu’il fallait que cela soit fait.
Parce que c’était vrai. Fett avait ses bons moments. Et l’instant suivant il vous faisait sauter le crâne car c’était son boulot.
Pour la seconde fois de la journée, Beviin entra dans le Jara. Udelen était toujours là, comme s’il n’avait pas bougé. Beviin jeta un regard sur les autres tables de l’autre côté du bar : la mère et sa fille en armures rouges elles aussi étaient encore là.
— Marché conclu dit-il à Udelen.
Devant lui, l’homme avait toujours un verre rempli d’un liquide transparent, et lui non plus ne semblait pas avoir bougé. Il fit un geste délibérément lent vers l’intérieur de sa veste et en sortit une puce de crédit.
— Vous aurez le reste lorsque vous aurez rempli votre mission, dit-il. Et je saurai quand vous recontactez pour vous payer. Si les résultats me plaisent, j’aurai beaucoup de travail pour vous et vos camarades.
Beviin aimait le son de ce qu’il entendait. Il prit la puce et l’inséra dans le port de données de la plaque d’armure de son avant-bras pour vérifier qu’elle était valide : cinquante mille crédits, assez pour transformer sa vie de famille pendant un moment. L’épingle lumineuse bleue lui confirma sa validité.
— Un plaisir de faire affaire, dit-il.
Udelen salua rapidement de la tête puis sortit du bar en marchant avec la dignité lente d’un convive de funérailles. Sa démarche renforça l’idée de Beviin que ce n’était pas seulement de la violence d’ordure à ordure. C’était plus que ça.
Un coup d’état. Cela devait être un coup d’état. C’était une curieuse façon d’opérer, mais parfois le meilleur moyen d’obtenir le pouvoir était le moins direct. Udelen ne ressemblait au genre d’homme qui croyait au pouvoir des urnes. Beviin le regarda partir, et dans un élan de curiosité il enleva son gant de sécurité et plongea prudemment un doigt dans la boisson apparemment intacte d’Udelen. Cela ressemblait à de l’eau. Il la goûta.
C’était de l’eau.
Alcool et affaires ne faisaient pas bon ménage. D’ailleurs le marché de Beviin était conclu, il commanda alors des boissons pour les femmes en armure rouge et se dirigea vers leur table pour leur offrir les verres. Il s’agissait juste des bonnes manières. Certains clients accoudés au bar regardèrent Beviin comme s’il essayait une manœuvre de séduction, mais ils étaient des aruetiise, des étrangers et ils ne pouvaient pas comprendre ses obligations.
— Oya, vod’ika, dit-il à la fille.
Les non-Mandaloriens croyaient que c’était juste une façon de la saluer, mais c’était beaucoup plus que ça : survit petite sœur Chasse, profite de la vie, glorifie ton peuple.
— Oya manda.
— Oya, dit la fille. Je suis Dinua.
— Et mon nom est Briika, dit sa mère aux yeux durs.
Son nom provenait du mot sourire, et Beviin appréciait ce genre d’ironie. Elle pouvait dessécher n’importe qui avec ce regard.
— Ces gants de protection sont illégaux. Mais tu dois le savoir.
— C’est comme une vieillerie, dit Beviin.
Il donna une petite tape à la gaine accrochée à sa ceinture, faisant cliqueter un ancien sabre dans son étui.
— J’ai également mon propre beskad. Pourquoi voyagez-vous ?
— Je dois trouver un nouveau foyer maintenant que mon mari est mort.
Aucun Mando n’abandonnait une veuve et un orphelin pour aller combattre. Il partageait la chance lorsqu’elle se présentait à eux, car la vie était dure et il était impossible de prévoir le moment où vous en auriez besoin.
— Je peux peut-être vous aider.
Beviin avait déjà assez de crédits dans sa poche pour revoir Medrit cette année. Si Udelen avait d’autre travail à offrir dans les semaines suivantes, il le dirigerait vers Briika et Dinua.
Comme Fett, il ne pouvait pas accepter tous les boulots qu’on pouvait lui offrir.
Nom Anor – Rapport des services de renseignement au préfet Da’Gara de la flotte Yuuzhan Vong. Décompte avant l’invasion : huit semaines standards. 25 ans ap. BY dans le calendrier des infidèles.
Les Mandaloriens semblent être particulièrement efficaces pour l’infiltration, la récupération, les assassinats et le sabotage. L’année durant laquelle je les ai utilisés, ils ont prouvé que l’on peut compter sur eux, leur nombre réduit les rend inutiles par rapport à une armée, néanmoins, ils pourraient constituer une excellente escouade de mercenaires à l’avenir.
Goran Beviin s’est montré particulièrement efficace pour son travail de suppression de B’Leph, et une guerre civile s’amorce. Il recrute des camarades d’une efficacité égale : et même leurs enfants sont de féroces combattants.
Lorsque j’ai parlé à leur chef, celui qu’ils appellent Mand’alor – Boba Fett – j’ai craint un instant qu’il voudrait demander plus de réponses que je ne pouvais lui donner. Mais le travail de déstabilisation et d’exécutions pour lequel ils excellent est une chose normale, quotidienne dans cette galaxie corrompue : il n’avait aucune raison de se demander pourquoi je demandais ce que je faisais de son peuple.
Il a vu et a participé à des guerres autrefois. Comme moi, il est réaliste. Un homme pragmatique. Je devrais presque voir plus loin et le rencontrer.
Mandalore est déjà noté sur ma liste comme l’un des mondes qui sera le plus difficile à soumettre.
Keldabe, capitale de Mandalore, périphérie de la ville.
Keldabe ressemblait à un complexe industriel déglingué que quelqu’un avait jeté et abandonné dans une forêt parce qu’il était trop ennuyeux de le déposer proprement.
Je ne vis même pas là. Et je suis le chef d’état.
Fett fit plonger le Slave I au dessus des forêts de Mandalore, quarante-cinq degrés nord par rapport à l’équateur et se rappela qu’au moins c’était une bonne planète à défendre si les problèmes arrivaient. La population locale avoisinait un modeste quatre millions, Coruscant avait des minuscules voisins plus peuplés que ça. Tout comme l’Aurore de l’Harmonie et le reste du secteur, l’endroit était principalement rural : des jungles, des forêts, des déserts et des plaines sur lesquelles les fermiers avaient peu de prise. En termes galactiques, c’était une petite ville que des étrangers avaient pris pour un monde.
Cela collait. Quelques Mandaloriens constituaient déjà une armée après tout.
La console de communication pépia.
— Mand’alor, le vaisseau d’Udelen vient juste d’atterrir au spatioport.
— Je le talonne, dit Fett. Gardez un œil sur lui en attendant.
— Nous gardons un œil sur tout le monde.
Le Slave I pouvait naviguer seul mais Keldabe n’était pas le genre d’endroit dans lequel un novice pourrait voler à vue. C’était – en basic – une très grande colline, encerclée par les fortifications naturelles des méandres de la rivière Kelita et au delà de cette région boisée s’élevaient des habitations. L’étendue des installations de MandalMotors était la plus grande particularité du paysage et si Fett utilisait les installations de la tour d’une centaine de mètres comme un relais de navigation grâce au pylône de communication pour le spatioport, il pouvait s’aligner et se poser impeccablement sur la bande d’atterrissage.
Mandalore se composait de MandalMotors, de milliers de petits ateliers d’ingénierie, de fermes de subsistance, de mines et d’affreux bosquets d’arbres, et c’était à peu près tout.
Sans les gisements de beskar l’unique minerai métallique Mandalorien, il n’y avait rien de remarquable en cet endroit, à part le peuple y vivant. Et le beskar avait été largement pillé par l’Empire.
Peut-être que s’ils étaient organisés plus formellement… Non, Fett chassa ses pensées au loin. Les Mandos étaient assez organisés pour survivre.
Et, étant des Mandos, ils ne déployaient pas le tapis rouge ou une fanfare pour accueillir quelque leader que ce soit. Fett stabilisa le Slave I sur son train d’atterrissage dans une baie réservée à lui seul, et descendit la rampe.
Il ouvrit son comlink et contacta la tour de contrôle.
— Quel vaisseau ?
— Le bleu qui ressemble à un T-77.
Il y eut une pause, comme si le contrôleur s’était penché suffisamment hors de portée du micro pour consulter quelqu’un d’autre.
— Et il a un lance grenade, ret’lini juste au cas où.
Fett ne voulait offenser personne pensant qu’il avait besoin de renfort. Il n’avait jamais eu besoin de quelqu’un pour couvrir ses arrières, mais les Mandaloriens avait toujours un plan B, juste au cas où.
C’était presque un réflexe, le genre de réflexe enraciné dans une société militarisée.
Fett pensa que c’était une précaution courtoise même s’il n’en avait pas besoin. Il activa le tableau de bord des armes du Slave I via le lien de son casque, calcula les coordonnées du vaisseau d’Udelen, et laissa le vaisseau faire le reste. Un icône de son HUD lui assura que le canon laser avait tourné sur lui-même vers la position suivante se verrouillant sur sa cible : l’airspeeder bleu. Il activa ses propulseurs dorsaux en mode évasion. Juste au cas où était profondément enraciné en lui.
Il se posta devant le vaisseau à une distance raisonnable et attendit que son client potentiel descende la rampe.
— Je ne m’attendais pas à ce que Mandalore soit si… naturel, dit Udelen. Je ne sais pas pourquoi mais je pensais que ce serait plus industrialisé. Vous avez même quelques demeures installés dans les arbres.
— Nous avons toutes sortes de maisons, dit Fett. Qui était-il ? Un touriste ? Quelques indigènes préfèrent encore les arbres au sol.
— Qui dirige votre gouvernement ? Qui sont les administrateurs ?
Pourquoi est-ce que ça t’intéresse ?
— Les Mandaloriens aiment les relations informelles et amicales. De quoi voulez-vous me parler ?
Udelen s’arrêta une fraction d’un battement de cœur à peine remarquable que Fett faillit ne pas s’en rendre compte. Peut-être n’aimait-il pas voir ses questions déboutées. Il se ressaisit instantanément.
— Je viens vous prévenir que votre peuple risque d’être fortement occupé durant les prochains mois. Une guerre s’annonce.
— Vous devez être nouveau dans la galaxie, dit Fett, pas du tout surpris. Il y a toujours une guerre quelque part, depuis toujours et pour toujours. C’est pourquoi les Mandaloriens n’ont jamais manqué de boulot.
— Cela pourrait s’intensifier.
— Affectera-t-elle le secteur Mandalorien ?
Udelen marqua une pause et Fett ne tint pas compte de son expression soudainement satisfaite.
— Nous pouvons espérer que non.
Ne joue pas à ces petits jeux psychologiques avec moi. Je sais reconnaître une manœuvre de chantage quand j’en vois une.
— Quiconque pense se battre ici devrait l’espérer également.
Fett ne trouvait pas qu’Udelen était aussi laid que ce que Beviin lui avait décrit, malgré l’odeur de vase qu’il dégageait. Cela lui rappela son enfance, la brise marine labourée par les orages de Kamino. Les odeurs ravivaient toujours des souvenirs.
— Notre arrangement englobera un travail de mercenaire également, dit Udelen. Les prix usuels.
— Tous les Mandaloriens ne sont pas des mercenaires. Ils choisissent le métier qu’ils veulent exercer.
— Alors je vous demande, à vous et quelques autres, de vous rendre à un point de rendez vous dans deux semaines.
— Vous feriez mieux de me dire ce à quoi nous devons nous attendre, pour que nous emmenions les outils appropriés au boulot. Je ne suis pas ton armée, mon pote. Je suis mon propre maître. Nous nous réservons aussi le droit de refuser votre offre, comme d’habitude.
— Vous ne m’avez pas demandé qui sont les combattants.
— Vous n’aviez pas l’intention de me le dire.
— C’est vrai.
— Je me contenterai donc de ce que j’ai.
Udelen sourit presque. Fett n’aimait pas ça. Même si les crédits lui parvenaient, il décida de garder un œil sur les largesses de son client.
L’essentiel des chasseurs de primes et des troupes Mandaloriennes dont Udelen semblait vouloir disposer s’en sortait financièrement. Cela semblait satisfaisant tant qu’Udelen comprenait que la capacité la plus légendaire des Mandaloriens n’était pas l’obédience. Même les Mandaloriens se devaient de le comprendre.
Fett regarda l’airspeeder décoller et désactiva les cannons du Slave I grâce au lien de son casque.
Mais il savait que la tour de contrôle le tracerait jusqu’à ce qu’il ait quitté l’orbite de Mandalore. Juste au cas où.
Journal de Nom Anor – Rapport final des services de renseignement. Décompte avant l’arrivé de l’avant-garde de la flotte Yuuzhan Vong : deux jours.
Parfois, je nous trouve presque des affinités avec les Mandaloriens. En fait, certains d’entre eux préfèrent des maisons vivantes, et non pas des bâtiments construits comme les autres infidèles. Ils créent des demeures sur des plates-formes dans les branches des arbres. Et ainsi je les vois tels qu’ils sont, avec leur passion pour leur technologie entièrement artificielle. Oui je jette un chaud froid sur eux, comme disent les infidèles. Mais je n’ai pas besoin de les aimer, je dois juste comprendre de quelle manière ils peuvent nous être utiles pour les choses subtiles de la guerre, que la force brute de notre flotte ne peut pas toujours accomplir. Ils m’ont aidé à préparer le champ de bataille : maintenant nous allons voir comment ils réagissent à la perspective de la bataille elle-même.
J’ai demandé à Fett de me donner rendez-vous en un point de notre couloir d’invasion. Je veux que les Mandaloriens soient parmi les premiers à voir leurs nouveaux maîtres entrer dans cette galaxie.
La flotte est presque là, je n’aurais pas à me déguiser et me cacher plus longtemps.
Point de rendez vous avec la force d’Udelen, de valeur et de type non spécifié, pour un briefing dans la Bordure Extérieure, 25 ans ap. BY.
— Si quoi que ce soit m’arrive, prendras-tu soin de Dinua ?
La voix de Briika Jeban brisa le silence régnant sur la fréquence commune de l’escadron, attendant qu’Udelen apparaisse. Beviin, excédé de devoir attendre et fatigué de scruter le voile des étoiles et les nuages de gaz à travers la verrière du Gladiateur, revint à l’instant présent.
— Oui, dit-il. Mais il n’arrivera rien à personne. De toute façon… oui.
— Ai-je mon mot à dire ? demanda Dinua.
Beviin pensa que c’était une façon de leur remémorer qu’elle était une adulte de quatorze ans qui pouvait s’exprimer par elle-même, ou s’il préférait être gai bal manda – littéralement le nom et l’esprit de l’adoption – par quelqu’un d’autre.
— Et non, il n’arrivera rien à personne.
La mort était la part de réalité la plus présente dans le business. Beviin savait que Dinua avait perdu son père, et même s’il ne pourrait jamais être plus qu’un ami et un frère pour Briika, son devoir était de s’assurer que sa fille – même adulte – ne serait jamais orpheline. Si seulement Fett faisait vraiment parti de la communauté Mandalorienne, Beviin pensa que quelqu’un aurait du l’adopter pour qu’il puisse avoir une famille, qu’il en ait besoin ou non. Mais personne n’avait jamais soulevé ce problème avec lui. Ce n’était pas un homme de famille et il n’y avait toujours pas de place pour qui que ce soit dans sa vie, à part pour le fantôme de Jango.
— Je prends ça pour un accord, dit Beviin. Et je promets que si jamais je t’adopte, je ne te ferai pas porter de vêtements à fanfreluches.
De forts éclats de rires, dont celui de Dinua, saturèrent son lien audio, mais Fett resta silencieux : il ne fit même pas de réprimande. Autour de lui s’étaient positionnés les deux femmes dans leurs chasseurs Agresseurs et les frères Detta – Cham et Suvar – avec Tiroc Vhon dans leurs Gladiateurs.
— La seule chose dont nous mourrons aujourd’hui c’est de l’ennui, dit Cham. On aurait pas raté l’heure du rendez-vous ?
— Non, coupa la voix de Fett. Nous ne l’avons pas raté. C’est imminent.
Beviin mit en route ses propulseurs.
— Je vais patrouiller les alentours.
Le Gladiateur tourna à cent quatre vingt degrés et fit un looping en s’éloignant du cœur de la formation avant de faire demi-tour. Bien que rien ne se passât, ce n’était pas de l’ennui. Les autres ne l’auraient pas dit, mais tous ressentaient ce moment de doute face au peu d’information dont ils disposaient sur leur client, et – plus encore – le peu d’information sur la mission qu’il leur confiait. Le rendez-vous était seulement un briefing. Justement : pas une bataille, rien en vue, un ennemi inconnu, mais un briefing afin qu’ils puissent se regrouper ultérieurement avec leur nouveau réseau de renseignements et se préparer correctement. Lorsque l’on prend un travail de mercenaire, pensa Beviin, il faut accepter que le client nous mette plus loin dans la liste des gens à informer que ses troupes régulières.
Oui j’adopterai Dinua. Medrit sera d’accord.
Mais on en arriverait pas jusque là. Beviin emprunta le chemin qu’il avait prit, vérifiant si ses scans longue portée n’indiquaient pas d’objets volants à grande vitesse ou de véhicules perturbant l’hyperespace.
Gai bal manda : comme toutes les cérémonies Mandaloriennes, elle était courte et efficace. Personne n’avait de temps, de patience ou d’argent à perdre dans de plantureux évènements. Faisons le boulot, en espérant être en toujours en vie pour quelques bouteilles de narcolethe ou de net’ra gal plus tard…
L’alarme de proximité bipa et Beviin déporta son attention du HUD vers la verrière transparente du Gladiateur.
Il préférait toujours avoir une confirmation visuelle. Un instant il crut que le scan fonctionnait mal car le vaisseau inconnu – cela devait être un vaisseau, vu la vitesse à laquelle il avançait – avait un profil en forme d’astéroïde, une masse minérale, et il était gros, dépassant facilement la centaine de mètres, voire deux. Mais ce n’était pas une ceinture d’astéroïdes. Shab, les instruments du Gladiateur devaient être recalibrés. Une partie des futurs crédits gagnés partirait en fumée de sa poche.
Le vaisseau était derrière lui et il ne faisait pas confiance au scan pour le protéger d’un problème. Il vira à tribord dans une légère explosion et décrit un large cercle pour avoir un visuel de ce qu’il pouvait y avoir à sa queue.
Il y avait un grand objet juste en face. C’était tout ce qu’il pouvait en dire.
Ce qu’il voyait n’avait pas de sens. L’objet scintillait aux endroits où la lumière criarde de l’étoile le frappait et… non ce n’était pas un astéroïde. Sa forme était plus régulière et ovale que les habituels gros morceaux de rochers éparpillés, et il ne tournoyait pas comme les plus gros pouvaient le faire, mais il…
Oh non, ce n’est pas en train d’arriver.
En voyant les choses hors de leur contexte de cette manière, Beviin avait eu une seconde d’illusion totalement illogique : son cerveau lui envoyait des images d’explosions, de débris, préparé à l’impact. Il plongea presque avant qu’il ne réalise que l’énorme morceau de roche se déplaçait avec toutes les caractéristiques d’un vaisseau de guerre. Presque sans réfléchir, il régla rapidement son viseur à l’agrandissement maximal et vit un rocher gris acéré avec d’inhabituelles bandes de matériau d’un noir luisant comme du minerai igné ou de la tektite. Suivant la traînée de l’objet, presque comme les barbeaux d’une rivière de glace vaban, des excroissances du bleu brillant et écarlate ressemblant à des branches dérivaient, certaines possédant des nacelles pareilles à des sacs se terminant en pointe.
Les nacelles avaient la taille d’une aile-X.
Beviin ouvrit le comlink de son casque.
— Mand’alor, dit-il. Connecte-toi à mon circuit vidéo.
— Je vois parfaitement d’ici.
La voix de Boba Fett était parfaitement calme.
— En fait, je peux même en voir plus.
— Ça vole.
Maintenant, c’était la voix de Briika. Tous leurs casques se connectèrent pour partager les données.
— C’est une flotte.
— Nous avons déjà vu des flottes auparavant.
— Pas comme celle-là, Mand’alor.
— Nous ne savons pas s’ils sont hostiles ou s’ils sont juste en transit…
Beviin, faisant ce à quoi il avait été entraîné à faire toute sa vie sans argumenter ni poser de questions, se mit en formation avec les autres chasseurs pour flanquer le Slave I.
— Mais il ne fait pas partie de ma Grande Encyclopédie Mando des Chasseurs Amis, alors ne nous laissons pas prendre avec nos kut’ike autour de nos chevilles, OK ?
Une formation de combat était généralement composée de quatre Gladiateurs associés à un Poursuiveur, pourtant cet escadron disparate se mit en position automatiquement et sans un mot. Beviin regarda les icônes de ses armes s’allumer presque simultanément dans son HUD. Le Slave I avait déjà un missile, ses canons et une torpille verrouillés sur le vaisseau de reconnaissance. Non, Fett ne se laisserait pas avoir à cause de son pantalon tombé à ses pieds.
Les autres navires astéroïdes étaient maintenant visibles, alignés derrière le premier, à la fois sur le radar et en vision directe. L’un d’entre eux éclaircit la ligne en rompant la formation et sa dirigea en direction de l’escadron Mandalorien.
— Du calme, dit Fett. Le blanc de leurs yeux…
Un grognement de Cham se fit entendre.
— Espérons qu’ils en aient.
Le vaisseau principal – s’il s’agissait bien de lui – devait s’étirer d’un bout à l’autre des limites de la ferme de Beviin. Il était monstrueux dans tous les sens du terme, et en particulier parce qu’il était franchement impossible de l’identifier comme un vaisseau. Le canal audio de son casque cliqueta lorsque Fett transmit.
— Vaisseaux non identifiés, ici le Slave One.
Fett aurait du être anxieux, pensa Beviin, mais il n’en laissait rien transparaître dans sa voix. Peut-être qu’après avoir survécu au Sarlacc, rien ne pouvait plus l’effrayer.
— Je n’ai pas de code transpondeur pour vous, identifiez-vous.
Il y eut un silence sifflant doucement, et d’une certaine manière, Beviin n’en n’attendait pas moins. Qui aurait bien pu répondre ? Son attention navigua du radar de son cockpit au vide qui cernait sa nacelle, maintenant tous deux remplis de cibles qui ne pouvaient être qu’une flotte de guerre. Aucun phénomène naturel n’agissait avec tant de conscience. Il resserra ses doigts autour du manche de contrôle et fit rouler son pouce le long de la boule inclinée qui déclenchait les tirs d’un ou des quatre canons. S’ils pouvaient faire plus qu’une entaille dans la flotte, il ne s’en priverait pas.
Pourquoi est-ce que je suppose automatiquement qu’ils sont hostiles ?
Pourquoi est-ce je n’ai pas appelé à la maison et parlé à Medrit lorsque j’en avais occasion ?
J’ai toujours su que je ne mourrais jamais dans mon sommeil, mais je ne pensais pas que je finirais comme ça.
Il avait perdu le compte des situations ingérables dont il s’était sorti. L’écran de son scan affichait tellement de point lumineux classés “non identifiés” qu’il ne pouvait même pas glisser une épingle entre deux d’entre eux. Le vide de l’espace qui remplissait la nacelle de transparacier était parsemé d’étoiles réfléchissant la lumière, comme si une nouvelle galaxie était arrivée.
Le nuage d’objets – de vaisseaux – était en route pour Belkadan.
— Mandaloriens, dit une voix familière dans le comlink. Nous venons vous libérer vous et la galaxie entière de l’hérésie de la technologie et vous enseigner le respect des Tout-Puissants.
— Udelen… dit Beviin.
— Je suis Nom Anor, Exécuteur, et ce que vous voyez est l’avant-garde de la flotte Yuuzhan Vong. Cela nous a pris des décennies pour arriver ici, et maintenant votre galaxie va être remodelée. Transformée.
Beviin entendit la légère inspiration de Fett. Venant de lui, c’était un cri de surprise.
— Je pense que certaines personnes voudront en discuter auparavant.
Les armes de Fett étaient toujours verrouillées.
— Cela dépend de ce que vous entendez par remodeler.
— Vous appelez ça une invasion. Et vous avez le privilège d’être les premiers témoins de notre arrivée.
Beviin suspendit ses gestes une seconde, hésitant à ouvrir le feu ou attendre les ordres de Fett. Oui.
C’était réellement une nouvelle galaxie qui était venue à leur rencontre. Il lutta pour le garder en lui. Sur le comlink ouvert, la respiration de tous les Mandaloriens était audible, un sentiment d’urgence mais non de peur en émanant.
— Fett, suivez ces coordonnées et posez vous dans mon vaisseau. Nous vous montrerons le futur de votre galaxie, et comment vous participerez à la réussite de cette transformation plus que nécessaire.
La réponse de Fett aurait normalement été une rafale de canon à ion bien placée et une fuite rapide. Rien ne changea ou ne se chargea sur l’écran partagé du HUD. Beviin l’entendit déglutir avant de répondre.
— Alors je laisserai mes troupes attendre mon retour, sain et sauf.
— Vous n’avez pas besoin de tous venir, je suis d’accord. Et vous vous portez garants de leur survie.
— Vu la taille de votre flotte, que pourraient bien faire quelques petits vaisseaux de toute façon ?
— Mand’alor, je vous escorte, interrompit Beviin.
Ses paroles étaient complètement irréfléchies et improvisées si bien qu’il s’entendit se justifier.
— Nous nous rallions au Mand’alor. C’est comme ça que nous survivons. Je vous suivrai.
Beviin coupa l’alimentation de ses armes et amena le Gladiateur derrière le Slave I alors que le vaisseau s’éloignait doucement en direction du rocher scarifié géant, un vaisseau de guerre.
— Ke’pare, murmura-t-il dans le comlink.
Fett ne parlait pas le Mando’a mais les Yuuzhan-je-ne-sais-quoi non plus. Presque aucun aruetii ne le pouvait.
— Ke baslana meh mhi Kyrayc.
Restez en attente, et fuyez si nous ne revenons pas.
Ils sauraient ce qu’ils avaient à faire, et quand le faire. C’était profondément ancré et régulièrement entraîné dans chacun d’entre eux.
L’astéroïde gris devint une montagne encombrant son champ de vision alors qu’il suivait la trace des réacteurs du Slave I à une distance sûre en direction de l’ouverture ressemblant à une bouche du vaisseau de guerre.
— Oya, répondit Suvar. Vas-y et montre-leur. Et reste en vie.
Un mot étrange, oya. Il était adapté à n’importe quelle situation. Oya. Beviin le considéra pour se donner du courage. Il avait le sentiment qu’il n’avait encore rien vu.
Nom Anor : hangar du miit ro’ik.
Les guerriers se demandent si les Mandaloriens ne sont pas des droïdes que les infidèles utilisent. Ils se regroupent autour du petit appareil de chasse et observent les figures de métal qui s’en élèvent. Ils savent se battre ; ce sont des soldats professionnels.
De plus, ce sont d’excellents saboteurs.
J’espère que Fett évitera d’utiliser son pack de propulsion. Les guerriers pourraient se mettre en colère en voyant de la combustion artificielle, la première des abominations. Ils sont déjà dégoûtés que je laisse ces infidèles de Mandaloriens apporter leurs machines dans ce miit ro’ik, et ils n’aiment pas que j’utilise le comlink des infidèles, mais je suis un Exécuteur, et ils n’osent pas s’opposer à moi.
Je ne peux pas voir les visages de ces infidèles, mais je sais qu’ils sont impressionnés par la perfection qu’ils voient. Fett regarde partout, étudiant chaque détail, si les mouvements de sa tête peuvent être soumis à quelque interprétation. J’ai entendu dire qu’il a des cicatrices impressionnantes : mais il doit s’agir d’un accident. Son second, Beviin, suis son maître.
Peut-être se fondront-ils bien dans l’ordre naturel des choses après tout.
Navire de guerre Yuuzhan Vong miit ro’ik
Beviin ne pouvait être entendu à l’extérieur de son casque, mais il continuait de murmurer alors qu’il marchait derrière Fett le long du couloir vivant au cœur du vaisseau.
— Comment étais-je sensé savoir ce qu’il était ?
— Tu ne pouvais pas.
Cette horrible limace Udelen – Nom Anor – avait trompé tout le monde. La façon qu’il avait de déguiser un faciès si mutilé était un miracle. Maintenant Fett avait un bon aperçu de son vrai visage.
— Et nous ferions mieux de réfléchir au marché que nous allons conclure au lieu d’avoir une mauvaise surprise comme le reste de la galaxie…
— Cela ne va pas vraiment ressembler à notre bon vieux spectacle de marionnettes Sith et Jedi n’est-ce pas ?
— Je ne sais pas. Tout ce qui compte est ce que les Mandaloriens peuvent en retirer.
Fett ne développa pas, pas maintenant. Il avait le flair de son père pour les ennuis et cette fois-ci ils les sentaient comme jamais auparavant. Le vaisseau lui-même était assez inquiétant : les couleurs éclatantes sur toutes les surfaces et les membres d’équipage donnaient l’impression d’être dans une cave nauséabonde infestée de vermine inconnue. Il n’y avait pas l’once de duracier lisse et sans excroissance ou de pièces mécaniques huileuses rassurantes.
Oui, le vaisseau avait un parfum particulier, l’odeur d’une forêt humide et des mauvaises herbes asséchant les plages avec un soupçon de sang.
C’était comme être de retour dans les tripes d’une créature. C’était comme se retrouver dans le Sarlacc.
Et c’était l’odeur d’Udelen lorsqu’il l’avait rencontré au spatioport de Keldabe. Je n’ai rien vu venir. J’aurais dû. Et maintenant je me rends compte que c’est peut-être la meilleure situation possible.
Fett lança tous les modules d’enregistrements et d’analyse de son casque alors qu’il avançait à l’intérieur du vaisseau, depuis le radar pénétrant jusqu’à l’imagerie thermique. Il s’arrêtait régulièrement et touchait les – non, pas les cloisons – murs. Il ne supportait pas l’idée de mur-estomac. Il essuya le bout de ses doigts le long des murs, feignant la crainte et la curiosité puis transféra discrètement les traces de matière organique récoltée sur ses gants dans l’une des poches de sa ceinture.
— Des échantillons, dit-il calmement. Met tout ce qui est petit – n’importe quel morceau de ce truc que tu peux voler – dans ta poche. OK ?
— Je vois, dit Beviin.
Mais ce dont il avait le plus besoin était une rondelle de ces envahisseurs Yuuzhan Vong qui marchaient à son encontre, un objet ressemblant à un serpent enroulé autour du bras. Un objet vivant.
— Un animal de compagnie ? demanda-t-il.
Jabba gardait toujours un animal sauvage étrange qui l’amusait. Peut-être les Yuuzhan Vong faisait-il de même.
— Un familier ?
— Une arme, dit Nom Anor.
Il fit glisser le serpent d’un geste élégant, et il se raidit immédiatement en un bâton avant de siffler et s’enrouler de nouveau sur le bras de l’Exécuteur.
— Une arme vivante appelée bâton amphi.
Fett avait marchandé avec les pires formes de vie existantes et elles ne souciaient guère de savoir qui gouverne la galaxie. Les petits êtres vivants naviguaient dans les tréfonds de la société, une quête lugubre pour leur survie, méprisant le pouvoir d’en haut les abusant et les exploitant à son avantage. Fett interrompit ses pensées et se réjouit d’agir selon son propre code, car il était un homme pragmatique et savait ce qu’il pouvait ou ne pouvait pas changer dans la galaxie.
Mais les Yuuzhan Vong semblaient penser qu’il n’y a rien qu’ils ne puissent pas changer.
Nom Anor, débarrassé de son déguisement humain et de son costume noir d’affaires, marcha à grands pas en désignant la technologie organique d’une fierté flirtant avec l’arrogance.
— J’ai vécu parmi vous dix-huit ans, infidèles, dit-il. Je n’ai pas rencontré une seule fois une culture pure utilisant uniquement de la biotechnologie.
Beviin maugréa, mais seul Fett l’entendit.
— Aruetii. Nous ne sommes pas ses meilleurs copains alors…
— Nous faisons de notre mieux, dit Fett à Nom Anor. Il faudra que vous nous enseigniez comment bien faire les choses.
À mesure qu’ils flânaient dans le navire, Beviin eut l’air de trébucher et de se tenir contre un mur de temps en temps, ou ramasser quelque chose d’aucune importance sur le pont. Excellent partenaire.
— Certainement, dit Nom Anor.
Les guerriers l’évitaient particulièrement.
— Vous êtes donc un officier gradé. Enquêter, enregistrer, comprendre. L’information sauvait votre vie tôt ou tard. Commandant ?
— J’appartiens à la caste des intendants, dit Nom Anor. Un Exécuteur. Ma caste est celle des administrateurs. Dans la hiérarchie je suis supérieur à un guerrier.
C’était presque comme si les Yuuzhan Vong s’étaient efforcés de faire une compilation de tout ce que les Mandaloriens trouvaient répugnant. Un bureaucrate et un espion, exerçant son pouvoir sur un soldat, et ne voyant pas plus loin que le bout de son nez…
Fierfek, cette larve n’avait même pas de nez.
Fett fixa du regard les guerriers qui passaient. Ils étaient couverts de l’armure la plus incommode qu’il ait vu, littéralement enrobés de la tête au pied, avec d’énormes et sauvages protubérances telles des serres sur les épaules, les genoux, les poignets et même au dos des jambes. Ils ne s’asseyaient jamais sur le devoir, c’était certain. Alors qu’un soldat passait, ce que Fett prenait pour une décoration vernie écarlate et brillante de sa poitrine bougea soudainement. C’était un scarabée, un énorme scarabée.
Fett bascule en projection vocale. Ce n’était pas le moment d’être pointilleux sur des différences culturelles.
— De quoi cette armure est-elle fabriquée ?
— Pas fabriquée, dit Nom Anor. Générée biologiquement. Un crabe vonduun vivant, et la technologie n’en n’est qu’une pâle copie. Les blasters ne pénètreront pas le bouclier.
Vas-y, parle-moi de tous ces petits secrets. Si je m’en sors vivant…
— On doit pouvoir en tirer un bon prix…
— Et ils tuent n’importe quel homme autre que le guerrier pour lequel ils ont été élevés.
Nom Anor aurait dû sourire tandis qu’il tournait sa tête pour regarder Fett, mais son visage était tellement mutilé que c’était difficile à dire. Sa bouche était en permanence figée en un sourire sans humour et dépourvu de lèvres.
— Nous sommes venus réclamer cette galaxie et la coloniser. J’ai parlé d’invasion, non ?
Il y avait des millions de planètes dans la galaxie et il y en avait toujours une pour coloniser une autre. C’était inévitable. Mais Fett n’avait encore jamais croisé quelqu’un ayant l’idée de conquérir l’ensemble de la galaxie, sauf Palpatine.
— Et vous pensez que nous allons vous y aider.
— Vous n’avez pas vraiment le choix.
— Et vous aller devoir vous frayer un chemin à travers la galaxie, monde par monde, et vous le savez. Pourquoi nous recruter si vous pensez en être capables seuls ?
— Me demandez-vous plus d’argent ?
Pense au bien que nous feraient ces crédits si nous réussissons.
— Peut-être.
— Vous essayez de me faire chanter ?
— Cela sera plus facile avec nous que sans nous.
— Vous serez payés.
— Ce n’est pas assez.
— Vous n’êtes pas en position de négocier.
— Je pense que si.
Beviin semblait retenir sa respiration. Fett pouvait le voir, ses bras légèrement écartés de ses flancs, et il devinait aussi dans quelle direction son scan visuel était orienté à partir de l’icône partagée de son propre HUD. Beviin surveillait la proue du vaisseau. Fett bascula sur leur comlink privé.
— N’y pense même pas.
— Je vérifie.
— Simplement recce.
Il y avait un temps pour se sortir des ennuis à grand coup de blaster et un temps pour organiser une fuite en règle. Survivre dépendait de la connaissance que l’on avait de son ennemi.
Et puis, ces créatures étaient-elles plus des ennemis qu’un Empire Sith ou qu’une République Jedi ? Il avait fait affaire avec bien pire. Jusqu’ici ils n’étaient que des clients, jusqu’ici seulement. Il pouvait encore leur soutirer quelque chose.
— Je veux savoir ce que vous attendez exactement de nous, dit Fett, faisant lentement glisser son regard de gauche à droite et derrière lui alors qu’il avançait.
Les senseurs de son casque et son radar pénétrant lui montraient un plan tridimensionnel de plus en plus détaillé à chaque pas. Bien qu’un scanner médical et une sonde minière aurait certainement été plus appropriés.
— Et ce que vous attendez de la galaxie.
Nom Anor s’arrêta devant une ouverture débitée dans la cloison et leur fit signe d’entrer.
— Je croyais avoir été clair. Rendez-vous et obéissez.
Tu rêves, limace.
— Précisez.
— Nous allons nettoyer votre galaxie de votre technologie et la remplacer par la notre. De la biotechnologie. Du vivant. Pas de machines, pas de combustion artificielle, pas d’artefacts. Vous apprendrez que ce sont des abominations insultantes pour les Tout-Puissants. Une insulte aux Dieux eux-mêmes.
Fett se vit soudain dans une armure de crabe. Non. Cela n’arriverait jamais.
— Et quel est notre rôle dans ce vaste plan ?
— La collecte d’informations, et quelques missions plus subtiles dont nous avons besoin.
Fett n’avait pas encore une idée précise de ce que Nom Anor entendait par biotechnologie. Certaines espèces en faisaient un usage limité mais rien de semblable à ce qu’il voyait, sentait, ou entendait en ce moment : des hommes grotesques engoncés dans un bouclier vivant de crabe, des armes comme des animaux, et des vaisseaux comme des planètes miniatures.
— Montrez-moi, dit Fett.
Qu’appelait-il espace clos dans un vaisseau Yuuzhan Vong ? Une cabine, un compartiment, un hangar ? Ils marchèrent jusqu’à une chambre qui faisait penser à un estomac. Les cloisons devaient être faites de gros morceaux ardents et bougeant ressemblant à des scarabées, mais il ne pouvait pas faire d’analogie maintenant. Une autre forme bizarre – probablement un guerrier mais peut-être d’une caste ou d’une spécialité différente à en juger par l’absence d’armure acérée – accroupi sur le pont, les mains attachées au dessus de se tête. Lorsqu’il bougeait, une sorte de collerette se formait à la base de sa gorge.
Mais lorsque vous regardiez quelque chose que vous reconnaissiez à peine, le problème était qu’elle changeait de perspective en fonction du contexte, laissant apparaître ce qu’elle était dans une extrême clarté. Fett réalisa que ce n’était pas un Yuuzhan Vong.
— Que lui avez vous fait ? demanda Beviin.
C’était un mâle humain, plus ou moins.
La peau de sa nuque était couverte de gros morceaux sales et roses qui ressemblait au premier abord à des vertèbres bosselées disparaissant sous une blouse grise et rugueuse mais qui ressemblait plus à de la pierre lorsqu’on y regardait à deux fois. Il était difficile de deviner son âge ou son origine, le reste de peau visible était vert et lisse. Il avait le crâne rasé. Mais il était humain, ou humanoïde au moins.
Nom Anor considéra la scène avec un intérêt détaché.
— Nous avons pris ce prisonnier à Ter Abbes. L’implant yorik-kul est un prototype, une nouvelle race.
Il attrapa d’une main l’épaule de l’homme et le poussa à mi-hauteur de manière à ce que sa tête dandine en arrière comme s’il avait bu. L’objet que Fett avait pris pour une collerette, une partie d’armure protégeant la gorge, était de la même masse osseuse rose que les bosses sur la nuque du prisonnier. Les arêtes étaient alignées avec les bosses. Soudain, Fett vit les excroissances qui comme le bout d’une lame traversèrent sans difficulté le cou du prisonnier, et c’était l’une de ces images qu’il chassait de son esprit à l’instant même où elle se formait. L’homme ne semblait pas avoir mal. Ces yeux étaient vides et fixés à mi-distance. Fett se força à rester détacher bien que son instinct soit révolté et lui dise de s’enfuir à toutes jambes.
— Vous allez m’expliquer ce qu’est ce truc ?
— Du corail, dit Nom Anor. Il colonise le corps et nous permet de contrôler les captifs et de les transformer en esclaves productifs. Ce spécimen étant un peu différent, nos modeleurs observent comment le yorik-kul s’y adapte. Le processus est… incomplet.
— Et c’est ce que vous comptez faire à la galaxie, n’est-ce pas ? Ne dis rien, Beviin. Nous tous.
Les yeux de Nom Anor fusillèrent Fett à travers sa visière. Ils ressemblaient toujours à un petit reste d’humanité emprisonné et Fett continuait d’y penser comme un cyborg et que c’était bien ironique pour un membre d’une espèce qui considérait les machines comme une abomination. Abomination. Un mot religieux. Il ne faisait pas plus confiance aux cultes qu’aux politiciens ou aux comptables.
— Pas nécessairement comme esclaves, dit Nom Anor.
— Bien. Parce que ça risque d’être compliqué.
— Certains verront la vérité et deviendront Yuuzhan Vong.
— Et ceux qui ne la voient pas ? Laissez-moi deviner…
— Ils deviendront Yuuzhan Vong. Ou ils mourront.
On en arrivait au point où Nom Anor cessait d’être simplement un client déplaisant et où il devenait quelque chose que Fett n’avait jamais réellement vu auparavant : une menace qu’il ne serait pas capable de contrer.
C’était comme si l’exécuteur muait sous son regard, passant subtilement d’un visage hideux et défiguré empiré par les quelques vestiges de normalité à quelque chose de totalement aliéné qu’il devait être capable de tuer. Il le prit personnellement un instant, et c’était un euphémisme. L’astuce était de comprendre son ennemi sans pour autant l’identifier. Maintenant il connaissait son cheval de bataille. Il savait exactement quoi demander.
— Tant que nous travaillons pour vous, dit Fett. Laissez le secteur Mandalorien tranquille.
Nom Anor regarda dans la visière de Fett et Fett le fixa en retour, la caméra de son casque enregistrant, même si l’Exécuteur ne pouvait le voir. Le visage de la créature était un cauchemar, un morceau de champ de bataille : il lui manquait un nez et des lèvres, laissant un trou au centre de son visage au dessus de dents aussi humaines que les siennes. Sa peau était un amas de cicatrices régulières et des tatouages entremêlés. Une épaisse bande d’os ou de tissu cicatriciel – Fett hésitait entre les deux – courait depuis ses profondes poches sous les yeux jusqu’à l’arrière de son crâne chauve, scarifié et tatoué. Et ce n’était que les yeux et les dents.
Ils étaient à peine humains, comme si quelqu’un était prisonnier dans un costume de monstre et essayait d’en sortir. L’image était aussi pertinente en cet endroit qu’une image transparente dans un holodrame. Fett imagina soudainement à quoi ressemblerait Nom Anor avec un nez, une bouche, une peau lisse. Il imagina à quoi ressembleraient les guerriers : ils avaient tous le même terrible visage. Ils se mutilaient délibérément.
Fierfek, si c’est ce qu’ils se font à eux-mêmes…
— Vous essayez encore de négocier avec moi, dit Nom Anor.
— Voilà mon offre. Elle se réévalue lorsque je me rends compte que mon client n’était pas honnête avec moi.
Ne pas mentionner une invasion galactique par exemple. Maintenant Fett était l’acheteur : il achetait du temps.
— Il va falloir vous battre pour chaque mètre de terrain ici. Des milliers d’espèces pensantes, d’innombrables mondes, et tous se battront. Vous avez besoin de nous. Surtout en ce qui concerne les Jedi.
— Et je pourrais tout aussi bien vous tuer maintenant, bien sûr.
— Je ne suis qu’un homme. Les clans trouveront un nouveau Mandalore et ils se battront.
— Merci, ’Alor, marmonna un Beviin irrité.
Le prisonnier commença à gémir de manière incompréhensible et chuta à nouveau sur le pont, se convulsant, ses yeux roulant dans leurs orbites. Nom Anor le regarda avec une fascination apparente, n’essayant pas de l’aider, et l’espace d’une seconde Fett considéra sérieusement de prendre son blaster et délivrer l’homme déchiré de son agonie. Il décida que ce n’était pas son affaire, mais il savait qu’il regretterait de ne pas l’avoir fait jusqu’à la fin de sa vie.
Un autre Yuuzhan Vong entra dans le compartiment, aussi tatoué et mutilé que Nom Anor mais portant un drapé d’une robe de charbon de bois – à défaut d’un meilleur mot – qui semblait être agrafé à sa chair, des épaules au cuir chevelu. Ce peuple aimait la douleur. Fett pouvait serrer les dents et la supporter, mais l’endurance était une chose, et la vénération malsaine et troublante de la douleur en était une autre, et la notion semblait une notion centrale dans le mode de vie Yuuzhan Vong.
Il en avait vu assez. Ou du moins le pensait-il.
Le nouveau Yuuzhan Vong se pencha au dessus du prisonnier gisant sur le sol et empoigna solidement le col de corail pour l’arracher de son cou. Le captif semblait mort : Fett excellait à détecter les morts maintenant.
Beviin, se tenant debout avec ses poings sur les hanches et en apparence impassible, jura avec colère sur la fréquence privée du comlink de son casque.
— Je vais descendre ces têtes-de-crabe jusqu’au dernier, marmonna Beviin.
Habituellement, Beviin était le plus conciliant des hommes, et le venin dans sa voix surprit Fett.
— Que vous passiez un marché avec ou non, Mand’alor.
Deux créatures frêles et avec des cicatrices et des tatouages bien moins exotique que ceux de Nom Anor arrivèrent avec un nouveau prisonnier, un mâle Twi’lek mince, d’âge moyen, et il était terrifié, se débattant, hurlant. Fett n’était pas délicat mais son code de l’honneur lui disait de tuer proprement et que la douleur était un effet secondaire, pas un loisir. Cela se passa vite : ses soutiens le maintinrent en place et la créature dans la robe agrafée inséra simplement le yorik-kul qui s’était détaché de la précédente victime dans le sternum du nouveau prisonnier, si fort que les nodules franchirent la peau de son cou, le laissant gargouiller d’étouffement. Le choc chirurgical aurait dû le tuer mais d’une manière ou d’une autre les têtes-de-crabe – Beviin avait un don pour les surnoms – le garderait en vie.
Fett s’attacha à ne pas regarder Beviin au cas où celui-ci le prendrait pour un ordre d’action. Il pouvait l’entendre serrer les dents et avaler bruyamment. Si Beviin cédait à son envie de sortir son blaster pour une victime, il y en aurait un nombre terriblement plus élevé qui en paierait le prix dans le système Mandalorien.
— Du calme, Goran, murmura-t-il sur le comlink de son HUD. Fierfek, je n’avais encore jamais utilisé son prénom. Nous aurons le temps pour ça plus tard.
Fett ne pouvait imaginer la douleur. Il savait maintenant qu’il méprisait les Yuuzhan Vong, pas pour leur apparent ascétisme et leur brutalité, mais pour leur indulgence cupide de la perversion. C’était aussi faible que l’alcoolisme ou la dépendance au glitterstim. Il méprisait également Nom Anor pour toutes ces petites mises en scènes destinées à lui montrer ce qui serait réservé à Mandalore s’il ne coopérait pas.
Tes menaces me motivent plus qu’elles ne m’effraient.
Nom Anor considéra l’offre de Fett avec une lenteur évidente.
— Le Secteur Mandalorien ne sera pas touché, dit-il.
Menteur. Vous allez percer à travers la galaxie et lorsque cela vous plaira, vous retournerez nous voir. Tu as vécu parmi nous dix-huit ans, ce n’est qu’un mensonge de plus sur ta langue de vipère…
Fett ravala son dégoût.
— Alors, ceci étant acquis, marché conclu.
Et je suis moi-même un menteur, car nous n’avons rien conclu.
Non, Fett gardait sa parole pour lui. Il lui importait d’exprimer son accord soigneusement afin qu’il puisse contrarier ses monstres à chacun de leurs pas et préserver son sens de l’honneur. Ma parole est mon obligation et tu m’as menti. Beviin s’accroupit et ramassa un fragment du corail vivant qui était tombé du prisonnier mort, aussi précautionneux qu’un homme ramassant du bois de chauffe.
— Votre prochaine mission est de sécuriser une zone d’atterrissage sur Birgis, dit Nom Anor.
Il tendit une datacarte à Fett et cela devait l’avoir perturbé : sale technologie.
— Voilà les informations de reconnaissance que nous venons de recevoir, dans un format que vous pouvez utiliser. Nous pourrions simplement détruire la surface depuis l’orbite, puisque, de toute façon, la planète sera remodelée et réaménagée pour nos fournitures mais nous désirons prendre ses habitants afin qu’ils travaillent pour nous.
— Quand ? demanda Fett.
— Dans cinq jours.
— Nous ferions mieux d’y aller, alors.
Il était dur de ne pas prendre ses jambes à son cou dans ce corridor en forme de gosier. Beviin marchait à grand pas à ses côtés, une main dans les poches de sa ceinture comme s’il protégeait leur contenu. Ils se séparèrent à la baie d’embarquement et se rendirent à leurs vaisseaux respectifs, observés par des guerriers Yuuzhan Vong silencieux, une forêt d’arbres tortueux grotesques enroulés de serpents, le futur noir et froid de la galaxie, et tout à coup, tout ce qu’il détestait.
Beviin alluma le moteur ionique du Gladiateur. Les guerriers en armures reculèrent d’un pas : l’un d’entre autres resta à sa place et observa, les mains croisées sur sa poitrine. Fett parcourut la console du Slave I et le Firespray se mit en marche dans une plainte crescendo se stabilisant sur une note. Le Gladiateur s’éleva à quelques mètres du pont et se mit en position stationnaire. Beviin attendait qu’il manœuvre.
— Vas-y en premier, dit Fett. Nous avons un emploi du temps à respecter.
— Tu ne crois pas qu’ils respecteront le marché.
Beviin était fidèle à son Mandalore, selon la tradition Mando’ad, mais cela signifiait également qu’il se réservait le droit de dire au Mandalore de faire le boulot lui-même si sa décision lui semblait suicidaire.
— Pas après ce que nous venons de voir.
Fett passa le Slave I en manuel en direction de l’ouverture irrégulière de l’ouverture mobile principale.
— Non. Et moi non plus, et je pense qu’il le sait.
— S’il connaissait quelque chose aux Mandos, il réaliserait que nous sommes totalement à l’opposé des têtes-de-crabe.
Beviin dégagea la baie, ses moteurs violets flamboyant faiblement alors qu’il accélérait. Le Gladiateur ressemblait à un ovale gonflé jusqu’à ce qu’il s’élève abruptement et prenne la forme caractéristique d’un sabre transperçant un bouclier.
— Des esclaves, un système de caste, des dieux fous, le shabuir a dit que si étions soit Yuuzhan Vong, soit morts.
— J’aime mon armure comme elle est. Du métal froid.
Beviin semblait lutter pour paraître désenchanté plutôt que consumé par la haine.
— L’argent n’a plus d’importance. Il n’y aura plus rien à acheter dans une galaxie vong’yc de toute façon.
— Je le sais. Et nous allons gâcher leur grand plan.
Aucun Mandalorien n’aurait pris les crédits des Yuuzhan Vong s’ils les avaient connus pour ce qu’ils sont. Mais Fett avait conclu un marché et maintenant il devait choisir : se retourner contre eux et les combattre, comme le reste de la galaxie le ferait, ou utiliser la situation précaire qu’ils occupaient maintenant pour leur infliger le plus de dégâts possibles.
— Qu’as-tu à l’esprit ? Ça prend du temps de mobiliser une armée entière sur Mandalore.
— Et nous allons souffrir d’énormes pertes si nous bougeons avant de savoir exactement ce à quoi nous avons affaire. C’est une technologie que nous n’avons encore jamais vu.
— On s’assoit et on attend ? Tu dois être…
— Ils nous ont trompés. Maintenant c’est notre tour. Nous la jouons gentillets et faisons semblant d’être de leur côté pendant que nous rassemblons des renseignements jusqu’à ce que nous en ayons assez pour les frapper durement. L’argent est notre revendication de façade.
Fett ne savait pas de combien de temps ils disposaient. Finalement, les Yuuzhan Vong reviendraient remodeler Mandalore en un monde de machines vivantes et d’esclaves parasites comme toutes les autres planètes. C’était juste une question de temps, une question de quand. Fett retira son gant gauche et fit courir le bout de ses doigts sur les composants lisses de la console du Slave I l’une des parties originelles du vaisseau légué par son père. Réparation après réparation, il avait changé ses capacités au point de ne quasiment plus le reconnaître, mais si Jango Fett ressuscitait maintenant, il claquerait le fauteuil de pilote en position assise et chasserait le moindre grain de poussière et la moindre tâche du tableau de bord comme il le faisait toujours et se sentirait chez lui. Il ne se sentirait pas chez lui dans une galaxie asservie par une unique culture brutale qui effacerait toute trace de l’héritage de Jaster Mereel.
Fett vérifia qu’il n’y avait pas de poussière au bout de ses doigts. Le Slave I était impeccable. Il ne ressemblait pas à ce qu’il était vraiment. Cela allait être une petite guerre de trahisons. Il espérait que Nom Anor appréciait l’ironie.
Beviin ruminait toujours.
— Nous ne pouvons quand même pas combattre les crabes seuls. Et la Nouvelle République ? Ils auront besoin de toutes les informations dont nous disposons.
— Je n’ai pas confiance en eux. Nous n’avons pas cerné Nom Anor. Les déguisements qu’ils utilisent leurs permettent d’être n’importe qui.
— Nous devrions leur faire confiance.
— Nous pourrions leur glisser les données que nous avons maintenant. Tâter le terrain.
— Et si la Nouvelle République bousille notre couverture, pour quelque raison, et que les Yuuzhan Vong prennent leur revanche sur Mandalore…
— Alors nous nous battrons jusqu’au dernier, ou nous partirons trouver une autre galaxie.
— C’est trop loin.
— Et la mort est trop définitive. Nous ferions mieux de gagner.
— Ton père serait fier de toi, Bob’ika.
Beviin était plus jeune que Fett mais il continuait de l’appeler par son nom d’enfance. Parfois Fett en était irrité et parfois non. En l’occurrence, ça allait.
— Pour quelqu’un qui prétend ne se soucier de personne, tu fais toujours les bons choix pour les Mando’ade lorsqu’ils en ont besoin.
— Je suis Mandalore. C’est juste mon job.
— Bien sûr, dit Beviin. Je te crois.
Les Agresseurs et les Gladiateurs maintenaient leur position au point de rendez-vous et semblaient ridiculement petits. Derrière eux, des vagues de vaisseaux Yuuzhan Vong patrouillaient le vide. C’était la somme d’étrangetés la plus éloquente que Fett ait vue : tellement mauvaise qu’il n’était plus la peine de compter.
Cela n’aurait pas dérangé Jango Fett de toute façon. Et ça ne le dérangerait pas non plus.
CHAPITRE II
Nom Anor : notes pour l’assaut de Birgis.
Fett refuse d’utiliser les villips et insiste pour garder ses propres moyens de communications. Je regrette également d’avoir à garder cette technologie d’infidèle.
Je ne m’attendais pas à ce que ses mercenaires et lui accepte, je l’admets. Et tenter d’utiliser un villip de manière isolée, sans yorik-kul ou vonduun serait insatisfaisant de toute façon. Les Mandaloriens semblent extrêmement dégoûté à l’idée d’être asservis par le yorik-kul, ce que je trouve ironique pour une race dont l’histoire est remplie de pillage, d’occupation, et de trahisons. Mais l’esclavage semble les poursuivre, il a du jouer un rôle douloureux dans leur histoire. Visiblement, ils le craignent.
Cependant, ils ne craignent pas la mort. Ils ne l’embrassent pas, mais ils disent que l’on vit pour toujours, aussi longtemps que quelqu’un se souvient de votre nom. Ils n’enlèvent jamais leur casque, si bien que je ne peux pas présumer à partir de leurs expressions, mais le ton de leur voix m’indique que l’écrasement de leur culture par la notre serait pire que la mort pour eux.
Je pense que c’est la clé pour maintenir leur loyauté. Mandalore restera inviolée aussi longtemps que j’aurais besoin d’eux. Mais finalement, l’esclavage sera le seul moyen de les contrôler.
Birgis : aux abords du spatioport, une semaine standard après l’invasion d’Helska 4
Beviin devait admettre que les Vong savaient ce qu’ils faisaient lorsqu’il s’agissait d’envahir une galaxie, mais ils ne se souciaient guère de la délicatesse.
Le spatioport principal de Birgis – accueillant à la fois des vaisseaux civils et militaires de la petite planète – était l’atout évident à cibler. Depuis le point d’observation du périmètre extérieur, caché dans les herbes hautes, il pouvait voir les speeders d’assaut patrouiller la campagne en rafale d’éclats lumineux. D’autres ne dégageaient aucune lumière mais étaient des cibles vertes détaillées sur sa visière de vision de nuit. Les vaisseaux militaires et les véhicules étaient un mélange éclectique d’un escadron basé ici et des restes des autres qui avaient échappé à l’implacable flotte d’invasion et s’étaient regroupés sur le site.
Détruire ces vaisseaux sur terre était une tâche la plus difficile que ce que Beviin imaginait. Jouer l’agent double était plaisant jusqu’à ce qu’il soit nécessaire de préserver l’illusion en frappant des alliés mortellement et avec conviction.
Et la Nouvelle République ne savait même pas encore que les Mandaloriens étaient leurs alliés maintenant.
— Je continue de penser que nous aurions du frapper la station d’énergie civile principale s’ils avaient voulu une diversion, marmonna Cham, appuyé sur son coude alors qu’il reposait à couvert dans l’herbe et calibrait son lanceur de missile portable. Cela dit, ils payent. On fera avec.
Fett tapota la poche de sa ceinture.
— C’est une bonne opportunité pour transmettre ces données. En particulier maintenant que nous avons les briefings de nos deux prochaines missions. Quelque chose que la Nouvelle République pourra exploiter.
— Quelque chose doit m’échapper. Ces gars ne vont pas être particulièrement disponibles tout à l’heure.
— Tu as une meilleure idée pour entrer en contact avec la Nouvelle République avec les Vong rodant aux alentours ?
— Non, Mand’alor.
— Alors allons-y et tâchons de ressembler à un commando crédible.
Fett fit un geste pour chacun prenne position.
— Essayez de ne tuer personne tant que nous ne savons pas s’il y a un officier avec lequel nous pouvons entrer en contact et laissez un chasseur ou deux intacts. C’est compris pour tout le monde ? Quelqu’un doit pouvoir s’échapper d’ici et transmettre ces données.
Beviin garda un canal de son comlink pour intercepter les communications Républicaines. Évidemment, ils s’attendaient à un atterrissage Yuuzhan Vong comme ceux qu’avait subis la Bordure Extérieure, des bombardements aériens de magma massifs et des rochers incandescents suivis de troupes vomis depuis ce qu’on pouvait décrire comme des vers géants. La dimension psychologique – des vaisseaux et des armes qui ressemblaient à des organes déformés anormalement – était aussi frappante que l’absolu pouvoir destructeur de la flotte Vong.
Il pouvait entendre les équipes opérationnels s’activer et avertir les cargos et chasseurs des cinq cités de l’hémisphère nord, rassemblant des rapports de vaisseaux de guerre ennemi localisés et des bases sur les mondes de la frange galactique qui avaient simplement arrêter de répondre aux signaux. La progression Yuuzhan Vong pouvait être suivie par le nombre de stations de communications qu’ils laissaient silencieuses derrière eux.
Le personnel des lieux ne s’attendraient pas à trouver des Mandaloriens infiltrer leur port et prendre le centre de contrôle.
Fett synchronisa son chrono avec les six autres et s’agenouilla de nouveau, tapant occasionnellement une commande sur la plaque de son avant-bras. Dinua gardait en observation la tour de contrôle. Tandis qu’elle tournait lentement sa tête, scannant, Beviin remarqua le rayon lumineux vert dans l’alignement des icônes d’un côté de son champ de vision.
Briika avait bien entraîné l’enfant. La fille était dans cet étrange fossé entre devenir un adulte à treize ans et une femme à seize, mais elle était certainement un soldat très compétent. La société Mando avait toujours procédé de cette manière, mais parfois Beviin regardait les gamins aruetii du même âge et se disait que treize ans était un âge bien trop faible pour pouvoir prendre ce genre de responsabilités.
Et s’il lui avait dit, il était certain qu’elle aurait envoyé balader sans ménagement. Elle était aussi dure que sa mère. Il se demanda quelle destin avait connu son père et décida d’attendre qu’elle le lui dise en temps voulu.
Au moins il avait été en mesure de laisser un message à Medrit. Ne t’inquiète pas. Ce ne sera pas long. Sois patiente.
— Maintenant rappelez vous, dit Fett. Je veux voir de bons comédiens. Frappez assez fort pour paraître convaincant mais ne tuez pas tout le monde car nous avons besoin d’au moins un survivant.
Il fit une pause et Beviin l’entendit déglutir.
— Trente secondes.
Ils décomptèrent le temps sur leur montre synchronisée projetée sur leurs HUD. À quinze secondes Cham se baissa sur un genou et balança le lance-missile sur son épaule droite, compressant la plaque de sa joue contre le fût, sa main gauche resserrant l’étreinte.
Il avait l’habitude de secouer légèrement sa tête quand il comptait mais il ne manquait jamais sa cible. Sa tête s’arrêta finalement de bouger trois secondes et un éclair de feu jaune jaillit à l’arrière dans un pssssschit de gaz. Quelques instants plus tard le sommet de la tour du spatioport explosa en une boule de feu blanche qui grimpa dans le ciel nocturne, offrant aux alentours un jour temporaire et fugace.
Fett n’eut pas besoin de dire un mot. Alors que les débris tombaient en ruine et que les véhicules et le personnel se dispersaient, les Mandaloriens commencèrent le sprint de cent mètres jusqu’au bâtiment principal, chacun à quelques secondes d’intervalle et par différents chemins, pendant que Cham distrayait la batterie antiaérienne quelques instants avec un missile sauvagement lancé qui traversa un château d’eau, envoyant un torrent déferler les cockpits des speeders garés en dessous.
C’était plus difficile qu’il n’y paraît de simuler une attaque lorsque toute votre vie avait été rythmée par le meurtre implacable et efficace. C’était encore plus difficile quand la cible croyait vraiment que vous les vouliez morts et se battaient avec l’énergie du désespoir. Beviin pulvérisa deux portes de sécurité donnant sur le complexe principal très éclairé et suivit Fett à l’intérieur, Briika et Dinua sur ses talons. Suvar et Tiroc couvraient la sortie et un couloir y menant pour protéger leur parcours de fuite. Ils coururent dans le passage principal vers une paire de portes marquées des signes DANGER D’ÉLECTROCUTION.
En théorie il s’agissait exactement de l’endroit où il fallait entrer et faire le plus de dégâts possibles – la pièce du générateur. Mais ce n’était pas le moment. Fett continua de courir et ils atteignirent une intersection dans le couloir où ils essuyèrent le feu de blasters.
Beviin sauta en arrière et profita de l’opportunité pour recharger.
— Bien, il y a quelqu’un dans la maison.
— Maintenant il faut qu’ils s’arrêtent de tirer assez longtemps pour qu’on leur explique que nous avons un message pour eux.
Fett et Briika se mirent à couvert et laissèrent les rayons passer au dessus d’eux. Une nouvelle volée de rayons bleus brûlants crama la couronne du casque de Fett, ajoutant une autre trace noire à la peinture verte.
— S’ils n’ouvrent pas la porte il nous faudra quand même entrer.
— Nous sommes bon pour ça.
— Sans les tuer.
— Ah, ça se complique.
Beviin sortit une sonde holo de la poche de son poignet et la déposa soigneusement à l’angle du mur. L’image qu’elle relaya en retour dans leur HUD montrait une cuisine : des tables, des piles de tiroirs métalliques, une paire de tabouret, des plats abandonnés. Des gens s’étaient battus. Sûrement la pause déjeuner d’un équipage. Ils avaient du courir à la piste d’atterrissage pour faire décoller les chasseurs.
Néanmoins, il restait quelqu’un. Il vit un flash de mouvement orange. Une combinaison de vol. Un pilote. Les pilotes avaient de l’honneur. Les pilotes avaient besoin de ne pas être trop blessés ou choqués afin de s’enfuir sous l’attaque des Vong.
— Bob’ika…
— Je peux le faire moi-même.
— Qui a une armure en duracier, et qui a la version beskar ? Presque comme un beskar résistant au sabre-laser ?
— S’il est un peu chanceux dans ses tirs, cette antiquité ne te sauvera pas.
— Je n’ai jamais compris pourquoi tu n’as pas opté pour du beskar, dit Beviin. Mais laissons ça à plus tard. À trois…
Beviin se rétablit sur ses pieds et courut tout ce qu’il savait vers le feu des blasters. Il eut un moment de détachement où il pensa que Medrit serait folle de rage qu’il prenne de tels risques, ce qui l’inquiétait plus que le rayon qui le frappa sur la plaque de sa poitrine et envoya un air âpre brûlant dans le respirateur de sa visière. L’adrénaline était une chose merveilleuse. Il le pensa alors même qu’il se jetait sur la tempête de membres vêtus d’orange et fut ramené à la réalité par sa propre voix hurlant :
— Lâche ton arme ! Ferme-la et écoute !
D’autres armures entrechoquèrent la sienne. Dinua et Briika étaient au dessus de lui. Il était quasiment en dessous d’une lourde pile entravant un pilote.
— Dégagez ! On va finir par l’écraser…
— Tu as son blaster ?
— Je l’ai.
— Tu tiens ses bras ?
Le pilote glapit. Dinua avait certainement agrippé quelque chose. C’était une astuce qu’il n’avait pas vu depuis longtemps. Beviin recula et tira le pilote pour l’amener en position assise pour se rendre compte qu’il s’agissait d’une femme, une blonde apparemment en colère avec des cheveux en brosse et maintenant un bleu sur sa pommette droite qui virait au noir.
— Mandos, cracha-t-elle. Vous combattez pour ces choses, bande de…
— Oui, nous vous aimons aussi. Maintenant écoutez le Mandalore.
Beviin la tourna pour qu’elle fasse face à Fett.
— Où est votre casque ? Vous allez devoir voler.
— Pourquoi ?
Il y avait un casque sur la table à côté et il lui irait très bien, que cela lui plaise ou non.
— Pour vous ?
— Portez ces données à votre commandement le plus proche, dit Fett.
Il sortit la datacarte de sa ceinture et lui mit sous le nez, trop près pour qu’elle puisse voir de quoi il s’agissait.
— Vous avez besoin de ces informations sur les Vong. Un plan de vaisseau, quelques données biologiques et deux plans de missions spécifiant leurs prochaines cibles et les ordres opérationnels. Tout ce que nous avons pu rassembler. Veillez à ce qu’il parvienne à quelqu’un qui l’utilisera de manière utile. Et nous n’avons pas le temps pour le regard silencieux, abasourdi et théâtral. Prenez-la. Maintenant.
Fett l’aida à se relever et elle enfourna la puce dans sa poche sur le flan de sa combinaison, les yeux écarquillés et prudent.
— De quel côté êtes vous finalement ?
— Le notre, dit Briika. Je veux que ma fille ait des filles. Elle ne pourra le faire si les Vong mènent la danse.
— Cham, raccompagne la à son chasseur où n’importe quel objet volant et veille à ce qu’elle passe les Vong, dit Fett, indiquant la sortie avec son blaster. S’il n’y a rien qui puisse voler dehors, efface les données de sécurité de ton Gladiateur et donne-lui les clés. Je t’en achèterai un autre.
— Ça fera plus réel de la poursuivre dans ce cas.
Cham tendit au pilote son casque et le poussa devant lui.
— Et j’aimerais en avoir un jaune, assorti à mon armure. Personnalisé.
Il n’y avait rien d’autre à faire que de partir maintenant. Les têtes-de-crabe ne sauraient pas s’ils avaient été battus ou non : l’escouade était seulement supposée détruire la tour et créer une diversion. Ce qu’ils avaient fait. Dinua amorça son sprint, son fusil dans ses mains, et lorsqu’ils émergèrent du bâtiment ils virent pourquoi ils n’avaient rencontré aucune résistance à l’intérieur.
L’infanterie Yuuzhan Vong convergeait vers le spatioport, avec de petits véhicules qui ressemblaient à des organes désincarnés volant au dessus d’eux. Un mur de speeders défoncés, de wagons répulseurs, et de tout ce qui pouvait servir de barrière défensive leur faisait face. Le personnel de la Flotte dans une variété d’uniformes – même le personnel médical – maintenait les positions aux côtés des civils, armés d’une sélection d’armes qui frôlait le désespoir.
Sur les images vertes de la vision de nuit de Beviin, les armures en forme de griffe des Vong progressant ressemblaient à une forêt se déplaçant. Il n’y avait rien que lui ou ses camarades auraient pu faire de plus. Mais se battre aux côtés des troupes de la Nouvelle République – oui, ses tripes ne voulaient pas seulement qu’il le fasse, elles l’exigeaient. Mais il fit demi-tour pour suivre les autres rejoindre leur chasseurs et se haïssait d’agir de la sorte.
— Et que se passera-t-il quand la Nouvelle République remerciera ses braves alliés Mandos d’avoir laissé filer des informations ? demanda-t-il à Fett. Car cela arrivera. Et “oups” ne sera pas une excuse suffisante à leurs yeux.
— Alors je ravalerai ma nausée et le marché conclu avec les Vong sera obsolète.
Fett porta son gant à sa visière et l’instant d’une seconde Beviin cru qu’il retirait son casque. En fait, il en chassa juste une poignée de débris.
— Mais nous saisirons autant d’opportunités qu’il nous est possible pour les battre. Chaque chose en son temps.
— Au moins la Nouvelle République peut évacuer la prochaine cible avant qu’ils ne se montrent.
— Oui, dit Fett. Regardons ce qu’il va advenir de New Holgha.
— Lorsque les têtes-de-crabe se décideront finalement à remodeler Mandalore, nous saurons les derniers à le savoir.
— C’est ce qu’ils penseront également, dit Fett. Maintenant regardons si Cham a mis cette pilote en sécurité.
La pilote l’était, et ils retrouvèrent Cham quelques heures plus tard. Mais Beviin ne pouvait s’arrêter de vérifier les données venant de Birgis. Il savait qu’il n’aurait pas dû, mais il fallait qu’il en ait le cœur net.
Il en eut le cœur net. Il n’y avait pas de survivants.
CHAPITRE III
Nom Anor : évaluation de la réaction de la Nouvelle République à l’invasion.
Je n’avais pas réalisé combien la Nouvelle République méprise les Mandaloriens.
Leur rôle dans l’attaque de Birgis est connu de l’état major de la Nouvelle République, si nous nous référons à un message que nous avons intercepté, et les infidèles semblent trouver une plus grande satisfaction à s’auto flageller qu’à nous haïr. Ils semblent croire qu’il s’agit juste d’un autre groupe de mercenaires. Ils ne savent pas que Fett les dirige. Cela pourrait être une arme psychologique de plus, à utiliser plus tard.
Système Shirb, Bordure Extérieure, Nouvelle Holgha. Trois mois standards après le début de l’invasion
Les Cinq Cités Sacrés de Nouvelle Holgha auraient dues être évacuées maintenant, mais il était clair que la Nouvelle République n’avait pas pris en compte l’avertissement bien qu’ils en aient dénoncé la source.
Cela aurait pu être pire, pensa Fett. Ils auraient pu nous introniser héros de la République et nous épargner le divertissement.
Ses défenses planétaires longue portée sabotées pendant la nuit, Nouvelle Holgha était devenu un nouveau monde prêt à tomber aux mains de Yuuzhan Vong presque sans combat. Ses troupes avaient été attirées autre part, mais Fett avait la conviction qu’elles auraient fait peu de différence au final.
Il regarda le vaisseau de guerre Yuuzhan Vong, un autre type de miit ro’ik, alors qu’il se déplaçait à travers la voie aérienne de la cité brisée comme s’il… se nourrissait.
— Shab, c’est ce qu’il fait, dit Beviin, presque trop près de lire ses pensées. Il est vraiment en train de le faire.
Un tube sombre granuleux géant – d’au moins le double de la longueur du vaisseau – pendait des carlingues des vaisseaux et plongeait à travers la cité en dessous, aspirant tout sur son passage. Comme une tornade, se dit Fett. Il regarda à travers ses macrobinoculaires, se focalisant sur les bâtiments, arbres et individus aspirés. Plus il regardait moins il croyait ce qu’il voyait. Dans une galaxie remplie de nombreuses manières de mourir, celle-ci atteignait un niveau de grotesque jamais égalé.
— Ils font le plein. Beviin était abasourdi. Cette chose est vraiment en train de tout digérer. Dégoûtant.
Les parallèles avec le Sarlacc étaient forts. Fett s’était convaincu qu’il avait évacué le cauchemar de se faire digérer vivant. Maintenant il n’en n’était plus trop sûr. Mais s’il était ébahi par ce qu’il voyait, il suspectait que c’était plus pour lui-même que pour les Néo-Holghans.
— La Nouvelle République ne nous croit pas. Bien, peut-être nous croiront-ils maintenant.
— Ils ont redéployé des troupes pour défendre Pedd Quatre, dit Beviin.
Il avait son casque sous un bras et frottait son front avec le dos de son gant. Il semblait fatigué, probablement à force de passer trop de temps à faire l’aller et retour à Mandalore entre ses diverses missions, où il semblait se préparer au pire des scénarios : bien que les têtes-de-crabe aient juré de laisser le secteur tranquille, ils trahiraient leur parole tôt ou tard.
— Ainsi croient-ils que nous leur avons donné de fausses informations.
Fett réalisa que la Nouvelle République ne connaissait pas encore beaucoup les Mandaloriens. Elle les avait mal jugés.
— Et ils penseront que nous avons échappé quelques informations pertinentes pour les amadouer.
Il vérifia le niveau de charge de son blaster.
— Je trouverai un meilleur moyen de les convaincre. Je ne suis pas encore prêt à me rendre à ces larves…
— Combien de temps cela prend-il d’évacuer une planète de toute façon ? Où est-ce qu’on peut mettre un monde entier déplacé, le tout en quelques semaines ?
— Je n’ai pas besoin d’apaiser ma conscience sur ce propos.
— Je disais juste que ça n’aurait pas fait une grande différence numérique si la République avait cru les informations que nous leur avons données. Il y aurait eu des millions de mort de toute façon.
Fett pensa aux autres informations qu’il avait livrées à la Nouvelle République, les plans du vaisseau de guerre et les analyses et prélèvements de différents morceaux de matériel biologique que lui et Beviin avaient ramassés. La République aurait pu travailler à des moyens de contrer la technologie organique Yuuzhan Vong. Mais il l’avait ignoré. Il savait qu’ils l’ignoreraient.
— On continue à laisser filtrer jusqu’à ce qu’ils aient le message.
— Aussi longtemps que le Beau Gosse Nom ne nous attrape pas, dit Beviin. Et tôt ou tard il réalisera que nous devrions être plus efficaces et plus nombreux.
Fett était toujours en train de considérer un meilleur moyen de passer le renseignement à la Nouvelle République lorsque son comlink bipa.
— Infidèle ! Ici le Subalterne Bur’lorr. J’ai besoin de votre aide. Je chasse un Jeedai.
— Un Jedi ?
Fett ignora l’ordre du guerrier et s’accrocha au mot dont il n’aurait jamais pensé tirer quelconque espoir.
— En êtes-vous sûrs ?
— Il a une arme lumineuse. Il a sauté d’un très haut bâtiment et ne s’est pas blessé.
— Laissez le moi, dit Fett. Les Jedi sont ma spécialité. Ils ont tué mon père.
Beviin bascula son casque en arrière et ajusta sa ceinture.
— Oya. Oui, en effet, oya…
— Je l’amènerai à vous, dit le subalterne. Son arme lumineuse n’a pas d’effet sur mon armure, ce qui semble le surprendre.
J’imagine.
— Envoyez-moi les coordonnées.
— Que vos troupes le capture. Nos modeleurs veulent un Jeedai vivant à examiner.
Fett relaya les coordonnées au reste de l’escouade et bascula sur le canal sécurisé de son comlink.
— Nous en avons besoin vivant. Plus qu’eux. Un Jedi pourra certifier que nous ne mentons pas et rapporter les données.
— Je n’ai encore jamais vu de Jedi, dit Dinua.
Beviin la coupa, jouant son rôle de père. Il semblait aimer ça.
— Il ne sera pas vraiment ravi de nous voir, alors faites attention à son sabre-laser.
— Qu’est-ce qu’un Jedi fait ici de toute façon ?
— Il est ici. C’est déjà pas mal. Maintenant trouvons le avant qu’ils ne le fassent.
Les coordonnées du subalterne les amenèrent près d’une longue route s’embranchant depuis ce qui avait été la place du principal marché des Cinq Cités. De larges parties de celui-ci étaient maintenant jetées à terre comme si les bâtiments et les arbres n’avaient jamais été là, une preuve que l’arme redoutée – le nom que les Yuuzhan Vong donnaient aux vaisseaux de guerre pillards – était passé. Le radar et les capteurs pénétrants de Fett relevèrent des mouvements erratiques et une cible organique de la température d’un corps humain, se déplaçant dans une rangée de maisons bombardées dont les feux provoqués par les armes au magma fumaient toujours.
— Ok, on peut le localiser, mais lui peut nous sentir, rappelez-vous, dit Fett.
Il fit un geste en direction des frères Detta vers le côté sud de la fin de l’allée et dirigea Briika et Dinua vers le toit cassé la surplombant.
— Beviin, va et ralentit le subalterne. Gagne-nous un peu de temps. Tiroc, avec moi.
Le Jedi était dans une section de l’allée de dix mètres de long qui courait le long de l’arrière des maisons. Des éboulis l’avaient bloquée en partie, Fett le pista avec son capteur de mouvement presque jusqu’à la fin de l’allée. Puis le mouvement stoppa.
— Briika ?
Elle relaya sa vue de la scène au HUD de Fett. À en juger par l’angle, elle était allongée sur le toit, sa tête pendant dans la rue.
— Tu le vois ? Il est dans un mauvais état.
Le Jedi était d’un âge moyen, un homme bien bâti dans un pantalon civil gris et une veste bleue. Il était appuyé contre un mur, les yeux fermés, son visage noirci et brûlé. Serré dans une main se trouvait le pommeau de son sabre-laser.
Avec un peu de chance, le choc serait suffisait pour soumettre le Jedi sans le tuer. Fett avait besoin que l’homme soit en assez bon état pour retourner derrière les lignes de la Nouvelle République.
Fett se rétablit sur le mur écorché tandis que le Jedi regardait en haut et tentait d’atteindre son arme. Pour un homme blessé, ses réflexes étaient épatants : son sabre-laser s’alluma un battement de cœur avant que Fett ne plonge dans l’allée en tirant avec son blaster. Le Jedi n’eut aucun mal à lui renvoyer ses tirs, alors Fett usa de son missile accroché au dos de son jet pack. Le projectile s’écrasa à proximité du Jedi, qui se souleva sous le choc, et le sabre-laser tomba par terre, mais il luttait toujours pour atteindre son arme, les doigts tendus, sa main incontrôlable tremblant.
— Ne pousse pas trop ta chance, dit Fett.
Il envoya le sabre-laser voler dans les airs avec la pointe acérée de sa botte et l’attrapa d’une main.
— Je n’en n’avais pas encore de vert dans ma collection.
Le Jedi n’était plus en mesure de l’utiliser de toute façon. Fett fit signe à Cham d’administrer les premiers soins, mais le Jedi essaya de se débattre. Il fallut que Suvar et Tiroc le maintiennent tête basse pendant que Cham aspergeait de bacta son visage et ses mains. La gratitude n’était pas sa spécialité : il lança violemment ses genoux dans la mâchoire de Suvar. Briika s’avança pour le tenir d’une prise de bras autour de son cou.
— Sois un peu plus respectueux, dit-elle, serrant les dents. Le Mand’alor te parle.
Le visage tuméfié du Jedi réussit à grimacer.
— Vous êtes donc Boba Fett. Je ne pensais pas que les Mandos…
— Pour une fois, j’ai besoin d’un Jedi vivant, l’interrompit Fett. Vous ferez l’affaire. Fermez-la et écoutez.
— Descendez-moi. Vous savez que les Vong vont me faire.
— Je t’ai dis de la fermer.
Fett s’accroupit sur lui.
— Nous vous avons fait parvenir des détails sur cette attaque et la technologie des Vongs mais votre peuple l’a ignoré. Je vous l’offre une fois de plus. Mettez en place un système de communication sécurisé et nous vous fourniront des renseignements jusqu’à ce que notre chance soit épuisée.
Cham, lui administrant toujours les premiers soins, enfonça une seringue d’antidouleur dans la nuque dénudée de l’homme. Fett devait le livrer au Jedi. Il ne vacilla même pas.
— Vous rêvez Fett, cracha-t-il. Nous balancer de fausses informations, c’est de l’amateurisme.
— Je risque la vie de chaque Mandalorien pour vous apporter ceci, vermine.
Fett était tellement exaspéré qu’il ouvrit la veste du Jedi et fourra la dernière datacarte dans sa ceinture.
— Faites vos tours de passe-passe. Voyez ce que votre chère Force vous dit sur nos intentions. Maintenant prenez-le et fuyez. Nous retiendrons les Vongs, mais rapportez-le à vos services de renseignements et ne trahissez pas notre couverture. Nous sommes des traîtres, OK ? Aussi longtemps que nous sommes des traîtres nous pouvons vous fournir des informations. Gardez vos sources secrètes.
Le Jedi lutta pour se relever sur ses avant-bras. Son nez était à quelques millimètres de la visière de Fett. Fett n’aimait toujours pas les Jedi, pas même les vrais soldats comme celui-ci.
— Mais vous nous affaiblissez. Vous tuez des gens. Pourquoi ne vous battez vous pas ?
— Parce que le dernier combat inconsidéré et héroïque c’est génial dans les holovidéos mais ce n’est pas comme ça que la guerre marche.
Fett remit le Jedi sur pied. C’était un homme solide.
— Les crabes doivent croire que nous sommes sérieux. Quelques vies contre le reste de la galaxie, en plus de les gardes éloignés du secteur Mandalorien. Faites l’équation.
Le Jedi regarda son arme.
— Vous avez fini par vous acheter une conscience ?
— Non. J’ai accepté le job de protéger Mandalore, et un contrat est un contrat. Il n’y a aucun futur pour aucun d’entre nous si les Vong prennent le contrôle.
— Je n’ai jamais…
— Trêve de bavardage. Bougez-vous. Nous vous feront passer les lignes Vong.
Tiroc le héla.
— Le crabe approche, Mand’alor. Jetez un œil à votre HUD.
— Je le vois. Vous avez un vaisseau, Jedi ?
— Je m’y dirigeais.
— Tiroc, veille à ce qu’il y parvienne et escorte-le jusqu’aux limites du secteur.
Le Jedi s’arrêta brusquement à la sortie étroite de l’allée, Tiroc manquant de le bousculer. Il tourna la tête vers Fett.
— Kubariet, dit-il. Je suis un Chevalier Jedi. Kubariet. Seulement un nom.
Tiroc le poussa dans le dos et ils s’en allèrent.
Jusqu’ici tout allait bien. Mais cela ne pouvait pas durer, et cela ne dura pas. Au prochain souffle Beviin vint à travers la brèche dans le mur avec une lenteur exagérée, un blaster Merr-Sonn personnalisé dans un point et le subalterne Yuuzhan Vong sur ses talons. La créature poussa Beviin sur le côté et l’une de ses griffes proéminente de son armure attrapa son épaulière, traçant une rayure dans la peinture bleue.
Elle aurait pu ouvrir Beviin comme une boîte de conserve… Mais son armure était en beskar forgé, le vrai métal Mandalorien que même les armes Yuuzhan Vong ne pouvaient pénétrer. Il fit un geste vers sa ceinture et en sortir son antique beskad, une court sabre aiguisé forgé avec le même métal que son armure.
Ça va très vite devenir moche. Il y aurait dû avoir un corps, et il faudrait qu’il le cache. Les icônes de liaison de Fett montrèrent que Cham et les deux femmes étaient arrivés aux mêmes conclusions et avait commencé à allumer leurs armements.
— Où est le Jedi ? demanda le guerrier.
Sa tête balançait d’un côté à l’autre et son bâton amphi se raidit autour de son avant-bras.
— Il a fui jusqu’ici. Je le poursuivais.
— Pas ici, mon ami. Briika se mit entre lui et Dinua. Vous voulez qu’on le cherche ?
— Qu’est-ce que vous en avez fait ? Dites-moi !
Le guerrier se tourna sur lui même et faillit encore une fois heurter Beviin avec la griffe acérée de son bras. Le chasseur de prime glissa prudemment son blaster dans son holster et attrapa le pommeau aux ciselures végétales de son beskad.
— Faites attention, dit-il. Vous pourriez arracher l’œil de quelqu’un avec ce truc.
Les villips n’étaient pas comme les comlink qui avaient juste besoin d’être ouverts et de fonctionner. Les villips étaient là en personne, toujours allumés, toujours attentifs. Le guerrier devrait être silencieux, et rapide.
Fett n’avait même pas besoin de donner le signal.
Beviin s’attaqua au villip accroché à l’épaule du guerrier et le trancha à la base d’un seul trait, l’envoyant s’écraser sur le sol avec un jet de liquide. Une fraction de seconde le guerrier regarda juste, la mâchoire bée – sa bouche sans lèvre semblait ouverte en permanence – et l’étroite allée plongea dans le chaos.
— Trait…
Ce fut le dernier mot que le guerrier prononça. L’armure vivante se déploya devant leurs yeux pour protéger son cou et sa tête, mais Beviin réussit à le frapper dans la mâchoire d’un revers tournoyant et le beskad était une larme lourde. La lame s’empêtra elle même dans la mâchoire du guerrier, le laissant gargouillant et suffoquant tandis que son bâton amphi passait soudainement du serpent à la barre d’acier. Alors que le guerrier tombait à genou, le bâton amphi se dégagea et Fett se jeta instinctivement dessus, projetant la vibrolame se son gant à travers celui-ci pour le clouer au sol. Sa queue frémit. Suvar se pressa de la décapiter avec sa propre lame.
Ce furent quelques secondes qui semblèrent durer des heures. Le subalterne était toujours en train de se tordre et de crier tandis que Beviin luttait pour libérer son sabre. Briika sauta sur le guerrier entre les griffes scythe pour lui enfoncer profondément sa vibrolame mais elle dérapa sur l’armure de crabe Vonduun. Elle laissa échapper un grognement et le poignarda encore. Et il continuait de se battre.
— Faites le taire pour l’amour de fierfek…
— Des griffes shabla, regardez.
Beviin abandonna son sabre et l’attrapa à la gorge avec ses gants Shukka.
— On va s’amuser un peu, shabuir.
Il serra et les yeux du subalterne le fixèrent. Sa bouche s’ouvrit en grand.
— Il semblerait que le beskar bat le bouclier de crabe.
Les gants Shukka avaient été illégaux des siècles durant. La présence de beskar micro-injecté leurs permettait d’exercer une pression suffisante pour broyer un os épais et peut-être même plus. L’armure semblait rendre l’âme, mais Beviin – la plupart du temps un homme entêté, selon Fett – continua, jurant dans un incompréhensible Mando’a jusqu’à ce qu’il y ait un son ressemblant à au craquement de la glace et que le guerrier laisse échapper un long râle. L’armure se contracta, ses griffes se rétractant impuissamment deux ou trois fois avant de s’arrêter.
Un silence d’une seconde suivit.
Beviin, légèrement essoufflé, fixait ses gants d’un sourire amusé.
— Nous étions fou de les interdire.
— Rappelle-moi d’y remédier lorsque nous rentrerons, dit Fett.
Ce fut une bonne chose qu’un barrage de canons proche ait couvert les cris. Beviin lutta pour sortir le sabre du corps et dû même poser la semelle de sa botte sur la poitrine du guerrier pour y parvenir.
— Alors l’armure meurt lorsque le guerrier meurt ?
Suvar attrapa le bâton amphi mort, trancha de gros morceaux du subalterne et de son armure, et fourra le reste de l’armure dans ses poches jusqu’à ce qu’elles débordent.
— Des échantillons biologiques, pas des trophées, ok ? Nous avons besoin d’avoir autant d’information que nous pouvons sur… ces choses.
Beviin se pencha sur le corps et scalpa complètement la chevelure noire.
— Un trophée. Maintenant, partons.
Il fallut cinq Mandaloriens pour venir à bout d’un Yuuzhan Vong cette fois. Mais ils avaient beaucoup appris sur la manière de les tuer lors de ce seul bref accrochage. Ils en avaient appris énormément.
Briika se remit sur ses pieds, légèrement chancelante. Les explosions se rapprochaient.
— Tout ce qui nous reste à faire est d’ouvrir une usine de gants Shukka. Facile. Je veux dire… oh…
Elle semblait hors de souffle. Elle regarda vers son ventre puis elle tomba à nouveau sur ses genoux, ses mains pressant son plastron.
— Buir ? Buir !
Dinua attrapa les épaules de sa mère et lorsque ses bras tombèrent le sang noir s’écoulant de dessous la plaque d’armure fut soudain visible. Il coulait à flot entre ses genoux. Et recouvrait le corps du subalterne.
— Elle a été poignardée ! L’armure de crabe piquant a littéralement traversé sa combinaison.
— Non, peut-être qu’elles la maintiennent entière, dit Cham. Rapportons là au Slave I et vite.
— Elle saigne trop…
Beviin la prit dans ses bras sans effort apparent.
— Tu m’as promis… dit elle.
Fett était sur le point de dire quelque chose de brutalement pragmatique mais il se trompait et il le savait.
— Nous irons plus vite si nous la soulevons tous les deux avec notre propulseur dorsal.
— Il va falloir être vigilants.
— Fais-le. Dinua, brûle ce corps. Si les Vong le trouvent ils sauront que ce n’est pas un sabre-laser qui l’a découpé.
Dinua semblait vouloir protester. Mais elle hocha simplement la tête et ajusta le lance-flamme sur son poing, puis jeta un regard en arrière vers sa mère.
— K’oyacyi, Buir. Tiens bon. Maman.
C’était une chose de porté un camarade blessé à deux – Fett ne se rappelait d’avoir déjà fait ça, bien sûr – mais manœuvrer un pack de propulsion en plus était une autre histoire. Il sentit qu’elle serait morte avant qu’ils n’atterrissent. Elle ne cessait de répéter :
— Tu as promis…
De plus en plus faiblement. Et quand ils atteignirent le Slave I elle était à peine consciente.
Beviin ôta son casque pendant que Fett activait le droïde médical d’urgence qu’il gardait et qu’il n’avait jamais eu besoin d’utiliser. L’unité, un appareil cylindrique de la longueur de son bras volait autour d’elle comme un insecte, passant ses senseurs.
— Besoin d’une transfusion, annonça-t-il. Choc hypovolémique. Stabilisation, ligature des vaisseaux sanguins dans…
— Alors transfuse, hut’uun, dit Beviin. Je te tiens Briika, tout va bien. Tu vas t’en sortir.
— Tu as promis, dit-elle, soudain très lucide. Dinua. Gai bal manda.
— J’ai promis, dit-il.
Il retira son casque.
— Je le jure. Ne t’inquiète pas. K’oyacyi. Tiens bon.
Le droïde médical enfonça des cathéters dans le bras et le cou de Briika et Beviin continuait de regarder vers l’écoutille comme s’il souhaitait que Dinua se montre. Fett réfléchit aux natures variables des blessures par pénétration et que poignarder un ennemi était une méthode bien peu sûre pour stopper un ennemi. Beviin se tenait sur l’écoutille, clignant rapidement des yeux et secouant la tête occasionnellement comme s’il se disputait avec lui même.
Le droïde médical émit des bips stridents.
— Plus de pouls, dit-il. Impossible de le faire repartir.
Il n’avait même pas commencé l’incision. Beviin ne dit pas un mot : il s’éloigna simplement de l’écoutille pour nettoyer le sang qui séchait en flaques sombres sur le pont immaculé du Slave I Dinua arriva en courant, ses bottes claquant sur la rampe, quelques minutes trop tard.
— Dinua…
Beviin tenait toujours sa parole. Il l’attrapa par le bras avant qu’elle n’atteigne le corps.
— Ni kyr’tayl gai sa’ad.
Il regarda brièvement Fett et lui fit la traduction.
— Je te reconnais comme mon enfant.
Il n’avait nul besoin de dire que sa mère était morte ou qu’il était désolé. L’adoption spontanée dit à la fille tout ce quelle avait besoin de savoir.
Dinua souleva son casque de ses deux mains et y plongea son regard, les yeux fixes et vitreux, comme si cette action l’avait gelée. Et soudain Fett put sentir le métal dur dans ses propres mains : accroupi dans les abysses, de la poussière rouge asséchant ses yeux, fixant un casque bleu argenté, à la fois totalement et détruit et entièrement insensible au fait que son père soit parti pour toujours. Il savait plus que quiconque comment elle se sentait et l’espace d’un instant il éprouva une connexion rare.
— Il n’y a pas de honte à pleure, dit Beviin calmement. Nous pleurons tous à un moment ou un autre. Moi aussi, crois-moi.
Il parlait à Dinua, mais en lançant un regard en biais à Fett. Elle renifla bruyamment.
— Je suis prête, dit-elle.
— C’est ma fille.
La société Mandalorienne n’avait pas d’orphelin, ou temporairement seulement.
Sauf moi. Cela convenait à Fett. Personne ne pourrait jamais remplacer son père. Il était plus sage que personne n’ait essayé.
CHAPITRE IV
Nom Anor – Observations
Il semble que les Mandaloriens sont comme tous les autres infidèles. Ils sont aussi faibles et corrompus : ils ont échangé la galaxie contre quelques années d’immunité de leur petit secteur. D’une certaine façon, je suis… déçu. J’avais placé de plus grands espoirs en eux.
Quelques années ? Peut-être moins que ça. Peut-être quelques mois.
J’admets que je m’attendais à ce qu’ils soient de meilleurs guerriers. Leur réputation de férocité a largement été exagérée si je m’en tiens à ce que j’ai vu d’eux à la guerre. Mais ils restent toujours très utiles pour l’échange de renseignements et le sabotage, et je devrais les garder secrets même pour nos propres guerriers. Ils pensent que leur culture est éternelle mais ils seront éliminés quand je n’aurais plus besoin d’eux. Plus je les regarde, plus j’y vois de la faiblesse.
Une armure. Une armure d’acier. Un bouclier inerte.
Quelle… faiblesse.
Slave I croisant dans le secteur Mandalorien, deux semaines plus tard.
Fett était impressionné de la capacité du Mando moyen à garder le silence et rester dans le rang même sans l’avoir demandé.
Le rapport des renseignements régulièrement transmis au Slave I rapportait deux contacts entre des vaisseaux Mandaloriens et Républicains où les Mandos non-combattants étaient comme des ennemis, exactement ce que Fett avait besoin qu’ils soient. Les deux pilotes étaient obligés de maintenir cette apparence en retournant le feu et si besoin en détruisant le chasseur de la Nouvelle République.
— Allez-y, haïssez-nous, dit Fett à voix haute. Mais à partir de maintenant, nous gardons notre savoir pour nous et l’usons pour notre propre défense.
Les ingénieurs Mandaloriens travaillaient déjà sur le développement d’armes améliorées à usage spécifique contre les Yuuzhan Vong. Une rumeur courait dans la communauté Mando sur la nature véritable du marché passé avec les envahisseurs mais cela n’allait pas plus loin que ça. Ce n’était les affaires de personne d’autre, bien sûr : les étrangers n’y comprendraient rien de toute façon. Aruetiise. Il ne voyait aucune raison d’apprendre cette langue mais ce mot étrange était utile.
Les envahisseurs continuaient de percer à travers la galaxie, mais bien plus lentement qu’il ne l’imaginait. Si – quand – ils se retournaient sur le Secteur Mandalorien, il serait prêt pour eux.
Jusqu’à leur prochaine sollicitation ou la prochaine opportunité de rassembler des informations, il décida de rester le Boba Fett que tout le monde s’attendait à voir agir, plus chasseur de prime que Mand’alor, car la vie continuait son cours là où les Yuuzhan Vong ne l’avait pas encore atteinte.
Imbéciles. Elle ne sera pas tranquille plus longtemps.
Certains clans Mandaloriens lui avaient dit qu’ils envisageaient de s’enterrer et de résister aux Yuuzhan Vong, et certains envisageaient de faire quelque chose appelé ba’slan sbev’la, ce que Beviin traduisait en “disparition stratégique”. Il était difficile d’éliminer un peuple qui pouvait s’évaporer pendant des années puis réapparaître comme une armée vengeresse, tout ça sans la main de guide d’un gouvernement conventionnel.
Oui, ils réapparaîtront. N’en doutez pas.
Fett respectaient leur habilité à résoudre leur propres problèmes. Il était en train contempler la nature de leur identité, un œil rivé sur le mouvement des cotes d’action affichées sur sa console, lorsque le Slave I détecta un vaisseau sur sa course d’interception.
C’était une aile-X de la Nouvelle République, comme au bon vieux temps. Pour une fois, celle-ci n’était pas dans sa base de données, comme tous les autres vaisseaux individuels catalogués par leur signature thermique, leur profil électromagnétique, et d’autres détails révélateurs des caractéristiques qui l’aidaient à les identifier. Celui-ci était clairement inconnu. Il n’avait pas son pilote sur sa liste.
Et à en juger par sa vitesse d’approche, il venait faire affaire. Il enclencha le système de défense automatique du Slave I et décéléra pour regarder sa réaction sur le scan. Lorsqu’il fut à moins de mille kilomètres, il ralentit et la console de communication du Slave I bipa, affichant la source et son routeur.
Ah. Le message était transmis via l’un des nœuds qu’il avait listé sur sa datacarte de renseignements. Fett ouvrit le lien.
— Entraînement au tir, ou voulez-vous discuter ? demanda-t-il.
La voix ne le surprit pas. Cependant, il n’admettrait jamais qu’elle le soulagea.
— C’est Kubariet, dit le pilote. Je n’aurais jamais fait feu sur un ami.
— Considérez moi plutôt comme l’ennemi de votre ennemi.
— La proximité est suffisante pour moi. Le point de rendez-vous ?
— Approchez et suivez moi jusqu’à Vorpa’ya.
— Concord Dawn est plus proche.
— Je ne peux pas retourner là-bas et vous n’avez pas besoin de savoir pourquoi.
— Comme vous voudrez Fett car je sais déjà pourquoi. Je travaille avec les Renseignements de la Nouvelle République.
— Et vous êtes arrivé jusqu’ici quand même. Impressionnant.
Le Jedi ne rit pas, les Jedi ne riaient jamais. Mais il suivit Fett.
Vorpa’ya était une décharge. Il n’y avait aucune autre description appropriée. L’élevage de nerfs et l’agriculture intensive l’avait laissé comme un Tatooine en devenir. Les deux vaisseaux atterrirent à distance respectable sur une plaine dévastée par les animaux qui soulevait des nuages de poussière sableuse, et Fett attendit que Kubariet ouvre son cockpit et s’en extirpe. Lorsqu’il le fit, il n’était pas en robe Jedi mais en combinaison de pilote.
— C’est un marché, dit Kubariet.
Fett ne se souvenait pas avoir déjà vu un Jedi parlé comme ça.
— Une question de temps.
— Ces informations étaient utiles. Je suis désolé que nous ne leur ayons pas fait confiance directement.
— Bien.
— Quel est votre prix ?
— Je ne veux pas de vos crédits. Juste tuer plus de Vong.
Kubariet resta sans expression.
— Mes excuses. Mais maintenant la flotte arrêtera de vous poursuivre et va pouvoir entrer dans la danse.
— Non.
— Mais…
— Chaque fois que nous rencontrerons la Nouvelle République, nous leur rappellerons que nous combattons pour les Vong. Il nous le faut. Pour que notre plan fonctionne.
— Mais vous menez deux guerres en même temps ! Combattre pour la Nouvelle République et se défendre contre nous.
— Nous nous en sortirons.
— Trop fiers pour admettre que vous êtes nos alliés ?
— Non inquiet des largesses de votre organisation qui risque de détruire notre couverture. Nom Anor est ici depuis dix-huit ans et nous ne l’avions jamais repéré.
Fett décida qu’il pouvait au moins marchander un peu avec ce Jedi.
— Et nous ne sommes pas de votre côté. Plus longtemps les Vong croiront que je suis leur pote, plus longtemps je protège Mandalore.
— Ils reviendront pour vous lorsque ce sera fini.
— Je sais.
— Il faudra vous battre.
— Je le sais aussi, et quand cela arrivera, nous leur montrerons de quoi les Mando sont vraiment capables. Ce sera une bonne surprise pour eux. Ils nous reconnaîtront à peine.
Le “nous” lui avait échappé. L’espace d’un instant Fett se demanda combien de fois il avait utilisé “je” et en quelles rares occasions il avait pu prononcé “nous” et accepta qu’il sentait maintenant un sens communautaire de responsabilité envers Mandalore et quiconque affilié aux Mandaloriens.
— Puis-je vous demander de considérer quelque chose Fett ?
— Ce sera gratuit, mais faites vite.
— Une fois, votre père a fait quelque chose que vous seriez capable de faire pour nous aujourd’hui.
Épargne-moi la psychologie de comptoir.
— Quoi ?
— Il a recruté un groupe de sergents entraîneurs de troupes pour les commandos de l’Ancienne République – les Cuy’val Dar. Peut-être pourrions nous utilisé certains de vos commandos expérimentés pour entraînés les milices locales à combattre les Yuuzhan Vong.
Fett se rappelait très bien des Cuy’val Dar : il avait grandi parmi eux sur Kamino.
— L’effet multiplicateur.
Il marqua une pause. C’était une bonne idée mais il ne voulait pas paraître enthousiaste.
— Je verrai qui est intéressé.
Kubariet mit sa main dans sa combinaison et en retira une datacarte.
— Utilisez ceci pour configurer un lien sécurisé entre votre comlink et le mien. Personne ne sait que cela vient de vous.
— Changeons de sujet. J’ai quelques bouts éparpillés de Vong dans un congélateur si vous en avez besoin.
— Je prendrai ce que vous avez.
Kubariet semblait à deux doigts d’attraper la main de Fett ou de lui mettre une claque sur l’épaule ou tout autre signe manifeste de camaraderie qui fit reculer Fett.
— Fett, vous fichez vous vraiment de savoir que tout le monde méprise votre peuple comme des traîtres ? Pouvez-vous vraiment avaler que la Nouvelle République essaye de vous tuer ?
Fett essaya de se remémorer ce que c’était d’être un héros mais rien ne lui vint à l’esprit. Il ne pouvait parler pour ses troupes ou les clans en général, mais non, cela ne l’empêchait pas de dormir. Il avait son propre code d’honneur : et y rester fidèle signifiait qu’il pouvait vivre non seulement par lui-même mais aussi avec le regard toujours présent de son père.
— Nous survivrons, dit-il.
— S’il y a quelque chose que je puisse faire pour rendre votre vie plus simple, vous me le diriez n’est-ce pas ?
Fett ne pouvait penser à quelque chose que la Nouvelle République pouvait donner à Mandalore autre que de se tenir à l’écart quand la guerre serait terminée. Il se retourna pour marcher jusqu’au Slave I et récupérer les échantillons. L’ironie de l’offre du Jedi ne lui fut pas étrangère, mais il était temps d’oublier les vieilles rancœurs et d’être pragmatique, pratique, d’agir comme Jango Fett aurait agi.
Assure-toi que le boulot est fait. Ne trahit pas tes émotions.
Fett ne voyait pas ce que quelqu’un aurait pu faire pour lui.
Et justement, c’était bien ça. Il tourna sur ses talons.
— Jedi, il y a une chose que vous pouvez faire.
— OK. Dites-moi.
— Assurez vous que tout le monde sache qu’une Mandalorienne appelée Briika Jeban est morte pour sauver un citoyen de la Nouvelle République.
— Bien sûr. Qui était-ce ? Pouvez-vous m’en dire plus ? Qui a-t-elle sauvée ?
Fett inclina légèrement sa tête d’un côté, puis reprit sa marche vers le vaisseau.
— Vous, Jedi, dit-il. Vous.