À LA CHASSE AU GORACH

Jeff Grubb

19 ap. BY

Chronologie

Jeff Grubb a récemment fait ses débuts dans l’Univers Étendu, avec Scourge, un roman plutôt mitigé. À La Chasse au Gorach est une nouvelle parue dans le 133ème numéro du magazine Star Wars Insider, paru en Mai 2012. Elle nous en apprend davantage à propos de Parella le Hutt, personnage qui apparait dans Scourge.

En l’an 19 après la Bataille de Yavin, la même année de la duologie La Main de Thrawn, Parella le Hutt, chasseur extraordinaire de son espèce, se rend sur la planète Lowick afin d’y chasser un spécimen unique : le Gorach.

Titre original : Hunting the Gorach

 

Parella le Hutt, chasseur extraordinaire, étendit son lourd bras mou et enfonça le symbole d’activation de l’holo-enregistreur de son vaisseau.

— Enregistrement de l’expédition 2435. Je me trouve sur la planète Lowick, pour chasser le fuyant Gorach. Ma proie est une créature brutale et astucieuse, et même maintenant je trouve difficile de croire que ses ancêtres ont jadis dirigé cet amas de mondes. J’ai graissé beaucoup de pattes pour traquer ce spécimen, et aujourd’hui, au milieu des immenses marais pluvieux de cette planète, j’attends une chasse difficile avant de confronter la bête à son inévitable destin et rapporter sa tête dans mon armoire à trophées. Je reviendrai une fois que j’aurai réussi.

Parella éteignit l’holo-enregistreur, ôta sa robe de soie, et se dirigea vers l’armurerie du vaisseau, où ses droïdes avaient déjà préparé son armure. Le Gorach était décrit comme fort et rapide, et le Hutt choisit donc une armure complète faite en plaques de cuivre Ruusan, le recouvrant depuis la nuque de son cou graisseux jusqu’au bout de sa queue. Un casque lourd s’emboîta sur le haut de l’armure, son HUD s’illuminant à l’intérieur.

Ses doigts enfoncèrent un interrupteur et un mur intérieur du vaisseau coulissa, révélant toutes sortes de blasters, carabines, fusils, ainsi qu’une large gamme d’armes utiles à un combat rapproché. Cela allait être une chasse traditionnelle, une de celles qui testait à la fois l’esprit et les muscles. Il choisit une carabine blaster équipée d’une longue vibrobaïonnette, dans le pur style des Chasseurs Taloron.

Parella sécurisa le vaisseau, activa ses défenses passives et abaissa la rampe de débarquement. Il sortit à la surface de la planète. Le sol était souple et moussu et tanguait légèrement sous l’avancée de son armure lourde. Son guide officiel, fourni par l’organisation la plus proche de ce désert abandonné qu’était Ardos, l’attendait. Il s’agissait bien entendu d’un Pa’lowick, au corps sphérique et tacheté se reposant sur des jambes d’échasse, les tiges de ses yeux relevés sous la curiosité, sa bouche en forme de museau tendue en avant dans ce qui ressemblait à une attitude mécontente.

— Je suis Kashina Furt, fit le Pa’lowick. Je suppose que vous êtes Parella le Hutt ?

— Parella le Chasseur, corrigea l’interpelé. Lorsque je suis en chasse, je préfère ce surnom.

Le Pa’lowick fit un bruit qui ressemblait au son d’un cor kloo.

— Je suis le représentant officiel pour votre chasse. Vous cherchez notre légendaire singe des marais ?

— Oui, fit Parella. Bien que je connaisse la bête sous un autre nom. C’est un Gorach. Je sais que je le trouverai ici.

Il y eut encore ce bruit de cor.

— Vous êtes sûr ? Cette partie de la planète est presque inhabitée, hormis quelques chasseurs de temps à autre.

Parella acquiesça.

— Oui, mais ce sont eux qui ont transmis la légende de votre singe des marais. Quatre bras, des cheveux moussus, une pâleur verte, deux fois votre taille. C’est un Gorach.

Kashina Furt émit un autre bruit, et Parella fut sûr qu’il n’était pas d’accord.

— Notre singe des marais est décrit comme tel, mais ça ne signifie pas qu’il s’agit de votre Gorach. Les Gorach eux-mêmes sont une légende.

— Une grande légende, fit Parella. De puissants guerriers, des barbares brutaux qui se déplaçaient de planète en planète, exigeant des tributs et soumettant des populations entières sur leur passage. À la fin, ils détenaient une douzaine de systèmes dans leur poigne, avant d’être déchirés par une guerre civile et de voir leurs sujets s’élever contre eux. C’est une leçon pour les dirigeants – au moindre signe de faiblesse, les espèces inférieures se rebellent.

Le Pa’lowick ne réagit pas, et Parella réalisa qu’il s’agit d’une des « espèces inférieures » décrites dans la légende. Les Gorach les avaient dirigées. Parella continua.

— La localisation est la bonne, les descriptions concordent. Nous trouverons le Gorach ici.

— L’époque de la supposée ascension des Gorach date d’il y a des millénaires, remarqua le Pa’lowick. Je ne crois pas qu’une communauté de soi-disant conquérants reste cachée.

— Je ne pense pas qu’il y aura une communauté, fit le Hutt. Les histoires concernant les Gorach disent qu’ils ne vieillissent pas, et que leur fin ne vient que par la violence. Je crois que durant des siècles, on vous a rapporté l’existence d’une seule bête. Je la mettrai à genoux, et placerai son corps préservé dans ma salle des trophées. Mes confères Hutt admireront cette œuvre d’art pendant que je leur conterai la chasse.

Le Pa’lowick émit une sorte de plainte, mais devant lui, l’horizon explosa en un flash de lumière. Il se tourna et vit des boules de feu s’élever au-dessus des arbres ganyak et des mangroves, et une vague orageuse les balaya.

— Qu’est-ce que c’était ? réussit à demander le Pa’lowick.

— Ceci, fit Parella, ce sont mes batteurs, dirigeant la proie vers nous. Venez. La chasse commence.

Il y eut des grincements stridents lorsque les batteurs de Parella, des drones équipés d’embouts incendiaires, firent demi-tour pour un autre passage. Ils volèrent en arc, dirigeant la faune sauvage vers les environs du Hutt et de son vaisseau.

— Vous allez tuer tout ce qui se trouve dans les marais ! cria le Pa’lowick.

— Quelques espèces, oui, répliqua le Hutt. Des espèces qui seraient des proies insuffisantes tout d’abord, inutiles à ma chasse. Mais si le Gorach est là, s’il s’agit du Gorach que je cherche, rien d’aussi basique qu’un tapis de bombes ne l’arrêtera. Vous aimerez vous tenir derrière moi.

Le début de la faune en fuite se trouvait au-dessus de leurs têtes. Les créatures ailées menaient la course – les lourds canards Marlello battant follement des ailes pour espérer rester au-dessus des flammes, poursuivis par des faucons verts des marais, déchirés entre le désir de fondre sur leurs proies et la crainte de leurs propres vies. Des serpents coureurs zigzaguaient au milieu des hautes herbes, et des lézards Fleet se ruaient en avant sur leurs jambes de biches, espérant atteindre une vitesse suffisante pour étendre leurs membres inférieurs et s’envoler. Puis vinrent les quadrupèdes – des sortes de renards et de cerfs. Un loup musqué alla se cacher à leur droite. Malgré lui, Parella prit sa carabine, puis se ravisa. Il attendait une autre proie.

Et soudain il apparut, illuminé par les marais enflammés. Il était plus grand que le Hutt était long, et davantage musclé. Il était bipède, avec quatre bras bâtis sur un large torse. De fines mèches de poil pendaient sur ses bras et ses jambes, formant une vague brune sur sa large poitrine. Des nattes ondulaient comme des serpents sur sa tête. Ses yeux écarquillés brillaient tels des lampes, reflétant les flammes autour de lui. Le Gorach.

Il les vit se tenir près du vaisseau, et ses yeux se fixèrent sur ceux de Parella. Les autres créatures passèrent près des deux chasseurs, moins inquiets par ceux-ci que par le feu derrière eux, mais le Gorach, réalisa le Hutt, sut en un instant ce qui se passait. Que cet évident chemin sûr menait à la mort. Il vira et se dirigea vers la droite de Parella, le long de la ligne de feu, ses nattes mousseuses se balançant sous l’effet du vent chaud.

Parella prit sa carabine et fit feu en direction de la forme mouvante illuminée par les flammes. Il la toucha une fois à une jambe, et la bête trébucha, mais ne s’écroula pas. Au lieu de cela, le Gorach redoubla d’efforts et fut bientôt enveloppé par la fumée des batteurs.

Derrière Parella, le Pa’lowick pleurnicha quelque chose.

— Viens par là, fit le Hutt. Cela promet d’être une excellente chasse.

Le large corps du Hutt s’avança lentement sur l’herbe des marais, même avec la lourde armure dont Parella était vêtu, et les flaques peu profondes ne l’empêchèrent pas de se diriger vers sa proie, aussi gracieusement que l’un des serpents coureurs qui avait fui la jungle quelques instants plus tôt. Le sol était doux et spongieux, et laissait les empreintes du Gorach visibles brièvement, mais cela suffisait. Parella retrouva la piste, et il se vit confirmer qu’il avait bien toucher la bête au membre inférieur droit. Les empreintes montraient qu’il boitait.

Parella soupira et augmenta la puissance de tir sur sa carabine. Le tir qui avait touché la bête aurait assommé un Wookiee, et il avait à peine dérangé le Gorach. Le prochain tir aurait une portée plus réduite, mais serait plus puissant.

Dans le sillage du Hutt, Kashina Furt luttait pour suivre le rythme.

— Le marais est encore en feu, gazouilla-t-il, son museau remuant nerveusement. Nous devrions attendre qu’il s’éteigne avant de continuer.

— Si nous attendons, nous allons le perdre, répliqua Parella. La bête sait qu’elle est chassée. Elle cherche un lieu pour s’enterrer. Son repaire, s’il est assez proche.

— Comment… haleta le Pa’lowick. Comment savez-vous ?

— Parce que c’est ainsi que je ferais, fit Parella. Jadis, il y a longtemps, les ancêtres de la créature régnaient avec une cruauté sans merci. De tels dirigeants devaient être au courant de potentielles trahisons à tout moment. La soif de survie coule dans leur sang. Celui-ci sait désormais qu’il est chassé. Chaque neurone de ruse a désormais pour objectif sa propre survie. Il sait qu’il fait face à un adversaire supérieur. Il trouvera une place pour se cacher et va espérer que nous perdions de l’intérêt pour la poursuite.

— J’ai déjà perdu l’intérêt, fit le Pa’lowick, mais si le Hutt l’entendit, il ne le fit pas remarquer.

Les incendies provoqués par les drones batteurs s’éteignaient déjà, transformant les lianes pendantes des arbres banyak en cordes fumantes de cendre. Le ciel était nuageux et noir, et l’air avait pour Parella une saveur cendrée et joyeuse. Le Hutt s’arrêta et examina le sol, puis revint en arrière.

— Il a changé de direction, fit le chasseur en montrant une zone du sol moufle. Là. C’est lorsqu’il a cessé de paniquer. Lorsqu’il s’est remis à réfléchir. Regardez ici, il s’est dirigé le long du courant. La meilleure façon de feinter ses poursuivants.

Il s’avança sans vérifier que le Pa’lowick était en train de suivre.

— Oui, il est parti par-là, continua Parella. Regardez la façon dont les roseaux sont penchés dans cette direction. Nous pouvons voir le chemin qu’il a emprunté, mais il a davantage de couverture. Je vais garder profil bas et essayer de ne pas lui laisser d’ouverture. Peut-être même préparer une…

Le mot suivant était « embuscade », et c’était un mot adéquat. La silhouette balourde du Gorach s’éleva des mauvaises herbes, un poteau dans chacune de ses quatre mains. Non, pas des poteaux. Des lances – des constructions rudimentaires améliorées à l’aide de pierres aiguisées.

Parella se saisit de sa carabine blaster tout en faisant feu. Le Gorach l’avait attendu, et jeta ses lances immédiatement. Parella en para une avec sa vibrobaïonnette, l’écorce grossière de la lance raclant la protection de sa carabine. Deux autres lances se partirent sur la droite.

Puis la proie ne fut plus là, cachée une fois de plus au milieu des grands roseaux qui bruissaient sur son passage. Ce fut à ce moment que Parella remarqua que l’une des lances était enfoncée dans son corps.

Ou plus précisément, dans les plaques avant de son armure. Il l’observa avec curiosité. La lance était terminée par ce qui semblait être un morceau de silex, mais taillé et ouvragé au point d’avoir percé la protection de cuivre.

Il retira la lance de l’armure, mais cela lui coûta. Le bout de la lance avait presque pénétré l’armure elle-même, ce qui constituait déjà un miracle.

— Cette armure ne me protège pas suffisamment, murmura Parella. J’en toucherai de mot à l’ouvrier dès la fin de cette chasse. Peut-être qu’une armure de bataille complète conviendrait mieux.

— Cela veut-il dire que nous faisons demi-tour ? gazouilla Kashina Furt.

Il s’était réfugié sur le dos du Hutt lors du combat.

Parella soupira profondément et descendit le guide de son perchoir.

— Bien au contraire. Ce vestige sauvage vaut bien une décente chasse. Qu’y a-t-il sur ces terres qui s’étendent devant nous ?

Le Pa’lowick observa son holo-carte avant de répondre.

— Il y a quelques collines. Pas d’habitants. Pas d’habitants Pa’lowick, je veux dire.

Parella grogna lorsqu’il se lança à la suite de sa proie, comme si la remarque de Kashina Furt avait fait une différence.

— Nous trouverons le repaire de la créature devant nous. Elle est en train de nous guider vers un champ de bataille de son choix.

Le terrain devint un tapis ondulé de collines parsemées de larges étendues de boues et de mauvaises herbes. L’eau circulait ici en gros filets épais qui interrompaient brusquement les collines. Les arbres banyak étaient plus nombreux également, leurs grosses branches pendantes. Ils étaient sortis de la zone brûlée, mais l’air gardait toujours une odeur de cendre.

Parella avançait désormais plus lentement, s’arrêtant souvent près des mares boueuses pour déterminer si le Gorach les avaient traversées, examinant précautionneusement les épais roseaux avant de s’y aventurer. Pour sa part, le guide Pa’lowick restait près du Hutt, sautant à chaque obstacle du sous-bois.

— Là, fit le Hutt, désignant une zone à l’aide de sa carabine. Il semblerait que ce soit son repaire.

Au sommet de la colline se trouvait un grand arbre banyak, dépassant les autres, ses racines noueuses emmêlées en une large plateforme exposée par l’érosion. Sa canopée touffue dissimulait le ciel, et il se trouvait près d’une falaise surplombant une étendue vaseuse.

— Pourquoi là ? demanda le guide.

— On a un bon point de vue pour voir arriver les intrus, commença le Hutt. C’est sec, et au-dessus du niveau de l’eau. Bon drainage. Facile à sécuriser.

Le chasseur observa les alentours, mais il n’y avait aucun signe du Gorach. Il n’y avait pas non plus de signes d’autres vies – les animaux restants avaient fui la zone.

Parella le Chasseur se dirigea lentement vers l’arbre, l’entourant à une distance respectable. Puis il laissa échapper un rire soudain et puissant.

— Là ! s’exclama-t-il. Son terrier.

Il y avait un large trou creusé dans le sol du côté le plus éloigné de l’arbre, disparaissant dans les ténèbres. Parella estima que les épaules du Gorach devaient frôler les rebords du trou lorsque celui-ci y pénétrait ou en sortait. Ainsi, cela allait être difficile pour un Hutt en armure.

Kashina jeta un coup d’œil autour du Hutt.

— Vous pensez qu’il est là-dedans ?

— Probablement, répondit le chasseur. Et il y a probablement toutes sortes de pièges primitifs également. Des fosses, des voies sans issue, peut-être même des barbelés recouverts de poison.

— Que… bégaya Kashina de ses lèvres proéminentes. Qu’allez-vous faire, donc ?

— Y jeter le guide dedans, répondit le Hutt, qui s’étendit et attrapa les jambes étendues du Pa’lowick d’une main ferme.

Il souleva la petite créature et la poussa dans le trou.

Il n’y eut aucun bruit de piège, aucun bruit soudain interrompu par le son de dagues transperçant la chair du Pa’lowick. Un faible gémissement se fit entendre dans les ténèbres, mais rien de plus.

Parella grimaça.

— Vous voyez quelque chose ? cria-t-il.

Kashina avait peut-être répondu, mais Parella entendit quelque chose se déplacer de l’autre côté de l’arbre. Son arme fut immédiatement prête, et le Gorach apparut, tenant une autre poignée de lances faites à la main. Il en lança deux au moment où Parella tira. Elles griffèrent mortellement l’écorce de l’arbre, et Parella entendit ce qu’il pensa être un cri lorsque son tir à courte portée fit mouche.

Le Hutt fit rapidement le tour de l’arbre, espérant que sa proie n’allait pas fuir une fois de plus vers les marais. La chance était avec lui, puisque le Gorach avait reculé vers le bord de la falaise. Il était toujours debout, mais sa fourrure et ses nattes étaient désormais nimbées de fumée. Il tenait toujours deux lances dans ses mains droites, mais il remarqua que l’un de ses deux bras gauches était salement amoché, et le Gorach le maintenait avec son autre bras valide. Parella sourit et leva son blaster.

— Une bonne chasse, fit-il. Pas la meilleure, mais tu feras un trophée de valeur.

Il pressa la détente… et rien ne se passa.

Ce fut alors que Parella remarqua un morceau de silex, aiguisé au point d’avoir éraflé le métal, qui était bloqué dans l’armature de la carabine. Le Gorach avait finalement réussi son coup.

Le Gorach riait désormais, un rire puissant et moqueur. Le Hutt pouvait entendre dans ce rire les échos de son passé sanglant, de son impitoyable petit empire. Même aujourd’hui, le Gorach refusait de se soumettre à meilleur que lui.

Parella se mit également à rire, et chargea en avançant, mettant tout son poids dans la vibrobaïonnette. Sa carabine l’avait certes abandonné, mais l’embout aiguisé allait passer à travers les lances du Gorach et faire mouche.

Si le Gorach choisissait d’utiliser ses lances pour contrer l’assaut.

Ce qu’il ne fit pas. Au lieu de ça, la créature sauta en l’air et agrippa les branches pendantes de l’arbre banyak. Il se balança au milieu du feuillage pendant que le Hutt atteignait en rampant le rebord de la falaise, qui trembla et s’effrita sous son poids.

Parella glissa lorsqu’il se mit à dévaler la falaise au milieu d’un torrent de graviers. Le Gorach avait sagement choisi son champ de bataille. Il savait quel était le meilleur terrain pour affronter un adversaire lourdement armé.

Le Hutt, pris dans l’avalanche, s’affala dans la flaque boueuse à la base de la colline. Énervé et embarrassé, le Hutt se tourna pour en atteindre le bord. Mais son armure ventrale n’arrivait pas à se faufiler dans la boue épaisse. Pire, il était en train de commencer à couler. Il s’agita, mais n’arrivait pas à flotter dans sa lourde armure cuivrée. Il observa l’arbre banyak, et bien qu’il ne distinguât pas sa proie, il put entendre son rire moqueur. La boue lui couvrait la bouche et le bas des yeux. Le rire dura un long moment, puis les branches de l’arbre banyak penchèrent lorsque le Gorach descendit lentement du feuillage. Il avança avec précaution jusqu’à la base de la colline, prenant garde à ses membres blessés. La seule chose désormais visible de l’armure du Hutt était son casque, émergeant à la surface de la boue, telle une pierre. Le Gorach éleva sa dernière lance et, dans un gros effort, la jeta vers le casque avec suffisamment de force pour le percer, ainsi que le Hutt en dessous.

Au lieu de cela, le casque émit un faible son ténébreux. La boue gargouilla et entra en éruption lorsque la silhouette boueuse du Hutt en sortit. Celui-ci était désormais nu, son armure flottant tel un leurre. Parella avait gardé sa vibrobaïonnette, bien sûr, et il l’enfonça profondément dans le torse du Gorach. La créature, surprise, recula sur la rive, et le Hutt fut sur elle en un instant, écrasant ses jambes blessées sous son corps, la maintenant en place alors qu’il la frappait une seconde fois. Le Gorach continua de s’agiter, et Parella le frappa une troisième fois. Les spasmes cessèrent finalement tandis que la lumière mourait dans ses yeux.

Parella sortit complètement de la mare boueuse, enlevant le plus gros de la vase de son corps. Il arrangea le corps de sa proie du mieux qu’il peut avec sa vibrobaïonnette, et le mit sur son épaule. Il pensa qu’il n’aurait peut-être pas dû le frapper une troisième fois, et cela allait être un problème pour son taxidermiste.

La nuit était presque tombée lorsque Parella atteint son vaisseau, sa proie morte en travers des épaules. Il mit en route sa douche personnelle, mais les jets brûlants eurent du mal à enlever la boue des marais Lowickiens. Il enfila une ample robe, se préparer une forte infusion aux herbes, et se dirigea vers son holo-enregistreur.

— Enregistrement de l’expédition 2435, commença-t-il.

Puis il entendit quelqu’un l’appeler, hors du vaisseau. Il descendit la rampe et aperçut le guide Pa’lowick dans la lumière tamisée.

— Vous êtes vivant ! s’exclama Kashina Furt.

— La chasse est terminée, fit le Hutt. Vos efforts seront récompensés.

— Je me suis évanoui lorsque vous m’avez jeté dans le trou, gazouilla le guide, mais lorsque je me suis réveillé, je me trouvais dans son repaire. Il était parti, mais c’était son repaire ! Son repaire !

— De quelle folie êtes-vous en train de me parler ? grommela le Hutt.

— Il est rempli d’œuvres d’art ! Des gravures en pierre, de la poterie, et même des gemmes de feu ! Ce que j’y ai vu représente un fantastique trésor ! Il y avait les plus belles choses que j’ai jamais contemplées !

— Le Gorach a juste volé des objets brillants, répliqua le Hutt, ses yeux réduits à deux fentes suspectes.

— Non ! cria le Pa’lowick. J’ai vu les outils du Gorach ! Et ses maquettes ! Il a créé toutes ses œuvres d’art. Il n’était pas un quelconque tyran meurtrier – c’était un artiste ! Le meilleur artiste que j’ai jamais vu ! Vous… (Le guide s’arrêta, et fixa le Hutt.) Vous ne l’avez pas tué, si ?

Parella baissa les yeux sur le petit Pa’lowick.

— La chasse est terminée, répéta-t-il. Vos efforts seront récompensés.

Le Pa’lowick se tint là, incapable de répondre, et Parella remonta la rampe une nouvelle fois. Il reprit son thé froidissant, et appuya sur le bouton d’enregistrement.

— Enregistrement de l’expédition 2435, fit-il.

Il fit une longue pause, pensant à la forme inerte de l’artiste dans sa chambre de stase. Puis il continua :

— Rien à rapporter.

Et il éteignit l’enregistreur.