CHAPITRE II
Pantalons et potirons
Mma Ramotswe ne s’estimait pas particulièrement courageuse. Certaines choses l’effrayaient, comme les fenêtres sans rideaux la nuit, parce qu’on ne voyait pas ce qui se passait dans l’obscurité du dehors, et les serpents, parce qu’il y en avait de très dangereux : les vipères heurtantes, par exemple, le lebolebolo, qui était gras et paresseux et possédait de grands crochets incurvés, et le mokopa, long, noir et très venimeux, connu pour sa haine des humains née à une époque reculée, à la suite d’un tort que les hommes lui avaient fait subir et qui était resté gravé dans la mémoire reptilienne. C’était des choses pour lesquelles la peur se justifiait ; d’autres pouvaient paraître terrifiantes si on se laissait impressionner, mais on pouvait les affronter si l’on s’était préparé à les regarder droit dans les yeux.
Il y avait toutefois quelque chose de très étrange à se croire seule chez soi pour découvrir tout à coup qu’on ne l’était pas. Mma Ramotswe trouvait l’expérience effrayante et elle dut prendre sur elle avant d’entamer son inspection, c’est-à-dire de franchir la porte séparant la cuisine de la salle de séjour. Là, elle jeta un coup d’œil circulaire et constata vite que tout était à sa place. Rien ne semblait perturbé. Elle vit l’assiette décorative portant l’image de Sir Seretse Khama – une possession inestimable qu’elle eût été mortifiée de perdre au profit d’un voleur. Elle vit la tasse à thé d’Elizabeth II, où figurait la photographie de la reine fixant le lointain avec une grande dignité ; autre objet de valeur dont la perte l’eût bouleversée, parce que cette tasse évoquait le sens du devoir et les valeurs traditionnelles, dans un monde qui semblait avoir de moins en moins de temps à consacrer à ces choses. Pas une fois Seretse Khama n’avait chancelé face à son devoir, ni la reine, qui admirait beaucoup la famille Khama et avait toujours éprouvé de l’affection pour l’Afrique. Mma Ramotswe avait appris qu’aux funérailles de Sir Garfield Todd, cet homme très bon qui avait œuvré pour défendre l’honneur et la justice au Zimbabwe, on avait lu un message de la reine. Et la reine avait insisté pour que son Haut Commissaire se rendît en personne au cimetière, devant la tombe, pour lire à haute voix ce qu’elle avait à dire du brave homme. Et à la mort de Lady Khama, la reine avait également envoyé un message, parce qu’elle comprenait l’émoi, et Mma Ramotswe s’était sentie fière, alors, d’être une Motswana, et de tout le bien qu’avaient accompli Seretse et son épouse.
Elle leva vivement les yeux vers le mur pour vérifier que la photographie de son père – son Papa, comme elle l’appelait toujours –, le défunt Obed Ramotswe, se trouvait à sa place. Elle y était, de même que le tableau de velours représentant un paysage de montagnes, rapporté de la maison de Mr. J.L.B. Matekoni, près de l’ancien aéroport militaire. Nombreux étaient ceux qui eussent souhaité voler ce tableau pour pouvoir promener leurs doigts dessus et ressentir la douce sensation du velours, mais il était toujours là, lui aussi. Mma Ramotswe se demanda si elle l’appréciait vraiment. Peut-être n’eût-il pas été plus mal, tout compte fait qu’un cambrioleur juge bon de le dérober… Elle se reprit et chassa cette pensée. Mr. J.L.B. Matekoni aimait beaucoup ce tableau et elle ne voulait pas voir Mr. J.L.B. Matekoni triste. Le paysage de montagnes resterait donc là. Et d’ailleurs, s’ils se faisaient bel et bien cambrioler un jour et voler tous les objets de la maison, Mma Ramotswe était sûre que ce tableau, lui, resterait à sa place, et qu’elle se retrouverait à le contempler, assise par terre sur des coussins parce que toutes les chaises auraient disparu.
Elle marcha jusqu’à la porte-fenêtre donnant sur la véranda et la vérifia. Elle était fermée, telle qu’on l’avait laissée. Et les fenêtres, bien qu’entrouvertes, avaient leurs barres de fer intactes. Personne n’aurait pu pénétrer dans la maison par là sans les tordre ou les briser, et tel n’était pas le cas. Ainsi l’intrus, s’il existait, n’avait pu ni entrer ni sortir par cette pièce.
Elle quitta le salon pour emprunter le couloir à pas lents, en vue d’inspecter les chambres. Devant le grand placard qui s’y trouvait, elle s’immobilisa et jeta un coup d’œil prudent par la porte entrebâillée. L’intérieur était sombre, mais elle parvint néanmoins à distinguer les contours des objets qu’il renfermait : les deux seaux, la machine à coudre et les vestes que Mr. J.L.B. Matekoni avait apportées, pendues à des cintres à l’arrière. Rien ne paraissait en désordre et il était clair qu’aucun intrus ne se cachait sous les vestes. Elle repoussa donc la porte et poursuivit sa progression jusqu’à la première des trois chambres donnant dans le couloir. C’était celle de Puso, une banale chambre de petit garçon sans grand-chose à l’intérieur. Elle ouvrit la porte avec mille précautions sans pour autant parvenir à éviter un bruyant grincement. Elle observa la table, sur laquelle reposait un lance-pierre fait main, puis le sol, où traînaient un ballon de football et une paire de chaussures de sport et elle comprit qu’aucun cambrioleur ne serait tenté d’entrer ici. La chambre de Motholeli était tout aussi dépouillée, mais Mma Ramotswe jugea bon de risquer un œil dans le placard. Là encore, elle ne remarqua rien d’anormal.
Elle passa alors dans la chambre à coucher qu’elle partageait avec Mr. J.L.B. Matekoni. C’était la plus spacieuse des trois et elle contenait des choses qui pouvaient tenter un cambrioleur. Les vêtements de Mma Ramotswe, par exemple, bigarrés et de bonne qualité. Il y aurait une réelle demande pour ce genre d’articles, de la part de femmes bien en chair à la recherche de tenues seyantes, mais il ne semblait pas que la penderie dans laquelle ils étaient suspendus eût été touchée. Aucun désordre non plus sur la coiffeuse, où Mma Ramotswe laissait toujours traîner les broches et les colliers qu’elle aimait porter. Rien n’avait disparu.
Mma Ramotswe sentit la tension quitter son corps. À l’évidence, la maison était vide et l’idée qu’un étranger pût s’y cacher était ridicule. Il existait sans doute une explication rationnelle au tiroir ouvert et à la pelote de ficelle sur le buffet et elle apparaîtrait dès le retour de Mr. J.L.B. Matekoni et des enfants. Peut-être ceux-ci avaient-ils oublié quelque chose, et ils étaient revenus alors que Mma Ramotswe était elle-même déjà sortie. Peut-être avaient-ils acheté un cadeau pour la parente de Mr. J.L.B. Matekoni, et ils avaient eu besoin de l’emballer, par exemple, tâche pour laquelle la ficelle eût été nécessaire. C’était là une explication parfaitement rationnelle.
Tandis que Mma Ramotswe retournait à la cuisine se préparer du thé, elle pensa à la façon dont les choses qui se présentaient comme des mystères n’en étaient souvent pas. L’inexpliqué était inexpliqué non parce qu’il n’existait pas d’explication, mais parce que l’explication habituelle, banale, simple, ne nous était pas apparue. Dès que l’on commençait à réfléchir, ce que l’on prenait pour un mystère s’éclaircissait pour devenir quelque chose de tout à fait prosaïque. Seulement, bien sûr, les gens n’aimaient pas cela. Les gens préféraient penser qu’il existait des phénomènes que l’on ne pouvait expliquer – des phénomènes surnaturels –, comme les tokoloshes, par exemple, qui vagabondaient la nuit et causaient des frayeurs et de mauvaises actions. Or, personne n’avait jamais vu de tokolosh pour la bonne raison qu’il n’y avait rien à voir. Ce que l’on prenait pour un tokolosh n’était en général rien d’autre que l’ombre d’une branche dans le clair de lune ou le souffle du vent dans les arbres, ou encore le bruit d’un petit animal détalant dans les fourrés. Toutefois, ces explications rationnelles ne séduisaient pas les gens, qui préféraient évoquer toutes sortes d’esprits imaginaires. Eh bien, elle, elle ne serait pas comme eux en ce qui concernait les intrus. Personne n’était entré dans la maison, et Mma Ramotswe était toute seule, comme elle l’avait pensé au départ.
Elle fit le thé et s’en servit une grande tasse, qu’elle emporta dans sa chambre. Ce serait une agréable façon de passer l’après-midi, allongée sur le lit, à dormir si elle en avait envie. Il y avait, sur sa table de nuit, quelques magazines, ainsi qu’un exemplaire du Botswana Daily News. Elle lirait donc un peu, jusqu’au moment où elle sentirait ses yeux se fermer et le magazine lui tomber des mains. C’était là un moyen délicieux de sombrer dans le sommeil.
Elle ouvrit toute grande la fenêtre pour laisser la brise circuler. Puis, après avoir déposé sa tasse sur la table de nuit, elle s’allongea sur le lit et sentit son corps s’enfoncer dans le matelas qui l’avait si bien servie pendant des années et qui tenait encore bon sous le poids additionnel de Mr. J.L.B. Matekoni. Elle l’avait acheté, avec le lit, à son arrivée dans la maison de Zebra Drive, résistant à la tentation de limiter les frais. À son sens, un lit de bonne qualité était la chose pour laquelle cela valait la peine de dépenser autant que l’on pouvait se permettre. Un bon lit apportait le bonheur, elle en était persuadée ; un lit médiocre, inconfortable, produisait mauvaise humeur et douleurs lancinantes.
Elle commença par le Botswana Daily News. Il y avait un article sur un homme politique qui exhortait la population à mieux prendre soin du bétail. Il affirmait qu’il était choquant, dans un pays où le bétail devait être à l’honneur, que tant de bêtes soient maltraitées. Ils devraient avoir honte, disait-il, ces gens qui ne donnaient pas d’eau à leur bétail lorsqu’ils le conduisaient au chemin de fer pour son dernier voyage. Chacun savait, poursuivait-il, que la qualité de la viande se ressentait des expériences vécues par la bête au cours de ses derniers jours. Un animal que l’on avait stressé produirait toujours un bœuf de qualité médiocre ; or, pour sa viande, le Botswana visait la perfection. Après tout, le bœuf botswanais était beau, nourri à l’herbe, et il avait bien meilleur goût que ces pauvres bêtes que l’on tenait claquemurées et que l’on nourrissait avec des aliments qu’une vache ne devrait jamais manger.
Mma Ramotswe ne pouvait qu’approuver ce discours. Son père, fin juge en matière de bétail, lui avait toujours expliqué qu’il fallait traiter les bêtes comme des membres de la famille. Lui-même connaissait les noms de toutes ses vaches, une prouesse pour un homme qui avait constitué un aussi gros troupeau, et jamais il n’eût toléré de voir celles-ci souffrir d’une manière ou d’une autre. C’était donc aussi bien, songea Mma Ramotswe, qu’il ne fût plus là pour lire l’article sur les bêtes assoiffées, ni pour voir toutes ces choses dont elle-même avait été témoin ce matin-là, alors qu’elle prenait son thé au centre commercial.
Elle avait terminé l’article sur le bétail et entamé la lecture d’un autre lorsqu’elle perçut un bruit. C’était un son assez bizarre, qui ressemblait à un couinement. Mma Ramotswe abaissa son journal et fixa le plafond. C’était très étrange. Le son venait apparemment de tout près – de la fenêtre, semblait-il. Elle écouta avec une grande attention et l’entendit de nouveau, émanant cette fois encore d’un lieu tout proche.
Mma Ramotswe se redressa sur le lit et, au même moment, le bruit se répéta : un petit gémissement indistinct, semblable à celui qu’émettrait un chien qui souffre. Elle se leva et gagna la fenêtre pour regarder au-dehors. S’il y avait un chien dans le jardin, il faudrait aller le chasser. Elle n’aimait pas voir ces animaux pénétrer dans son jardin, et, surtout, elle détestait recevoir la visite des chiens jaunes et malodorants que son voisin gardait chez lui. Ces derniers ne cessaient de geindre, d’une manière qui ressemblait beaucoup au son qu’elle avait entendu lorsqu’elle était allongée.
Elle inspecta le jardin. Le soleil avait depuis longtemps entamé sa descente dans le ciel et les ombres des arbres s’allongeaient. Elle vit le papayer aux feuilles jaunissantes, elle vit la gerbe de bougainvilliers et le mopipi qui poussait en bordure du potager de Mr. J.L.B. Matekoni. Elle vit le carré d’herbes hautes où un chien errant pourrait être tenté de se dissimuler. Toutefois, il n’y avait aucun animal à proximité, ni sous la fenêtre, ni dans l’herbe, ni au pied du mopipi.
Mma Ramotswe retourna vers le lit. Elle se rallongea et son corps aux formes traditionnelles s’enfonça profondément dans le matelas, qui s’affaissa vers le sol. Aussitôt, le gémissement reprit, plus sonore cette fois, plus proche aussi. Mma Ramotswe fronça les sourcils et déplaça son poids sur le matelas. La plainte se fit de nouveau entendre, plus forte.
Elle comprit alors que le son provenait de l’intérieur de la pièce et son cœur lui manqua. Le bruit était dans la chambre, et il semblait même qu’il fût situé directement sous elle, sous le lit. À cet instant, tandis que ce terrible constat se faisait dans sa tête, le matelas parut soudain se soulever sous elle, comme si un cataclysme souterrain le propulsait vers le haut. Puis, avec un bruit de frottement, une silhouette masculine s’extirpa de sous le lit, parut se débattre contre un obstacle en émergeant, puis se libéra d’une secousse et s’élança hors de la pièce. Cela se produisit si vite que Mma Ramotswe eut à peine le temps de le voir disparaître par la porte. Elle ne put distinguer ses traits et constata seulement que, bien qu’il portât une belle chemise rouge, il n’avait pas de pantalon.
Elle poussa un cri, mais l’homme avait déjà quitté la pièce. Et lorsqu’elle fut enfin parvenue à se lever pour se précipiter à sa suite, elle entendit claquer la porte de la cuisine, par laquelle il était sorti. Elle courut alors vers la fenêtre dans l’espoir de le voir traverser le jardin, mais il était passé par l’autre côté et avait enjambé la palissade qui bordait la propriété.
Elle baissa alors les yeux au sol et remarqua, sur le côté du lit où il était resté suspendu au bout d’un ressort, un pantalon de toile. L’homme dissimulé sous le lit s’était retrouvé piégé et avait été contraint de se débarrasser de son pantalon pour pouvoir s’enfuir. Mma Ramotswe décrocha le vêtement du ressort et l’examina : c’était un pantalon kaki très banal, en bon état, désormais séparé de son propriétaire. Avec précaution, elle tâta l’intérieur des poches – on ne savait jamais ce que l’on pouvait trouver dans les poches d’un homme –, mais elle ne découvrit rien d’autre qu’un morceau de ficelle, rien qui pût permettre d’identifier le visiteur.
Mma Ramotswe se rendit à la cuisine, le pantalon à la main. Elle était encore sous le choc, mais l’idée d’un intrus contraint de s’enfuir sans son pantalon la fit sourire. Comment allait-il faire pour rentrer chez lui en chemise et en chaussettes ? S’il croisait la police, il serait sans doute arrêté et obligé de fournir une explication. Dirait-il qu’il avait oublié de mettre son pantalon avant de sortir de chez lui ? Ce serait une façon de s’en tirer, mais qui pourrait croire une chose pareille ? Personne, assurément. À moins qu’il ne raconte qu’on lui avait volé son pantalon ? Mais comment pouvait-on voler le pantalon d’un homme alors qu’il le portait sur lui ? Cela paraissait assez difficile, et elle avait du mal à imaginer que la police se laisserait convaincre par une telle explication.
Elle se servit un autre thé, car celui qu’elle avait emporté dans la chambre avait été renversé au moment où l’homme était sorti de sous le lit. Puis elle emporta la tasse et le pantalon sous la véranda. Elle étendit ce dernier sur la balustrade et s’installa dans son fauteuil. Finalement, toute cette histoire était assez comique, songea-t-elle. Certes, s’apercevoir qu’il y avait un homme sous le lit avait été une expérience effrayante, mais, tout compte fait, lui-même avait dû être encore plus affolé, surtout pendant qu’elle était allongée sur le lit et qu’il s’était trouvé écrasé par le sommier affaissé. Cela expliquait le gémissement ; le pauvre homme avait dû avoir le souffle coupé. Eh bien, voilà ce qui arrivait quand on se cachait là où l’on n’avait aucune raison de se cacher. Jamais plus il ne se glisserait sous un lit, se dit Mma Ramotswe, ce qui signifiait qu’il avait peut-être appris une leçon. Cet homme en avait toutefois beaucoup d’autres à apprendre, et si elle parvenait un jour à découvrir de qui il s’agissait, ce qui semblait peu probable, elle aurait des choses à lui dire, et elle les lui dirait de la plus claire des façons.
Lorsque Mr. J.L.B. Matekoni et les enfants revinrent ce soir-là, Mma Ramotswe ne dit rien de l’incident avant que Motholeli et Puso soient allés se coucher et se soient endormis. Puso avait tendance à faire des cauchemars et elle ne voulait pas le voir commencer à craindre les cambrioleurs, aussi préféra-t-elle s’assurer qu’il n’apprît pas ce qui s’était passé. Motholeli était moins sujette à l’inquiétude et ne semblait même pas avoir peur du noir, comme son frère. Mais si on lui racontait l’incident de la journée, elle risquait de laisser échapper quelque chose devant Puso dans un moment de distraction. Aussi valait-il mieux qu’ils n’apprennent rien ni l’un ni l’autre.
Mr. J.L.B. Matekoni l’écouta avec une intense attention. Lorsqu’elle raconta comment l’individu était sorti de la chambre sans pantalon, il hoqueta, puis porta la main devant sa bouche.
— Ce n’est pas bon du tout, déclara-t-il. Cela ne me plaît pas que cet étranger se soit trouvé dans notre chambre sans pantalon.
— Oui, répondit Mma Ramotswe. Mais n’oublie pas que ce n’est pas lui qui l’a enlevé. Le pantalon est parti quand il a voulu s’enfuir. C’est différent.
Mr. J.L.B. Matekoni parut dubitatif.
— Tout de même, je n’aime pas cette histoire. Que faisait-il là ? Quel acte malhonnête préparait-il ?
— À mon avis, c’est tout simplement un voleur qui est passé par là et qui a vu qu’il n’y avait personne, suggéra Mma Ramotswe. Il a été dérangé quand je suis rentrée et il n’avait aucun moyen de quitter la maison. J’imagine qu’il a dû avoir très peur.
Ils n’en discutèrent pas davantage. Le pantalon resta sur la véranda, là où l’avait étendu Mma Ramotswe. Mr. J.L.B. Matekoni émit l’idée qu’il pourrait aller à l’un des deux apprentis et qu’il le lui donnerait. Si la taille ne convenait pas, on pourrait toujours le confier à un dépôt-vente, qui trouverait certainement une bonne paire de jambes pour le porter. Des jambes honnêtes, cette fois.
Le lendemain matin, cependant, lorsque Mma Ramotswe sortit sur la véranda avec sa tasse de thé rouge, le pantalon n’était plus là. Et juste au-dessous de la balustrade trônait un gros potiron jaune, fort appétissant et prêt à être dégusté.