Chapitre 3

L’homme ordinaire est un ange déchu, la graine du mal semée par le diable. De l’homme ordinaire, la Terre n’a rien de bon à attendre. Il est donc nécessaire, pour le bien de la Terre, du système solaire, de toute la galaxie, d’arracher cette ivraie qu’on appelle l’homme avant qu’elle n’ait envahi tout l’univers.

La Fin des Temps

Cité Unifiée de NyLoPa

Nous, les fouineurs de Paris, avons arrêté et interrogé plus de mille suspects. Nous avons rapidement dû nous rendre à l’évidence : ceux-là, des plombeurs, des révoltés, des délinquants sans envergure, n’avaient rien à voir avec les Ombres, dont les attaques se multipliaient. Pressés par notre hiérarchie, nous avons oublié nos individualités, nos rivalités, nous nous sommes répartis par petits groupes pour enquêter sur les différents mouvements plus ou moins apocalyptiques qui fleurissaient dans NyLoPa depuis une vingtaine d’années. On ne comptait plus les pseudo-prophètes qui appelaient sur les Cités Unifiées, ces nouvelles Sodome et Gomorrhe, le feu de la colère divine : ces dingues avaient peut-être trouvé le moyen d’accomplir eux-mêmes leurs promesses…

 

Théodore s’engouffra sans frapper dans le réduit meublé d’une table et d’une chaise où Ganesh s’était installé. Il avait besoin d’un refuge, et c’était la seule pièce disponible dans le Central. Une bouilloire sans fil, une antique théière métallique, deux tasses ébréchées, une brique de lait, un paquet de sucre et des sachets de thé à la cardamome fournis par sa mère jonchaient la table.

« J’ai peut-être déniché une piste intéressante. Tu viens avec moi ? »

Ganesh leva sa tasse, qu’il venait tout juste de remplir.

« Je finis mon tchaï. On ne prévient pas les autres du groupe ? »

Théodore demeura quelques instants parfaitement immobile, sans doute concentré sur le murmure de sa biopuce.

« Pas le temps.

— Pas envie, plutôt, non ?

— D’accord, j’ai jamais aimé travailler en groupe.

— Ils vont te remonter les bretelles, là-haut.

— Y a bien longtemps que les bretelles n’existent plus. De toute façon, je suis fouineur troisième grade, ils ne peuvent pas me virer comme ça. »

Ganesh trempa ses lèvres dans le tchaï encore brûlant.

« C’est quoi, ta piste, Théo ?

— Ton plombeur, il a bien dit qu’il connaissait les Ombres, non ?

— Il aurait dit n’importe quoi pour se donner de l’importance. »

Théodore marqua un nouveau temps de silence. Ganesh but une gorgée de thé sans prêter attention à l’activité sous-jacente de sa propre biopuce.

« J’ai interrogé la base de données, reprit Théodore. J’ai consulté les archives de surveillance vidéo, j’ai pu reconstituer ses déplacements des quinze derniers jours, j’ai fait la même chose avec une dizaine d’autres plombeurs récemment arrêtés, et je suis tombé sur une coïncidence plus que troublante : ces gars-là ont tous séjourné plus ou moins longtemps dans le même pavillon, situé dans le quartier de Maisons-Alfort, 25e arrondissement. De fil en aiguille, j’en suis arrivé à une organisation secrète et charmante appelée la Fin des Temps.

— Comment tu as eu le tuyau ?

— Un fouineur, ça fouine. Dépêche-toi de finir ton satané thé, je te raconterai ça en route. Et n’oublie pas ton taz, ces types-là ne sont probablement pas des enfants de chœur. »

 

Travailler en groupe présentait certains avantages : nous pouvions, en interconnectant les puces, mettre en commun les données et former ce que nous appelions une mêlée. L’opération n’étant pas anodine, nous évitions d’y recourir trop souvent : elle provoquait chez certains fouineurs des perturbations psychologiques qui pouvaient dégénérer en schizophrénie.

Théodore, lui, faisait partie des solitaires. Il affirmait que l’esprit était l’ultime sanctuaire, le trésor caché des contes, et il veillait sur sa liberté intérieure avec la même jalousie que les chrétiens de la Deuxième Réforme sur la virginité de leurs filles.

 

« Niveau de pollution 4, niveau de pollution 4, vent nul, temps sec, ne vous déplacez qu’en cas d’absolue nécessité, je répète, ne vous déplacez qu’en cas d’absolue nécessité. »

En sortant du métro, guidés par les biopuces, ils avaient emprunté une succession de rues bordées de pavillons nichés dans leurs écrins de verdure. Une odeur indéfinissable imprégnait l’air chaud et sec de ce début d’automne. Ils ne croisèrent que deux femmes qui promenaient en bavardant leurs chiens modifiés aux pelages scintillants. Le quartier de Maisons-Alfort ressemblait aux petites villes tranquilles qu’on pouvait apercevoir dans les films d’avant les cités.

« Les adeptes de la Fin des Temps ont créé un réseau parallèle qui échappe à tout contrôle, fit Théodore. Enfin, qui échappait à tout contrôle.

— Comment t’as appris son existence ?

— Je me suis demandé ce qui pouvait bien se tramer dans ce pavillon, et j’ai lancé ma biopuce à la recherche des réseaux parallèles. Ils laissent tous des traces, même avec leurs systèmes de brouillage ou de camouflage, d’infimes perturbations électriques. La biopuce a ramé pendant un moment avant d’en repérer et d’en décoder une bonne vingtaine, presque tous inoffensifs, jeux interdits, sites de rencontres, échangisme, microtrafics… Puis, j’ai découvert que le pavillon abritait une nouvelle religion apocalyptique appelée la Fin des Temps, une secte radicale qui appelle à la disparition pure et simple de l’espèce humaine. Elle recrute des plombeurs pour commencer le travail. C’est la piste la plus intéressante, et de loin, que j’ai dénichée. »

Les paroles de Théodore modifiaient en permanence les données fournies par la biopuce de Ganesh.

« Pourquoi tu n’as rien dit à la hiérarchie ? »

Théodore balaya l’air de ses mains.

« Elle aurait été capable de tout foutre en l’air. » Il lança un regard par-dessus son épaule et baissa le son de sa voix. « Certains de nos supérieurs appartiennent à des… disons, organisations pas très claires.

— Tu as des preuves de ce que tu avances ?

— J’ai mené mes propres enquêtes, pour savoir à qui j’avais affaire. J’en ai déduit qu’il valait mieux garder certaines informations pour soi. Si tu veux être un bon fouineur, Ganesh, apprends à ne faire confiance à personne. À personne.

— Pas même à toi, Théo ? »

Théodore sourit avant de répondre :

« Pas même à moi. Surtout pas à moi. »

 

Un sacré vent de panique a soufflé sur la mairie de Paris, comme, je suppose, sur les mairies de Londres et de New York… Des nouvelles alarmantes nous parvenaient de l’Organisation des Cités. Le phénomène des Ombres n’était pas circonscrit à NyLoPa, il s’étendait à toute la planète et sapait les fondements mêmes des Cités Unifiées. On les avait crues isolées du monde extérieur, inviolables, elles n’étaient plus capables d’assurer la sécurité et la tranquillité de leurs habitants, elles étaient profanées, pour la première fois de leur existence, et les maires s’agitaient comme des insectes prisonniers d’un bocal en verre.

 

Alaric Bronier, le maire de Paris, fixait son interlocuteur avec une certaine répugnance qu’il s’efforçait de masquer sous des dehors impassibles. Caton était arrivé par la porte dérobée dont trois autres personnes seulement connaissaient l’existence. Difficile de décrire Caton : il avait quelque chose de l’un de ces personnages de cire à jamais figés dans les alcôves de la maison Grévin. Son visage et son crâne lisses n’offraient aucune aspérité, aucune prise à laquelle se raccrocher. Il avait sans doute abusé des corrections génétiques, à moins encore qu’il n’ait eu recours aux archaïques techniques de remodelage plastique.

Le maire invita le visiteur à s’asseoir sur l’un des deux fauteuils qui faisaient face à son bureau. Les adjoints et conseillers avaient vidé l’immense pièce de l’hôtel de ville une dizaine de minutes plus tôt. Des images et des statistiques défilaient sur les écrans verticaux pour l’instant silencieux.

« Vous m’aviez promis des résultats rapides, Caton, attaqua Alaric Bronier. J’ai obtenu un report de la prochaine assemblée municipale de New York pour nous donner un sursis.

— Le problème posé par les Ombres est complexe, plus difficile à résoudre que prévu, Monsieur. »

La voix de Caton était parfaitement assortie à son apparence, froide, dénuée de la moindre inflexion, de la moindre émotion.

« Je ne vous ai pas nommé à la tête du corps des fouineurs pour résoudre des problèmes faciles, Caton. Ne me faites pas regretter mon choix. »

Le maire eut la désagréable impression que ses mots n’avaient aucun impact sur son interlocuteur.

« Londres, New York, et d’autres Cités Unifiées rencontrent les mêmes difficultés.

— Nous n’allons tout de même pas attendre les bras croisés que ces foutues Ombres aient massacré la population entière de NyLoPa ?!

— Nos fouineurs travaillent jour et nuit, Monsieur, je ne vois pas ce que nous pouvons faire de plus. »

Alaric Bronier se leva et se planta devant un écran, dont il fixa quelques instants les images. Les Ombres occupaient désormais plus de la moitié du temps des chaînes continues d’informations.

« Je vous demande justement de faire plus, reprit-il sans se retourner. On m’a signalé une émeute sanglante dans le Bronx, à New York, une autre dans l’East Side de Londres, les plombeurs se multiplient. À ce train-là, les forces de l’ordre seront vite débordées, et les gens eux-mêmes se chargeront de finir le travail commencé par les Ombres. Où en êtes-vous, exactement ?

— Au même point qu’au début, Monsieur. »

Le maire pivota sur lui-même et enfonça ses yeux dans ceux, gris et neutres, de Caton.

« J’ai une conférence de presse dans trois minutes. Les médias vont m’éreinter. Ne me dites pas que vous n’avez toujours pas trouvé d’indice. »

Caton prit tout son temps pour répondre. Alaric Bronier se demandait de plus en plus souvent si le responsable de la sécurité de Paris ne jouait pas avec lui comme un chat avec une souris.

« C’est pourtant la vérité, Monsieur. Nous avons fouillé chaque centimètre carré de chaque pavillon, chaque brin d’herbe, chaque bout de trottoir. Incompréhensible : d’habitude, les assassins laissent toujours une trace de leur passage, même infime.

— L’incompréhensible n’existe pas, il n’y a que des incompétents. »

Caton demeura impassible.

« Disons alors que nous avons atteint les limites de notre compétence.

— C’est ennuyeux pour vous et pour vos hommes. Déjà que la police et les autres administrations nous reprochent de vous favoriser.

— Mes hommes ont toujours fait leur part de travail, Monsieur. »

Le maire se rapprocha du fauteuil de Caton, espérant sans doute donner davantage de poids à ses propos.

« Ils risquent de perdre l’estime de la population s’ils ne réussissent pas à arrêter les Ombres. Et moi je ne pourrai pas défendre votre budget à la prochaine assemblée municipale.

— Ce qui nous laisse encore…

— Six jours, pas un de plus, l’interrompit Alaric Bronier. Je pars bientôt à New York pour un conseil extraordinaire avec les maires de Londres et New York. Vous ne m’accompagnerez pas, vous avez nettement mieux à faire. En revanche, deux de vos hommes viendront avec moi : ils pourront échanger leur point de vue avec les fouineurs des autres villes.

— Comme vous voudrez, Monsieur. »

On frappa avec insistance à la porte. Une jeune femme vêtue d’un tailleur chiné rétro s’introduisit dans la pièce sans attendre l’invitation du maire.

« La presse vous attend, Monsieur, déclara-t-elle après avoir lancé un coup d’œil intrigué à Caton. Je vous préviens : ils ressemblent à des chiens attendant la curée.

— Débrouillez-vous pour les calmer, Odine, j’arrive tout de suite. » Alaric Bronier se tourna vers Caton et ajouta à voix basse : « Six jours. Il me faut des résultats avant mon retour de New York. Compris ? »

Caton se fendit d’un léger hochement de tête.

« Parfaitement, Monsieur. »

 

Le pavillon était une copie conforme des autres habitations du quartier avec son jardin parfaitement entretenu, sa façade blanche, son toit filtrant et ses vitres occultantes.

« L’antre du prophète, murmura Théodore. Taz en main, Ganesh. »

Deux individus détectés.

« Ma biopuce m’indique qu’il n’y a que deux personnes à l’intérieur, souffla Ganesh.

— Te fie surtout pas aux apparences. S’ils ont réussi à monter un réseau parallèle, ils ont très bien pu brouiller les capteurs. Ces gens-là sont des extrémistes froids, déterminés, dix fois plus dangereux que les plombeurs.

— S’ils sont vraiment les Ombres, comment tu expliques les vagues de meurtres dans les autres Cités Unifiées ? »

Théodore haussa les épaules.

« Ils ont peut-être réussi à créer une organisation inter-citadine qui échappe à la surveillance des satellites. »

Probabilités très faibles.

« Peu probable. »

Théodore lança un petit sourire ironique à son équipier.

« Ma biopuce fournit quasiment les mêmes statistiques que la tienne. La meilleure façon de le savoir, c’est d’arrêter leur prophète et de le passer à la moulinette. Allons-y : je m’occupe de la porte de devant et toi, de la porte de derrière. Ta biopuce la déverrouillera.

— Et s’ils ont ajouté une barre ou un verrou manuel ?

— Tu la défonces à coups d’épaule, tu te démerdes, quoi. Si tu n’y arrives pas, tu me préviens, on fera une mêlée.

— Je croyais que tu ne supportais pas qu’on…

— Pas avec n’importe qui, c’est vrai, mais tu n’es pas n’importe qui, Ganesh, tu es mon filleul. Et puis, je ne suis pas à une contradiction près. Je te laisse une minute pour faire le tour de cette baraque. Après, j’entre en action.

— Fais gaffe à toi.

— T’inquiète pas, il n’est pas encore né, celui qui fera mordre la poussière au vieux Théodore. »

Ganesh contourna le pavillon. La façade arrière donnait sur un autre jardin, peu profond et moins bien entretenu. Un hélicoptère traversa en grondant le ciel de Maisons-Alfort. Ganesh suivit machinalement son vol du regard. Il lui arrivait certains soirs de distinguer les reflets des filtres tendus comme un gigantesque filet à cinq kilomètres de hauteur. L’hélicoptère disparut en abandonnant derrière lui une trace blanchâtre dispersée par le vent.

Détection du système de sécurité, estimation pour l’ouverture des portes : moins de vingt secondes.

Toujours que deux personnes dans la maison ?

Un homme, une femme.

C’est à la densité musculaire qu’on peut identifier le sexe ?

Identification par numéro de biopuce.

Plus fiable, évidemment. Voilà la porte. Déverrouillage.

Déverrouillage en cours, trois secondes.

Un déclic retentit. Ganesh tourna la poignée de la porte, mais elle refusa de s’ouvrir. Merde, elle ne veut pas s’ouvrir.

Verrou manuel.

Peut-être qu’en cassant la vitre…

Il lança un regard derrière lui avant de donner un coup de crosse de son taz dans la vitre au-dessus de la poignée. Par chance, le verre, ancien, n’appartenait pas à la catégorie des nanomatières indestructibles. Craignant que le bruit ne donne l’alerte aux occupants du pavillon, il dut s’y reprendre à trois reprises pour qu’il se fendille, puis qu’il se brise. Il glissa la main par la brèche. Ses doigts palpèrent un verrou métallique dont il releva le loquet et qu’il fit coulisser dans les crampons. Il entrebâilla la porte pour se glisser dans le pavillon. Entra dans une petite pièce aux allures de buanderie, se figea, tous sens aux aguets, crut que les occupants des lieux étaient lancés dans une conversation animée avant de se rendre compte qu’il s’agissait de spots de publicité

Détection d’un leurre informatique.

Ça veut dire qu’ils sont sans doute plus de deux, là-dedans.

Ganesh se souvint des paroles de Théodore dans le métro : On ne sait pas grand-chose des adeptes de la Fin des Temps. Ils sont apparus quelque temps avant les premières attaques des Ombres, une coïncidence troublante, non ? Mais, crois-moi, ce ne sont pas les doux illuminés inoffensifs le plus souvent associés à ce genre de croyances, ils n’attendent pas l’Apocalypse, ils essayent de la provoquer, par tous les moyens. Ils sont des Ombres en un sens, des semeurs de mort et de destruction, des adversaires de la Cité Unifiée.

Ganesh perçut des bruits de voix qui n’émanaient pas des écrans. Il passa dans une deuxième pièce, une cuisine déserte et visiblement jamais utilisée. Un écran vertical occupait l’un des murs et déversait un déluge d’images et de sons syncopées. Il se rapprocha d’une porte entrouverte qui donnait sur le salon, aperçut, par l’entrebâillement, des silhouettes assises et tournées vers un homme debout vêtu d’un strict costume noir.

Putain, ils sont plus de cinquante là-dedans…

Soixante-deux personnes détectées, cinquante-six adultes, six enfants, biopuces cryptées.

« L’homme ordinaire, l’homme qui ne craint pas la colère de Dieu », vitupérait le prêcheur ; ses auditeurs ponctuaient chacune de ses phrases d’exclamations plus ou moins sonores. « Cet homme, frères, est condamné à disparaître à jamais, non seulement sa chair, son sang, mais aussi et surtout son essence, son principe, son âme. Le Seigneur est sur le point de renier ses enfants humains, sauf ceux qui, comme vous, frères, se chargent d’exécuter ses divins plans. C’est à nous, à nous, frères, qu’il revient de rendre à la Terre sa pureté originelle. »

Ganesh revint dans la buanderie. La voix du prêcheur et les psalmodies des fidèles s’estompèrent.

C’est le leurre informatique qui t’a empêchée de les détecter ?

Présence de brouilleurs.

Je ne vois pas Théo. Il est entré dans cette maison pourtant, j’en suis certain.

Demande d’autorisation de mêlée. Demande d’autorisation de mêlée.

Théo ?

Demande du fouineur troisième grade Théodore Bernier

Accordé.

Mêlée effectuée.

Ganesh perçut soudain, à l’intérieur de lui, des murmures étouffés, des bruits confus, impossibles à identifier. Sa vue se brouilla, il eut l’impression d’être transporté dans un autre endroit.

Qu’est-ce que… Je vois trouble.

Mélange des données, surimpression des perceptions relayées par la biopuce du fouineur Théodore Bernier.

Des formes apparurent, une galerie, une voûte en pierre, des silhouettes dans la pénombre, comme si les occupants du pavillon s’étaient réfugiés dans des sous-sols, des catacombes ou des souterrains. Déstabilisé, Ganesh se demanda d’abord s’il n’était pas en train de devenir fou, puis se frotta les yeux pour bien s’assurer qu’il n’avait pas bougé de la buanderie.

On n’a pas la possibilité de parler avec Théo ? De déclencher son endophone ?

Endophone inactivé.

Ça veut dire que…

« Hé ! »

Un homme s’engouffra dans la buanderie, brandissant un pistolet. Ganesh hésita une fraction de seconde, pris entre deux mondes. Il eut le réflexe de se jeter en arrière juste avant que l’homme ne presse la détente. La balle traversa un pan de sa veste. Il tomba sur le dos. Le choc lui coupa le souffle. Il roula sur le carrelage. Une deuxième balle siffla près de sa tête. L’homme poussa un cri de dépit. Ganesh plaça le taz au-dessus de sa tête, interrompit sa roulade pour viser son agresseur. Son index s’enfonça sur la détente. Le taz vomit un rayon lumineux qui frappa sa cible en pleine poitrine. La décharge paralysa les centres moteurs de l’homme, qui lâcha son arme avant d’osciller sur lui-même et de s’effondrer sur le ventre. Ganesh se releva, reprit son souffle et ses esprits, les yeux braqués sur la porte d’entrée, prêt à faire feu au moindre mouvement suspect.

Il a son compte pour deux bonnes heures. Il a bien failli me descendre. Où a-t-il bien pu dénicher ce flingue ?

Trafic d’armes récemment découvert dans les quartiers est de Paris.

Peu importe. Ils ont emmené Théo dans un labyrinthe souterrain, et il faut le sortir de là. Combien de temps pour avoir des renforts ?

Consultation du Central. Temps estimé : 16 minutes.

Pas le temps d’attendre. Essayons de trouver l’entrée de ce foutu labyrinthe.

Entrée localisée.