Chapitre 2
Jamais la technologie ne pourra explorer les abysses insondables de la pensée humaine, jamais une biopuce ne remplacera, ni même n’approchera un jour les fabuleuses performances du cerveau humain.
Andreo Mastiga, éditorialiste de la revue Psykè
Cité Unifiée de NyLoPa
Paris.
« Bienvenue sur le canal 07, votre chaîne permanente d’informations. Paris vient d’être touchée par une deuxième série de meurtres. C’est le cœur même de la Cité, l’historique quartier du Marais, que les tueurs ont frappé. Il s’agit de la sixième attaque de ce genre dans la Cité Unifiée de NyLoPa. On parle d’ores et déjà de plus de six mille morts. Une véritable psychose est en train de gagner les rues et les domiciles. Nous sommes avec le maire, Alaric Bronier. Monsieur le maire, bonjour et merci de répondre à nos questions. Êtes-vous en mesure de nous donner le bilan précis de cette nouvelle série de meurtres ?
— J’attends le rapport de police d’une minute à l’autre.
— Disposez-vous d’une piste sérieuse ?
— Nos services sont en train de passer au crible chaque centimètre carré du secteur concerné : ils finiront par trouver un indice.
— Certains émettent l’hypothèse d’une horde de mutants venus du pays horcite.
— Vous savez très bien qu’aucun ressortissant du pays horcite ne peut franchir le périmètre de la Cité. Nos systèmes de détection sont infaillibles.
— Le corps des fouineurs, dont on connaît pourtant l’efficacité, semble lui-même totalement impuissant devant cette affaire. Est-ce à dire que nous nous trouvons devant une nouvelle forme de criminalité ?
— Au risque de me répéter, nous finirons par arrêter ces tueurs, ce n’est qu’une question de temps.
— On leur donne déjà un nom : les Ombres.
— Les Ombres… Un nom stupide, mais il faut bien que les médias trouvent quelque chose à dire… »
Suspect localisé : 26 rue de l’Évangile, 18e arrondissement.
« Je demande du renfort », murmura Ganesh.
Délai d’intervention des unités de renfort : vingt minutes.
Vingt minutes ? Trop long ! Et le règlement m’interdit d’intervenir seul.
Ganesh n’avait pas eu le réflexe de répondre par la parole cette fois. Il commençait à s’habituer au dialogue intérieur avec la biopuce. Elle réagissait à ses pensées.
Procédure d’exception.
Pas le temps d’attendre, de toute façon. Ce type a vraiment un lien avec les Ombres ?
Probabilités : 22 %.
À partir de quelles données ?
Consultation de la banque de données génétiques, dysfonctionnement de la méthylation du suspect : expression tardive de gènes jusqu’alors silencieux, déséquilibre constaté, peut-être un implant génétique.
Ça n’en fait pas forcément un tueur en série. Un grand nombre de citadins se font greffer des implants correcteurs. Et puis un homme seul ne peut pas être responsable de la mort de plus de six mille victimes. Et pas non plus se trouver en même temps à Londres, Paris et New York.
Probabilités d’appartenance à une organisation criminelle : 72 %.
Même un groupe de tueurs ne suffit pas à expliquer la vitesse à laquelle ont été commis les meurtres. Et puis ils auraient laissé des traces…
Piste prioritaire.
Ganesh soupira. La mairie de Paris ayant exigé des résultats immédiats, les fouineurs s’étaient lancés sur de multiples pistes. Lorsque les biopuces analytiques plongeaient dans la banque de données génétiques, c’est fou les anomalies qu’elles ramenaient à la surface. Les gènes des humains étaient à leur image, chaotiques, calamiteux, et chaque habitant de la C.U. devenait un criminel en puissance. Les fouineurs s’étaient réparti les tâches. Bien que débutant, Ganesh se retrouvait seul sur les traces d’un suspect dans les rues de Paris après une brève incursion dans le monde des sectes apocalyptiques. La biopuce lui avait fourni une liste d’une vingtaine de noms. Les premières enquêtes n’avaient donné aucun résultat, puis il était tombé sur un homme, qui, manifestement, n’avait pas la conscience tranquille : il s’était enfui alors que le fouineur tentait de s’introduire dans son appartement du quartier de Montrouge, 29e arrondissement.
D’accord, d’accord…Tu ne lâches pas facilement le morceau, toi.
Il se rendit devant le 26 rue de l’Évangile, une rue large et peu fréquentée. Une voix puissante domina la rumeur de la Cité :
« Niveau de pollution 2, vents d’ouest dominants, pluie prévue dans la journée, marche autorisée… »
Suspect localisé au cinquième étage, appartement de droite.
Il y a du monde avec lui ?
Un instant : consultation des images des caméras de surveillance. Une femme et un enfant de deux ans.
Merde. Comment je neutralise ce taré, moi ?
Taz 3 G.
S’il a un flingue dernière génération à balles interactives, j’aurai l’air malin avec mon taz 3 G.
Autorisation d’intervenir sur sa biopuce.
La commission municipale d’éthique nous interdit formellement de prendre ce genre d’initiative. Qu’est-ce que tu fais de la liberté individuelle ?
Situation d’urgence, protocole d’exception.
Elle a bon dos, la situation d’urgence. On ne va tout de même pas le descendre.
Neutralisation de ses centres neurotransmetteurs, trois heures de paralysie.
Les matrices finiront pas tout contrôler dans la Cité. Il faut vraiment qu’on soit dans la même pièce pour prendre le contrôle de sa biopuce ?
Optimisation du taux de réussite, possibilité d’intervention physique.
D’accord, d’accord, allons-y : tu peux ouvrir la porte de l’immeuble ?
Aucun problème : porte reliée au système central de sécurité.
La porte s’ouvrit au bout de trois secondes dans une succession de cliquetis. Ganesh s’engouffra dans le hall d’entrée, bien entretenu et orné de plantes vertes.
Une voix de femme traversa le matériau pourtant isolant de la porte.
« Laissez-le, par pitié. »
Une deuxième voix, masculine, retentit.
« Ta gueule. J’ai un flic ou un fouineur aux fesses. Donne-moi ce gosse. »
Ganesh se tenait contre la cloison, taz en main, guettant le moment propice pour intervenir. La serrure de la porte avait coulissé quelques secondes plus tôt ; son léger battement indiquait qu’il n’avait plus qu’à la pousser de l’épaule.
La femme poussa un cri, puis l’enfant se mit à son tour à hurler.
« Ferme-la, bon Dieu, ou je vous bute, toi et ton gosse. Ferme-la. »
La femme fut secouée de sanglots étouffés.
« Il y a une deuxième sortie chez toi ? » demanda l’homme.
Suffocante, la femme ne parvint pas à lui répondre. Ganesh entendait la voix d’un présentateur télé en fond sonore.
« … les services d’ordre mènent actuellement l’une des plus grandes traques jamais organisées dans NyLoPa, afin de démanteler la mystérieuse organisation dont les vagues meurtrières ont laissé plus de six mille morts. Les autorités mettent tout en œuvre pour résoudre cette crise, la plus importante, sans doute, depuis la fondation de la Cité Unifiée. Leur volonté est d’éliminer au plus vite cette forme nouvelle et inquiétante de criminalité avant que la panique ne gagne les quartiers… »
« Putains de fouineurs, ils sont partout, grommela l’homme. Alors, il y a une autre sortie ?
— Ne lui faites pas de mal, s’il vous plaît…
— Cette fenêtre, elle donne sur quoi ?
— La cour.
— Pas de verrou manuel sur ta porte ?
— Elle est connectée à la sécurité générale…
— Putain, ils vont l’ouvrir comme… »
Ganesh décida de passer à l’action. Après une brève inspiration, il ouvrit la porte d’un coup d’épaule et s’engouffra dans l’appartement, taz brandi devant lui. L’homme se tenait près de la fenêtre avec l’enfant dans les bras. La femme était tombée à genoux, légèrement en retrait. L’arme du suspect, ancienne à en croire son canon et son percuteur, ne lui donnait aucune supériorité sur le taz.
« Lâche cet enfant et avance les bras écartés », ordonna Ganesh.
L’homme plaça le canon de son pistolet sur le crâne de l’enfant.
« Toi, tu dégages, ou je flingue le gosse. »
Déverrouillage du système de sécurité de sa biopuce dans une minute.
« Fais pas l’idiot, dit Ganesh. On peut certainement trouver un terrain d’entente.
— J’ai aucune confiance dans les fouineurs, répliqua le suspect. Si tu t’es pas barré dans les dix secondes, je flingue le gosse.
— Du calme, on peut discuter.
— Dix… neuf… »
Quarante secondes avant le déverrouillage de sa biopuce.
« Je te propose un marché : tu rends le gosse à sa mère et je te laisse partir.
— Huit… sept… »
Trente secondes.
« Je te donne ma parole, reprit Ganesh.
— Ta gueule, on sait ce qu’elle vaut, la parole d’un fouineur.
— Tu seras arrêté, tôt ou tard, et tu le sais. Autant te rendre tout de suite.
— Pour me retrouver comme un légume dans un putain de pourrissoir. On va tous crever de toute façon. Tous. »
Dix secondes…
« Tire-toi, maintenant, reprit l’homme. J’connais des gens qui connaissent les Ombres, moi. J’aime pas ta… eh, qu’est-ce qui… »
Déverrouillage, prise de contrôle, début de neutralisation.
L’enfant se mit à pleurer.
« Qu’est-ce… que… nom de… Dieu », balbutia le suspect.
Ganesh se rapprocha de l’homme vacillant, désormais inoffensif, et n’eut qu’à récupérer l’enfant dans ses bras. L’homme s’affaissa de tout son poids sur le parquet, inerte, comme déconnecté.
« Prenez-le, madame, il est sain et sauf. »
La femme se releva, s’empara de l’enfant et le serra à l’étouffer contre sa poitrine.
« Merci. Mon Dieu, j’ai eu si peur. » Elle désigna l’homme allongé d’un coup de menton. « Est-ce qu’il… est mort ?
— Ses centres neurotransmetteurs ont été paralysés. Une équipe viendra bientôt le ramasser.
— C’est une Ombre ? Il a prétendu les connaître.
— Je n’en sais encore rien, madame. On en apprendra sans doute davantage au cours de son interrogatoire. »
Tu es intervenue plus vite que prévu.
Quatre secondes et deux dixièmes.
Tu m’as surpris. Tu pourrais prévenir.
Optimisation des ressources psychologiques.
Tu veux dire que tu l’as fait exprès pour m’empêcher de paniquer ?
Nous, les fouineurs, considérions le Central comme notre véritable foyer, le seul endroit sur Terre où nous avions l’impression de former une famille. Nous passions une bonne partie de notre temps à nous chamailler, à nous engueuler, à nous charrier, mais nous y trouvions un élément qui nous manquait cruellement dans la solitude de nos logements : la chaleur humaine. Personne ne nous attendait à la fin de notre service, et nous préférions rester au Central plutôt que de rentrer chez nous. Certains d’entre nous, hommes et femmes, vivaient en permanence dans les bureaux, dormant quelques heures sur les canapés défoncés, se lavant dans l’antique douche des vestiaires, commandant leurs repas au traiteur du coin, faisant nettoyer leur linge au pressing le plus proche. La hiérarchie ne s’en formalisait pas, bien au contraire, je crois même que c’était le but recherché, faire du corps des fouineurs une communauté à part, une légion marginale. Nous étions d’autant plus efficaces que nous ne nous mêlions pas aux autres citadins, que nous n’étions pas ligotés par l’intérêt, la compassion ou l’empathie.
Ganesh ne s’étonnait plus de l’absence d’écrans dans les bureaux des fouineurs : ils disposaient tous d’un écran intérieur connecté vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ils étaient les pionniers humains de l’intromission technologique dans l’organisme, des cyborgs selon les auteurs de science-fiction des XXe et XXIe siècles. Théodore s’introduisit dans le bureau et posa son chapeau sur le vieux perroquet rouge.
« Paraît que t’en as eu un coriace.
— Un fêlé : il avait pris un gosse en otage.
— Ta première arrestation : ça s’arrose. Vieux rhum pour moi, thé pour toi.
— On a fait fausse route : ce type-là ne fait pas partie des Ombres, même s’il a prétendu les connaître.
— Ni les trois cent seize autres qu’on a arrêtés à Paris, à Londres ou à New York. Tous des plombeurs, de pauvres types sans envergure, des mecs qui ne supportent plus l’air filtré de la Cité. Des fêlés, comme tu dis. La municipalité le savait : elle voulait juste donner à la population l’illusion qu’elle traitait le problème. Le problème est toujours devant nous, de plus en plus gros. Une autre attaque s’est produite tout à l’heure.
— Dans l’est de Londres, j’en ai été informé. »
Théo récupéra une bouteille de rhum sous son bureau et s’en servit un verre.
« Au fait, désolé, plus de thé… » Il lâcha un petit rire éraillé. « Encore plus de trois cents morts. Il existe forcément une cohérence dans ces vagues meurtrières, mais le tableau n’apparaît pas encore dans sa totalité. Personne ne voit rien, ni nous, ni les matrices, ni les puces analytiques, encore moins les flics. On patauge dans un sacré merdier, Ganesh : des petits malins semblent avoir trouvé le moyen de tuer à grande échelle en déjouant tous les systèmes de sécurité. Ils peuvent frapper dans n’importe quel endroit de NyLoPa, à n’importe quel moment, et sans jamais laisser de traces. » Théodore marqua un long temps de silence. « Les Ombres. Leur surnom leur va comme un gant. À part ça, comme te sens-tu chez les fouineurs ?
— Je m’habitue à ma biopuce, à ma nouvelle vie.
— Tu verras : une vraie drogue, ce foutu boulot.
— Il commence par faire le vide autour de nous, comme toutes les drogues.
— C’est jamais qu’un retour aux sources, mon vieux : on est constitué en grande partie de vide. » Théodore but une généreuse gorgée de rhum. « Tu commences par une grosse affaire, en tout cas. La plus grosse depuis la fondation des Cités Unifiées…
— Au fait, je n’aime pas que le thé…
— Ah bon ? Et quoi d’autre ?
— Les ragas.
— C’est quoi, ça ?
— La musique traditionnelle de l’Inde.
— T’es attaché aux traditions ancestrales, on dirait.
— Pas seulement : j’aime aussi le trunk.
— Me dis pas que tu associes le trunk à la musique !
— Tu peux pas comprendre : c’est pas de ta génération. C’est toi l’ancêtre, Théo. »
En arrivant au Central, Ganesh avait constaté que les fouineurs n’avaient pas l’habitude d’être tenus en échec et qu’ils manifestaient leur désarroi par la colère ou l’humour. Les pessimistes prétendaient qu’un échec entraînerait la disparition pure et simple de leur métier ; les optimistes pensaient qu’ils trouveraient tôt ou tard la solution et montreraient ainsi à la population, aux médias et aux élus qu’ils restaient les indispensables vigiles de la Cité Unifiée.
« Emmy… »
L’envie de l’appeler l’avait saisi deux heures après être rentré dans son appartement. La solitude sans doute, le besoin d’oublier quelques minutes le murmure permanent de la biopuce, l’envie brutale de sentir sous ses doigts la soie brûlante de sa peau, l’humain dans ses contradictions, dans sa splendeur irrationnelle. Il avait contemplé un long moment son vieux téléphone avant de composer le numéro d’Emmy, dont le visage contrarié s’afficha à la fois sur le minuscule écran de l’appareil et sur le grand écran mural.
« Ganesh, pourquoi tu m’appelles ? Ça ne sert à rien.
— On ne peut pas en rester là, je t’aime, moi. »
Elle poussa un long soupir bruyant.
« Hors de question que je vive avec un fouineur.
— Pourquoi ? Quelle différence avec un autre homme ?
— Une putain de différence. Je n’ai jamais connu une femme qui soit heureuse avec un fouineur. »
Ganesh suffoqua ; il avait l’impression qu’elle lui enfonçait la tête sous l’eau.
« Tu n’as pas connu les bonnes, c’est tout. Je suis sûr et certain qu’on peut…
— Votre biopuce n’est pas comme la nôtre. Les fouineurs finissent tous célibataires et à moitié dingues.
— Une rumeur, Emmy, une putain de simple rumeur, tu ne vas tout de même pas croire à ces conneries, merde. Je ne suis pas un névrosé, et je suis certain que je peux te rendre heureuse. »
Emmy parut hésiter. Ganesh regretta de l’avoir appelée. Leur échange ne changerait rien et ne ferait qu’aviver ses regrets.
« Je sais que tu es du genre tranquille, mais, comme je ne sais pas quelle influence aura ta biopuce, je ne prendrai aucun risque.
— Tu ne m’aimes plus, c’est ça ? Tu en as trouvé un autre ?
— Je vais raccrocher, Ganesh. N’essaie plus de me rappeler.
— Emmy, attends. J’ai… j’ai envie de te revoir.
— Je t’avais donné le choix, Ganesh, tu as déjà oublié ?
— Ce n’était pas un choix. J’ai toujours su que je ferais ce travail. Depuis tout gosse. Et puis les trois ans de formation… Je ne pouvais pas faire autrement, tu comprends ? »
Il distingua nettement les larmes dans les yeux d’Emmy.
« C’est fini, balbutia-t-elle. Fini.
— Tu as trouvé un autre mec ? »
Elle ne répondit pas.
« Je t’aime, moi », cria Ganesh.
Elle coupa la communication. Son visage disparut des écrans. Et de la vie de Ganesh. Il se promit de ne jamais la rappeler.
La voix sèche de Caton tira Mina de ses rêveries. Elle avait débuté son service une heure plus tôt et prononcé le code qui reliait sa biopuce aux bases matricielles de NyLoPa. Le programme l’avait aussitôt connectée aux données personnelles du fouineur Ganesh Parvati. Le retrouver lui avait procuré un certain plaisir. Les gémines étaient pourtant censées se garder de toute empathie envers leurs correspondants.
« Comment s’est passée sa première arrestation, mademoiselle ?
— Il s’en est bien sorti, Monsieur : il a réussi à neutraliser le plombeur, quelqu’un de très dangereux pourtant, sans mettre l’enfant ni la mère en danger. En revanche, il m’a semblé surpris par les initiatives de sa biopuce.
— Il finira par s’y habituer. »
Mina hésita, puis sa curiosité l’emporta.
« J’ai cru comprendre qu’il s’agissait d’une nouvelle génération de biopuce, Monsieur. Que Ganesh Parvati était… votre cobaye. »
Elle crut discerner un souffle syncopé qui ressemblait à un rire silencieux.
« Vous êtes vraiment très curieuse, mademoiselle. Encore une fois, contentez-vous de le suivre dans chacun de ses déplacements et de me signaler la moindre anomalie. »