Après avoir sauté de l’autobus en marche, Steph eut la chance d’atterrir sur un talus sablonneux. Son corps, roulé en boule, avait à peine subi le choc. C’était un athlète aux réflexes rapides, champion de saut à la perche, il y a quelques années.
Dès qu’il toucha terre, Steph se remit debout, palpa ses épaules, son dos, ses reins. Tout fonctionnait. Il jeta un dernier coup d’œil sur l’autocar vert à la peinture écaillée qui s’éloignait très vite. Lui tournant le dos il reprit sa marche en sens inverse.
À sa montre, il était quatorze heures. Il se dirigea à grands pas vers le quartier où habitait Marie. Ce quartier était sans doute moins tranquille que ce qu’il avait supposé, peut-être avait-elle été empêchée de le quitter ? Pourquoi n’y avait-il pas songé plus tôt ? Sa déception l’avait aveuglé ; souvent irascible, il se laissait surprendre par ses colères.
« Parfois tu me fais peur », disait Marie.
Il ne lui ferait plus jamais peur. Jamais plus.
Il lui fallait une trentaine de minutes pour rebrousser chemin, pour se frayer passage au milieu de cette foule compacte qui remontait le pont en direction opposée.
Plus loin, il s’engagerait dans la grande rue en légère pente, qui descend vers l’immeuble où logeait Marie ; il en connaissait l’adresse. Au début de son séjour il avait fréquenté ce quartier où se trouvaient un centre commercial et une importante librairie.
Peut-être qu’il croiserait Marie en chemin ?