Ayant trop présumé de ses forces, Marie cherche, à présent, du secours. Si seulement quelqu’un pouvait passer ! Quelqu’un qui l’apercevrait, compatirait et se chargerait du message pour Steph à sa place. Ou bien un conducteur qui la mènerait en voiture jusqu’au pont. Mais par ici les rues sont depuis longtemps presque entièrement désertées. La population a fui ce quartier violemment bombardé au début des hostilités et depuis lors, semblait-il, tranquille, à l’abandon.
Marie avance, en vacillant, pour prendre appui contre le mur le plus proche. Elle l’atteint enfin. Ses mains tâtonnent, s’accrochent à ses aspérités, elle racle la surface des affiches en lambeaux, reconnaît les pliures sous ses paumes ; des boulettes de papier pénètrent sous ses ongles. Ces sensations la rassurent, sa peau n’a pas cessé de ressentir, ni son esprit de constater.
Marie se bat, se bat encore, contre l’accident, contre elle-même. Marie lutte, secoue la tête.
« Non. Non. Pas encore ! »
Marie étire son torse vers le haut, redresse sa nuque. Mais ses genoux flageolent, ses jambes fléchissent, l’entraînent par degrés, vers le sol. Elle trébuche, résiste encore à la chute imminente.
Marie cherche à appeler. Sa voix fait des nœuds, s’empêtre au fond de sa gorge, s’amenuise. Un murmure frôle ses lèvres, puis s’éteint. Elle ne crie que de l’intérieur.
Une douleur fulgurante la transperce de part en part. Un flux de sang tiède s’écoule entre ses omoplates.