Un dimanche après-midi, je suis allée au théâtre avec L., de passage en France, que je n’avais pas revu depuis sept ans. Ensuite, nous avons fait l’amour sur le canapé du salon de ses parents, par un enchaînement de gestes revenant tout seuls. Il m’a dit que j’étais belle et que je suçais merveilleusement. Dans ma voiture, en revenant chez moi, j’ai pensé que ce n’était pas suffisant pour me délivrer. La « purgation des passions » que j’ai souvent espérée de l’acte sexuel – et qu’une chanson de carabin me paraît assez bien exprimer : « Ah ! fous-moi donc ta pine dans le cul/Et qu’on en finisse/Ah ! (etc.)/Qu’on n’en parle plus » – ne s’était pas produite.
[J’ai tout attendu du plaisir sexuel, en plus de lui-même. L’amour, la fusion, l’infini, le désir d’écrire. Ce qu’il me semble avoir obtenu de mieux jusqu’ici, c’est la lucidité, une espèce de vision subitement simple et désentimentalisée du monde.]