J’ai toujours voulu écrire comme si je devais être absente à la parution du texte. Ecrire comme si je devais mourir, qu’il n’y ait plus de juges. Bien que ce soit une illusion, peut-être, de croire que la vérité ne puisse advenir qu’en fonction de la mort.

 

 

Mon premier geste en m’éveillant était de saisir son sexe dressé par le sommeil et de rester ainsi, comme agrippée à une branche. Je pensais, « tant que je tiens cela, je ne suis pas perdue dans le monde ». Si je réfléchis aujourd’hui à ce que cette phrase signifiait, il me semble que je voulais dire qu’il n’y avait rien d’autre à souhaiter que cela, avoir la main refermée sur le sexe de cet homme.

Il est maintenant dans le lit d’une autre femme. Peut-être fait-elle le même geste, de tendre la main et de saisir le sexe. Pendant des mois, j’ai vu cette main et j’avais l’impression que c’était la mienne.