Les attendaient un ciel d’un bleu pâle
traversé de traînées roses et un plateau tendu d’une blancheur
immaculée. Pas tout à fait : on discernait, comme des figures
géométriques estompées, des traces de pas à demi recouvertes par
les averses de neige de la veille ou de la nuit. Des animaux
étaient passés par là, ou plutôt avaient piétiné à cet endroit, car
les empreintes décrivaient des circonvolutions caractéristiques
d’une attente. On distinguait également la légère dénivellation
d’une ancienne piste qui coupait par le centre du plateau avant de
bifurquer au loin sur la gauche. Les sommets du Massif central
s’échelonnaient alentour en courbes douces, apaisantes, teintées
d’or clair par le soleil levant.
Le camion roulait sans difficulté sur la
neige dure.
« Nom de Dieu, on revit ! »
s’écria Moram.
Il vérifia que l’ensemble du convoi était
sorti de la galerie avant de s’arrêter.
« Dix minutes pour permettre aux uns
et aux autres de souffler, de manger, et on repart.
– Nous avons plus que dix minutes,
dit Wolf. Les chiens et les sol-bots ont été bloqués par un
éboulement. Ils ne seront pas là avant trois ou quatre
heures. »
Solman dut s’arracher à sa torpeur pour
suivre le Scorpiote, qui bondit sur le marchepied comme propulsé
par un ressort. Ni le silence ni les courants d’air ni l’agitation
ne réveillèrent Glenn, qu’il prit soin de recouvrir d’une
couverture de laine trouvée dans la couchette.
La pureté de l’air froid, coupant,
l’enivra. Il remonta le convoi d’un pas chancelant. Les hommes et
les femmes qu’il croisa lui adressèrent de larges sourires, lui
proposèrent du kaoua, de l’eau, des galettes de céréales, des
fruits ou des morceaux de viande séchée. Comme il mourait de soif
et de faim, il but plusieurs gorgées d’eau et accepta autant de
nourriture que ses mains pouvaient en contenir. Puis il remercia
ses donateurs d’un mouvement de tête et commença à grignoter tout
en suivant à distance Moram et Wolf. Même s’il traînait la jambe,
cette marche dans le froid matinal lui faisait le plus grand bien,
effaçait sa fatigue, dispersait les cauchemars de l’interminable
nuit passée dans le ventre de la terre. Il se souvint des paroles
de Glenn lorsqu’il passa devant la voiture de Raïma, mais il
repoussa à plus tard le moment de lui rendre visite. Il espérait
qu’elle retrouverait bientôt la raison et qu’il ne serait pas
obligé de tenir trop tôt sa promesse. Des éclaboussures pourpres
maculaient les roues, les ailes, les calandres et les capots des
camions qui avaient roulé sur les cadavres des rats.
Les chauffeurs et d’autres hommes
convergeaient vers la queue du convoi et se rassemblaient devant la
bouche de la galerie, qui, de loin, ressemblait à une grotte
ordinaire avec son parement de rochers torturés et ensevelis sous
la neige. Ceux qui avaient apporté de la nourriture, du kaoua et du
vin en proposèrent aux autres. Ils mangèrent et burent en silence,
les yeux rivés sur la sortie du labyrinthe souterrain. Lorsque
Solman arriva à leur hauteur, ils se retournèrent à l’unisson et le
contemplèrent avec, dans les yeux, quelque chose de plus que le
respect et la gratitude, quelque chose qui évoquait de l’amour. Il
se mordit l’intérieur des joues pour contenir les larmes qui lui
venaient aux yeux. Ils le regardaient enfin comme l’un des leurs,
et non plus comme un monstre boiteux qui avait la sale manie de
fureter dans leurs greniers intimes. Ils appartenaient au même
peuple, à la même fraternité, au même temps. C’était la première
fois qu’il mangeait en leur compagnie, et ce repas partagé, même
pris sur le pouce, avait pour lui davantage de valeur que les
discours ou n’importe quelle autre manifestation de leur
reconnaissance. Une onde de chaleur le parcourut, estompa la
douleur à sa jambe, réchauffa ses pieds transis dans ses bottes. Il
croisa le regard de Wolf et devina qu’il
souriait, à ses yeux plissés, aux pattes-d’oie qui s’étaient
creusées sur ses pommettes et ses tempes. Le Scorpiote paraissait
heureux de l’hommage muet rendu par les Aquariotes à leur jeune
donneur. Lui ne mangeait pas, comme s’il refusait de soulever son
passe-montagne pour enfourner les aliments dans sa bouche.
« Faudrait condamner la sortie ou
l’entrée, ça dépend dans quel sens on la prend, de cette galerie,
lança Moram.
– Les solbots pulvériseront n’importe
quel barrage, objecta quelqu’un.
– Et puis, avec quoi la
condamner ? fit observer un autre. On ne peut pas sacrifier un
camion, même ceux qui ont perdu leur pare-brise. Encore moins une
voiture, on manque déjà de place.
– Y aurait peut-être une
solution », fit un chauffeur entre deux âges.
Une plaque rouge lui marbrait la joue, une
brûlure sans doute abandonnée par la crosse chauffée à blanc de son
fusil. D’un geste, Moram l’invita à continuer.
« J’ai pris quelques bâtons de
dynamite et un détonateur avant de quitter la ville fortifiée. Ceux
dont on se sert… dont on se servait, avant, pour dégager les
pistes. J’ai pensé que ça pourrait servir.
– T’aurais dû le dire plus tôt,
gronda Moram. On aurait pu boucher la première galerie.
– Faire exploser quoi que ce soit
dans le réseau souterrain nous aurait tous condamnés à
l’ensevelissement, intervint Wolf.
– Combien de temps vous faut-il pour
installer la dynamite ? demanda Solman.
– Le temps d’aller chercher le
matériel, de brancher les fils, de coupler le détonateur, de mettre
tout le monde à l’abri, y en a pour une petite heure »,
répondit le chauffeur.
Ils finirent de manger et se passèrent les
thermos de kaoua. Des bruits de pas les firent se retourner. La
silhouette menue d’Ismahil s’avançait à leur rencontre. Le vieil
homme mâchait distraitement une galette de céréales.
« Un revenant ! cria Moram. Vous
êtes au courant, au moins, qu’on a été attaqués par des saloperies
de rats ? »
Ismahil prit le temps d’avaler une bouchée
avant de répondre. Les rayons rasants du soleil miroitaient sur son
crâne lisse.
« Je ne le sais que trop. Je suis
allé aux nouvelles lorsque le convoi s’est arrêté. Quelqu’un m’a
parlé des rats, et je suis aussitôt remonté dans la voiture. J’ai
beau avoir plus de cent soixante-dix ans, je n’ai jamais réussi à
vaincre ma répulsion des rongeurs. De tous les rongeurs sans
exception. »
Si l’âge d’Ismahil n’étonnait pas outre
mesure les Aquariotes, le bruit s’étant répandu qu’il était un
savant de l’ancien temps, l’aveu de sa terreur les stupéfiait.
Comment un homme de son expérience, comment un homme qui avait vécu
les horreurs de la Troisième Guerre mondiale pouvait-il être à ce
point effrayé par des rats ? Mystères de l’âme humaine…
« Heureusement qu’on n’est pas tous
comme vous ! s’exclama Moram.
– Non, en effet. La science ni même
la psychanalyse n’ont jamais apporté de vraies solutions aux
phobies. J’ai connu un des plus grands esprits du siècle dernier,
un mathématicien philosophe qui faisait des comparaisons
somptueuses entre la structure de l’être et les mathématiques
pures, eh bien, il n’a jamais réussi à se débarrasser de son
obsession de téter les seins des femmes. De n’importe quelle femme,
j’entends. Ça lui prenait parfois dans la rue. Il accostait la
première passante et la suppliait de lui donner ses seins à téter.
Le plus étonnant, c’est que quelques-unes acceptaient.
– Si ç’avait été une femme et qu’elle
ait demandé aux hommes de leur… enfin, vous voyez ce que je veux
dire, je parie que seuls quelques-uns auraient refusé »,
gloussa Moram.
Ils éclatèrent de rire, y compris Solman,
Wolf et Ismahil. À sa manière, le chauffeur venait de résumer la
grande différence entre les hommes et les femmes. Leurs rires
tonitruants, proches de l’hystérie, se prolongèrent un long moment,
plus que nécessaire sans doute. Ils célébraient le bonheur d’être
en vie, eux, les derniers hommes, les descendants des
mathématiciens obsédés par les seins des femmes et des savants
effrayés par les rats.
Ils se mirent à l’ouvrage. Les uns, dont
Moram, inspectèrent l’entrée de la galerie pour choisir les
endroits où poser les bâtons de dynamite,
d’autres s’égrenèrent le long du convoi pour rassembler le matériel
réparti dans diverses remorques, d’autres enfin se chargèrent
d’éloigner les véhicules les plus proches et d’établir un périmètre
de sécurité.
Adossé à une remorque, Solman les
observait, admirait la précision de leurs gestes, l’harmonie qui se
dégageait d’eux lorsqu’ils œuvraient dans un même élan, qu’ils
poursuivaient un but commun. Il sentait, sur sa nuque ou sur sa
joue, le regard insistant de Wolf, assis dans la neige quelques
mètres plus loin, le fusil planté devant lui comme un étendard.
L’image de Kadija le hantait à nouveau, mais il était trop las pour
déployer la vision pénétrante et tenter de la localiser. La moindre
velléité d’immersion dans les profondeurs de l’esprit se délitait
dans des brumes de fatigue. Si Kadija était restée dans le
labyrinthe souterrain, comme c’était probable, la condamnation de
la galerie l’emmurerait à jamais dans les entrailles de la terre.
Mais il admettait la nécessité de cette mesure de précaution. Même
s’ils n’en avaient pas fini avec l’intelligence destructrice, les
Aquariotes auraient au moins vaincu une de ses légions, lui
auraient montré qu’ils pouvaient aussi lui porter des coups.
Les hommes entraient et sortaient de la
galerie, les bras chargés de ces cylindres explosifs rougeâtres
fournis par les Slangs. Aveuglés par leur désir de contrôler les
peuples nomades, les troquants d’armes ne se rendaient pas compte
qu’ils seraient éliminés dès qu’ils cesseraient d’être utiles.
Solman se souvint de l’adoration avec laquelle le Slang avait fixé
l’ange dans le cimetière d’engins militaires. Les officiers de
l’Apocalypse exerçaient une emprise totale sur leurs soldats, la
même qu’ils avaient exercée sur Katwrinn, la même que Katwrinn
avait exercée sur les membres du conseil aquariote… la même que
Kadija exerçait sur lui.
En même temps que le soleil, un vent
tourbillonnant s’était levé, qui jouait dans ses cheveux et lui
piquetait les oreilles. Il frissonna, remonta le col de sa
canadienne, sortit son bonnet de sa poche et s’en recouvrit la
tête. Un nuage enflammé traversait le bleu étincelant du ciel comme
un rêve solitaire, hautain. Les hommes déroulaient maintenant les
fils en direction du détonateur posé sur une caisse de bois à une
cinquantaine de mètres de la galerie.
« Boiteux… »
Solman sursauta, brutalement arraché à ses
rêveries. Wolf s’était approché de lui avec la discrétion qui le
caractérisait, une discrétion d’ombre, de fantôme. Il le
dévisageait avec une intensité fébrile, presque brûlante. Le bleu
pâle de ses yeux tranchait sur les couleurs fanées de son
passe-montagne. Personne ne leur prêtait attention.
« J’ai tellement de choses à te dire
que je ne sais pas par laquelle commencer, dit le Scorpiote.
– Moi je sais, fit Solman avec un
sourire. Je ne crois pas vous avoir encore remercié pour votre
intervention contre les assesseurs du conseil. »
Une expression fugitive de tristesse
troubla les yeux clairs de Wolf.
« Bah, je n’ai fait que verser un peu
de sang. Un peu plus… Je n’ai pas de mérite, je suis attaché à ta
surveillance depuis que tu es né. »
Solman se redressa, interloqué.
« Comment se fait-il que je ne vous
ai jamais remarqué ?
– C’est le propre d’un bon ange
gardien que d’intercéder sans révéler sa présence.
– Qui vous a chargé de ce rôle…
d’ange gardien ?
– Personne. Les membres du conseil
s’estimaient assez puissants pour se passer de mon
aide. »
Wolf posa le fusil d’assaut contre sa
jambe dans un gémissement de cuir desséché.
« Ils se croyaient même assez
puissants pour négliger mes conseils, mes initiatives, reprit-il.
Ils sont… ils étaient comme tous ces chefs de guerre qui rechignent
à partager leur triomphe avec leurs subalternes. Oh, bien sûr, ils
ont cherché à m’éliminer. J’étais pour eux un témoin gênant, une
ombre qui ternissait leur gloire. Mais j’étais aussi sur mes
gardes, et les apprentis assassins qu’ils m’ont envoyés n’étaient
pas de taille. Combien en ai-je tués ? Trente, quarante… Des
jeunes pour la plupart, de pauvres bougres auxquels ils
promettaient une place de choix dans la hiérarchie aquariote. On a
mis leur disparition sur le compte des hordes d’animaux
sauvages. »
Le Scorpiote s’accorda un temps de pause.
Il sembla à Solman que les rafales tourbillonnantes, cinglantes,
n’étaient pas responsables des larmoiements de son vis-à-vis.
« Bien sûr, j’aurais pu, j’aurais dû
me laisser tuer. La mort aurait été mille fois préférable à une vie
de fantôme, à une méfiance de tous les instants, aux nuits sans
sommeil, aux voyages dans les remorques ou sous les essieux, à la
solitude implacable des assassins. Mais, si je mourais, plus
personne n’aurait veillé sur toi, tu aurais été livré pieds et
poings liés à la volonté des pères et des mères du peuple. Tant
qu’ils me savaient là, j’étais leur menace, leur épine, leur
hantise, ils n’osaient pas te maltraiter, te transformer à leur
image, ils me redoutaient avec la même force que les sourciers
craignent le venin des anguillesGM. »
Il eut un petit rire aigu, effilé comme un
pic de glace.
« C’est sans doute ce qu’on appelle
l’équilibre des pouvoirs. J’ai entendu dire, quand j’étais enfant,
que les hommes de l’ancien temps se gardaient en paix de cette
façon. Le jeu a duré dix-sept ans. Dix-sept ans pendant lesquels
nous avons disputé, le conseil et moi, une incessante, une
épuisante partie de cache-cache. Et puis la guérisseuse est tombée
amoureuse de toi, t’a initié aux choses du sexe, t’a soustrait à
leur influence, et, comme ils savaient que tu étais un vrai
donneur, un juge des âmes, tu devenais dangereux pour eux, tu
risquais de percer à jour tous leurs petits secrets. Ils ont donc
décidé d’éliminer Raïma, puis de t’éliminer. Malheureusement pour
eux, les chiens sauvages n’ont pas laissé à Rilvo le temps
d’égorger la guérisseuse. Et les trois Neerdands chargés de te tuer
au grand rassemblement sont tombés sur un os. Sur une balle,
plutôt… »
Les yeux de Solman s’écarquillèrent de
stupeur.
« C’était… vous ? J’ai toujours
pensé que je devais la vie aux pères slangs. Ils disaient que
j’étais précieux, qu’on devait veiller sur moi jour et nuit.
– Les Slangs sont des brutes
manipulées par les anges, mais ils étaient loin de supposer que le
conseil aquariote cherchait à supprimer son donneur.
– Comment avez-vous su que les trois
Neerdands me tendraient un piège ?
– J’ai aperçu Katwrinn et Irwan en
leur compagnie au début du grand rassemblement. Pas difficile de
deviner leurs intentions. Je t’ai suivi dans tous tes déplacements.
Ces trois-là étaient aussi de pauvres types. Un
seul coup de feu, une simple blessure à la cuisse ont suffi à les
égailler.
– Et comment vous… Ah, c’est vrai,
vous voyez dans la nuit aussi bien qu’en plein jour.
– Une particularité qui m’a été
rudement utile au long de ces années, soupira Wolf. Les assassins
sont comme les chouettes, ils ne sortent que la nuit. »
Plus loin, sous le regard attentif
d’Ismahil, les hommes achevaient de brancher les fils au
détonateur. Bon nombre d’Aquariotes s’étaient regroupés autour du
périmètre de sécurité pour assister à l’explosion.
« Pourquoi… pourquoi avez-vous fait
tout cela pour moi ? » balbutia Solman.
En même temps qu’il avait formulé la
question, des réponses s’étaient esquissées en lui, si incroyables,
si inconcevables, qu’il en avait le souffle coupé, que toutes ses
douleurs, passées et présentes, étaient revenues le hanter. Le sol
se déroba sous ses pieds, et il dut s’appuyer au hayon de la
remorque pour ne pas tomber.
« La solidarité entre donneurs, dit
Wolf d’une voix hésitante. Mais pas seulement… »
Solman ferma les yeux. Allongé dans la
chambre de toile de la tente, il percevait le souffle précipité de
l’assassin, une odeur chargée de malheur se déployait dans la nuit,
la peur l’écrasait sur son matelas, son urine brûlante, irritante,
honteuse, imbibait les draps. Le visiteur venait de tuer ses
parents, cela ne faisait pas l’ombre d’un doute. Sa respiration
empestait les remords, la détresse, ses expirations sifflantes se
prolongeaient en soupirs déchirants. Solman ne bougeait pas, comme
empaqueté dans son réseau de nerfs, tout entier suspendu aux
gémissements du tueur, aux froissements de la toile, aux
craquements de la nuit. Il devinait, il savait que l’homme n’avait
pas l’intention de s’en prendre à lui, mais il lui fallait fuir,
échapper à cette atmosphère morbide qui le suffoquait, qui lui
labourait le ventre. Il commença à se traîner sur le matelas avec
une maladresse désespérante. Chacune de ses reptations faisait plus
de bruit que les piquants d’un hérisson, il sanglotait, il
reniflait, et l’assassin l’entendait, ne réagissait pas, comme s’il
l’encourageait à partir. Il se glissa sous la toile intérieure de
la chambre, qu’heureusement son père avait oublié de fixer, se retrouva le nez et la bouche dans
l’herbe aplatie, roula sous la deuxième toile, plus épaisse, plus
rêche, passa sous le ciel étoilé, se prit dans les cordes, buta sur
un piquet. Les senteurs d’été embaumaient la nuit, fleurs,
bruyères, menthe sauvage, résine…
Une nuit bien trop douce pour mourir. Il
se releva et courut devant lui sans savoir où le portaient ses pas,
les jambes fouettées par les branches basses des buissons. Il
n’entendait ni les pas ni le souffle de l’assassin, mais il sentait
sa présence derrière lui, une ombre vigilante, le gardien de ses
cauchemars…
Solman rouvrit les yeux, constata que Wolf
avait disparu. Il le chercha du regard parmi les hommes agglutinés
autour du détonateur, puis au milieu des Aquariotes, mais sa haute
et maigre silhouette demeura invisible.
« Tout le monde recule ! hurla
Moram. Ça vaut aussi pour toi, Solman ! »