Aujourd’hui, elle porte une robe bleu clair à bretelles. Elle lui descend aux genoux. Il y a une marque de craie au niveau de l’ourlet qu’elle n’a pas encore remarquée. Elle n’a pas mis de soutien-gorge. Elle s’est rasée sous les bras : ses jambes ont l’air lisses, douces. Elle a posé un vernis clair sur ses ongles de pied, mais il commence à s’écailler au niveau du pouce gauche. Ses sandales bleu marine sont plates, vieilles, usées. Elle est bronzée ; les poils de ses bras sont dorés. Parfois j’aperçois le dessous laiteux de ses bras, la peau plus blanche derrière ses genoux ; si elle se penche, je vois que la couleur miel de ses épaules et de sa gorge s’atténue à l’endroit où pointent ses seins. Ses cheveux sont relevés en chignon lâche au-dessus de sa tête. Ils se sont décolorés au soleil, ce qui fait qu’ils sont plus foncés en dessous. Elle porte de petites boucles d’oreilles argentées, en forme de petites fleurs. De temps en temps, elle les fait tourner entre son pouce et son index. Les lobes de ses oreilles sont assez longs. Elle a un sillon vertical assez prononcé au-dessus de la lèvre supérieure. Quand elle a chaud, comme aujourd’hui, la sueur s’y agglutine. De temps à autre elle s’essuie avec un mouchoir en papier. Elle a les dents blanches, mais j’ai aperçu des plombages dans le fond de sa bouche. Ils étincellent quand elle rit ou qu’elle bâille. Elle ne se maquille pas. Je vois les extrémités pâles de ses cils, la légère sécheresse de ses lèvres nues. Quelques taches de rousseur éparpillées lui parsèment l’arête du nez ; elles n’étaient pas là la dernière fois que j’ai regardé. La tache jaune sur son médium a disparu. C’est bien. Elle ne met pas de bagues. À son poignet elle porte une montre à gros cadran, avec un Mickey au milieu. Elle l’attache avec un ruban.

Quand elle rit, elle produit un son carillonnant, comme celui d’une sonnette. Si je lui disais que je l’aimais, elle me rirait au nez de la même façon. Elle penserait que je ne suis pas sérieux. C’est ce que pensent les femmes. Elles transforment ce qui est important et sérieux en un truc ridicule, une blague. L’amour n’est pas une blague. C’est une question de vie ou de mort. Un jour, bientôt, elle comprendra. Elle apprendra que la façon dont elle sourit, dont elle ouvre grands les yeux quand elle écoute, la façon qu’ont ses seins de s’aplatir quand elle lève les bras par-dessus la tête, ces choses-là ont de l’importance. Elle sourit trop facilement. Elle rit trop facilement. Elle flirte. Elle porte des vêtements très légers. Je vois ses jambes sous sa robe. Je devine la forme de ses tétons. Elle ne fait pas attention à elle.

Elle parle très vite, d’une voix légère, embuée. Elle dit : « ouais », pas oui. Elle a les yeux gris. Elle n’a pas encore peur.