3
Le chien
Par Emma Kazan
Au bou de la lesse, il avansse sagement. Il pran la position de l'artiste pour décorer les trotoirs de ses oeuvres odorentes. Puis il continue, machinalement. Ses toiles sont tinté de rouge mais il est daltaunien, alors tout est normal. Ce matin, ELLE pleuré en grattant le creux de ses oréilles. « Pleures-tu mes puces ? » lui a-t-il demandé, mais, sans comprendre, ELLE a béssé les yeux et changé de pièce. Alors, IL est arrivé. Le chien remué la queue, même si le collié était trop serré. Un bou de liberté. Cette liberté routiniaire et limitée. Il allait y goûté. Comme s'il oubliait à chac fois que sa vie s'arrêtait à cinq cents maitre. Demi-tour devant la boucherie de M. Georges. Ce gros homme au regard ésitant : saucisses, chien, escalopes de porc, chien, romstek, chien. Il vit la vie de son meître, sans anfant, sans sourire. Simplement sa pâté, son canapé et ce demi-tour à la boucheri. Une vie de chien.
Mais ce matin, le collié étrangleur l'étrangle. Les mouvements de son maître sont nerveux. Lui ne peut pas courir, il n'a jamais vraiment couru. Ses intestins souffrent quand seulement deux de ses pates touchent le sol. Il tomberait sûrement. Il se sans lourd mais marche tout de maime. C'est tout ce qu'il a. Plus que cent maitres et ce sera le demi-tour. M. Georges les salue de sa voix gutturale. Il a un cou de dindon mais le chien ne s'y atarde pas, il ne sait pas ce que c'est, un dindon, il n'en a jamais vu. Puis la voix forte besse d'un ton et finit par un « j'comprand... ». Le maître vassille sous une tape dans le dos, sourire gêné. Il tire la lesse. Le chien a mal mais trottine mollement. Pas de demi-tour ojourdui. Paraîtrait que la liberté s'agrandit. Comme les yeux du chien. À cinquante maitres, une enseigne lumineuse. Vingt mètres. Ça sent l'étair. Et le chien comprend. Il est déjà venu et a souffert. Il sait, alors il s'arrête. Et hurle. Hurle à la mort. À sa propre mort. Et s'écroule. Le chien comédien simule bien. La pate arrière convulsive, la langue lavant le macadame. Le maître a lâché la lesse et cherche de l'aide dans les yeux du monde. Le chien rigole, le mètre croit y entendre un dernier souffle. Il s'en veut et ce matin, le monde n'a pas d'yeux, même pour les chiens. Alors le maître fuit, prétand que ce n'est pas son chien, et économise l'argent d'une dose mortaile. L'œil vitreux, le chien observe son maître passer devant la boucherie, la tête basse et la queue entre les jambes. M. Georges ne l'araite pas et gratte son cou de volaille. Alors le faux cadavre canin aux crocs crades et à la crotte rouge se relève et trotte vers une nouvelle liberté sans main au bou de la lesse que celle des dales grises de la ville. Et arrivé devant l'ensaigne bleue, il se surprend à courir, la langue dans le vent. Seulement deux pates au sol et ses intestins sont toujours la, il respire. Il vit. C'est la révolution cannine.
HÉMATOME
9782702147443_tp.html
9782702147443_toc.html
9782702147443_cop.html
9782702147443_fm01.html
9782702147443_ded.html
9782702147443_ack.html
9782702147443_p01.html
9782702147443_ch01.html
9782702147443_ch02.html
9782702147443_ch03.html
9782702147443_p02.html
9782702147443_ch04.html
9782702147443_ch05.html
9782702147443_ch06.html
9782702147443_ch07.html
9782702147443_ch08.html
9782702147443_ch09.html
9782702147443_p03.html
9782702147443_ch10.html
9782702147443_ch11.html
9782702147443_p04.html
9782702147443_ch12.html
9782702147443_ch13.html
9782702147443_ch14.html
9782702147443_p05.html
9782702147443_ch15.html
9782702147443_ch16.html
9782702147443_ch17.html
9782702147443_ch18.html
9782702147443_ch19.html
9782702147443_p06.html
9782702147443_ch20.html
9782702147443_ch21.html
9782702147443_ch22.html
9782702147443_ch23.html
9782702147443_ch24.html
9782702147443_p07.html
9782702147443_ch25.html
9782702147443_ch26.html
9782702147443_ch27.html
9782702147443_ch28.html
9782702147443_ch29.html
9782702147443_p08.html
9782702147443_ch30.html
9782702147443_ch31.html
9782702147443_ch32.html
9782702147443_ch33.html
9782702147443_ch34.html
9782702147443_p09.html
9782702147443_ch35.html
9782702147443_ch36.html
9782702147443_ch37.html
9782702147443_ch38.html
9782702147443_ch39.html
9782702147443_p10.html
9782702147443_ch40.html
9782702147443_ch41.html
9782702147443_ch42.html
9782702147443_p11.html
9782702147443_ch43.html
9782702147443_ch44.html
9782702147443_p12.html
9782702147443_ch45.html
9782702147443_ap01.html