CHAPITRE IV
Une découverte passionnante.
À l'appel de Claude, la fermière et les trois autres enfants accoururent.
« Qu'y a-t-il donc ? s'écria François.
— C'est Dagobert qui, en voulant attraper le chat, s'est cogné contre la cloison, expliqua Claude. Alors, l'un des panneaux de chêne s'est mis à glisser et... » Tendant le bras, elle désigna le lambris auquel s'adossait l'horloge. « Tenez, regardez... il y a maintenant un trou dans le mur ! »
Mick ne fit qu'un bond vers l'ouverture.
« C'est une porte secrète ! » s'exclama-t-il, enthousiasmé. Il se tourna vivement vers la vieille. « En connaissiez-vous l'existence ?
— Ma foi oui, répondit-elle. Mais vous savez, cette maison est pleine de choses si bizarres... Quand je fais le ménage ici, je prends toujours des précautions en cirant les boiseries. Si l'on frotte trop fort dans l'un des coins de ce panneau, il s'ouvre aussitôt.
— Je me demande à quoi il pouvait bien servir... », dit François.
Il jeta un coup d'œil dans le trou, mais celui-ci était si étroit que le garçon réussit tout juste à y engager la tête, bouchant ainsi complètement l'ouverture. Plongé dans l'obscurité, François ne put rien distinguer. Alors, il se dégagea et, s'étant placé de côté afin de ne pas intercepter la lumière du vestibule, il examina l'intérieur de la cavité.
Celle-ci n'avait guère qu'une trentaine de centimètres de profondeur, simple espace libre ménagé entre le lambris et le mur, mais qui semblait se prolonger à droite et à gauche de l'ouverture.
« Il nous faudrait une bougie ! s'écria Annie, incapable de contenir plus longtemps son impatience. Ou bien une lampe de poche. Mère Guillou, en auriez-vous une à nous prêter ?
— Je n'en ai pas, mon petit, répondit la vieille. Par exemple, si tu veux un bougeoir, il y en a un sur la cheminée de la cuisine. »
Annie courut chercher la bougie et la fit allumer par François. Celui-ci la plongea dans le trou afin d'éclairer l'envers du lambris. Les trois autres enfants se bousculaient derrière lui en essayant de regarder par-dessus son épaule.
« Ne poussez donc pas comme ça ! s'exclama-t-il. Laissez-moi regarder. Après, ce sera votre tour ! »
Mais il eut beau écarquiller les yeux, scruter les pierres de la muraille et examiner la boiserie, il ne put rien découvrir d'intéressant. Au bout de quelques instants, il s'écarta et passa le bougeoir à son frère. Puis, ce fut le tour, de Claude et d'Annie.
Quant à la fermière, elle avait tranquillement regagné sa cuisine, car elle connaissait depuis trop longtemps l'existence de ce panneau mobile pour beaucoup s'en émouvoir.
Annie fit allumer la bougie par
François.
Ayant achevé d'explorer la cavité, les enfants se regardèrent, déçus.
« La mère Guillou ne disait-elle pas que la ferme de Kernach était pleine de choses mystérieuses..., murmura Annie, comme se parlant à elle-même. À quoi pouvait-elle bien faire allusion ?
— Allons le lui demander », décida Claude. Ils refermèrent le panneau, puis rejoignirent la vieille dans sa cuisine.
« Dites, mère Guillou, questionna François, qu'y a-t-il encore de bizarre dans cette maison ?
— Le placard de l'une des chambres du haut a un double fond », répondit-elle.
Les enfants écoutaient, suspendus à ses lèvres.
« Mais vous savez, se hâta-t-elle d'ajouter, il n'y a pas de quoi vous monter la tête ! D'ailleurs, ce n'est pas tout... Tenez, ici même, dans la cuisine, cette grosse pierre que vous voyez à côté de la cheminée bascule aisément. Elle démasque ainsi une espèce de petite niche. Il faut croire que, dans le temps, les gens avaient toujours besoin d'une bonne cachette à portée de la main ! »
On se précipita à l'endroit que venait de désigner la fermière. Au centre d'une pierre carrée qui semblait appartenir à l'un des deux jambages de maçonnerie soutenant le manteau de la cheminée, un anneau de fer était encastré. François l'empoigna, tira et, sans éprouver la moindre résistance, vit la pierre basculer en avant. Une cavité apparut, assez profonde pour recevoir un petit coffret. Mais elle était vide, ce qui peut-être ajoutait encore à son mystère.
« Et ce placard dont vous nous parliez tout à l'heure, où est-il ? demanda François. Pourrions-nous y jeter un coup d'œil ?
— Bien sûr, fit la fermière. Seulement, mes vieilles jambes sont trop lasses pour que je vous accompagne là-haut. Aussi, je vous laisse faire : quand vous serez sur le palier du premier étage, prenez le couloir de droite et poussez la seconde porte que vous trouverez sur votre gauche. Vous verrez le placard juste en face de vous, à l'autre bout de la chambre. Ouvrez-le : la clef est sur la serrure. Vous n'aurez qu'à promener votre main sur la planche du fond, tout en bas, jusqu'à ce que vous sentiez une encoche dans le bois. Enfoncez-y le bout des doigts en appuyant très fort... et le panneau tout entier disparaîtra dans l'épaisseur du mur de la chambre ! »
Les enfants montèrent l'escalier quatre à quatre, Dagobert sur les talons. Ah ! Quelle merveilleuse journée ! se disaient-ils, oubliant dans leur enthousiasme que la matinée avait assez fâcheusement débuté par l'arrivée de ce répétiteur imposé par leurs parents.
Ils eurent tôt fait de découvrir le placard. Dès que la porte en fut ouverte, tous quatre se mirent à quatre pattes pour chercher l'encoche dont avait parlé la fermière.
« Ça y est, je la sens ! » s'écria brusquement Annie. Et elle appuya de toutes ses forces dans la petite cavité qu'elle venait de déceler sous sa main. Hélas ! ses doigts étaient trop faibles pour déclencher le mécanisme qui permettait au fond du placard de coulisser dans le mur. François dut venir à son aide.
Un bruit sec fit sursauter les enfants, et ceux-ci virent le panneau de chêne qui se trouvait devant eux s'écarter, puis disparaître dans un long grincement, en démasquant un second placard. C'était une sorte de niche haute et étroite où un homme de corpulence moyenne aurait pu tenir à l'aise.
« Quelle magnifique cachette ! s'exclama François.
La personne qui se dissimulait ici était vraiment à l'abri de toute recherche.
— Je voudrais me rendre compte, déclara Mick. Enfermez-moi là-dedans. Cela doit être très amusant ! »
Aussitôt dit, aussitôt fait : dès que l'enfant se fut glissé par l'ouverture, son frère referma le panneau et, crac, on ne vit plus personne !
« Oh ! ce n'est pas le rêve ! cria le prisonnier au bout de quelques instants. Je peux à peine remuer et il fait un noir d'encre. Vite, laissez-moi sortir ! »
À tour de rôle, les enfants s'amusèrent à essayer la cachette, mais Annie dut bien avouer que ce jeu ne l'enchantait guère.
Enfin, les cinq amis redescendirent dans la cuisine.
« Oh ! mère Guillou, dit François à la fermière, que vous avez donc de la chance d'habiter une maison toute pleine de secrets comme celle-ci ! Je voudrais tant être à votre place.
— Pourrons-nous revenir une autre fois pour jouer dans votre placard ? demanda Claude. C'est passionnant.
— Hélas ! Claudet, je crains que cela ne soit pas possible. La chambre du haut où se trouve le placard est justement celle que je compte donner à mes deux pensionnaires.
— Quel dommage ! dît François. Est-ce que vous leur parlerez de ce double fond ?
— Pour quoi faire ? riposta la vieille femme. Il n'y a que des enfants comme vous pour s'intéresser à ce genre de choses ! Moi, je n'y vois aucun mal, bien au contraire,... mais je suis sûre que mes deux artistes ne m'écouteraient même pas si j'essayais de leur raconter pareille histoire !
— Comme c'est bizarre, murmura Annie, stupéfaite. Les grandes personnes sont vraiment drôles. Moi, je suis certaine que, même si j'avais cent ans, rien ne me plairait autant que d'entendre parler de portes dérobées et de placards à double fond !
— Moi de même », approuva Mick. Il hésita un instant puis, s'adressant à la fermière, il demanda : « Pourrais-je retourner voir le panneau secret dans votre vestibule ?
— Mais bien sûr ! Tiens, prends la bougie. »
Mick eût été fort en peine de dire quelle raison l'avait incité à examiner la cachette une nouvelle fois. Ce n'était qu'une simple idée qui lui avait traversé l'esprit.
D'ailleurs, ses trois compagnons ne cherchèrent nullement à le suivre, déjà persuadés qu'il n'y avait derrière le lambris rien d'autre qu'un vieux mur.
Mick prit le bougeoir et, de la cuisine, passa dans le vestibule. Là, il fit manœuvrer le panneau mobile. Puis il introduisit la bougie à l'intérieur de la cavité qui venait d'être ainsi démasquée, et il procéda à un examen minutieux de la muraille et de la boiserie, sans plus de résultat que la première fois. Il retira le bougeoir, réfléchit un instant et, résolument, engagea son bras dans le trou. Il l'y enfonça jusqu'à l'épaule, en faisant glisser sa main entre le mur et le lambris. Cette nouvelle exploration restant aussi vaine que les précédentes, il allait dégager son bras de l'ouverture lorsque soudain ses doigts s'accrochèrent dans une légère anfractuosité de la pierre. En s'y attardant, ils sentirent une cavité peu profonde, mais lisse, et de forme ronde.
« Tiens, se dit Mick, voilà qui est étrange... »
Le garçon se mit à tâter le pourtour de l'anfractuosité. Tout à coup, il sentit son index buter contre une aspérité qui lui parut être une sorte de cheville fichée dans la pierre. De la grosseur d'un crayon, perpendiculaire à la surface du mur, on eût dit le perchoir d'un oiseau.
Avec précaution, Mick fit tourner sa main de façon à empoigner l'objet, puis il tira de toutes ses forces. Brusquement, quelque chose céda, et l'enfant fut si surpris qu'il n'eut pas le temps de retenir la pierre dans laquelle était plantée cette cheville qui avait attiré son attention. Elle glissa dans l'intervalle séparant le mur du lambris et, raclant dans sa chute l'envers de la boiserie, s'abattit avec un fracas épouvantable !
Les trois autres enfants accoururent au bruit.
« Mick, que se passe-t-il ? s'écria François. Aurais-tu démoli quelque chose ?
— Nullement, fit Mick, les yeux brillants de joie.
Mais en passant le bras derrière la cloison, j'ai simplement trouvé une espèce de cheville enfoncée dans le mur. Alors, j'ai tiré, tout est venu, et je n'ai pu rattraper une grosse pierre. C'est elle que vous avez entendue dégringoler derrière le lambris !
— Oh ! laisse-moi voir », dit François, en essayant d'écarter son frère pour regarder par l'ouverture du panneau.
Mick le repoussa.
« Non, mon vieux, fit-il, attends un peu. Tu comprends, il s'agit de ma découverte à moi... Je voudrais d'abord savoir s'il n'y a rien d'intéressant dans le trou qui doit maintenant se trouver à la place de cette grosse pierre. »
Les enfants bouillaient d'impatience, et François eut toutes les peines du monde à se retenir de bousculer son frère qui, tranquillement, plongeait de nouveau le bras par l'ouverture du panneau.
Mick promena sa main à l'intérieur de la cavité laissée par la pierre. Soudain, ses doigts rencontrèrent quelque chose, un objet lisse, de forme régulière. On aurait dit une boîte ou bien un livre. Le garçon le saisit et le retira de sa niche en prenant grand soin de ne pas le heurter ni surtout de le faire tomber derrière la cloison. Enfin, il dégagea son bras et l'objet apparut en pleine lumière.
« C'est un vieux livre ! s'exclama Mick.
— Ouvre-le. Vite ! » cria Annie qui ne tenait plus en place.
Mick obéit et commença à tourner les pages avec précaution. Elles étaient si sèches et si fragiles qu'au seul contact de ses doigts, certaines tombèrent en poussière.
Cependant les yeux perçants d'Annie s'efforçaient de déchiffrer l'écriture manuscrite dont elles étaient couvertes. L'encre en était roussâtre, pâlie par le temps, et les mots à demi effacés.
« On dirait que ce sont des recettes de cuisine, dit la fillette au bout d'un instant. Il faut montrer ça à la mère Guillou ! »
Les enfants portèrent leur trouvaille à la fermière.
Celle-ci se mit à rire en voyant leur air triomphant. Prenant le livre, elle le feuilleta sans s'émouvoir.
« Vous avez raison, dit-elle. C'est bien un livre de recettes, mais non de celles que l'on utilise en cuisine. Il s'agit de remèdes contre les maladies. Tenez, voyez ce nom inscrit sur la première page. Marivonne Lovédec... C'était ma trisaïeule, et je sais qu'elle était réputée partout à la ronde pour la vertu de ses remèdes. On disait qu'elle était capable de guérir n'importe quel mal, tant chez les bêtes que chez les gens.
— Quel dommage que son écriture soit si difficile à lire, murmura François. D'ailleurs, le livre est en très mauvais état, et rien qu'à le toucher, on l'abîme encore davantage. Il doit être extrêmement vieux.
— Mick, es-tu bien sûr qu'il n'est rien resté dans la cachette ? demanda soudain Annie.
— J'ai retiré tout ce qu'il y avait, répondit le garçon. Tu sais, la cavité n'est pas très profonde : il ne devait pas y avoir plus de quelques centimètres d'espace libre entre la pierre que j'ai fait tomber et le reste du mur.
— Attends, je vais allez voir, décida François. J'ai le bras plus long que toi. »
Les enfants retournèrent dans le vestibule et François se mit à explorer l'intérieur du lambris. Il n'eut aucune peine à découvrir la niche dans laquelle son frère avait trouvé le livre. Il y introduisit la main et du bout des doigts, tâta le fond de la cavité afin de s'assurer qu'elle ne contenait plus rien. C'est alors qu'il s'aperçut que Mick s'était trompé : il restait quelque chose dans la cachette, un objet indéfinissable, souple et de forme plate, doux au toucher comme du cuir fin. François s'en empara, le cœur battant, redoutant de le sentir s'effriter entre ses doigts.
« J'ai trouvé, fit-il, en retenant son souffle. Je ne sais pas ce que c'est, mais... tenez ! » Et, sortant enfin le bras de l'ouverture, il brandit sa découverte sous les yeux de ses compagnons.
« On dirait un peu la blague à tabac de papa, déclara Annie. C'est la même forme. Je me demande s'il y a quelque chose à l'intérieur... »
La fillette avait raison : il s'agissait bien en effet l'une blague à tabac. Faite de cuir havane d'une extrême souplesse, elle semblait avoir beaucoup servi.
François dénoua le lacet qui maintenait le rabat et déplia soigneusement la poche. Celle-ci contenait encore quelques brins d'un gros tabac presque noir, mais ce n'était pas tout ! Au fond, se trouvait un rouleau de toile serré par un cordon.
Vite, François le sortit et le déroula, puis il l’étala devant lui sur le lambris.
Les quatre enfants ouvrirent de grands yeux. Sur le carré de lin, étaient tracés des signes et des caractères étranges. L'encre noire avait à peine pâli.
« Cela ne ressemble pas à une carte, dit François. Je crois qu'il s'agirait plutôt d'une sorte de code. Mais à quoi peut-il bien servir ? Si seulement nous réussissions à le déchiffrer... Il doit y avoir un mystère ! »
Plus les enfants regardaient le grimoire, et plus ils étaient intrigués. Quel secret dissimulaient donc ces lignes et ces mots mystérieux, tracés depuis si longtemps sur cette toile jaunie ?
Ils coururent montrer leur nouvelle trouvaille à la fermière.
Celle-ci était plongée dans la lecture du vieux livre de recettes médicinales, et, en entendant entrer les enfants, elle tourna vers eux un visage rayonnant.
« Quel trésor que ce livre, dit-elle. J'ai bien du mal à comprendre l'écriture, mais je finis quand même par m'y retrouver. » Elle montra la page qu'elle était en train d'étudier. « Tenez, continua-t-elle, il y a justement là une cure merveilleuse pour le lumbago. Je vais l'essayer tout de suite, mon pauvre dos me fait toujours tellement souffrir ! Écoutez : voici la recette... »
Mais les enfants, qui se souciaient fort peu d'apprendre comment soigner, le lumbago, mirent leur grimoire sous les yeux de la fermière.
«Regardez, mère Guillou. Nous venons de découvrir cela derrière le lambris du vestibule. C'était enveloppé dans une blague à tabac ! Savez-vous ce que c'est ? »
La vieille femme enleva ses lunettes et nettoya les verres avec son mouchoir, puis, les ayant remises sur son nez, elle procéda à un examen minutieux du carré de toile.
Au bout d'un long moment, elle secoua la tête. « Non, dit-elle. Je n'y comprends goutte. » Prenant la pochette de cuir que lui tendait Annie, elle s'étonna : « Voici qui est curieux : c'est bien une blague à tabac. Je suis sûre qu'elle plaira à mon mari. La sienne est si vieille qu'elle n'est plus bonne à grand-chose. Celle-ci n'est pas neuve, tant s'en faut, mais elle peut encore servir longtemps.
— Tenez-vous à conserver aussi ce morceau de toile que nous avons trouvé ? » demanda François anxieusement. Il avait tant envie de garder sa trouvaille afin de pouvoir l'examiner tout à loisir ! Persuadé qu'elle recelait la clef de quelque mystère passionnant, il ne pouvait supporter l'idée de s'en séparer.
« Mais non, répondit la fermière en souriant. Si cela te fait plaisir, garde-le. Ainsi, chacun aura sa part : les recettes pour moi, la blague à tabac pour le père Guillou, et ce vieux chiffon pour toi. Mais je me demande ce que tu lui trouves de si intéressant. »
Comme elle disait ces mots, la porte de la cuisine s'ouvrit, et le fermier entra :
« Tiens, s'écria sa femme, voici quelque chose pour toi. » Elle lui tendit la blague. « Les enfants viennent de dénicher cela derrière le panneau mobile du vestibule. »
Étonné, le vieillard prit l'objet et le palpa.
« Drôle d'endroit où ranger une blague, murmura-t-il. C'est égal, celle-ci vaut mieux que la mienne. » Puis, se retournant vers les enfants, il leur dit : « Je ne voudrais pas vous chasser, mais il va être midi et si vous ne voulez pas être en retard pour le déjeuner, je crois qu'il est temps de prendre vos jambes à votre cou !
— Grands dieux, s'exclama Claude. J'avais complètement oublié l'heure ! Excusez-nous, mère Guillou, merci pour la galette !
— Et pour le chocolat ! ajoutèrent Annie et Mick en chœur.
— Quand nous aurons réussi à déchiffrer ce qui est écrit sur le morceau de toile, nous viendrons vous le dire, promit François.
— Vite, vite, dépêchons-nous, cria Claude. Dagobert, en route ! Nous allons être en retard ! »
Les cinq amis partirent en courant.
François déroula le rouleau de
toile.
Bien qu'il ne fût guère aisé de tenir conversation dans ces conditions, les enfants étaient si enthousiasmés par leurs aventures de la matinée qu'ils ne purent s'empêcher d'échanger leurs impressions en chemin.
« Je me demande ce qui peut bien être écrit sur ce bout d'étoffe, fit François. Mais je le saurai !
— Faudra-t-il parler de cela à la maison ? demanda Mick.
— Ah ! non, s'exclama Claude. C'est un secret !
— Parfaitement », approuva François. Et il continua en riant sous cape : « Si Annie commence à vendre la mèche, il n'y aura qu'à lui envoyer un bon coup de pied sous la table, comme nous le faisions l'été dernier. »
La pauvre Annie avait toutes les peines du monde à garder un secret. Aussi ne comptait-elle plus les avertissements que ses frères lui prodiguaient, parfois sans ménagements.
« Je ne dirai rien ! protesta-t-elle avec indignation. Et surtout ne vous avisez pas de me donner des coups de pied. Ça ne sert qu'à me faire faire la grimace, et après, toutes les grandes personnes me demandent ce que j'ai !
— Dès que nous aurons déjeuné, nous nous mettrons au travail, reprit François. Je suis sûr que si nous nous en donnons la peine, nous réussirons à déchiffrer ce grimoire. Et nous aurons la clef du mystère ! »
Ils arrivèrent aux « Mouettes », haletants, et s'engouffrèrent en trombe dans le vestibule.
« Bonjour, maman ! cria Claude. J'espère que nous ne sommes pas trop en retard. Ah ! si tu savais quelle bonne matinée nous avons passée à la ferme ! »