La fameuse malle en bois laqué, d'un mètre cinquante de long, sur un de haut et de large, est posée au milieu de la hutte. Elle est peinte en noir avec des dessins dorés sur le couvercle. Ils représentent tous des cobras lovés sur eux-mêmes. Aucune serrure visible. On dirait que cette malle est neuve, qu'elle vient à peine d'être achetée et qu'on a pris des précautions infinies pour ne pas l'avoir éraflée.
Essayez de l'empoigner, mais ne la touchez tout de même pas.
Avec un sourire, je fais deux pas en avant et me penche, mais saute tout de suite en arrière. Un des cobras s'est animé avec le mouvement caractéristique de la bête sur le point d'attaquer.
Je me retourne vers Marlek:
Pour une illusion d'optique, c'est très réussi.
Ce n'en est pas une, dit-il. Personne ne peut toucher à cette malle. Vous voyez, je pouvais la laisser sans crainte à la convoitise des Pascuans.
Expliquez-vous.
Vous ne me croierez pas.
Tant pis, dites tout de même.
Il prend un temps de réflexion avant d'indiquer:
Ce n'est ni une malle, ni une caisse, mais un krénaré. Cela ne vous dit rien, je suppose.
Et à vous ?
Vous connaissez les propriétés du carbone 14 ? D'après lui, ce krénaré a été fabriqué il y a 300 000 ans dans un bois inconnu à notre époque et recouvert d'un vernis dont personne ne connaît la composition. Il le rend à la fois indestructible et imputrescible.