Que l’État puisse libérer et lier
Sur la Terre comme aux deux
Qu’il doive être plus sage de tuer l’Humanité
Dès avant ou après sa naissance,
Ce sont là questions fort préoccupantes
pour les scolastiques étatiques
Mais l’État sacré (l’expérience nous l’a enseigné)
Débouche sur la Guerre Sainte.
Que le Peuple soit guidé par le Seigneur
Ou leurré par ceux qui parlent haut :
Qu’il soit plus rapide de mourir par l’épée
Ou moins coûteux de mourir par les urnes…
Ce sont là problèmes qu’il nous fallut affronter
(Et qui ne ressortiront pas du tombeau)
Car le Peuple sacré, quoi qu’il advienne,
Débouche sur l’Esclave, c’est vrai.
Quoi qu’il en soit, pour toute cause,
Chercher à prendre ou donner
Le pouvoir, au-dessus ou au-delà des Lois,
Il suffit de ne pas vivre !
État sacré ou Roi sacré
Ou Volonté du Peuple sacré…
N’ont rien à faire de ces absurdités.
Commandez les fusils et tuez !
Et répétez donc après moi :
Il était une fois le Peuple, la Terreur le fit éclore Il était une fois le Peuple, et il fit de la Terre un Enfer. La Terre se leva et l’écrasa. Debout les morts ! Il était une fois le Peuple… Il ne sera plus jamais !
Rudyard KIPLING, « Macdonough’S Song », Various Creatures, 1917.