Elle rit dans la nuit de Venise. Parce qu’un bout de sein blanc a surgi de l’ample cape jetée sur son corps nu. Et parce qu’il est drôle, à cette heure, de courir vers un rendez-vous mystérieux…

C’était l’autre jour, campo San Mosè ; tout d’un coup, elle avait senti une main dans sa poche, s’était retournée… personne. Restait un petit bout de papier bleu glissé furtivement et qui l’invitait sans pudeur à une partie de jambes en l’air dans une ruelle perdue, derrière la Piazzetta. Elle avait attendu l’heure dite dans un état inhabituel, rêvassant de longues heures sur l’altana, promenant ses mains sur ses cuisses. (Seuls les chats avaient été témoins du ballet intime de la peau contre la peau et du vertige courant derrière ses yeux mi-clos.) Oui, ces quelques lignes avaient éveillé en Veronica des désirs inconnus. Elle avait subitement eu envie de ce corps qu’elle ne connaissait pas, de son odeur… Alors elle se caressait le bout des seins en fermant tout à fait les yeux : des parfums montaient, divers, de la lagune et du commerce de la rue, et se mêlaient à l’odeur puissante qui respirait entre ses cuisses offertes au soleil de la terrasse.

Veronica court dans la nuit de Venise. Il pleut, mais la pluie d’automne est gaie et fait tout briller. Malgré le large chapeau de feutre noir, son visage pointu se pique de minuscules diamants d’eau. Arrivée au campanile, elle décide de s’arrêter. Et là, sous la pluie fine, elle écarte doucement ses cuisses et plonge dans son sexe frissonnant. Puis elle porte à sa bouche ses jolis doigts humides et goûte à ce lait blanc et salé qui, depuis quelques jours, colle au haut de ses jambes. Mais il est déjà tard et son inconnu doit l’attendre. Ça sera drôle de voir une queue en vrai et pas en marbre ! La charmante petite et son sourire buveur de pluie tournent à l’angle de la place.

L’étroite ruelle débouche sur un minuscule campo. Ici, comme partout ailleurs dans la ville, règne un calme absolu et presque inquiétant. Et s’il n’était pas venu ? Soudain, une main s’engouffre sous la cape de Veronica et saisit sa chair avec violence. Elle est projetée contre le mur d’un vieux palais qui, en d’autres temps, abritait sans doute des bacchanales oubliées. L’homme vient de lui arracher sa cape et la force à s’agenouiller. Elle sent alors son sexe gonflé se frotter férocement sur sa peau, aller et venir de son cul à son cou. Et dans cette obscurité troublante, Veronica succombe, excitée et offerte. Elle s’imagine que, dans le noir, d’autres hommes la regardent avec la main sur le sexe et cette pensée fait monter en elle une envie impérieuse de cette queue qui bande et qui cogne contre sa peau d’enfant. Sa main fouille furieusement son petit sexe moite, son cul étroit ondule et semble appeler le foutre. Alors l’inconnu, la saisissant puissamment par la taille, s’enfonce sans précaution dans son œillet délicat. Et la souffrance va avec le plaisir se perdre dans le silence de la nuit vénitienne. Sur le campo désert, le beau petit cul blanc se lance dans une danse frénétique, faisant gonfler au maximum le beau sexe inconnu qui cogne sans relâche dans le trou mignon. Veronica frotte le bout de ses seins aux pavés lisses et brillants. C’est le même plaisir que celui effleuré sur l’altana, mais si fort, comme multiplié à l’infini… Et la ville complice fait monter de ses canaux un léger parfum de sel et d’eau stagnante, une odeur fade et un peu douce. Foutre sérénissime en plein cœur de la ville, offerte comme un sexe forcé aux élans tragiques et pervers d’une lagune amoureuse. Veronica, mêlant ses désirs aux désirs éternels de la cité marine, expulse le sexe luisant qui s’apprêtait à expulser tout son foutre, et remonte lentement vers les fesses de son inconnu, y laisse s’alanguir la pulpe de ses lèvres. C’est un abîme parfumé qui répond à l’abîme de mystère creusé par la nuit au cœur de la ville. La langue de Veronica, ivre de la moiteur de ce cul rebondi, s’empresse, s’attarde, s’introduit. Le plaisir se répand alors sur ses cuisses comme une onde nonchalante. Sa bouche chavirée embrasse le gland doux et lisse. Dérive exquise qui l’entraîne de l’intérieur d’un cul à la fierté dressée d’une verge… « La vierge de San Mosè est une drôle de salope, une charmante petite pute qui mérite bien une belle giclée de foutre ! » Et l’homme inonde sa bouche. Plusieurs jets chauds se répandent sur la langue de Veronica qui laisse doucement couler le divin breuvage aux commissures boudeuses de ses lèvres.

« Il y a, à Venise, un endroit que tu dois connaître… »

Veronica avance dans Venise la sombre, hésitante. Mais devant elle, la stature imposante de l’homme au petit billet de papier bleu semble indiquer qu’à présent il est hors de question de reculer.

Une porte s’ouvre et une femme vêtue à l’ancienne mode de Venise les accueille. Son très large décolleté laisse voir ses seins lourds et poudrés. Elle s’approche de Veronica et, soulevant la cape, effleure du bout de ses seins les seins de Veronica qui ne peut retenir un soupir. D’un doigt expert, la femme s’introduit dans la chatte de petite fille de sa charmante visiteuse et semble satisfaite. Dans le fond de la pièce, deux femmes étrangement harnachées échangent de longs baisers de fauves en chaleur. Puis la maîtresse de maison, se dirigeant vers elles : « Elle est à vous. »

Les deux sauvageonnes entraînent Veronica au milieu d’une multitude de coussins de soie verte. Ces coussins dégagent une odeur si puissante et si envoûtante… Ils ont dû connaître tous les foutres de Venise. Elles dégrafent la cape et commencent leur rite infernal. Pas un orifice de Veronica n’échappe à leurs doigts fébriles, à leurs langues curieuses. Elles soupèsent les seins, mordillent les cuisses, lèchent le ventre, frottent fiévreusement leurs sexes mouillés contre celui de la belle enfant soumise. Les soupirs se font de plus en plus fréquents et bientôt les trois corps emmêlés forment un essaim haletant. Veronica sent une vague irrépressible monter de son ventre et sans plus craindre la gêne ou la honte, se laisse aller à tous ses fantasmes. Comme une petite fée lubrique, elle remue son cul dans tous les sens en se branlant contre les seins de l’une des femmes pendant que l’autre lui lèche son bel œillet dépucelé une heure avant sur le campo. Veronica voudrait boire sans fin à ces chattes enflées d’excitation, sentir dans la bouche l’épée précise et perverse des langues de ces deux femmes en rut.

« Elle est à point, tu peux y aller. »

Et la belle queue gonflée de désir, celle qui dans les rues de Venise avait perforé le petit cul étroit de Veronica, s’enfonce d’un coup dans le sexe dégoulinant qui l’appelle. Veronica répond par de violents coups de reins à la montée du foutre et s’abandonne dans un râle aux vices de ce palais secret. Ses yeux se perdent d’un sein à un cul, d’un sexe ruisselant à une bouche avide. Tout se confond, comme si son corps ne pouvait plus résister. Elle tente en vain de fixer le va-et-vient de la queue qui la défonce, mais tout se mêle dans un tourbillon de soie verte…

« Signorina ! réveillez-vous ! Nous sommes arrivés. »

Le gondolier avait arrêté sa barque au pied d’un palais de style gothique dont l’état de délabrement n’avait, à Venise, rien d’exceptionnel.

« C’est la première fois que vous venez à Venise ?

— Sans doute… »

Veronica referma ses cuisses lentement, passa ses longs doigts vernis de rouge sombre dans ses cheveux, lança un dernier regard vers le jeune gondolier et gravit avec précaution les marches envahies d’algues du palais…