La logique mène à tout à condition d’en sortir, dit un sage.

Ce sage avait raison et le Pasteur qui découvrira, pour le tuer, le bacille du corollaire ou le microbe de la réciproque, rendra un sacré service à l’humanité.

Sans aller plus loin, moi, j’ai un ami qui serait le plus heureux garçon de la création sans la rage qu’il a de tirer des conclusions des faits et d’arranger sa vie logiquement, comme il dit.

Aussi son existence n’est-elle qu’une forêt de gaffes.

Un petit fait, entre autres, me vient à la remembrance.

À ce moment-là, il était étudiant et pas très riche. Sa pension mensuelle avait pour destination de payer des breuvages à toutes les petites femmes qui passaient sur le boulevard Saint-Michel. Aussi son tailleur ne recevait-il, à des laps séculaires, que de dérisoires acomptes.

Un beau jour, impatienté, ce commerçant monta chez le jeune homme et panpanpana à sa porte.

Devinant de quoi il s’agissait, le jeune homme ne souffla mot, et même, selon le procédé autrichien, enfouit sa tête emmy les linceux.

Pan, pan, pan ! insista le tailleur.

Pareil mutisme.

À la fin, l’homme s’impatienta :

– Mais répondez donc, nom d’un chien ! proféra-t-il. Je vois bien que vous êtes chez vous, puisque vos bottines sont à la porte !

Cette leçon ne fut pas perdue, et désormais, au petit matin, mon ami rentrait ses chaussures.

À quelques jours de là, revint le tailleur. Ses panpanpan demeurèrent sans écho. Et comme il insista bruyamment, ce fut au tour de mon ami de se fâcher. Il cria, de son lit :

– Est-ce que vous aurez bientôt fini de faire de la rouspétance dans le corridor, espèce d’imbécile ?… Vous voyez bien que je ne suis pas chez moi, puisque mes souliers ne sont pas à la porte !

Grossière supercherie dans laquelle ne coupa point le fournisseur.